La dispute de la veille avait été si intense que sur le moment, aucun chemin ne semblait mener à l'accalmie. Et pourtant ce matin-là, après seulement quelques heures, tout semblait être revenu à la normale. Comme si rien ne s'était passé, Haytham et Tamara parvenaient à dialoguer. L'ancienne agent de terrain avait réalisé que ce n'était pas de sa faute si Eileen avait réussi à s'évader de son parc, dès lors, tout cette remise en question accusée par le demi-dieu n'avait plus lieu d'être. Sincèrement désolée et franchement rassurée quant à ses compétences, la brunette tentait de faire amende honorable. Elle esquilla une petite grimace quand l'irlandais déclara qu'elle ne l'aurait pas cru s'il lui avait dit pour le parc brisé.

- Peut-être que si ? hasarda-t-elle.

Elle fut ravie d'entendre que son mari était d'accord pour zapper la tempête de la veille. Un peu moins de l'entendre parler d'une soi-disant multitude de défauts la concernant.

- Si j'ai une multitude de défauts, je dois avoir au moins trois fois cette multitude en qualités, énonça-t-elle fièrement. Oui in fait équipe, ma guimauve, c'est vrai.

Il avait raison sur toute la ligne, elle ne pouvait le nier. Et prête à se faire pardonner comme elle le lui avait dit, elle lui retira son haut sans ménagement aucun. Ses lèvres commençaient déjà à parcourir son cou chaud tandis que les mains puissantes du fils de Mars se posaient sur les hanches de son épouse qui, lascivement, descendait ses baisers le long du torse musclé. Elle en profita pour retirer la couverture, bien trop encombrante, sans compter que la température allait monter d'ici peu.

Elle vint se repositionner sur lui, laissant ses dent agripper le lobe de l'oreille droite marsienne, tandis que sa main vint se rapprocher dangereusement de l'entrejambe du demi-dieu visiblement très opérationnel ce matin.

- T'as une envie particulière ce matin ? murmura-t-elle a son oreille tout en caressant sa virilité.

Elle-même sentait son corps brûler de désir à présent. Il était encore tôt et avec un peu de chance, leur petite princesse les laisserait s'amuser suffisamment longtemps.

- Tu peux me faire tout ce que tu veux, souffla-t-elle en rejetant ses cheveux en arrière avant de capturer ses lèvres avec avidité.

Rien n’est jamais simple en amour, plus encore avec une personnalité aussi affirmée que celle de Tamara Lond. Mais si la facilité avait sa préférence, jamais Haytham Cassidy ne se serait risqué à choisir la fougue et l’impétuosité de son amie d’enfance. Lui-même avait un sacré caractère et si l’on dit que les opposés s’attirent, ces deux-là étaient parvenus à prouver le contraire à leurs potentiels détracteurs.

Ainsi, la dispute de la veille semblait reléguée au second plan, voire même au troisième ; si bien qu’à présent les deux jeunes mariés pouvaient facilement passer à autre chose. Tamara avait compris (après coup, qu’elle n’avait rien à se reprocher ; ce qu’Haytham avait saisi depuis bien plus longtemps. Comment diable pouvait-elle encore douter de ses capacités de mère ? C’est une question qui revenait sans cesse dans les discussions et qui ne trouvait malheureusement jamais son épilogue, malgré les efforts du demi-dieu ; qui sans tenir compte d’une objectivité difficile à prendre au sérieux, ne doutait jamais de sa femme. Mais il devait l’accepter, il faudrait encore du temps pour peler cet oignon à plusieurs couches.

— Peut-être que non se hardait-il en retour sans défaire son regard du sien. Il ne pouvait se résoudre à lui en vouloir plus longtemps, malgré l’échange plus que virulent de la veille. Évidemment, il ne souhaitait plus que cela soit une habitude, cependant il gardait l’intime conviction qu’en dépit des tempêtes à venir, jamais ô grand jamais, il ne pourrait se résoudre à se détourner d’elle. Il laissa donc paraître un immense sourire sur son visage encore en proie à la fatigue. Leur complicité naturelle reprenait le dessus et cela faisait plaisir à voir.

— C’est soit une multitude de défauts, soit une multitude de qualités. Pas sûr qu’il y est un juste milieu même pour toi Lond. Au pire, tu as la multitude de défauts et j’ai la multitude de qualités. On rétablit l’équilibre de cette façon lança-t-il un brin moqueur avant que leurs lèvres ne se retrouvent, incapables de résister davantage. S’en étaient fini de la rancœur et de la distance. — Hum… Il ferma les yeux pour mieux profiter des sensations que lui procurait la bouche de son épouse. — Je vais finir par croire qu’on fait exprès de se disputer pour ensuite prendre un pied d’enfer. Et voilà que Tamara entamait son récital de mouvements lascifs. Haytham, toujours les yeux fermés, en était réduit à prier n’importe quel Dieu pour qu’Eileen ne se réveille pas tout de suite. Et voilà que la main audacieuse de miss Lond glissait le long du torse de son mari tout en agrippant du bout des dents, l’un de ses lobes d’oreille. Quand enfin la main experte se saisit de l’organe du désir érigé rien que pour elle, Haytham sentit une vague de désir le submerger.

— Si j’ai une envie particulière ? Il tâchait de ne rien laisser paraître tandis que l’audacieuse brunette caressait une virilité qui ne demandait qu’à s’exprimer dès lors. — Et en plus j’ai le droit de faire ce que je veux de toi. Il se redressa légèrement sans la quitter du regard et vint poser son visage sur sa poitrine avant de dessiner un cercle invisible du bout de sa langue sur l’un de ses tétons durcis par le désir. Il réitéra son geste sur l’autre sein avant de saisir ses lèvres avec fougue. Sa langue, impatiente, chercha le contact avec la sienne tandis que sa main gauche glissait le long de sa hanche pour ensuite venir se faufiler à l’intérieur de ses cuisses et caresser lentement le fruit défendu.

— Jeu de mains, jeu de vilain , murmurait-il entre ses lèvres tout en continuant à lui prodiguer quelques délicieuses caresses. En de telles circonstances, il était difficile de réprimer quelques gémissements, plus encore lorsqu’Haytham, habile de sa main, accéléra son mouvement. — Hum ça manque de…. lubrifiant. Sans la quitter du regard, il retira son index et son majeur et les porta jusqu’à sa bouche pour les humidifier avant de reprendre là où il s’était arrêté. Et tout en continuant à la faire gémir de la sorte, il vint à nouveau saisir du bout des dents l’un de ses mamelons pour accroitre son plaisir à elle.

Par chance, ce jour-là, Eileen dormait assez profondément pour ne pas s’offusquer d’être seule dans sa chambre. Ses parents purent donc s’en donner à cœur joie pendant encore quelques minutes. Et ce fut ainsi, à chaque dispute, aussi minime soit-elle, les deux amoureux se retrouvaient toujours sur l’oreiller, sur la plage, dans l’eau… Toujours quelque part pour se retrouver…

L’ambiance avait radicalement changé, pour ne pas dire du tout au tout, par rapport à la veille au soir. A présent, Tam était joviale tant la pression était retombée, et Hay enclin à quelques petites taquineries qui ne tombèrent pas dans l’oreille d’une sourde. Toujours à cheval sur lui, l’ancienne agent de terrain secoua la tête avec une moue dubitative.

- Si toi t’as une multitude de qualités, alors je suis Junon en personne ! souffla-t-elle avant de se ruer sur ses lèvres pour lui voler un fougueux baiser avant de dévier vers son cou, son torse puis son oreille.

Le fils de Mars profita que son épouse ait la bouche occupée sur son torse pour énoncer une plaisanterie quant à leurs disputes qui finissaient quasiment toujours en réconciliation sur l’oreiller. Tam remonta vers lui, sourire aux lèvres.

- Je pense qu’on est capables de prendre un pied d’enfer sans disputes. On devrait essayer pour voir.

Haytham procura ensuite une vague de frissons à la brunette qui était déjà chaude comme la braise, embrassa à sa façon sa poitrine. Elle se mordilla la lèvre inférieure avant que leurs bouches ne se retrouvent dans un nouvel élan passionné. Elle sentit ensuite les caresses expertes du Marsien qui la firent frissonner de plus belle.

- Pas pour longtemps si tu continues comme ça… rétorqua-t-elle à sa remarque avant de lui mordiller le cou.

La température montait encore en cette chaude matinée sur leur île des Maldives. Il avait fallu faire un effort surhumain pour retenir les cris et gémissements pour éviter de réveiller la princesse Piranha qui, pour une fois, leur faisait grâce d’une opportunité.

Tamara était à présent sur le dos, la respiration haletante, totalement trempée.

- C’était… phénoménal, souffla-t-elle en se tourna vers lui. Je t’aime.

Il était rare qu’elle se répande en guimauveries, mais les hormones la perchaient encore un peu sur son nuage. Elle déposa sa main sur la joue du Marsien étendu à côté d’elle.

- Je veux plus qu’on se dispute. Et aussi… je meurs de faim, dit-elle avec un petit sourire mutin.

Elle savait que son mari était en mesure de créer de succulentes choses.

- Je vais prendre une douche. Tu me rejoins ? On pourrait voir si Eileen nous laisse l’occasion d’un second tour.

Après un clin d’oeil, elle s’assit sur le bord du lit avant de se lever et se rendre dans leur salle de bain, disparaissant au regard du demi-dieu.

C’était intense et même ainsi présenté, c’était un euphémisme. Jamais ô grand jamais, Haytham n’avait connu pareille ferveur. D’ailleurs à bien y réfléchir, jamais encore il n’avait expérimenté une si longue relation. Pourtant, ils en étaient encore là, sans que la passion (malgré les disputes) se fane. C’était fou, comme si à chaque fois, ils se redécouvraient, comme si l’intensité redoublait ; si bien que le demi-dieu en arrivait à se demander s’ils parviendraient un jour à atteindre des limites. En attendant, pourquoi s’en priver ? Et puisque la petite dormait encore, le demi-dieu n’avait pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Ainsi, il s’en alla observer ce qu’il était possible d’explorer ; jouant habilement de ses doigts experts tout en susurrant à l’oreille de sa promise un — J’aime expérimenter surtout si à la clé je peux te faire prendre un pied d’enfer.  

Le corps tout entier de Tamara vibrait de désir à chaque caresse tandis qu’une chaleur aride se jouait de leur corps ruisselant de sueur. Les lèvres, les langues, les doigts, tout s’entremêlait avec fièvre sans qu’aucun gémissement ne résonne. Et à ce petit jeu, les jeunes parents s’en sortaient plutôt bien. Mais si les cris n’étaient point permis, les marques de dents et d’ongles sur une peau glissante, n’étaient quant à eux, point proscrits à la grande joie de Tam, plus sauvage que jamais.

Le balai des corps perdura encore de longues minutes avant qu’ils ne retombent chacun sur le dos, fixant le plafond, ivres de joie qu’ils étaient après une telle séance. — Je ne te l’ai jamais dit, mais phénoménal est mon deuxième prénom tenta-t-il avant que la belle brune ne se tourne vers lui pour une petite déclaration dont il n’avait pas l’habitude tant la demoiselle était pudique et peu encline à se répandre en « guimauveries. »

— On devrait se trouver un code pour contourner la guimauverie. Quelque chose de furtif que l’on serait les seuls à comprendre. Qu’est-ce que tu en dis ? Je te guimauve c’est pas mal non ?! Sa bêtise le fit sourire gentiment avant qu’il ne reprenne son sérieux. — Moi non plus, je n’ai plus envie que l’on se dispute ; même si derrière on parvient toujours à allumer d’autres feux, si tu vois ce que je veux dire. Et en plus de se répandre en déclaration, Tam sollicitait à présent les talents culinaires de son mari. — On dirait que je vais encore pourvoir te combler, mais d’une autre façon après le second round. Souhaitant profiter du fait qu’Eileen dorme encore, il suivit la sémillante quadragénaire jusque dans la salle de bain pour un second round plus humide que le précédent.

Trente minutes plus tard, le sourire aux lèvres, le demi-dieu retrouva sa fidèle cuisine et commença à préparer de quoi combler la faim de tout à chacune. Il mettait du cœur à l’ouvrage et semblait bien décidé à tout faire pour qu’à l’avenir, plus aucune dispute ne survienne. Et il y était parvenu, car plusieurs mois après cet échange, plus aucun conflit n’était venu entraver la vie paisible de la petite famille.

Les mois passaient, se ressemblant un peu trop au goût de Tamara qui, cependant, tâchait de ne plus trop exprimer son mécontentement à être sur cette île qui leur appartenait. Ce choix de vie permettait à son mari et sa fille de vivre en paix, sans risquer d’être repérés par le B.E.M. Et puisqu’Eileen et Haytham étaient les deux personnes qu’elle aimait le plus au monde, leur sécurité passait avant tout. Alors, l’ancienne agent de terrain continuait à s’entraîner quotidiennement, et faisait tout pour ne pas râler, du moins pas devant le fils de Mars qui lui, semblait vivre sa meilleure vie. Il pouvait cuisiner, voir sa fille grandir et faire montre de son incroyable instinct paternel.

Mai 2019.

- Hay ?

Tamara venait d’entrer dans la cuisine.

- Mon père nous fait livrer des trucs. Je vais en profiter pour aller récupérer a cargaison de bouffe que t’as commandé, je devrais être de retour dans quatre à six heures. Au besoin, tu m’appelles ? demanda-t-elle en agitant le téléphone portable.

Les petits ravitaillements étaient le seul moment où ils quittaient leur île. Et bien souvent, c’était Tam qui était volontaire pour y aller. Inutile de prendre le moindre risque. Ils disposaient d’un bateau amarré sur leur petit quai. Le voyage était l’occasion de rapporter des vivres, faire le plein d’essence et voir un peu autre chose. La brunette en avait besoin, bien plus que son mari, elle le savait. Lui se plaisait bien plus qu’elle dans leur nouvelle vie, mais Tam avait besoin d’action.

Elle se rendit auprès de sa fille qui avait bien grandi, une vraie petite demoiselle de trois ans, espiègle et qui savait ce qu’elle voulait. La jeune maman lui fit un gros câlin et lui expliqua qu’elle s’absentait, lui confiant la mission de protéger son père. Eileen lui fit un salut de soldat, ce qui emplit Tam de fierté, sans doute tout le contraire pour l’Irlandais. Puis, l’ancienne agente du B.E. M partit, sac à dos sur le dos, aux commandes du bateau qui lui permit de rejoindre Malé, l’île capitale, après deux bonnes heures de navigation. Sur le chemin, elle eut l’occasion d’apercevoir des dauphins, un beau spectacle qui changeait un peu de la routine de la vie sur l’île. Malé étant un endroit incroyablement peuplé, peut-être le plus de la planète, le choc n’en était à chaque fois que plus intense pour une associale comme Tamara Lond, mais après tout, elle qui avait besoin d’action, esquiver les gens sur son passage était une bonne épreuve.

Il lui fallu presque une heure pour récupérer tout ce qu’elle devait et le rapporter au bateau. Elle reconnut des créatures que le B.E.M se serait fait un plaisir d’exploser à l’abri des regards indiscrets, mais à présent, ce n’était plus son problème. Après d’être assurée que tout était en ordre, elle reprit sa navigation en sens inverse. Elle prit soin de faire des détours, pour éviter d’être éventuellement suivie, et finalement arriva sur son île, accostant après plus de cinq heures d’absence.

- Hay ?! appela-t-elle, espérait qu’il l’entendrait. Je suis revenue, tu ramènes ton petit cul sexy ?

Elle commençait à fatiguer après ce voyage et préférait demander un peu d’aide à monsieur muscles pour l’aider à décharger tout ça.

C’était un rêve dans les meilleurs jours et un acte égoïste dans les pires. Hay savait que pour Tam, qui parvenait non sans mal à dissimuler son amertume, ce n’était pas chose facile que de mener une vie normale. Mais il ne disait rien pour ne pas raviver inutilement les tensions. Bien sûr, de temps à autre, ils se sentaient obligés de se prendre un tantinet la tête pour ensuite mieux se retrouver au lit, mais ça n’allait jamais trop loin et ça contentait tout le monde.
Ainsi, le demi-dieu se montrait présent auprès d’Eileen, ce qu’il n’avait pu être avec Maisie. De ce fait, pas un jour ne se passait sans que le Marsien ne s’émerveille des progrès de la princesse piranha. En parallèle, il faisait de son mieux pour rendre Tamara heureuse et lui faire oublier, même partiellement, ses envies d’ailleurs, qu’elle s’échinait à garder pour elle.

Quelques mois plus tard.

Le demi-dieu était en cuisine, bien décidé à entreprendre de nouveaux défis et inaugurer une nouvelle recette à faire tester à ses deux cobayes préférés. Concentré comme jamais, il visionnait la vidéo de la recette qu’il voulait réaliser avant de complètement se l’approprier. Mais il entendit au loin la voix de Tam qui avançait presque d’un pas décidé.  — Je suis dans la cuisine !  lança-t-il plus par réflexe que par utilité. Après tout, il était peu probable qu’il soit ailleurs que dans son antre surtout pendant la sieste d’Eileen. Il mit aussitôt le clip sur pause pour se rendre totalement disponible et échanger sans entrave.

 — Ah c’est aujourd’hui la livraison ? Merde, ça m’était complètement sorti de la tête.  Assez pour qu’il oublie qu’il avait commandé beaucoup de nourriture cette fois. — Attends ! Loin de moi l’idée de mettre en doute tes capacités, mais j’ai pris pas mal de choses. Ça risque d’être lourd, donc ça serait plus facile si je m’y collais.  Mais il en fallait plus pour mettre à mal la motivation « tamaranienne. » Hay le savait, le moment de la livraison s’apparentait à une petite parenthèse pour Tamara qui quittait leur île l’espace d’un instant.  — Ok j’ai compris  lâcha-t-il finalement alors que la demoiselle s’éloignait pour aller embrasser la petite, en lui intimant au passage de veiller sur son père ; un objectif qu’Eileen prenait à cœur de toute évidence.

 — Tu ne prends pas tout si c’est galère ok ?  Mais elle était déjà ailleurs et de ce fait, déterminée à mener à bien sa mission « cargaison », autant que la mission « recette » de son mari qui reprit la lecture de sa vidéo avant d’être rejoint par Eileen bien décidée à jouer les commis.  — On enfile la toque !  Ce que fit immédiatement la petite fille en mimant le geste. Hay lui noua ensuite un minuscule tablier autour de la taille et la souleva pour qu’elle vienne s’asseoir sur le plan de travail. S’en suivit presque trois heures de cuisine qui donnèrent lieu à la réalisation d’un filet de poulet farci au pesto de vert de courgette et de plusieurs petites mousses au chocolat, Guanaja à la banane flambée avec en plus de la glace à la banane. Refus, le demi-dieu et sa fille, allèrent se poser dehors à l’ombre et bercés par le bruit des vagues, ils s’endormirent paisiblement.

Hay se réveilla en sursaut, car toujours en alerte. Eileen se réveilla elle aussi. « Maman est là ! » Il ne lui en fallait pas plus pour se redresser et quémander la main de son père pour venir accueillir l’aventurière de l’île. — Mon petit fessier sexy est présent. On échange de cargaison ?  Il lui confia Eileen qui vint aussitôt se coller à elle tandis que le fils de Mars s’occupait de décharger la marchandise.  — Ça s’est bien passé ? 

Mai 2019.

Tamara s’était promis de ne plus se plaindre, ou le moins possible, de leur vie sur leur île des Maldives. Néanmoins, elle qui avait toujours été si peu sociable, du moins après leur séparation à elle et Hay durant leur enfance, jamais elle n’aurait pensé que vivre sur une île quasi déserte lui aurait posé problème. A la vérité, elle avait besoin d’action.
Aussi, la livraison mensuelle tombait à pic et offrait à l’ancienne agent de terrain une opportunité de sortir de ce paradis qui pour elle était une cage. Bien sûr, parfois ils y allaient en famille, mais c’était rare, car ils essayaient de ne pas être vus ensemble, au cas où le B.E.M soit, malencontreusement par un hasard fortuit, présent et ne leur tombe dessus. Quelques fois, quand ils y allaient tous les trois, l’un des deux restait avec Eileen et faisait un tour pendant que l’autre s’occupait de récupérer leur ravitaillement. Mais cette fois, Tam y était allée seule. Elle avait aussi besoin de ces moments-là.
La réflexion du marsien lui tira un sourire en coin. Aucune raison que ce ne soit galère, elle était forte et était capable, au pire des cas, de faire un aller-retour au bateau pour aller chercher en deux fois ce qui manquait. Pour le coup, elle s’était munie d’un diable qui avait permis de récupérer la commande et l’envoie de son père. D’ailleurs, elle se demandait bien ce qu’il avait pu leur faire livrer.
Après une grosse demi-journée d’absence, le temps de faire l’aller et le retour, l’Américaine retrouva son île, son mari et sa fille venus l’accueillir suite à son appel à l’oreille quasi infaillible du fils de Mars. Aussitôt, elle récupéra Eileen qui se blottit dans ses bras.

- Cargaison réceptionnée, lança-t-elle en tournant sur elle-même avec la petite aux bras pour la faire rire.

Puis elle se pencha pour voler un baiser à son mari avant de le laisser monter sur le bateau pour récupérer les colis.

- Et tu sais combien je l'aime ton petit cul sexy. Oui, ça a été, pourquoi, tu en doutais ? J’ai castagné personne, si c’est ce qui t’inquiète, lança-telle d’un air jovial avec un clin d’oeil.

Elle souleva Eileen plus haut que sa tête pour la regarder dans les yeux tandis que la petite écartait les bras en riant.

- Alors les cuistots de mon coeur, qu’est-ce que vous avez fait pendant tout ce temps ?

Elle ramena sa fille contre elle, celle-ci l’entoura immédiatement de ses petits jambes et des petits bras. Tam posa une main dans son dos, et de sa main libre, alla attraper une des boîtes pour alléger un peu Haytham.

- Je me demande ce que mon père nous envoie.

Sans tarder davantage, ils marchèrent sur le ponton en direction du sable pour ramener le tout à la maison.

Lui aimait cette petite vie tranquille, mais il n’était pas dupe et se doutait bien que pour Tam c’était une tout autre histoire. Mais d’un commun accord, non tacites de surcroit, ils avaient décidé d’éviter les sujets qui fâchent pour offrir à Eileen la meilleure qualité de vie qui soit. En plus d’esquiver les sujets contrariants, le couple acceptait aussi de s’octroyer quelques moments l’un sans l’autre. Pour Tam, cela correspondait aux périodes de livraisons sur l’île. Et même si cette fois la cargaison était supposément plus importante, le demi-dieu laissa sa femme s’éloigner pour s’en aller récupérer ce que monsieur Lond leur avait fait parvenir. En attendant le retour de « super maman », Haytham avait de quoi s’occuper ; et comme toujours, accompagnés de son second, père et fille s’étaient livrés à un marathon de cuisine à la grande joie de la petite Eileen qui ne boudait pas son plaisir lorsqu’il était question de cuisiner malgré son jeune âge. Mais plus encore, la bambine n’était pas la dernière pour éduquer son palais et ainsi découvrir de nouvelles saveurs.

L’heureux binôme prit donc le temps de regarder plusieurs vidéos avant de se lancer et ainsi combler l’absence de Tamara. Les préparations s’enchainèrent, laissant entrevoir un repas de fête pour le dîner du soir. Il fallait au moins ça pour récompenser l’abnégation de Tamara et les efforts fournis pour ramener les vivres. Puis le marathon culinaire céda sa place au profit d’une sieste bien méritée à l’abri du soleil, tout en étant bercée par la douce mélopée des vagues venant mourir non loin de là. Ce n’est qu’au retour de Tamara, qu’Haytham sortit presque instantanément de sa léthargie semi-divine, suivi de près par le petit ange à ses côtés. Sans attendre, ils s’en allèrent retrouver l’aventurière de l’île pour lui prêter main forte.

Eileen était si heureuse de courir à petites enjambées vers sa mère qui la réceptionna au vol. Le sourire aux lèvres, Hay observait cette scène entre les deux femmes de sa vie. Mais ne voulant ni trainer ni mettre Tam mal à l’aise, il s’empressa de monter dans le bateau pour achever de tout décharger. — Bien sûr que je sais que tu l’aimes c’est bien pour ça que je fais de mon mieux pour l’entretenir à la moindre occasion.  Il débarqua la plupart des caisses avec une facilité déconcertante malgré la lourdeur du contenu.

– Ah et bien si personne n’a été castagné, je n’ai plus aucune raison de m’en faire ; excepté pour les quelques noix de coco qui se dresseront sur ton passage.  Il lui adressa un sourire enjôleur qui l’exhortait de la moindre attaque et c’est sur ces mots qu’ils retrouvèrent leur petit paradis.

— J’ai commandé pas mal de choses, mais de ce que je vois, ton père en a rajouté.  Il ne se posa pas plus de questions et s’en alla ouvrir le frigo pour commencer à ranger les courses. — Ah oui et ce soir, il se pourrait que tu te régales dans tous les sens tu termes !  Il lui mit discrètement une main aux fesses avant de reprendre son rangement.

Mai 2019.

TLe retour à la réalité s’était fait en douceur, comme toujours. Heureuse d’avoir vu autre chose, un semblant de civilisation, Tamara l’était tout autant de retrouver son mari et sa fille, malgré la monotonie de cette vie insulaire dans laquelle ils s’étaient enfermés depuis un peu plus de deux années. Mais il en allait de la sécurité de sa famille, alors l’ancienne agent de terrain endurait du mieux qu’elle pouvait, râlant le moins possible. La dernière fois, la dispute avait été intense, beaucoup trop au goût de la Mortelle.

- Tu l’entretiens très bien, ajouta-t-elle en parlant du fessier du demi-dieu.

Tam, Eileen sous le bras, repartait en direction de la maison, suivie par des cartons roulant sur un diable, derrière lesquels le fils de Mars poussait.

- Mon père et sa folie des grandeurs, commenta-t-elle en soupirant.

En effet, le carton qu’il leur avait fait livrer prenait toute la place et était bien plus volumineux que ceux que le Marsien avait commandé. Les voilà enfin dans la maison, Eileen venait d’être déposée dans son parc, réparé et renforcé depuis la dernière mésaventure et Tamara s’était emparée d’un cutter pour ouvrir le carton géant. Hay ne s’était pas privé de lui mettre une main aux fesses, ce qui la fit sourire.

- Il me tarde de découvrir tous ces délices alors.

Laissant le « Penseur » officier son rangement, elle ouvrit le paquet avant de soupirer fortement.

- Non mais j’hallucine…

« - Pour moi ?! Pour moi ?! » s’exclama la fillette en reconnaissant des motifs enfantins.

- Hay, papy Richard nous a fait livrer une piscine gonflable pour sa petite-fille… Ce truc va faire six mètres de diamètre et a des motifs de… j’ose même pas prononcer ce nom maudit.. Pour la discrétion, on repassera.

A vrai dire, la moindre chose qui provenait de son paternel avait le don d’énerver Tamara. Si le cadeau était venu de sa mère, cela aurait pu passer, peut-être… mais là… Une piscine géante pour enfant… alors alors qu’ils essayaient de se faire discrets. Une piscine alors qu’ils avaient l’océan autour ? Une piscine gonflable alors que le soleil tapait si fort…. Alors qu’elle cherchait tous les prétextes pour dénigrer le cadeau, Eileen sautillait de joie, heureuse d’avoir reçu un présent. Tamara replia la lame du cutter et le rangea dans un tiroir de la cuisine qu’elle verrouilla immédiatement avec la sécurité enfant.

- Il a pas pensé au punching ball, c’est dommage, marmonna-t-elle. Bon, on mange quoi ? demanda-t-elle en approchant du demi-dieu.

Cette vie était simple à l’abri des regards et du danger. Cela suffisait à Haytham, mais il savait que du côté « Tamaranien » l’acceptation n’était pas la même. Cette vie, bien qu’elle l’ait choisie (par sécurité) lui convenait de moins en moins et à mesure qu’Eileen grandissait, ce ressenti n’avait de cesse de s’accroître ; et ce n’est pas la récente dispute qui permettrait de lever le doute. Mais Haytham préférait (pour l’instant) se voiler la face et faire comme si tout allait bien. Mais pour combien de temps ? Il préférait ne pas savoir, les accalmies étant trop précieuses. Et puis il leur fallait préserver Eileen qui n’était pas encore en âge de comprendre la complexité du monde, le leur qui plus est.

Les cartons étaient légion et mettaient à mal la patience déjà bien entamée de la petite fille qui se demandait pourquoi il y avait plus d’emplettes qu’à l’accoutumée. Il est vrai que la place vint vite à manquer dans la pièce principale et que ce n’est pas les quelques demandes d’Haytham qui aurait pu être à, l’origine d’une telle invasion.

 — Une folie des grandeurs qu’on va devoir ranger. Pourvu que cela ne soit qu’un gros carton sans emballage ni polystyrène.  Le cas échéant, il était fort à parier que l’imagination sans fin de la petite Eileen y trouve son compte, sacrifiant sans une once de pitié, la propreté des lieux. D’ailleurs, la demoiselle qui venait de reprendre ses quartiers dans son parc observait la scène avec attention.

 — Tu crois que c’est notre cadeau de Noël en avance ?  tenta le demi-dieu après avoir mis une furtive main aux fesses de sa femme, qui cutter en main, s’apprêtait à déballer l’imposant carton qui lui faisait face. — Avant de gouter tous ces délices, on va devoir ouvrir tous ces cartons et ranger un rangement qu’il avait déjà entamé avec l’ouverture des premiers cartons. Dès lors, il s’apprêtait à enrichir l’étagère dédiée aux épices, mais c’était sans compter la découverte du colis mystère.

— Maintenant, je suis certain que ce carton n’est pas pour nous.  Il est vrai que la réaction de Tam en disait long, peut-être un peu trop. Et voilà que déjà la petite Eileen réclamait son dû, ce qui fit sourire son père avant que ce dernier ne reporte son attention sur l’imposant colis tout juste ouvert.

— Ah oui effectivement, pour la discrétion il va falloir repasser. Après le point positif, c’est qu’elle pourra se baigner en toute sécurité. Il faudra juste trouver un endroit à l’ombre. Ce qui n’était pas aisé vu le décor, mais le demi-dieu était bien décidé à fournir des efforts et à trouver à ce cadeau un semblant d’utilité contrairement à Tam qui rongeait tant bien que mal son frein face à cette indésirable surprise.  — Tu n’es pas convaincue ? Bon au moins tu as rangé le cutter, ce qui laisse présupposer que tu vas laisser une chance à cette magnifique piscine gonflage. Tu vas lui laisser une chance hein ?  L’interrogation était double évidemment et notre demi-dieu espérait que sa charmante épouse en ait saisi la subtilité.

— Si tu es sage, peut-être que le père Noël pensera au punching-ball lors du prochain envoi  marmonna-t-il à son tour avant de finir de ranger son étagère à épices et tous les autres colis qu’il avait déballé en amont.  — Pour ce qui est du menu, il me semblait vous l’avoir énoncé chère madame. 

Et c’est dans la joie et la bonne humeur qu’ils mirent la table et que le demi-dieu servit le repas non sans fierté, car aujourd’hui, Eileen avait joué les commis.

Mai 2019.

Tam était excédée, comme chaque fois que son père entrait dans la conversation. Et là, il avait décidé de se rappeler à son bon souvenir avec l'envoi d'un colis d'une taille disproportionnée... Et l'énervement de l'ancienne agent de terrain ne fut que plus accru en se rendant compte que c'était un cadeau pour Eileen. Une énorme piscine gonflable avec un faux palmier et un petit toboggan, le tout aux motifs licorne, un motif qui sortait par les yeux de la brunette. A en juger pas ses applaudissements etbses cris de joie, Eileen n'était pas de cet avis. Tam soupira en regardant Hay qui ne semblait, s'il n'était pas enthousiaste, pas en colère pour sa part.

- Pourquoi tu t'extasies devant ce truc ? Il essaie d'acheter une enfant de même pas deux ans...

Elle soupira une seconde fois.

- Je sais à quoi tu penses, et on ne peut pas compter sur ce truc pour jouer les baby-sitter pour faire des jeux d'adulte, vu qu'il y a de l'eau et qu'elle pourrait quand même se noyer. Trouve une autre idée...

La réponse du demi-dieu lui tira un petit sourire.

- Si le père Noël y pense, ce sera effectivement un cadeau utile...

Elle allá ranger le carton sous les cris de désespoir d'Eileen.

- Tu l'auras demain, ma chérie. Là il est trop tard.

Elle la prit dans ses bras poir la sortir du parc et aller vers la table, afin de la dresser de sa main libre l'autre tenant la petite fille contre elle.

- J'ai oublié ce que tu as dit, mais j'ai super faim.

Tam installa la petite sur sa chaise haute et attendit que l'irlandais vienne apporter le repas préparé sans doute avec amour, et leur petite princesse piranha.

- Cette journée bateau m'a éreintée. Tu me ferais un massage ?

L’arrivée des courses était toujours emplie d’excitation, surtout pour Hay. Mais aujourd’hui, la princesse était au centre du déballage, car gâtée par son grand-père. Tam à l’inverse, serrait les mâchoires et tout ce qui pouvait se serrer pour faire part de sa frustration alors que l’exaltation d’Eileen était à son paroxysme face à l’imposante piscine gonflable et les quelques licornes qui la recouvrait en guise de motif.

 — Je ne m’extasie pas devant les licornes, mais devant la réaction d’Eileen. On s’en fout qu’il tente de l’acheter, si elle est heureuse moi ça me va. Aller, décrispe les mâchoires, ça va aller ! Il observa à nouveau leur fille encore sous l’effet de l’excitation suite à la divulgation de cette surprise aussi inattendue qu’appréciée. Le second soupire de Tamara, sortit le demi-dieu de sa contemplation, mais pas de la légèreté qui l’habitait présentement.

 — Comment ça tu sais à quoi je pense ? Suis-je devenu si prévisible ? , tenta-t-il avec humour. — Alors c’est vrai que je pense souvent à des jeux d’adultes, mais je t’arrête tout de suite, je ne laisserai pas une piscine gonflable licorne jouer les baby-sitters. En revanche, pour ce qui est des jeux d’adulte si tu as des idées, je suis tout ouïe.  Il observa à nouveau Eileen, se demandant où il pourrait installer la petite piscine pour une sécurité optimale.

— Par contre, n’oublie pas la liste au père Noël. Je suis sûr qu’il appréciera grandement de connaître les bonnes dimensions pour le punching-ball de tes rêves.  Il l’affubla d’un dernier clin d’œil avant de reprendre le rangement des courses tandis qu’elle s’apprêtait à affronter Eileen qui se refusait à quitter son nouveau cadeau ; mais qui ne put se résoudre à parlementer face à une maman bien décidée à mettre la piscine dehors.

— Maman a raison Leen, tu l’auras demain si tu es sage. 

« Je suis sage », répondit aussitôt la petite fille. Ce qui lui valut un clin d’œil de la part de son père qui s’activait pour achever la préparation du diner. — Pour ce soir, nous avons un filet de poulet farci au pesto vert de courgette. Et pour le dessert, nous vous proposons un assortiment de mousses au chocolat Guanaja à la banane flambée avec en bonus sa glace à la banane évidemment.  Tel un serveur, il s’appliqua à servir les plats avant de prendre place à son tour.

— Bon appétit !  Il adressa un clin d’œil à sa fille qui l’avait aidé à préparer le dessert avant de reporter toute son attention sur Tam, qui, de toute évidence, avait besoin d’un massage suite au déchargement des diverses cargaisons.

— Si je te fais un massage, que me proposes-tu en échange très cher ? 

Mai 2019.

L'attitude désinvolte d'Haytham tranchait littéralement avec la mine renfrognée de Tamara. Lui ne voyait que la joie de leur fille face à cet immense cadeau, tandis que la mortelle ne voyait que la tentative de corruption. Elle soupira quand son mari lui demanda de decrisper les mâchoires.

- Mouais, t'as sans doute raison... marmonna-t-elle.

Tam voyait bien que son Marsien essayait de la détendre et elle ne voulait pas se montrer désagréable avec lui, il n'avait rien fait pour une fois.

- Je sais à quoi tu penses parce que je te connais par cœur et parce que t'es un homme, donc tu dois sûrement penser à des jeux d'adulte 80% du temps, si ce n'est plus. Quant aux idées, ça se pourrait que j'en aie. Mais toi aussi, alors tu pourras m'en faire part. Et pour cette horreur à licorne, on peut la mettre sous la haie de palmiers. Y en a telement que la zone d'ombre devrait être suffisamment large.

Elle s'installa avec la petite à qui elle plaça le bavoir de rigueur pour les repas tout en répondant au demi-dieu.

- On n'est qu'en mai, c'est un peu tôt pour penser au gros monsieur en rouge non ?

L'énumération du contenu du repas faisait saliver Tamara qui n'avait qu'une hâte, planter sa fourchette dedans.

- ça a l'air délicieux, merci mes petits cuistots.

Tout un chacun commença à manger, sous les "hummm" et de la mère et de la fille, tandis que les adultes discutaient en parallèle.

- Tu veux négocier ? Avec moi ? OK... Qu'est-ce que tu demandes en échange d'un massage ? Je verrai si le tarif me semble adéquat.

Elle avait beau se pourvoir d’un caractère difficile à apprivoiser, le Marsien n’en demeurait pas moins amusé de voir sa femme réagir ainsi. C’est qu’il la trouvait presque mignonne ; une réflexion qu’il préféra garder pour lui pour s’éviter quelques foudres et parce qu’il savait que c’était malgré tout difficile pour Tam de voir son père s’investir dans la vie de la petite Eileen.
 — Loin de moi l’idée de faire preuve de prétention, mais j’ai raison. Mon amour, le plus important c’est Eileen. Et regarde comme elle est contente d’avoir une hideuse piscine licorne !  Une piscine à l’origine d’un nouveau débat entre le demi-dieu et sa très chère humaine qui, de toute évidence, était au fait des pensées de la gent masculine.

— Alors déjà pour commencer, je suis à demi-humain ce qui change l’équation. Moi je tablerai donc sur du 40 % du temps à penser à des jeux d’adultes, voire moins. Tu sais que lorsque je cuisine, mon esprit n’est focalisé que sur ce qui se trouvera dans l’assiette à la fin de la préparation. Après je ne peux pas nier que lorsque tu m’inspires ça monte à 60 voir 70 %. Il se pourrait que ça aille plus haut après avoir échangé sur nos quelques idées. Mais revenons à des choses plus terre à terre, la piscine. Sous la haie de palmiers me semble être un endroit assez sécurisé pour que la licorne en plastique s’épanouisse et notre fille avec. 

La petite famille s’installa ensuite autour de la table, Tam veillant à ce que le bavoir d’Eileen soit bien installé autour de son cou. Hay, quant à lui, achevait de dresser la table tout en évoquant un sujet sensible et pas d’actualité.  — Ah oui effectivement ça fait un peu tôt pour lui écrire. 

« C’est en novembre qu’il faut commencer à lui écrire » s’empressa de rajouter Eileen toute fière. Hay lui sourit en l’affublant d’un clin d’œil — Tu as tout à fait raison mon cœur. Mais c’est durant toute l’année qu’il faut être sage. Tu crois que maman a été sage jusqu’à présent ?  Le débat était lancé, autant que le repas et les délicieux plats préparés de la main du fils de Mars qui ne boudait pas son plaisir d’avoir abandonné les champs de bataille au profit d’une activité moins belliqueuse.

De toute évidence, le poulet connaissait un franc succès à en juger par les multiples « hum » qui sortait de la bouche de Tam et de la petite Eileen fière d’avoir aidé son papa à cuisiner. Hay l’affubla à nouveau d’un clin d’œil avant de reporter son attention sur sa femme, qui, manifestement, avait des envies de massage ce soir.

— Oui, je veux négocier avec toi. Tu m’en crois incapable ? Je t’aurais bien proposé quelque chose du style, tu fais la vaisselle. Mais à bien y réfléchir, le tarif me semble peu adéquat. Je crois que j’aimerai moi aussi avoir un massage. J’ai cuisiné un bon repas et j’ai porté quelques caisses moi aussi. Donc ça me parait équitable non ? 

Haytham n'avait pas son Mariel pour noyer le poisson, si bien que cette fois, Tamara capitula.

- M'ouais t'as sans doute pas tort... Eileen est contente, c'est ce qui compte...

Elle croisa les bras avec un sourire en coin en écoutant sa théorie, ce qui la fit secouer la tête.

- Être demi-dieu ne te dispense pas, bien au contraire puisque les Dieux ne pensent qu'à s'envoyer en l'air, sans quoi ils n'engendreraient pas autant de tes semblables. Donc tu es déjà de base à 80 pourcent...

Ils se mirent donc d'accord sur l'emplacement de la maudire piscine licorne avant d'enfin pouvoir passer à table. Eileen se mit à rire quand son papa lui demanda si maman avait été sage, ce qui tira un haussement de sourcil à cette dernière.

- Pour la solidarité féminine, on repassera.

Le repas fut englouti avec plaisir par toute la petite famille, tandis que les deux parents négociaient les massages à venir.

- Hum ok, ça me semble équitable. Un massage contre un massage. Faisons ça alors.

Tam débarrassa les assiettes de tout le monde avant de prendre Eileen dans ses bras.

- On va brosser les dents ma petite guerrière ? Et après, tenue de combat pour le dodo.

Elle laissa Hay à sa cuisine pour s'occuper de leur fille qui fut finalement prête pour aller dormir. La fillette réclama une histoire.

- Tu veux connaître l'histoire de maman qui a botté les fesses d'un cyclope ?

Eileen tapa dans ses mains en riant, alors Tamara s'executa. Puis, elle laissa le papa poule embrasser sa fille avant qu'ils ne se retrouvent tous les deux.

- Bon alors, qui commence ?