Event # 1 : Vernissage au Guggenheim

L e canon de l’arme était encore chaud tout comme la carcasse du Minotaure qui gisait au sol dans une marre de sang. Avait-il un regain de culpabilité, certainement pas. Le demi-dieu avait le sentiment du devoir accompli tout en laissant parler les énergies néfastes qui titillaient son esprit depuis « la découverte » ; nom donné à la trahison de Tamara qui, malgré les explications de Melissa, restait au travers de la gorge du rancunier fils de Mars. Malgré tout, il ne pouvait se concentrer sur de telles futilités, il devait quitter les lieux et regagner les étages supérieurs afin de retrouver Angel.

Le révolver venait de disparaître ; preuve qu’il commençait à maitriser son pouvoir. Il se mit alors à tapoter sa chevalière pour faire apparaître l’arme offerte par son père, à savoir une sublime épée que Tamara comparait à un cure-dent géant. Certes, l’arme n’était pas aussi directe que la balle d’un flingue, mais avec toutes ces années de pratique, Haytham pouvait se targuer de maitriser sa lame comme personne.

À présent, il courrait en essayant, non sans mal, d’éviter les flèches et les autres obstacles qui se présentaient à lui. Il essayait aussi de protéger les quelques mortels incapables de se défendre en leur indiquant l’intérieur du labyrinthe maintenant défait du moindre danger. Une fois la tâche accomplie, il regagna les escaliers, monta quatre à quatre les marches pour arriver plus vite sur place, le regard balayant les environs pour trouver son frère.

— ANGEL !  Le cœur battant la chamade, Haytham commençait très clairement s’inquiéter jusqu’à entendre un râle pas très loin. Malgré ça, son regard fut attiré par Hansen cerné par les agents de sécurité et sa garde personnelle. Le peintre avait une mine sinistre, assez pour que l’on se questionne sur les raisons de cette dégradation si soudaine. Mais voilà que le prénom d’Haytham fut à nouveau prononcé ; permettant ainsi au demi-dieu d’identifier plus aisément l’endroit où se trouvait Angel, qui lui non plus ne semblait point enclin à s’éclater sur le dancefloor. Il était blessé et perdait du sang en quantité ; il fallait donc se hâter pour le rejoindre. Pour se faire, le Marsien tentait non sans mal de se mouvoir dans la foule, qui fuyait dans le sens contraire ; et pour cause, non loin de là se dressait un imposant trou noir qui menaçait d’emporter tout ce qui était sur son passage. Si seulement il n’y avait que ça. De toute évidence, une Gorgone s’était invitée à la fête, accompagnée d’un immense lion. Malgré ses aptitudes, Hay savait qu’il ne pourrait parvenir à venir à bout de ces adversaires, sans un peu d’aide et apparaissait désespéré par ce constat. Mais le temps de la réflexion fut soudainement révolu et pour cause, le lion semblait prendre Angel pour cible. Malheureusement pour Hay, l’immense félin fut bien plus rapide, tout comme les flèches qui causèrent des blessures supplémentaires à Angel.

— BORDEL DE MERDE !  s’entendit-il hurler en serrant son épée tellement fort que ses phalanges blanchirent presque aussitôt. Il parvint à esquiver une salve de flèches et se rua sur le lion qui arriva à son tour à esquiver mettant à mal l’attaque de Haytham ; un coup de feu retentit alors tout près faisant fuir la bête. Hay aperçut sa femme à quelques mètres, elle était blessée et en bien mauvaise compagnie. L’hésitation de la rejoindre n’en était que plus grande encore, mais le risque qu’elle soit découverte était quant à lui trop grand pour se risquer à jouer les sauveurs. Et voilà que le grand manitou du BEM se joignit à la fête. La façon dont il venait de s’adresser à Tam intensifia la colère de son mari qui, malgré une ouïe défaillante, parvenait à tout entendre. Malgré tout, il ne pouvait se résoudre à rester ici les bras ballants, Angel avait besoin de lui, il se rapprocha donc de son frère qui se trouvait en bien piteux état.

— On dirait que monsieur a encore des fuites. Je vais finir par me reconvertir en garagiste si je dois colmater tout ça à chaque fois. Par chance, tu as comme qui dirait une connaissance qui exerce la médecine , tenta-t-il avec légèreté avant de constater l’ampleur des dégâts. Une nouvelle salve de flèches fut tirée ; par chance, Hay parvint à nouveau à matérialiser un bouclier pour s’épargner un désastre ; l’épée étant de trop, il la fit disparaître dans sa chevalière. — On va garder le bouclier, ça peut être utile hein ?  De sa main libre, il souleva son aînée maintenant le bouclier dans l’autre main. Combattre n’était pas sa priorité sur l’instant, malgré le possible danger autour de Tam. Mâchoires serrées, il se devait de la contourner, ce qu’il fit rapidement pour rejoindre le rez-de-chaussée évitant ce qui pouvait l’être. Mais il savait, dans son for intérieur, qu’une fois Angel en sécurité, il reviendrait pour combattre.

— Melissa est au rez-de-chaussée, elle s’occupe des blessés.  Il continuait à lui parler en espérant le maintenir éveillé. Le sol demeurait glissant à cause des pétales de fleurs, mais le demi-dieu faisait montre d’une concentration sans égards. — Je vais certainement sauver à nouveau ton cul poisseux et tu me seras redevable à vie.  Après de longues minutes de parcours, les deux demi-dieux parvinrent non sans mal à retrouver l’emplacement des cuisines réquisitionnées par Melissa et la brigade d’Haytham. — J’aurais besoin d’aide s’il vous plaît. On a comme qui dirait un problème de fuites. 

On n'est pas dans la marde:

Rez-de-chaussée

L’organisation que j’avais mis en place dans la cuisine semblait fonctionner. La brigade d’Haytham était très réactive et concentrée sur la tâche que je leur avais assignés. Le flot des nouveaux blessés n’avait pas l’air de se tarir, bien au contraire.
Je n’avais toujours pas vu de demi-dieux ni de créatures parmi les victimes. Au lieu de me rassurer, cela fit croître mon angoisse. J’avais vu le frère de mon chéri partir en direction du labyrinthe de Dédale après avoir ordonné à ses employés d’être à mon service. Plus de nouvelles depuis…

Afin d’éviter d’y penser, parce que je penserais inévitablement à Angel et aux derniers mots peu chaleureux que nous avions échangés et que cela n’allait pas m’aider à me sentir mieux, bien au contraire, je passais d’une victime à une autre en essayant d’être le plus efficace possible.
Je prenais bien entendu en charge en priorité les patients avec une gommette rouge. Grâce à mes pouvoirs, je pouvais faire un rapide état des lieux sans avoir à faire le moindre examen et gagner ainsi du temps. Je calmai également les douleurs dès que je le pouvais et dès que la nécessité s’en faisait sentir.

Les préposés aux sutures faisaient un travail remarquable. Mais nous arrivions rapidement à court d’antiseptique, je regardai autour de moi et vis des bouteilles de vodka dans un coin de la réserve. Je les attrapai sans remords et les embarquai vers le coin raccommodage.
Je laissai également trainer mon oreille à droite, à gauche histoire de me tenir informer de ce qu’il se passait à l’extérieur de ces murs devenus un refuge pour beaucoup d’invités. Rien de ce que j’entendis ne calma mon angoisse, elle amplifiait de minute en minute.

Je n’eus pas le temps de poser des questions pour avoir plus d’informations, ma première victime non mortelle venait de passer les portes des cuisines, soutenue par un journaliste d’après le badge autour de son cou.
C’était une stryge et elle n’était vraiment pas en forme. J’annonçai rapidement à ceux chargés de faire le tri de me l’envoyer directement, je m’en occuperai de suite. Autant gagner du temps et éviter les questions indiscrètes.

« Aidez-moi à l’installer sur ce plan de travail. » dis-je à son accompagnateur.

Sans faire exprès, je lui touchai la main et compris que lui aussi était blessé. Rien de grave, aucun organe vital touché, mais il avait besoin de quelques soins malgré tout. Je fis signe à un des commis et lui dictai le protocole de soin qu’il allait devoir appliquer : désinfection de la plaie, suture et emplâtre antiseptique.
Je ne laissai pas le choix au journaliste même si celui-ci ne voulait pas quitter la stryge. Savait-il réellement la nature profonde de cette femme ? Pas le temps de lui demander, il fallait déjà la soigner. Je pris un kit de transfusion rapide et m’enfonçai une des parties dans le bras juste avant d’en enfoncer l’autre dans celui de la créature.

Rien de tel que du sang de demi-dieu pour vous remettre d’aplomb un oiseau mythologique. En quelques minutes, elle se sentait mieux et reprit connaissance. J’en profitai qu’elle fut encore dans les vapes pour retirer le kit et faire un tour plus complet de ses blessures.
Griffures dans le dos, nez cassé, entorse aux deux chevilles. Rien ne lui avait été épargné. Je passai doucement ma main sur son visage afin de calmer sa douleur. J’allai chercher des onguents cicatrisants pour ses griffures, de l’argile verte pour les chevilles et remis d’un coup sec son nez dans l’axe.

« Reposez-vous, vous êtes en sécurité ici, je vous le promets. » lui dis-je calmement alors que mon cœur battait la chamade. Je venais de voir entrer dans mon service d’urgences improvisé Angel dans un très sale état, soutenu par son frère.

Mes pires craintes venaient de prendre vie devant mes yeux. Pourquoi me mettais-je dans ces états pour un homme avec qui je n’avais eu pour le moment qu’une aventure, aussi brève que merveilleuse, lors d’un séjour commun à l’Académie ?
Je fis signe au chef habituel du lieu après qu’il eut parlé d’un problème de fuites. Je demandai au fils de Mars encore en état de bien vouloir installer le deuxième sur un autre plan de travail libre. Je passai la main sur le visage plein de douleur de mon Marsien pour déjà apaiser ses souffrances.

« Je suis là Angel, je vais prendre soin de toi. On n’en a pas fini tous les deux, tu ne vas pas t’en sortir comme ça sans qu’on ait fini de parler toi et moi ! »

Faisant fi de la présence de son frère, j’embrassai tendrement Angel. Je donnai ensuite mes ordres à mon nouvel assistant, de luxe bien entendu. Kit de suture, onguents cicatrisants, emplâtres antiseptiques et une bonne rasade de vodka dans la bouche du blessé.

« C’est bon Haytham, je m’occupe de lui. Il est hors de danger, allez faire ce qu’il vous semble juste. »

L’état de Calwell était critique au vu de tout le sang qu’elle avait perdu, et malgré l’inquiétude feinte et sa tentative de la mettre à l’abri, Tamara n’avait aucune empathie pour cette femme qu’elle venait, sans le vouloir, d’épargner en recevant une flèche dans l’épaule. Elle sursauta soudain sous la voix agaçante de Sheppard.

- Boss ! souffla-t-elle de surprise.

Il lui parlait comme à de la merde et l’agent de terrain dut serrer les dents pour ne pas répliquer et lui coller son poing dans la gueule. Après tout, inutile, peut-être qu’ils crèveraient tous les deux ce soir, alors autant laisser faire le karma.

- Oui, bien sûr, j’essayais juste de la mettre à l’abri…

Gros fils de p…

Quel con ce Sheppard. La mission, bah voyons, il aurait préféré que Tamara laisse mourir Calwell ?

Abruti…

Elle s’éloigna donc au plus vite de ses deux supérieurs hiérarchiques, non sans éprouver un certain plaisir à les voir en galère. Les flèches continuaient de pleuvoir, à croire qu’ils avaient des munitions infinies, ces salopards d’archers !
La flèche dans l’épaule de l’agent lond la faisait souffrir et lui faisait perdre du sang, elle avait du mal à viser car son épaule droite était perforée. Elle changea de main pour tenter de toucher les créatures, mais ses balles ne firent pas mouche. Au mieux, elle avaient distrait les créatures concernés, laissant une chance à leurs victimes de se faire la malle.

Elle aperçut du coin de l’oeil Haytham qui venait de partir avec Angel dans les bras. Soupir silencieux de soulagement. Au moins, les deux fils de Mars seraient à l’abri. Pour l’heure, il lui fallait se trouver un coin à l’abri pour essayer de casser la flèche. Le premier étage se vidait peu à peu, bien que les bousculades, les chutes et les bagarres entre invités ne facilitaient pas la tache. Tamara en avait même vu sauter par-dessus la rambarde, comme cette fille aux griffes acérées.

Tam essayait malgré tout de faire semblant de s’appliquer à sa mission, cherchant du regard le peintre, mais celui-ci avait visiblement disparu. Elle appuya sur son oreillette pour reprendre contact avec les autres agents.

- Quelqu’un a vu Hansen ?

« - Je suis bloqué par une haie ! »

- Je sais Marty, tu sers à rien. T’as une idée d’où est Collins ?

C’est à ce moment-là qu’elle se reçut une autre flèche qui l’érafla, comme la première fois, mais au niveau du flan.

- Merde !

Elle en perdit l’équilibre et tomba sur un cadavre, un homme qui s’était visiblement fait figer par Medusa après être tombé.

- J’ai trouvé Collins, il est hors service.

L’agent de terrain en profita pour fouiller le veston de feu son collègue pour lui prendre son arme, il n’en aurait plus besoin, et trouva une position de repli dans l’encadrement de la salle adjacente. Au moins, aucun tableau d’Hansen ne s’y trouvait. Rien d’hostile. Elle en profita pour regarder l’état du chargeur de son nouveau flingue, et les munitions qui lui restaient dans le sien. La flèche dans l’épaule droite la faisait souffrir, il fallait qu’elle trouve de l’aide pour la briser. Elle vit alors passer quelqu'un, un homme qu'elle avait déjà vu... un demi-dieu, @Carwyn A. Keegan". De sa main gauche, elle l'attrapa par le veston pour l'attirer avec elle dans la salle.

- Vous, vous allez m'aider. Il faut casser la flèche que j'ai dans le dos. D'une main, vous maintenez ce qui dépasse, et de l'autre vous la brisez, le plus près possible de votre autre main, compris ?

Elle serra les dents, attendant qu'il agisse, s'il le voulait bien.

P ayer mes factures, parler à mon ex, m’inventer de nouvelles ambitions, parler à Seb, dire à Licinia que… Enfin bref, il me restait encore tellement de choses à faire, que je me sentais presque dans l’obligation de les lister. Que c’est glauque, assez pour me laisser croire que je suis en train de songer à ce que je n’aurais pas accompli de mon vivant ! « Stop Darren ! Tu es venu ici pour écrire un article et non mourir ! » Force est de constater que pour l’instant j’étais plus proche de la mort que de l’inspiration ; et ce n’est pas la flèche venant de se loger dans mon épaule qui allait me permettre de penser le contraire. Mais si l’on relativise, c’est bien peu de choses comparées à ce que j’ai vécu il y a quelques années. « Arrête de te victimiser abruti ! » Je devais me reprendre, garder la tête froide et sortir de ce foutu labyrinthe ; et si je survis, promis, je ferai plus d’efforts pour être vivable et je remercierai mon sauveur qui avait trop de charisme pour appartenir au commun des mortels. Enfin bref, pas le temps pour se poser des questions et malgré ma blessure, je tâchais de garder un bon rythme tout en me focalisant sur le fil au sol. C’était donc ça le mythe d’Ariane, ou du moins la version simplifiée pour les nuls. Je riais bêtement, me demandant quelle serait la prochaine épreuve à affronter si d’infortune je devais m’en taper une.

À bout de souffle, je quittais le labyrinthe alors qu’au loin, résonnait encore le coup de feu qui venait d’être tiré. Je supposais que l’homme à qui je devais la vie venait de vaincre le Minotaure, en un coup qui plus est ; du moins, c’est ce que j’espérais. En attendant, je reprenais mon souffle, laissant quelques idées effleurer mon esprit et quelques phrases toutes faites que je pourrais aisément retranscrire dans un article. Mon regard, entre curiosité et appréhension, se posa alors sur la personne qui se trouvait à proximité et qui accessoirement s’avérait être celle que je recherchais depuis plusieurs minutes.

— Bon sang !  Je n’avais rien trouvé de mieux à dire alors que la pauvre Lici était mal en point. Sa robe était déchirée sur l’arrière et laissait paraître sa blessure. Sans réfléchir ; j’en étais incapable, je cassais le bout de ma flèche non sans éprouver une douleur aiguë, je me débarrassais ensuite de ma veste pour la déposer sur les épaules de ma protégée. — Je suis là, ne t’en fais pas.  Dès lors, je mobilisais toutes mes forces pour l’aider à se remettre sur pieds tout en évitant, entre autres les flèches. — Appuie-toi bien sur moi !  tentais-je alors que son attention semblait accaparée par le mouvement de tout un groupe de personne empruntant prestement la seule porte à disposition. — Ok on va les suivre !  Pas le temps de cogiter, car Dieu sait quelle autre créature nous attend si d’aventure nous nous décidions à rester ici les bras croisés.

C’est donc au pas de course qu’à notre tour nous pénétrâmes ce qui me sembla un long couloir avant de rejoindre les cuisines du musée réquisitionnées en hôpital de fortune. Lici peinait à tenir sur ses jambes, jusqu’à s’évanouir. Par chance, je pus la retenir à temps ; c’était tout ce dont j’étais capable présentement. — S’il vous plaît, nous avons besoin d’aide, mon amie est blessée.   Je cachais mal mon inquiétude et me fichais pas mal de la blessure que j’avais et de la douleur ressentie, seule Lici comptait. Par chance, quelqu’un s’approcha pour nous prendre en charge. — Je ne sais pas ce qui lui ait arrivé !  lançais-je en installant ma protégée sur le plan de travail désigné. Elle était médecin, son assurance la trompait autant que les ordres qu’elle dispensait à ses internes d’un jour. L’un d’eux s’approcha d’ailleurs pour s’occuper de moi, se fichant bien du fait que je ne voulais pas être éloigné de Licinia. — Je vais bien ! n’avais-je de cesse de répéter. Non j’allais mal, j’étais perdu et je me sentais complètement inutile pour l’heure.

En cours...:

Je ne sais combien de temps s’était écoulé entre notre arrivée laborieuse dans la cuisine et le moment où je repris conscience… J’avais l’impression qu’il s’était écoulé deux minutes comme deux jours… Cette sensation était désagréable, mais, ce qui l’était, ce fut de me rendre compte que j’avais soudain un regain d’énergie. Et immédiatement, ma première pensée fut pour Darren. Il m’avait sans doute sauvé la vie en m’emmenant à l’abri ici. Où était-il ? Immédiatement, je me redressai, assise sur… cette étrange table froide. Je remarquai une sorte de bandage autour de mes chevilles. Je n’avais plus mal, ni là, ni dans le dos. C’était miraculeux. Je tournai la tête et vis mon sauveur, quelqu’un s’occupait de lui. Je fus soulagée de cette remarque, mais l’odeur du sang de demi-dieu me chatouillait encore les narines. Il fallait que je m’éloigne pour éviter d’attaquer quelqu’un sans le vouloir, car j’avais retenu qu’il fallait se montrer discrets. Soudain, la porte s’ouvrit et mon coeur se serra tandis qu’une colère noire s’empara de mon être, me faisant froncer les sourcils : en effet, le directeur du B.E.M venait d’entrer, tenant dans ses bras la méchante femme qui avait essayé de m’étrangler sur mon île, qui avait participé au meurtre de ma horde et à cause de qui j’avais perdu mes ailes – car oui, l’ayant sentie me poignarder dedans à l’époque, j’étais persuadée que c’était elle qui avait voulu me les retirer. Je voulais les tuer tous les deux. La femme était déjà, semblerait-il, entre la vie et la mort, mais lui, il allait encore trop bien à mon goût. Mais je me rappelais que les Mortels ignoraient tout, aussi bien sur l’existence des êtres comme moi ou comme les demi-dieux, tout comme celle du B.E.M… Alors si j’attaquais Sheppard, la faute me reviendrait. De plus, je ne voulais pas rester dans cette pièce avec eux et avec Darren au risque qu’il soit démasqué comme étant celui qui m’avait faite sortir… Je devais quitter cette pièce.

Je me laissai glisser du plan de travail et me baissai pour me cacher à leur vue, et une fois qu’ils furent entrés dans la pièce et que quelqu’un se mit à leur parler, captant l’attention de l’homme, je me faufilai jusqu’à la porte pour regagner la pièce centrale du musée. C’était un carnage, les flèches continuaient de pleuvoir, le lion rugissait à l’étage supérieur et la Meduse semblait chercher de nouvelles victimes. J’avançai aussi rapidement que possible, contournant le labyrinthe pour atteindre l’escalier. Des corps jonchaient le sol ainsi que des blessés agonisants. Je leur montrai la porte quand soudain, une flèche m’érafla le bras. Je poussai un grognement en direction du deuxième étage. Les archers continuaient. Je regardai autour de moi et je vis les plateaux laissés à l’abandon par les serveurs. Tachant de ne pas marcher sur les verres brisés – j’avais vu les dégâts quand Darren avait fait cette erreur le soir où il m’avait ramenée -, j’en attrapai un que je lançai violemment et de toutes mes forces contre l’un des archers, faisant mouche car il sembla s’écrouler et ne plus reparaître. J’en attrapai un autre qui me servit de boucliier pendant mon ascension en direction du premier étage. Si je voulais que Darren soit à l’abri, il fallait que je trouve comment arrêter ces créatures.

Je courais aussi vite que je le pouvais, me protégeant du plateau en métal. J’arrivai finalement au premier et aperçus le lion qui semblait attiré par l’odeur de sang dans une pièce. Cela voulait dire que des personnes s’y trouvaient. Lâchant mon plateau, j’attrapais le félin par la queue et le fis tournoyer jusqu’à le jeter à l’autre bout de l’étage. Il venait de faire un vol plané survolant l’espace béant qui donnait vue sur le rez-de-chaussée.
Puis, je constatai la présence de la Meduse qui s’approchait de moi. Je repris aussitôt mon plateau, camouflant mon visage derrière pour éviter de la regarder, et je la chargeai directement, la faisant heurter avec fracas le mur. Aussitôt, gardant mon bouclier de fortune avec moi, je repartis en sens inverse afin de chercher à me cacher le temps de trouver autre chose d’utile à faire.

Il paraît, selon l'ordre établi et selon les témoignages, que certains fragments de notre vie passée défile succinctement sous nos yeux lorsque vient le moment pour nous de frapper aux portes de la mort. Il faut avouer qu'on ne se pose ce genre de questions qu'une fois trop tard, et ce n'est pas moi qui vais vous dire le contraire aujourd'hui. Car je dois admettre qu'à aucun moment, je n'avais songé que la soirée puisse se terminer ainsi et qu'elle serait en fait, la dernière que je vivrai. J'avais encore tellement à faire...

C'était du moins l'une des dernières réflexions que je me fis avant de sombrer peu à peu dans l'inconscience. Tout ne fut alors que perception, ainsi privée de lucidité et de la presque totalité de mes facultés. Je crus entendre une présence, une voix connue à mes côtés puis un contact cuisant sur ma joue. Sensations rendues indistinctes et lointaines. La personne venait de casser le haut de la première flèche, me soutenant que cela serait mieux ainsi. Je n'étais hélas plus en mesure d'apprécier la véracité de ces propos, la douleur globale de mes blessures ayant pris le dessus sur celle qui découla directement de cette manœuvre.
Je percevais une toute autre proximité, les sons se mélangeaient et se confondaient sans que je puisse en discerner les nuances, et celle-ci vint glisser sa main dans mon cou pour sonder mon pouls. La seconde flèche fut cassée en deux et on vint compresser mes blessures, emprisonnant les pointes de flèches sous une épaisseur de tissu qui s'imbiba presque immédiatement de sang. Il n'y en avait plus pour très longtemps, ma patience se soldera malgré tout par l'inévitable, je n'envisageais plus d'autre dénouement que celui de m'en aller...

Je ne laissais de toute façon que peu de choses derrière moi. Pas de descendance, pas de biens dignes d'être estimés, pas de réel cercle familial. Rien, mis à part des regrets. Et un poste de choix au BEM qui sera sans doute pourvu dans l'heure. Je ne pense pas y trouver beaucoup de collègues pour me regretter, le candidat suivant fera tout aussi bien l'affaire. Et je pourrais rejoindre Shawn... On me saisit délicatement et je fus soulevée de terre, quittant le large sillon de sang qui s'était dessiné sous moi. Un faible soupir s'échappa de mes lèvres alors que mon visage se posa sur l'épaule de mon porteur. Son contact délivrait une chaleur bienvenue, contraste avec la froideur de mon propre corps. Nous quittâmes l'endroit en direction du rez-de-chaussée, ralentis par la jambe blessée de mon potentiel sauveur. Une cible de choix, qui ne manqua pas d'attirer l'attention des archers juste au-dessus. Beaucoup de gens avaient déjà fui, les cibles étaient restreintes désormais. Ils tirèrent donc une troisième fois, sans une once de compassion et bien déterminés à achever le travail commencé. Et c'est ainsi qu'une ultime flèche vint s'ajouter aux deux précédentes perforant déjà ma cage thoracique, m'atteignant cette fois en pleine poitrine, seul endroit encore visible et accessible pour eux entre les bras du héros. Aucune réaction, aucun tressaillement.
Juste l'obscurité...

Tour 6 → Archers : 1/6 • Lion de Némée: 2/3 • Médusa : 2/3

Tamara avait réussi à attirer avec elle dans la petite salle le demi-dieu qu’elle avait déjà croisé quelques mois plus tôt, et dont elle avait, sans le vouloir, épargné la vie lors du raid de 2015. Ils avaient plus ou moins mis les choses au clair lors de leur rencontre dans un Starbucks, mais l’agent de terrain pouvait parfaitement comprendre ses réticences s’il en avait. Néanmoins, pour l’heure, le moment n’était pas aux regrets. Tam essayait de son mieux de se débarrasser de ces créatures sortant tout droit de l’imagination et de la peinture de Floyd Hansen.

Carwyn accepta de l’aider, arguant qu’il savait comment casser une flèche. L’agent Lond préféra ne rien répondre et le laisser faire, étouffant un grognement de douleur comme elle le put au moment où il y procéda. Une fois fait, la belle brune préféra ne pas porter attention aux douloureux lancers et au sang qui dégoulinait de son épaule. Elle devait agir. Elle vérifia le chargeur de l’arme qu’elle venait de piquer sur son collègue décédé tandis que le demi-dieu lui demanda ce qu’elle voulait au peintre. Elle vérifia alors que son oreillette était bien sur OFF.

- Ecoutez, chuchota-t-elle, le B.E.M est là et Hansen est leur cible ce soir. S’il ne vous ont pas repéré, saisissez votre chance et restez tranquille. Pour le moment, je vais essayer de sauver votre cul et celui des autres en dégommant ces saloperies. Et si c’est votre pote et qu’il s’en sort, dites-lui de se mettre à la nature morte !

Sans attendre, Tam sortit de sa cachette. Elle aperçut le lion à l’autre bout de la pièce circulaire évidée en son centre. Parfait, il ne l’atteindrait pas tout de suite. Par contre, parmi les personnes figées, la gorgone continuait d’évoluer. Elle avait été partiellement blessée mais cela ne suffisait pas. La brunette se rappela de la légende, de Persée qui tua Medusa en la faisant voir son reflet dans son bouclier avant de la décapiter…

- Hay, ton cure-dent m’aurait été utile pour une fois… soupira-t-elle.

Une chose la rassura néanmoins, elle ne voyait pas son mari, ce qui voulait dire qu’il était à l’abri avec Angel. Bon, il était temps d’agir. Elle entendait que la créature se rapprochait, elle l’avait repérée, et il fallait qu’elle l’éloigne de Carwyn. Elle décida donc de partir en courant à l’opposé de la salle où il se trouvait et qui lui avait servi de refuge quelques minutes avant. Là, elle aperçut dans une autre une… une stryge ? Sans ailes ? Qui se cachait et qui tenait un plateau métallique dans les mains.

- C’est ça qu’il me faut !

Sans lui demander la permission, elle le lui arracha des mains, sans calculer le regard plein de haine qu’elle venait de lui lancer, et fit demi-tour pour se diriger vers la créature aux cheveux de serpents, le plateau devant son visage, les yeux rivés sur le sol.

- Eh Medusa ! Je voudrais pas dire, mais t’aurais besoin d’un bon coiffeur !

Elles étaient à présent face à face, et elle sentit que la gorgone se saisissait du plateau. Elle le lui laissa et de sa main valide, tenta de trouver son cou, avant de tirer dedans avec l’arme à feu dans son autre main. Elle vida le chargeur. C’était sanglant, elle pouvait voir le sol se remplir de sang tandis que le corps inerte de la gorgone s’écroula à ses pieds. Elle repoussa ce qu’elle tenait encore dans sa main ensanglantée et vérifia l’état du chargeur de son arme.

- Merde.. Il est où ce con de Collins ?

Elle n’avait pas eu le temps de vérifier s’il avait d’autres munitions sur lui, mais il le faudrait rapidement, car un corps à corps avec le lion ne serait pas de bon augure pour elle.

I l courrait, aussi vite qu’il le pouvait avec dans ses bras, le corps de son frère allégé de quelques centilitres de sang. Il aurait voulu encore l’affubler de quelques blagues pour que jamais la légèreté ne les quitte, mais il n’y arrivait pas. Dans la tête d’Haytham, trop d’éléments s’entrechoquaient pour qu’il soit à même de faire semblant et d’entretenir l’illusion que tout allait bien se passait, alors qu’en réalité tout partait en cacahuète. — Tu as plutôt intérêt à tenir le coup ! lâcha-t-il avant d’enfin regagner la cuisine pour que le blesser soit rapidement prit en charge. — Il a perdu beaucoup de sang… N’étant pas médecin, il ne pouvait se résoudre à développer et se contentait donc de décrire sommairement les faits faute de mieux. — Mais vous êtes plus apte que moi à savoir comment boucher ces foutues fuites. 

Melissa qui menait son petit monde à la baguette ne dérogea pas à la règle pour Hay et lui demanda de conduire son frère sur le plan de travail qu’elle venait de désigner. Sans poser de questions, le demi-dieu s’exécuta et observa la scène à la fois étrange et touchante qui prenait vie sous ses yeux. La jeune femme était familière avec Angel, trop pour que cela soit anodin. Les doutes du Marsien valide se dissipèrent peu à peu, à mesure que les paroles de Melissa gagnaient en profondeur. C’était indiscret, Hay en avait conscience, mais il se laissait prendre au piège et ne boudait pas son plaisir de quelques secondes de quiétude avant que l’abrupte réalité l’oblige à reprendre pied.

— Est-ce que vous avez vu ma femme ?  finit-il par demander alors que la fille d’Esculape l’incitait à partir faire ce qui lui semblait juste. Tamara Lond, dans ses plus beaux atours, n’était pas là, sinon quoi son colérique époux, l’aurait remarqué. Malheureusement pour lui, la désagréable vision de la trahison ne paraissait point à ses yeux, l’obligeant à quitter les lieux presque aussitôt. Mais avant de mettre les voiles pour faire ce qu’il avait à faire, il se retourna une dernière fois vers la jeune femme qui s’occupait de son frère. — Colmater bien les fuites que je puisse lui botter le cul à mon retour.  Il lui sourit et s’en alla sans rien ajouter.

Des cadavres jonchaient le sol baignant dans une marre de sang, mais un liquide d’une couleur peu habituelle tout comme ce qui a trait aux dégâts engendrés par les créatures. C’était étrange, comme si ce défaut chromatique marquait une différence entre la réalité et un autre monde. Et alors qu’il observait le cadre de certains tableaux, Hay comprit ce qui était en train de se passer. — Bordel de merde !  C’était évident, autant que la présence du BEM ; ils voulaient mettre la main sur Hansen, lui-même à l’origine de ce joyeux bordel. Et alors qu’il laissait son regard se perdre aux quatre coins du rez-de-chaussée, l’ascenseur émit un ding annonciateur.

Il était là, cerné par de gros malabars en costume sombres.; trop imposant et pas assez cordonnés pour faire partie du BEM. De toute évidence, le groupe semblait dépassé autant que l’ami Floyd plus pâle qu’à l’accoutumée. — Hey l’artiste !  lança le Marsien un tantinet colérique avant de ralentir le pas. Malgré sa perte auditive, il parvenait encore à percevoir des sons lointains, comme la corde que l’on ajuste avant de fixer une flèche pour ensuite bander l’arc qui l’accueille en son sein. Dans un sang-froid incroyable ; s’étonnant lui-même, le demi-dieu récupéra l’un des plateaux circulaires au sol et réussit à se protéger d’une nuée de flèches tirées plus haut, avant d’esquiver la seconde salve pour mieux se rapprocher de l’artiste de la soirée. — Arrêtez ce bordel, Hansen !  Le fantaisiste fit mine naturellement de ne rien comprendre ce qui agaça le Marsien déjà bien à cran et peu enclin à négocier. — Putain ces enfants d'Apollon et leur ego de merde !  maugréait-il avant que son attention ne soit attirée par des bruits de coup de feu.

— Cette conversation n’est pas terminée. En attendant, je vous conseille de trouver une solution au risque de vous exposer à la colère semi-divine d’un fils de Mars. 

Bon nombre de scénarii lui traversèrent la tête, à commencer par le fait qu’il s’agisse de Tam dont il n’avait toujours pas croisé le regard. Bien sûr, il pouvait également s’agir d’un autre agent. Mais quand bien même cette alternative s’avérait exacte, le demi-dieu ne pouvait laisser un mortel quel qu’il soit, se débrouiller seul. — Je suis sûr que je vais le regretter !  grogna-t-il en montant quatre à quatre les escaliers qui le conduire à l’étage supérieur. Quelques cadavres jonchaient le sol, ainsi que de la pierre en grande quantité ; sûrement les victimes de Méduse. Le cœur haletant, Hay tenta de trouver l’origine des coups de feu avant d’enfin croiser le regard de la dame en rouge ; mais un rouge un tantinet sanguinolent après avoir déchargé un 9 mn sur une gorgone.

— Tam !  hurla-t-il à mi-chemin entre la colère et la peur. Elle n’avait pas fière allure malgré la victoire et semblait blessée. Malheureusement pour lui, le fils du dieu de la guerre ne put se résoudre à rejoindre sa femme ; et pour cause, à trois mètres de lui, dans une salle voisine, se tenait l’imposant et terrifiant lion de Némée qui avait encore dans sa gueule sa précédente victime ; ou du moins l’une de ses jambes. — J’ai toujours préféré les chiens aux gros chats !  Le lion avait lui aussi repéré le demi-dieu et se lécha les babines, prêt à savourer à nouveau la chair tendre d’un rejeton divin. Hay n’avait pas fière allure tant la bête était imposante et quasi invincible de par le cuir impénétrable de sa peau. Il lui fallait donc renoncer aux armes ; la base de sa défense et privilégier le corps à corps. Le lion se mit alors à rugir et fonça droit sur le Marsien qui l’esquiva en se déséquilibrant légèrement. Le félin revint cependant à la charge, obligeant le demi-dieu à le tenir à distance en maintenant fermer sa gueule. Les veines sur son front et dans son cou étaient plus saillantes que jamais tant l’effort était colossal pour maintenir le fauve à bonne distance. D’autant plus que les archers du haut de leur tour improvisée, continuaient à tirer, mettant à mal la survie de bon nombre de personnes, à commencer par celle de Tamara. Mais pour l’heure, c’est bien à son frère qu’Haytham Cassidy pensait. Le revoir dans cet état, raviva toute la colère enfouie du Marsien qui, dès lors, se mit à pousser un intense hurlement avant de prendre le dessus sur le lion pour ensuite commencer à l’étouffer de toute sa force.

Son regard était ivre de colère ; preuve qu’il irait jusqu’au bout malgré toute l’énergie mobilisée pour enfin terrasser la bête qui poussa un dernier râle avant de s’écrouler lourdement contre le sol. Ce que fit également le demi-dieu qui peinait à tenir sur ses jambes tant il manquait d’énergie à présent.

Un de moins:

Premier étage
Si j’étais une tortue ninja, je serais sans aucun doute Mikael Angelo. Non pas seulement à cause de son nom magnifique qui ressemble à mon prénom, mais plutôt parce que je suis le roi des blagues nulles en soldes et des mauvais plans. J’avais un don pour ça et ce n’était certainement pas mon ancien colocataire qui allait dire le contraire. Je ne me rendais pas réellement compte de ce que faisait mon frère d’ailleurs. Ne venez pas me dire que c’était juste mon demi-frère. Non! Il était comme un frère à mes yeux et sans aucun doute l’une des personnes qui comptaient le plus à mes yeux en dehors de miss feu de circulation exploseuse (ça ce dit ? Peu importe …) de plombage. Elle me le devait encore après toutes ces années. J’aurais dû lui envoyer la facture. Je pourrais le faire à Noël l’an prochain ? C’était une bonne idée ça.

Je me laissais donc docilement allongé sur … C’était quoi déjà ? Une table ? Un plan de travail ? Peu importe en fait. C’était dur et inconfortable. Je gémissais malgré moi alors que mon frangin sortait des conneries. Je levais simplement la main en lui faisant signe de s’en aller.

- Tu t’en vas chasser le lion.

J’avais chanté mollement la chose avec la comptine des camps de vacances. Même avec des fuites, je continuais de faire le con. Je sentais la main de Melissa sur mon visage et j’ouvrais les yeux avant d’avoir un sourire complètement stupide. Je n’avais plus si mal que ça tout à coup.

- J’espère bien chérie. On devrait se marier, on agit déjà comme un vieux couple qui se chicane et tu me déshabilles avant même quelques préliminaires.

Je ne manquais pas de glisser une main sur sa hanche alors qu’elle m’embrassait. Je répondais à son baiser sans même me soucier des sutures qui étaient en cour. Efficace le … C’était qui ce gros mec ?!

- Désolé mon pote, mais je préfère le doigter féminin. T’es pas trop mon genre.

Je me redressais en grimaçant. Je me tournais et j’embrassais langoureusement Melissa avant de retirer mon arme à feu de mon holster. Un clin d’oeil à la belle et je marchais en me retournant lentement. Elle allait me tuer.

- On termine les activités conjugales en privé quand on sera sortie de la merde mon coeur.

J’ouvrais à peine la porte de la cuisine qu’une flèche me passait au niveau du biceps pour se planter dans la porte. J’avais la chemise ouverte quand même. Pas trop le temps de m’amuser à la refermer. Je retirais le cran de sureté de mon arme et je visais l’un des archers. Je le ratais malheureusement. Un juron en espagnol avant de monter les escaliers pour le premier étage. Je regardais autour pour voir mon frère près du gros chat.

- T’as toujours été plus chatte que chat de toute façon Hay !

Tour 6:

Rez-de-chaussé
Incapable d’avancer au maximum de mes capacités. Mon but étant de sortir Elisabeth de ce merdier. Je descendais donc au rez-de-chaussé. Je sentais son parfum monter dans mon nez malgré la situation. Un parfum enivrant pour moi, mais je restais de marbre. Je n’allais certainement pas montrer la moindre dose d’attachement. Je tentais de la couvrir au maximum avec mon corps, mais ce n’était pas suffisant. Elle recevais une flèche en plein dans la poitrine. Elle allait mourir. Je le sentais. Je sentais son corps perdre en chaleur et son teint changer de couleur. Je me prenais une flèche dans le dos et j’entrais dans la cuisine quelques secondes ensuite. Je posais immédiatement Elisabeth sur un plan de travail avant de voir un de mes agents.

- Casse moi ce truc.

Début de difficulté respiratoire. J’avais probablement un poumon de toucher légèrement. Je m’appuyais sur le mur alors qu’il me cassait la flèche et je ressortais mon arme. J’allais devoir sortir rapidement et Elisabeth aussi. J’entendais que nous avions perdu Collins. Je grognais avant de repasser la porte sous les protestations de l’agent qui était venu m’aider. Je vidais mon chargeur sur l’étage et je souriais de satisfaction en voyant un des archers tomber de son étage pour s’écraser comme une mouche. Moi, je tombais à genoux en appuyant mes mains sur mes cuisses pour reprendre le dessus sur ma respiration.

- J’ai besoin d’une extraction avec Caldwell.

Je crois qu’il s’agissait de l’agent Brown qui m’aidait à me relever pour me mettre à couvert. J’étais très calme et je me contrôlais parfaitement. Je craquerais sans doute une fois seul chez moi. Jamais devant eux. Je ne pouvais pas me permettre une telle chose. Je fermais les yeux et je me concentrais sur ma respiration. Une main sur mon oreillette.

- Lond, terminez moi ce putain de ménage. Buttez-moi Hansen.

Ordre clair, net et précis. Je voulais qu’il crève. Je voulais qu’il meurt dans d’attroces souffrances suite à la merde qu’il y avait ici à cause de ses toiles hideuses.

Tour 6:

Rez-de-chaussée

Il venait de me proposer de l’épouser. Il nous voyait comme un vieux couple alors que cela faisait plusieurs semaines que nous nous n’étions pas vus. Etait-il sérieux dans ses propos ou était-ce uniquement sous le coup de l’adrénaline ?
Je n’eus pas eu le temps de lui poser la question et de me poser la question car Angel se releva pour repartir au combat. Heureusement pour lui, les sutures faites étaient suffisamment solides pour ne pas sauter au moindre geste, heureusement pour lui, il était fils de Mars et guérissait rapidement.

Haytham était déjà retourné dans le hall d’entrée du musée juste après qu’il m’eût laissé son frère à soigner. La jeune femme stryge n’avait elle non plus pas demandé son reste. Dès qu’elle se sentit assez forte, elle avait pris la poudre d’escampette.
Ou était-ce suite à l’arrivée dans les cuisines d’un homme d’un certain âge portant dans ses bras une femme en piteux état ? Après avoir déposé délicatement son paquet inanimé sur une table disponible, l’homme, pourtant blessé, se dirigea de nouveau vers le chaos qui régnait toujours à l’extérieur de ces murs.

Je me dépêchai d’aller voir la femme inconsciente afin de la soigner si je le pouvais. Je fis le tour de ses blessures. Elle avait perdu énormément de sang et les trois flèches plantées dans sa poitrine ne devaient pas y être étrangères.
Il y avait beaucoup de monde et de bruit autour de moi, j’avais du mal à me concentrer. La fatigue commençait à se faire sentir également. J’avais du mal à entendre si son cœur battait toujours ou si elle était arrivée en arrêt cardio-respiratoire.

« SILENCE ! » me mis-je à crier. « Les blessés ont besoin de repos et de tranquillité ! Ecoutez-moi tous, ceux qui sont peu ou pas blessés, veuillez-vous mettre de ce côté. Nous allons avoir besoin de sang, donnez à ce jeune homme votre groupe sanguin si vous le connaissez et dites-lui si vous êtes d’accord pour faire un don du sang en cas de nécessité. Merci ! »

Je fis signe à un jeune commis qui était déjà de corvée renseignements et qui changea de poste sans broncher. Il fallait que je remerciai toute la brigade et Haytham pour toute l’aide qu’ils m’avaient apporté ce soir. Je n’aurais pas pu sauver et soigner autant d’invités sans eux.
Je pris à part deux employés du musée juste égratignés mais bien valides et leur expliquai de faire le tour des personnes présentes afin de leur proposer à boire et à manger. Mon hypothétique beau-frère avait pris le temps de cuisiner pour la soirée, autant que ses plats ne furent pas gâchés.

Je retournai auprès de la femme d’âge mûr afin de pouvoir la soigner. Grâce à mes pouvoirs, je pus faire un tour complet de ses blessures. Les pansements compressifs qu'on lui avait appliquée la maintenaient en vie, la flèche dont l'empennage dépassait encore de sa poitrine était la plus dangereuse à enlever.
Elle frôlait une artère pulmonaire ainsi qu'une vertèbre dorsale. il fallait que je l'enlevasse malgré tout, le risque d'infection augmentait à chaque minute où ce carreau restait dans son corps. Je versai une bonne rasade de vodka sur la plaie et commençai à retirer le plus délicatement possible ce corps étranger.

Je contrôlai l'avancée de mon travail régulièrement en passant la main sur le thorax afin de vérifier qu'aucun organe ne fut touché. Je pus enfin respirer tranquillement quand la pointe de l'arme fut dans ma main, surtout en dehors du médiastin de ma patiente.
J'appliquai ensuite dessus un cataplasme antiseptique avant de tenter de suturer les points d'entrée et de sortie. En attendant l'étape couture, je retirai les deux pansements compressifs de fortune afin de soigner ces deux plaies. Même si elles avaient traversé de part en part la pauvre femme, je ne risquai rien à les enlever.

Je finis ma prise en charge en passant une de mes mains délicatement sur le visage quand je reconnus ma patiente. Il s'agissait de la femme à l'air sévère avec qui se disputait la femme d'Haytham. Elle devait donc travailler elle-aussi pour le BEM.
Je ne savais plus quoi penser. Le demi-dieu en moi me hurlait de la laisser et tant pis si elle ne s'en sortait pas. Le médecin en moi ne put s'y résoudre. "Et merde" me dis-je.

J'allai voir du côté des dons du sang si une personne pouvait être compatible afin de lui faire une transfusion rapide. Ce fut le cas. Ma patiente commença à reprendre quelques couleurs très rapidement.

J’étais tranquillement en train de reprendre mes esprits après avoir attaqué Medusa, espérant qu’elle ne me poursuive pas, quand soudain, mon bouclier de fortune me fut arraché par une femme en rouge qui saignait de l’épaule. D’abord surprise, je sentis la colère m’étreindre… Cette femme… je l’avais déjà vue bien des années auparavant… Elle avait participé aux meurtres sur mon île, le carnage qui avait fait s’éteindre toute ma horde, et elle avait même tué ma mère sous mes yeux, tandis que sa comparse m’avait mutilé les ailes pour m’empêcher de lui ôter la vie… Je me mis à grogner, mais elle avait déjà fichu le camp. Il me fallut quelques secondes pour me reprendre et me lever, et lorsque je sortis de la petite salle pour rejoindre le couloir qui faisait la périphérie de la salle principale, je fus choquée par la sauvagerie dont elle était capable. Certes il fallait se défendre contre Medusa mais… Elle venait de la décapiter en tirant avec son arme à plusieurs reprises dans son cou. Mon sang ne fit qu’un tour en revoyant les images sordides de cette femme qui avait tiré également sur les miens… sur ma mère. Aussitôt, alors qu’elle essayait de se replier ailleurs, je fonçai sur elle, la chargeant telle un buffle, la faisant tomber par-dessus la rambarde. Je n’avais pas fait attention à ce qui se passait autour. Medusa était hors d’état de nuire, tout comme le lion de Némée que je vis à l’autre bout, s’écrouler.
Je sentis ensuite une vive douleur me transpercer le flanc. Encore une flèche… Les archers étaient un peu moins nombreux mais continuaient à tirer. J’attrapais une flèche au sol et la lançai tel un javelot. Je fus surprise que mon action fasse mouche, avant d’à mon tour m’écrouer contre la rambarde de verre. La douleur était vive, mais pas suffisante pour m’arrêter. Néanmoins, j’avais besoin de reprendre mon souffle. J’espérais que Darren était en sécurité dans la pièce où j’avais été soignée.

J e me sentais mal, autant que peut l’être un être tout ce qu’il y a de plus humain, confronté à des évènements de l’ordre de l’impossible. Mais depuis l’arrivée de Licinia dans ma vie, j’avais appris à redéfinir ce qui était de l’ordre du possible. Malgré tout, jamais je n’aurais cru me retrouver au milieu d’une bataille entre diverses créatures mythologiques sorties de nulle part. Je n’étais pas armé pour ça, ni physiquement ni intellectuellement. Alors que faire ? Jamais une question, pourtant si simple, ne m’avait paru si complexe à éluder. J’avais beau la retourner dans tous les sens, je demeurais impuissant face à ce bordel mythologique. Mais plus encore, j’étais inefficace pour protéger Licinia que je cherchais désespérément du regard.

J’avais des fourmis dans les pieds, ou peut-être était-ce la manifestation physique d’une lâcheté que je me refusais à accepter quel qu’en soit le prix. Alors, non sans mal, je me levais avant de me rappeler qu’une flèche s’était logée dans mon épaule avant que je ne ramène Licinia ici. La douleur n’était heureusement pas intense, mais n’en demeurait pas moins désagréable. Je n’eus pas le loisir de me lamenter davantage, car à nouveau les portes s’ouvrirent à la volée sur une nouvelle salve de blessés. La gentille toubib avait fort à faire, mais semblait suffisamment à l’aise pour ne pas perdre le fil.

— Excusez-moi !  lançais-je au premier type que je croisais sur mon chemin. Il était pourvu d’une tenue blanche, une de celle que l’on arbore traditionnellement en cuisine. Couvert de sang, il semblait officier aux côtés de la toubib. — Je cherche une jeune femme. Elle est grande, magnifique, brune, les yeux sombres. Elle portait une robe dorée. Ça vous parle ?  Il fronça les sourcils avant de se contenter d’un « non » de la tête. N’avais-je pas été assez exhaustif dans mon descriptif ?

— LICI !  Je tâchais de me faire entendre sans trop abuser ; avec un peu de chance, ma protégée parviendrait à m’écouter usant de ses capacités surhumaines. « Si c’était si facile, tu ne serais pas là, au milieu des blessés à la chercher. » Ce constat, teinté d’amertume, m’ébranla tellement que j’avais besoin de m’asseoir. Mes mains se mirent alors à trembler, avant que je ne comprenne ensuite que j’étais très probablement en train de faire une crise d’angoisse ; une de celle qui était fréquente lorsque j’étais adolescent. Je ne voulais pas y penser. Mais penser à quoi ? Je faisais des crises d’angoisse depuis si longtemps, que j’avais appris à vivre avec. Sauf que cela faisait des années que je ne les subissais plus et qu’aujourd’hui elles revenaient au triple galop rattrapant de ce fait des années d’inactivité.

« SILENCE ! » Quelqu’un venait de hausser le ton. Cette personne venait de m’empêcher de sombrer. Cherchant du regard à qui je devais ce sauvetage ; je découvris bien malgré moi, un afflux encore plus conséquent de blessés parmi lesquels se trouvait la femme avec qui j’avais échangé au premier étage, lorsque le fou-fou de la gâchette avait sorti son pétard. Elle était dans un piteux état et dans les bras de cet enfoiré à l’origine de tous les tourments de Licinia. — Ca ne fera pas une grosse perte !  m’entendis-je répliquer en prenant de la distance pour ne pas être repéré. Car oui, ayant croisé Sheppard dans un ascenseur peu avant l’évasion de Licinia, il était fort probable qu’il fasse le lien et me reconnaisse. Sauf bien sûr, si je surestime le bonhomme, qui à n’en pas douter, en voyait passer des gens.

J’aurais dû demeurer malgré tout, me rendre utile en secondant le commis en charge de collecter les groupes sanguins de tout à chacun. Oui, c’était une quête modeste, mais à ma portée. Sauf que je suis une putain de tête de mule et que malgré la faiblesse de mon statut de mortel, je ne pouvais me résoudre à rester ici, alors que Lici était je ne sais où ; peut-être en danger, voire pire. Je me refusais à pousser le vice jusqu’à imaginer le pire et pourtant c’est bien ce que j’étais en train de faire. — Aller, ressaisis-toi espèce de trou du cul !  On s’encourage comme on peut. Toujours est-il que je progressais lentement vers les escaliers, observant les environs avec une attention toute particulière. C’est alors que je vis une femme tomber de la balustrade. Un cri de colère retentit m’obligeant à montrer un peu plus rapidement les escaliers pour voir ce qui se passait. Dans la précipitation et dépourvue de la moindre grâce, je m’étalais comme une merde. Mais cette chute me permit bien, malgré moi, d’esquiver plusieurs flèches. Les tirs venaient de l’étage supérieur, telle était ma certitude. Je devais réfléchir en amont pour mettre sur pied un semblant de stratégie. Non, foncer tête baissée me paraissait et demeure la meilleure des alternatives. Vamos !

Mon cœur battait si vite que si j’avais pu l’arracher à main nue pour le faire taire, je l’aurais fait à n’en pas douter. Un filet de sueur parlait à présent sur mon front. Je ne comptais plus les marches ni les étages ; bien qu’ils ne soient pas nombreux. J’étais ailleurs, peut-être dans un état second. Toujours est-il que le silence régnait par ici, trop pour que cela ne soit pas un tantinet suspicieux. Je constatais également le fait qu’il n’y ait peu de corps, de blessés, voire même des traces de sang. Sois j’ai du bol, sois je risque de prendre cher !  Et alors que je cogitais activement, un bruit aussi étrange qu’inhabituel me sortit de mon introspection. Et je compris après coup de quoi il s’agissait lorsque je vis une salve de flèches s’envoler dans les airs avant de retomber, un étage plus bas. Je me trouvais donc à l’étage des archers qui continuaient à tirer se souciant peu de la nature de leurs victimes.

« Viser la stryge ! » Les paroles n’étaient pas claires, car teintées d’un accent, mais j’avais bien entendu le mot désignant la belle demoiselle sans ailes qui partageait bien malgré elle, ma vie présentement. Qu’est-ce que je dois faire ? Où ? Quand ? Comment ? Mon cerveau était en surchauffe, autant que mon trouillomètre. Mon regard se posa alors sur… un vase fièrement exposé et sûrement hors de prix. Était-ce assez pour m’en dissuader ? Vraisemblablement non, car déjà je récupérais l’œuvre activant à nouveau l’alarme. Piquant mon meilleur sprinte, je regagnais l’emplacement des archers, qui n’étaient plus que trois. Le vase type pot de fleurs de seconde main (mais qui vaut quand même une blinde) s’écrasa contre la gueule d’un premier archer qui, déséquilibré, passa par-dessus la rambarde. Toujours est-il qu’il en restait deux et qu’ils n’étaient pas contents. — Désolé, je n’étais pas fan de Robin des Bois étant gosse.  Niveau répartie, on repassera ; toujours est-il qu’à présent ces teignes n’étaient plus que deux ; ce qui laissait plus de chance aux rejetons semi-divins encore en état de combattre.

Sans attendre, je regagnais donc l’étage inférieur à la recherche de la fameuse stryge précédemment visée. Et quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur le gros malabar du labyrinthe — Vous êtes encore en vie…  tentais-je avant de comprendre qu’il s’apprêtait à s’attaquer à ma protégée adossée à la rambarde et touchée au flanc. — Non ne lui faites pas de mal !  Cliché jusqu’au bout des ongles et telle la Pocahontas qui s’apprête à protéger John Smith de la mort ; je me mettais encore Lici et le demi-dieu en colère qui me fit savoir que cette « chose » venait de balancer sa femme.

— Elle avait sûrement ses raisons, monsieur. Écoutez je n’ai clairement pas le niveau pour vous affrontez c’est sûr. Mais vous devriez aller auprès de votre femme plutôt que de vous en prendre à mon amie. Et puis il reste plus que deux archers. C’est à votre portée non ?  Je n’étais sûr de rien, encore moins de ma survie, mais je devais tenter le tout pour le tout. — Lici, je suis là. J’ai dégommé un archer, tu aurais dû voir ça ! Étais-je fier ? Légèrement, mais je savais que cette euphorie serait de courte durée.

En cours...: