Event # 1 : Vernissage au Guggenheim

Rez-de-chaussée

Pourquoi Chiron m'avait donné cette invitation pour le vernissage de ce fils d'Apollon ? Pourquoi avais-je accepté ? Se doutait-il de ce qui risquait de se passer ? Avait-il consulté l'Oracle pour avoir une idée de l'avenir ?
Moi qui voulais juste passer une soirée tranquille loin de toute la pression du quotidien et de toute forme de travail ! Pourtant, me voilà dans la cuisine provisoire du musée en train de me préparer à devoir soigner mes semblables.

Les plantes aromatiques prévues pour agrémenter les amuse-bouches tout le long de la soirée m'étaient actuellement de la plus grande utilité.
J'avais quand même repéré la trousse de secours présente dans la même pièce que moi. Si ça dérapait d'une façon ou d'une autre, j'aurais de quoi soigner les mortels innocents présents ce soir.

Avec deux fils de Mars et des agents du BEM dans le même bâtiment, ça ne pouvait que mal tourner. A peine mes pensées se concentrèrent sur cette idée, j'entendis du bruit venant du hall et des différents étages du musée.
Des cris recommencèrent à emplir l'espace, encore de la peur et d'autres sons que je n'arrivais pas à cerner. J'allai rapidement à la porte donnant accès au rez-de-chaussée, je ne pus retenir un juron devant le spectacle qui se déroulait devant mes yeux.

"Par tous les Dieux de l'Olympe !"

Je ne jurais presque jamais mais là, il sortit tout seul. Je voyais des flèches provenant de l'étage le plus élevé, le labyrinthe de Dédale grandissant devant moi et j'eus cru apercevoir du coin de l'oeil le Lion de Némée et Médusa.
Mon esprit devait me jouer des tours. Comment tout cela pouvait être possible ? Le peintre Hansen était-il derrière ce désastre ? Il semblerait car j'avais admiré l'oeuvre du père d'Icare quelques minutes plus tôt.

Un invité arriva vers moi couvert de sang avec une flèche plantée dans le bras, un autre le suivit avec des écorchures sur le visage et sur le tronc, puis encore un autre. Je n'allais pas avoir le choix, il allait falloir monter un centre de soins en urgence.
Ni une, ni deux, j'attrapai la trousse de secours et commençai à sortir gazes, antiseptiques et autres kits de suture. Ce qui me sauva aussi, c'était que la brigade d'Haytham était toujours présente, ils allaient devoir m'aider bon gré mal gré.

"Je vais avoir besoin de votre aide. Je suis Mélissa et je suis médecin. Nous allons tranformer votre lieu de travail en service des urgences. Voilà des gommettes de couleur, quatre d'entre vous allez faire le tri entre les blessés qui arrivent.
Vert pour les blessures superficielles, orange pour des blessures un peu plus profondes, rouge pour des blessures graves avec un danger vital. On va espérer ne pas devoir utiliser les gommettes noires.
Les autres, vous allez vous répartir en deux groupes. Le premier groupe s'occupera de prendre les informations sur l'identité du blessé, ses possibles allergies et le nom et le numéro de la personne à prévenir. Le deuxième groupe, vous allez devoir recoudre les blessures, c'est comme recoudre une dinde que vous venez de farcir pour éviter que la farce et le jus ne sortent.
Au travail !"

Je me mis au boulot, j'installai chaque groupe à un endroit précis de la cuisine de façon à être le plus efficace possible. Les blessés n'arrêtaient pas d'affluer dans notre direction, après 50 patients j'avais arrêté de compter.
Pour le moment, aucun signe d'un demi-dieu ou d'une créature parmi les soignés. Bon ou mauvais signe ?

Premier étage
Et voilà, la merde commençait à sortir de partout comme une diarrhée importante dans les caraïbes après avoir mangé de la viande mal cuite. C’était une véritable tourista d’accident et de tension. Je tentais de surveiller le connard du B.E.M. quand je me faisais percuter par un mur. Oui, cette femme avait beau avoir un gabarit délicat, j’avais l’impression d’avoir été frappé par une masse en pleine gueule. Il faut dire que j’étais assez résistant de mon côté. Je portais une main à mon nez en sentant le sang couler et je toussais légèrement.

- NON MAIS REGARDEZ OÙ VOUS ALLEZ MERDE !

Je plongeais finalement mon regard sur elle. Mes yeux qui s’agrandissaient d’un coup en sentant une certaine crainte m’envahir. J’étais dans la merde. Elle me plaquait au mur avant même que je ne comprenne ce qui arrivait et je tentais de me débarasser de sa prise. Autant le dire, ça n’aidait pas du tout dans ce qui se passait. J’étais fort, mais rien à voir avec le pouvoir de mon frère. J’aurais dû anticiper son mouvement, mais j’étais trop occupé à autre chose comme mon nez qui saignait.

- HEY TU TE CALMES OUI !

Je sentais la prise se refermer et je prenais toutes mes forces pour tenter de la repousser alors que … Les tableaux prenaient vie ? On avait un chaton XXL qui sortait pour s’amuser avec les gens en les prenant pour des balles de laine et une Médusa qui figeait les gens. Je lâchais un cri de douleur alors qu’une flèche venait me transpercer sur le côté. Directement dans un poumon. J’étais vraiment dans la merde en fait ! Je manquais de visuel et je perdais mon oreillette qui tombait sur le sol. Bon bah j’allais mourir … J’allais crever et je n’avais même pas eu la chance de revoir Mélissa pour lui parler. SU-PER ! . Je tirais sur la flèche pour la sortir et je frappais miss «je veux te bouffer» en pleine gueule. J’avais quelques fuites … Ouais … J’avais ENCORE quelques fuites. Ça allait devenir une blague avec Haytham. J’avais réellement un mauvais karma en fait. Qu’est-ce que j’avais fait par tous les dieux de l’Olympe pour mériter ça.

- HAYTHAAAAAAM !

Le seul capable de potentiellement me sortir de la merde. Au Diable Sheppard et sa bande, je ne voulais pas crever ce soir et mort, je ne pouvais pas aider Hansen !

Premier étage
Autant le dire, utiliser Elisabeth comme couverture était facile. Elle avait le charisme et la grâce nécessaire pour être madame Sheppard … Hum Ferguson. Enfin bref, c’était sans la moindre importance en ce moment. Mon but étant d’attirer notre cible ailleurs pour l’amener au B.E.M. pour nous amuser avec lui d’une quelconque manière. Je regardais Elisabeth s’approcher et je voyais qu’il y avait ce type avec les nerfs à vif du coin de l’oeil. Je restais calme au maximum alors que ma «femme» s’approchait de moi. Je venais poser une main sur la taille d’Elisabeth naturellement pour entrer dans le jeu et un baiser sur sa tempe. J’avais un petit don pour ce jeu d’acteur et je devais bien avouer que je trouvais ça divertissant. Je la laissais parler en me disant que je n’étais là que pour signer le chèque. Chèque qu’il ne verrait jamais. Il y avait de l’agitation autour alors que le fils de Mars s’en prenait plein la tête avec mon petit oiseau en fuite. Sourire légèrement satisfait au coin des lèvres. Bouffe-le ma perruche. Ça en fera un de moins dans le lot.

Des hurlements se mettaient à poindre de partout alors que je voulais partir discrètement pour aller «conclure» notre affaire. Fait suer. C’était quoi encore cette histoire qui venait mettre à mal mon plan ? Je serrais la mâchoire avant d’ouvrir grand les yeux en voyant un lion sortir d’un tableau. Il n’était pas loin de nous et je déplaçais Elisabeth alors que je recevais un coup de patte sur le bras. Blessures superficielles heureusement. Je reculais vivement avant de voir Medusa. Je fermais les yeux d’instinct alors que des gens se figeaient autour d’elle.

- On a besoin de renfort.

Je posais ma main sur mon oreillette avant de parler clairement. J’avais perdu le visuel sur Elisabeth ! Merde ! Ça ne pouvait jamais être simple. Je sentais mon sang couler légèrement de mon bras. Mon complet était fichu alors que je bougeais en recherchant Hansen. J’avais complètement perdu mon visuel.

- Avis à tous les agents. Vous abattez la cible à vue. Je répète, vous abattez la cible à vue c’est un ordre.

Je sortais moi-même mon arme. Fini de rigoler ! Il était temps de passer à l’action. Je devais retrouver Elisabeth.

- Caldwell ?!

Je bousculais le type nerveux au passage en voulant le sortir de mon chemin. Pas le temps d’être délicat. En espérant qu’il se fasse bouffer tient ! Quel genre de type agoraphobe se pointe dans un événement ? Les gens devenaient bien trop sensibles avec les années. Nouvelle génération de peluche et de bisounours. Je grondais en me faufilant. J’évitais les flèches heureusement. C’était un véritable enfer. Faire sauter le musée commençait à me passer dans la tête, mais ça serait un peu trop intense.

Le sang du demi-dieu m’attirait irrémédiablement. Je ne voulais pas lui faire de mal mais cette envie, ce besoin d’absorber son sang était plus fort que tout, c’était comme si je n’étais plus en capacité de maîtriser mes mouvements pour m’en empêcher. Heureusement, il parvint à le repousser,me faisant mal au visage au passage, me faisant pousser un grognement. Je n’eus pas le temps de le poursuivre que tout se passa vite, soudain, des choses invraisemblables se passaient : des flèches pleuvaient depuis l’étage supérieur, un trou noir venait de se matérialiser non loin de moi, je vis même quelqu’un se faire absorber dedans. Machinalement, je bondis de côté pour éviter cela. Les hurlements se firent entendre de toutes part et je vis un lion gigantesque arriver, rugir et envoyer des coups de pattes. Du regard, je cherchais Darren, espérant qu’il ne lui arriverait rien, et cette seconde d’inattention permit au lion de foncer vers moi et de me griffer. La douleur fut vive, comme une de ces décharges électriques que j’avais pu recevoir par le passé dans les infâmes sous-sols du B.E.M. Poussant un cri et faisant fi de l’odieuse douleur lancinante de mon dos griffé, je me retournai pour empoigner le lion et le jeter rapidement à l’opposé de moi, en direction de celle que j’avais reconnu comme ayant tenté de me tuer voilà des années (@"Elisabeth Calwell"). Pendant ce temps, je reprenais mon souffle, souffrant horriblement de ma plaie dans le dos. Je me retournai et aperçus Meduse. Aussitôt, je fermai les yeux et me jetai en boule à ses pieds, la faisant trébucher, tandis que j’étais recroquevillée sur moi-même. Ses pieds avaient heurté mon dos, m’infligeant une douleur supplémentaire, mais au moins, elle était tombée, me laissant le temps de me relever. Je sentais le sang couler dans mon dos, entachant ma robe, et les larmes rouler le long de mes joues. Essoufflées, je ne savais où aller ni que faire. Tout le monde criait et courait dans tous les sens, me faisant tourner la tête. Des gens étaient figées à cause de la gorgone, et certains se faisaient reverser par ceux qui couraient sans regarder. Mon coeur battait la chamade au point de me faire presque aussi mal que mon dos meurtri une nouvelle fois. Je jetai un œil autour de moi à la recherche des autres ennemis, ceux du B.E.M que je reconnaissais, et je vis que Sheppard avait sorti son arme, ce qui ne me rassurai guère. Je voulus alors rejoindre le rez-de-chaussée pour me rapprocher de la sortie, mon instinct de survie me l’ordonnait. J’espérais que Darren avait fait de même, mais ne le voyant plus a premier étage, j’imaginais que c’était ce qu’il avait fait, et me trouver loin du directeur du B.E.M et de la méchante femme me semblait la meilleure option ; Je me mis alors à courir en direction de l’escalier, mais les gens me bousculaient. Saletés de Mortels. Ils étaient si nombreux, j’avais beau avoir plus de force qu’eux, c’était infernal. D’autant que des flèches pleuvaient sur nous, et j’avais toutes les peines du monde à les esquiver. J’entendis alors Sheppard ordonner de tirer sur la cible. j’imaginais que cette cible était le peintre mais très honnêtement, son cas ne m’importait guère, je voulais juste sauver ma vie et ne voulait pas faire partie des cibles. J’avais remarqué qu’au rez-de-chaussée un labyrinthe avait poussé. Une idée folle me vint alors en tête. Je courus dans l’autre sens, bousculant exprès le directeur et sautant par-dessus la rambarde pour atterrir au rez-de-chaussée. Malheureusement, je ne parvins pas à atterrir sur le muret du labyrinthe, ma chute au sol fut douloureusement pour mes jambes, mais toujours moins que d’être bousculée sans arrêt par un troupeau de Mortels en panique. J’étais néanmoins affaiblie, au sol contre une haie dudit labyrinthe d’où j’entendis des grognements et hurlements… Sûrement le minotaure qui s’en prenait aux imprudents qui avaient décidé de tenter leur chance à l’intérieur. La tête me tournait, j’avais du mal à avoir une vision claire. Je me recroquevillais pour esquiver les flèches qui continuaient à pleuvoir.

J'avais finalement réussi à rejoindre Sheppard et Hansen après les déboires du second étage. En chemin, j'avais écopé d'un nouveau nom, d'une nouvelle identité et d'un nouveau titre : celui d'épouse. La totale. Un rôle que James semblait accueillir avec un tantinet trop de réalisme, une main intrusive directement posée sur ma taille. Qu'est-ce que...? Ah, je vois : visiblement on ne s'embarrasse pas d'une quelconque permission ici. Je me crispais légèrement, tendue par cette proximité que je n'avais pas anticipé et qui me déstabilisait. Non pas que ce soit désagréable, loin de là c'était juste que j'étais prise au dépourvu et que...je n'y étais malheureusement plus habituée. Il me déposa un petit baiser sur la tempe, une tendresse factice qui me fit tressaillir. Vous êtes mariés Elisabeth, respire. Il fallait t'y attendre. Ce sont des choses normales dans un couple. Il me fallu pourtant une poignée de secondes supplémentaires avant de parvenir à me détendre quelque peu, fixant toujours Hansen pour que tout ait l'air le plus naturel possible. Ce dernier eut l'air intéressé par notre offre, l'appât du gain était une chose vieille comme le monde et qui pourtant, faisait toujours son petit effet.

La transaction semblait se présenter sous de bonnes auspices, lorsqu'un hurlement se fit entendre au rez-de-chaussée. Comment ça on me coupe la parole ? Mal élevée ! Puis l'instant d'après, le cri trouva écho à notre étage et je vis avec stupeur que les toiles s'animaient. Qu'est-ce que c'est que ça encore ? Instinctivement, Sheppard se plaça devant moi en me faisant pivoter dans son dos alors que le Lion de Némée qui était exposé devant nous un peu plus tôt s'approchait, bien vivant. Coups de pattes aléatoires en direction des invités, mon directeur en fit les frais, dans une moindre mesure heureusement. Inquiète, je voulus regarder la blessure qu'il avait maintenant au bras mais nous fûmes séparés par l'arrivée de Médusa.
Lorsque je rouvris les yeux, James n'était plus à mes côtés, et la cible non plus. J'entendis pourtant sa voix dans mon oreillette, ordonnant d'abattre la cible quoiqu'il en coûte.❝Je vais me poster à l'entrée de cet étage pour tenter de l'intercepter. Il ne pourra pas s...❞ Je ne pus achever ma phrase, coupée net par une violente douleur à l'abdomen. J'accusais le coup, me retenant à la rembarde. Une flèche s'était solidement logée dans la cage thoracique, toute droit décochée du second étage. Respiration coupée, je fermais les yeux et resserrais ma poigne sur la rampe pour ne pas chuter sous la douleur. J'effectuais quelques pas pour tenter de rejoindre le poste d'observation que j'avais annoncé dans l'oreillette. Main plaquée contre la blessure, je tentais d'en limiter l'hémorragie tout en sachant que cette manœuvre était loin d'être suffisante. Était-elle seulement efficace ?
Autour de moi, les gens hurlaient et fuyaient pour leur vie, alors que les tableaux imaginés par l'artiste se déchaînaient sur eux. Je laissais échapper un faible gémissement avant de finalement me laisser glisser au sol quelques mètres plus loin. Retirer la flèche aurait été la meilleure solution mais je n'étais pas en mesure d'y parvenir moi-même. La respiration sifflante, je baissais le regard sur le carmin qui imbibait progressivement mon tailleur. La voix lointaine de Sheppard me parvint dans l'oreillette...mon nom...c'était le...❝James...l'issue. Premier étage.❞ articulais-je douloureusement en serrant les dents. Je n'y étais pourtant jamais parvenue, mais j'espérais qu'il serait en mesure de me retrouver en cherchant à s'y rendre. Tout comme je me concentrais pour tenter d'apercevoir Hansen, au cas-où il chercherait à quitter l'étage. Un effort rendu difficile par la gestion de la blessure, dont le sang commençait maintenant à couler sur le sol impeccablement ciré du musée.

L ’audace du désespoir ; le désespoir de l’audace. Il y a tant de mots et tant d’expressions pour dire si peu de choses. La tentation, difficile d’y résister, plus encore lorsque la distance qui vous sépare d’elle est dérisoire. Haytham en était rendu à laisser ses méninges fulminer, tenté au passage par une petite coupe de champagne. Les fines bulles pétillaient davantage dans le liquide couleur or, le demi-dieu pouvait même entendre jusqu’à leur crépitement ; une odieuse mélopée qui jadis semblait si mélodique à ses oreilles affutées. Par chance, il n’allait pas expérimenter la citation d’Oscar Wilde et put, grâce au concours d’une jeune demoiselle inconnue au bataillon ; mettre une distance suffisante avec la tentation alcoolisée.

La demoiselle était médecin d’une part et une progéniture divine, un statut qui amoindrit la méfiance d’Haytham. Et en plus, la demoiselle s’était occupée de soigner Eileen ; si ça, ce n’est pas gage de confiance ? Ajoutons à cela, en guise de « bonus » le fait (pas anodin) que Melissa connaisse Angel. Mais connaitre dans quel sens ? Pas le temps pour ce genre de questionnement. Et puis dans le fond du fond, voire même le tréfonds de la cacahuète ; ça n’est pas mon problème.  Cette pensée, bien que candide, fit légèrement sourire Haytham qui en oublia l’espace d’un instant, la trahison qui alourdissait son cœur. Mais ne pouvant se résoudre à se laisser dompter par ses émotions, il reprit rapidement le dessus. Il lui fallait avoir les idées claires et la tête froide pour concevoir les prémisses d’un plan, en bon héritier belliqueux qu’il était. Mais avant toute chose, il fallait répertorier les forces en présence, car il était plus qu’évident que d’autres demi-dieux étaient présents ce soir, à commencer par le propre frère de l’intéressé.

— Oui bien sûr. Pinata doit sûrement être là d’où son indisponibilité momentanée tout à l’heure. Vous aurez plus de chance que moi. Allez-y, faites déplacer cette vieille carcasse pour qu’il vienne nous sauver les miches !  Hay n’était sûr de rien, sauf du tandem qu’il formait avec Angel et qui allait à coup sûr, mettre quelques grains dans la mécanique mal huilée du BEM. Ainsi, Cassidy laissa la demoiselle se charger de prévenir Angel, il espérait surtout pouvoir se recentrer un peu, mais c’était mal connaître sa femme qui lui laissa à peine le temps de comprendre. En effet, la furie rouge venait de foncer sur lui sans qu’il n’ait le temps de contracter ses abdominaux. Le coup fut rude, mais pas assez pour le terrasser et ce malgré la présence du poing en argent que Tamara portait presque fièrement. Le demi-dieu secoua vivement la tête et se redressa de toute sa hauteur pour se confronter à ce simulacre d’adversaire. — Va te faire foutre !  telles furent ses paroles avant qu’il ne projette sa femme. Évidemment, il n’y avait pas mis toute sa force, cependant le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle venait de planer avant de royalement s’écraser contre le sol. Melissa se précipita alors vers Hay, le sortant presque aussitôt de sa torpeur. Sans attendre, la jeune femme l’entraina dans les cuisines avant qu’enfin il ne prenne la pleine mesure de ce qui venait de se passer.

— Ma femme…  commença-t-il incertain. Il devait bien reconnaître le fait que Tam venait de leur permettre d’entrevoir une sortie. — Enfin bref, on doit faire sortir le plus de personnes possible. Attendez, quand vous dites des potions de guérison, vous êtes sérieuses ? Ok j’ai compris, je vais commencer à faire sortir mon personnel.  Il sentit alors son portable vibrer et constata non sans surprise qu’Angel était bien présent et qu’il lui fallait de l’aide. — Angel est au premier étage. Je vais essayer de le rejoindre. À deux, on arrivera plus facilement à botter des culs.  Une expression ô combien familière que les deux demi-dieux avaient tant de fois employée lorsqu’ils étaient plus jeunes et qu’ils jouaient les esprits rebelles hors du camp et de ses règles.

Ainsi le fils de Mars, mâchoires serrées, quitta les cuisines où il pensait officier en paix ce soir. Il retira son nœud papillon ; il lui fallait au moins ça pour être un peu plus à l’aise. Les agents de sécurité fourmillaient au rez-de-chaussée et rendaient quiconque se sentait coupable, un peu plus mal à l’aise. Hay était à cran et cherchait Tam du regard ; malgré sa colère, il espérait ne pas l’avoir blessé en l’envoyant valdinguer quelques minutes plus tôt. Un cliquetis libérateur remonta jusqu’à son oreille gauche et voilà que le mouvement reprit d’étage en étage. Malgré tout, les poils de l’avant-bras du Marsien se hérissèrent. Son instinct qui ne l’avait jamais induit en erreur, l’incitait à croire que le pire était à venir ; et il avait raison.

Les emmerdes commencent toujours par un hurlement… Et voilà que le décor se mit à changer tandis que des flèches tombaient de l’étage supérieur et que le rugissement d’un lion résonnait. Hay se mit à grogner en constatant que le rez-de-chaussée était à présent un labyrinthe pourvu d’un sol glissant rendant la circulation moins aisée. — Qui dit labyrinthe, dit Minotaure.  Un constat qui ne pouvait qu’être logique. Melissa refit son apparition, mais fut bien vite accaparée par un blessé ; il y en avait d’autres, trop au goût du Marsien qui se rappela bien malgré lui de la présence d’humains, parmi lesquels se trouvait son personnel. Dès lors, il n’avait plus le temps de réfléchir, il devait les protéger coûte que coûte.

— Les gars, venez par ici !  Tel un berger, il les réunit avant de leur intimer l’ordre de rejoindre Melissa qu’il venait de désigner du bout du doigt. — Pas de “mais”, vous serez plus en sécurité avec elle.  D’autres suivirent, principalement des blessés, ce n’était pas beau à voir. Et voilà qu’une nuée de flèches déferlant du haut, tomba en cascade — Mettez-vous à l’abri ! hurla le fils de Mars levant les bras en ciel comme pour se protéger. C’est alors que ce pouvoir, qu’il ne maitrisait que trop mal, se manifesta à nouveau. En effet, un bouclier venait d’apparaitre et le protégea presque aussitôt. — Ça marche !  murmurait-il tout en essayant de se concentrer pour faire apparaître une nouvelle arme. Mais un cri émanant du lointain attira l’attention du demi-dieu qui comprit bien, malgré lui, qu’il lui faudrait rejoindre le labyrinthe en son centre pour venir en aide au malheureux qui s’y trouvait.

— Hey, qu’est-ce que vous foutez là ?  Presque aussitôt, le gars lui pointa l’horizon du bout du doigt, lui permettant d’identifier sans surprise le nouvel adversaire qui se présentait à lui. — Non, là ce n’est vraiment pas le moment de me faire chier avec toutes ces conneries mythologiques. Tirez-vous, je m’occupe de la bête ! Il y a un fil au sol, suivez-le !  Haytham était directif, plus qu’à l’accoutumée, mais il n’avait pas le temps de faire la causette. Le type consentit à ne faire preuve d’aucune vaillance et s’en alla presque aussitôt.  — Un demi-dieu c’est plus appétissant qu’un humain. Alors, approche pour voir un peu !  Concentré, il l’était, assez pour lancer un décompte dans sa tête avant de penser à Tamara et se sentir la colère prendre le dessus. — Je vais t’écraser la gueule, face de bœuf !  Et alors qu’il s’apprêtait à charger à son tour, Hay fut décontenancé par l’appel à l’aide d’Angel ; tellement qu’il ne parvint à éviter le Minotaure qui l’expulsa sur plusieurs mètres, lui coupant aussitôt le souffle tant le choc fut rude et probablement parce qu’il avait une ou deux côtes de fêlés.

La voix d’Angel résonna encore une fois sournoisement dans sa tête, mais il ne pouvait se résoudre à laisser une telle créature libre de mouvement. Il compta à nouveau dans sa tête, alors que déjà la bête le charger Pas de cure-dent, pas de cure-dent !  répétait-il en tentant de matérialiser une nouvelle arme. Il sentit alors entre ses mains, la cross froide d’un révolver, une arme que son épouse affectionnait plus que tout contrairement à l’épée qu’arborait fièrement le Marsien. Il fallait faire vite, en somme, être expéditif ; ce qui fit Haytham en pointant l’arme vers l’avant et en visant entre les deux yeux la bête en furie qui se vautra lourdement contre le sol laissant la voie libre au demi-dieu qui ne pensait plus qu’à une chose à présent, sauver le cul poisseux de son frère.

La dame se pourvoyait d’un humour qui me permettait de tenir un semblant de conversation alors que nous étions de toute évidence confrontés à un accroc de la gâchette. Cet homme était-il dangereux ? J’ose espérer que non ; mais dans mon for intérieur, j’en étais réduit à me demander pourquoi ce type avait une arme et pas moi ? Qu’est-ce qui le différencie du commun des mortels ? Était-il de la sécurité ? Le cas échéant, où son badge se trouvait-il ?

Poser des questions, fait partie de mon métier et à ce degré, n’importe qui était en droit de penser que ma déformation professionnelle avait atteint des sommets que nul ne pouvait franchir. Sauf que je me connaissais assez pour savoir qu’il n’était pas question de déformation professionnelle. J’étais flippé, autant que pouvait l’être Lici. Je ne contrôlais rien et voir un type pas très stable de prime abord, arborer une arme avec autant d’aisance, me foutais un peu les jetons. Par chance, parce qu’elle subsiste (du moins pour l’instant) les agents de sécurité, dans leur plus bel apparat, rétablir un semblant de dignité à cette soirée en levant les grilles, nous délivrant au passage. Mais nous devions toutefois répondre à quelques questions ; une façon pour les gorilles de sauver à nouveau la face. À ma grande surprise, mon badge me permit, pour une fois, de jouir de quelques privilèges. C’est fou, dans la précipitation j’avais presque oublié ce pour quoi j’étais ici ; à savoir une interview. Avant toute chose, je devais retrouver Licinia qui, ce soir, était mon assistante ; une assistante sans laquelle je ne pouvais évidemment faire mon travail.

« Nous allons la retrouver », fit entendre mon interlocuteur en l’invitant à la suivre, ce que je fis sans me faire prier. Mon regard perdu dans la foule chercha le fou de la gâchette et la nana sarcastique. Mais rien, ils avaient, semblerait-il, disparu de mon champ de vision ; du moins, c’est ce que je croyais. Quelle ne fut pas ma surprise en identifiant la femme près du fameux Sheppard ; et à en juger par leur proximité, ils ne pouvaient être de simples inconnus. Décidément Darren, tu as un don pour te foutre dans la merde.  Toutefois, je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi elle et lui tenaient la conversation à l’Artiste. J’étais à peu près sûr qu’ils n’étaient pas friands d’art et leur comportement demeurait suspicieux. Et si l’homme de la soirée était en réalité un demi-dieu ou quelque chose de type « mythologique ? » Oui, vu comme ça, le scénario semble un tantinet capillotracté, mais pourquoi pas ? Après tout, il existe bien un monde peuplé de créatures mythologiques, de demi-dieux et je ne sais quoi encore. En de telles circonstances, le complotisme passe comme une lettre à la poste. Mais ça n’arrange pas mon affaire, et bien qu’il soit convenu que j’interview l’artiste, je ne pouvais me résoudre à le faire, du moins pour l’instant. Je devais retrouver Licinia, ma seule véritable priorité.

J’entrepris donc de regagner le rez-de-chaussée en espérant l’y croiser. Et c’est précisément à cet instant que tout est parti en cacahuète ; et je reste poli. Tout d’un coup, il s’est mis à pleuvoir des flèches, la panique s’est à nouveau emparée des visiteurs, m’obligeant à bouger. C’est là que je vis l’objet de mes recherches aux prises avec… un lion ? C’était invraisemblable, trop pour y croire. — Lici !  lançais-je en vain, elle était sûrement trop loin pour m’entendre. Face à cet échec, mon cœur s’est emballé tout comme mon courage ; ce qui m’a mené à foncer tête baissée vers le danger en sachant pertinemment que de nous deux, Lici était celle qui avait plus de chance de s’en sortir. D’autres créatures firent leur apparition, obligeant les gens à se bousculer pour ne pas devoir les affronter. Plus rien n’avait de sens et sans que je ne comprenne pourquoi, mon corps se retrouva expulser près de la balustrade avant de glisser pour atteindre, deux mètres plus bas, le sol. J’étais sonné, tellement que je me rendis compte après coup que les deux mètres évalués à la louche avaient doublé et que je me retrouvais dès lors, cerné par une intense végétation. — MAIS C’EST QUOI CE BORDEL DE MERDE !  hurlais-je à pleins poumons. C’était un cauchemar, un de ceux qui bousillent votre nuit ; je ne voyais pas d’autre explication et puis j’étais trop sobre pour être irrationnel. — Je savais que j’aurais dû me prendre une murge… » Et alors que je me lamentais sur mon sort, un bruit suspect attira mon attention. Je ne saurais le décrire, mais il était suspect, du genre fer à cheval qui tape contre le sol, accompagné d’un semblant de grognement. Habité par une curiosité morbide, j’entrepris de me retourner pour savoir et c’est très précisément à ce moment que j’ai hurlé de toutes mes forces espérant qu’un rejeton semi-divin débarque pour me sauver d’un type cornu, probablement le Minotaure ; bien décidé à me transformer en kebab. Allais-je finir ainsi ? Au milieu d’un labyrinthe, empalé comme le dernier des crétins, sans avoir revu une dernière fois celle pour qui mon cœur avait adopté une autre rythmique ?

Une voix me sortit de je ne sais quelle pensée. Un type venait d’apparaître ; grand, athlétique, pas du genre à emmerder. — Attention !  lui lançais-je à la foulée en pointant du doigt notre commun adversaire. Non sans mal, je me redressais à mon tour pour affronter la bête, mais de toute évidence le mec imposant avait d’autres plans en tête. Pouvais-je le contredire ? Après tout, je n’étais qu’un mortel et lui, probablement un demi-dieu ; un de ceux que l’on ne doit surement pas emmerder. — Bon courage !  lançais-je avec amertume en l’abandonnant à son sort. Je n’étais pas un lâche, juste un être humain qui n’avait probablement aucune chance de s’en sortir même en étant héroïque. C’est donc la mort dans l’âme que je quittais l’arène improvisée, me fiant au fil d’or jonchant le sol. Au bout de quelques minutes, je pus enfin quitter le labyrinthe, sans me réjouir toutefois, car à l’extérieur l’apocalypse avait pris possession des lieux ; mais toujours pas de Licinia en vue. — Où es-tu bordel ?  Une nuée de flèches fut décochée sans que je parvienne à identifier la partance. L’une d’elle vint s’enfoncer dans mon épaule ; c’était douloureux, trop pour n’être qu’une illusion. Par chance, car elle subsistait, j’évitais les autres en me réfugiant près d’une haie aux abords de l’entrée du labyrinthe. Et de toute évidence, le destin consentait à me faire une fleur en me menant près de celle que je n’avais eu de cesse de chercher depuis notre séparation.

— Lici…  Ne me souciant ni du danger ni de la douleur, je me précipitais sur elle. — Bon sang, tu es blessée.  J’étais inquiet comme jamais auparavant. Me délestant de ma veste, je couvrais ses épaules. — On va sortir de ce bourbier d’accord ? Toujours est-il que malgré mon assurance, je n’en demeurais pas moins impuissant face à tout ça et très certainement dépassé.

Fort heureusement, Haytham s’était défendu, ainsi, le collègue « Marty » qui avait un visuel sur eux pourrait attester que l’histoire de l’agent Lond n’était pas du pipeau. La brunette se vit faire un vol plané de plusieurs mètres avant d’atterrir lourdement contre le mur opposé, n’ayant, par miracle, cogné personne au passage.

Bien joué Hay !

Elle se releva non sans douleur, sentant toutes ses vertèbres craquer, réalisant que jamais son mari n’avait fait montre de sa force surhumaine sur elle, bien qu’elle se soit défoulée sur lui un paquet de fois lors de leur de quatre années exil aux Maldives.
Tout se passa ensuite très vite, des cris se remirent à fuser, plus teintés de terreur cette fois. Tamara essaya de regarder de toutes parts avant de comprendre ce qui se passait.


- Nom de…

Une vive douleur la saisit soudain à l’épaule, lui faisant échapper un gémissement. Une flèche venait de l’érafler, faisant jaillir du sang aussi rouge que sa robe. Heureusement, la blessure était superficielle, mais elle vit rapidement des personnes être blessées.

- Ne restez pas au centre ! Mais éloignez-vous des tableaux !

Elle voulu aller aider une personne qui venait de tomber sous les flèches tombant du second étage quand soudain, des haies se dressèrent devant elle. Elle ne comprit pas de tout de suite de quoi il s’agissait mais en entendant grogner, elle comprit qu’elle était dans le labyrinthe du minotaure. Elle venait de voir le tableau quelques instant auparavant.

- Quelle merde ! souffla-t-elle en sortant son mini pistolet qui était accroché à sa cuisse.

Il lui faudrait trouver la sortie rapidement et sans tomber sur la bête. Elle entendit soudain courir, des pas d’humain, mais également le son caractéristique des sabots. Les sens en alerte, l’agent de terrain, arme de poing en main, avançait. Soudain, elle entendit un autre homme donner des invectives au premier.

- Haytham… murmura-t-elle le coeur battant.

Elle se mit à courir essayant de le trouver. Il n’était pas armé et le minotaure était dangereux. Elle ne savait pas qu’il était parvenu à faire apparaître une arme à feu. Soudain, une détonation se fit entendre, ce qui la figea sur place, suivi de pas sortant. Et si cette balle était celle d’un agent du B.E.M sur son mari ? Se refusant à accepter cette éventualité, elle accéléra le pas jusqu’à trouver la carcasse du minotaure. Une seule balle avait été tirée, et il l’avait, logée entre les deux yeux. Un soupir de soulagement s’échappa de sa bouche. Haytham avait sûrement trouvé une arme et était parvenu à terrasser la bête fictive créée par le peintre.

- D’ailleurs, où il est ce putain d’Hansen ?

Il fallait qu’elle parvienne à lui sauver le cul pour éviter qu’un demi-dieu innocent de se voit mettre le grappin dessus par le B.E.M, mais pour l’heure, sa priorité était de sauver son mari. Il fallait qu’il sorte.
Dans son oreillette, elle entendit l’ordre du directeur qui somma les agents présents de tirer à vue s’ils croisaient le peintre.

Merde…

- Bien reçu ! lança-t-elle après avoir appuyer sur son oreillette. Quelqu’un a-t-il un visuel sur lui ?

Quelle idée de merde, si l’agent qui abattait le peintre se faisait repérer, il serait accusé de meurtre et mis en prison. Sheppard ne ferait sans doute aucun effort pour sortir son agent de ce mauvais pas juridique, Tam en était certaine.

Connard.

Elle s’affaira à suivre le fil d’or pour trouver la sortie. Au moins le peintre avait eu le souci du détail. En dehors du labyrinthe, c’était un carnage. Et la haie bloquait l’accès à Martinez qu’elle entendait beugler dans son oreillette. Elle aurait pu en rire si la situation n’était pas aussi dramatique.

- Allez vous réfugier dans le labyrinthe ! ordonna-t-elle aux invités qui étaient aux prises avec les tableaux et les flèches tombantes.

Avec les haies, ils seraient protégés des flèches au moins, et le seul monstre présent à l’intérieur venait d’être abattu.
Elle aperçut le peintre au premier étage et voulu courir le rejoindre mais manqua de glisser sur une quantité affolante de pétales de cerisier. Elle retira alors ses escarpins afin de moins glisser et entreprit de monter au premier étage.

La douleur était lancinante et menaçait de me submerger. Pourtant, j'en avais vu d'autres au cours de ma carrière dont les situations s'étaient parfois révélées tout aussi critiques que celle-là. Ayant glissé contre la rambarde du premier étage, je m'y étais adossée tant bien que mal, veillant à garder un angle de vue un temps soit peu correct malgré tout. La respiration saccadée, je baissais une nouvelle fois le regard vers la flèche qui était pratiquement enfoncée jusqu'à l'empennage et aussitôt l'idée audacieuse de la retirer seule s'évanouit. Que faisait James ? Il se tenait à mes côtés, il y a quelques minutes à peine. Il n'allait plus tarder, j'en étais certaine. Des cris provenaient de toutes parts et les gens se précipitaient vers le rez-de-chaussée autour de moi. Bousculades. Panique. Je vis le journaliste de tout à l'heure basculer par-dessus la rambarde, un peu plus loin, sans que personne ne puisse rien faire pour l'en empêcher.
Je fus secouée d'un spasme et je grimaçais en fermant les yeux. Lentement, je posais la tête en arrière, me concentrant sur ma respiration. James : il allait arriver. Il avait sans doute retrouvé Hansen, ou un de ses complices car je doutais que l'artiste ne soit venu seul. C'est ça, il bouclait la mission. Sentant une présence non loin de moi, je rouvris les yeux pour découvrir non pas mon supérieur, mais le Lion de Némée qui se rapprochait dangereusement. Par réflexe, j'agrippais un large morceau de verre brisé qui jonchait le sol et parvins Dieu seul sait comment à l'atteindre, le contraignant à se rabattre sur cette autre proie à l'opposée de ma position ( @Angel Castellanos) qui lui semblerait sans doute plus facile à amocher.

L'effort m'avait arraché un nouveau cri de douleur et je peinais à garder les idées claires. Je clignais des yeux plusieurs fois, tentant d'ignorer les légers tremblements qui me parcouraient. J'avais froid. J'avais mal.❝James... Lond...❞ implorais-je, faible murmure se perdant dans l'oreillette. Quelqu'un. Le sang continuait de s'échapper de ma blessure, esquisse aux contours irréguliers imprégnant le sol. De nouveau, je posais la tête contre la rambarde et laissais échapper un soupir. Je n'avais pas imaginé mourir ainsi. Oh, je m'y étais préparée car c'était une conséquence inhérente à notre profession, et c'était d'autant plus vrai que j'avais vu mon mari être emporté lors d'une mission. Mais pas comme ça. Pas sous les flèches d'une espèce de gribouillis d'un autre âge. Je n'avais pas d'explication sur ce qui s'était passé, ni comment ces monstruosités étaient sorties de leurs toiles mais une chose était sûre, j'en voulais à Hansen de les avoir peintes. Voilà une raison supplémentaire de le haïr, si tant est que cela servait encore à quelque chose maintenant. Il faisait si froid...respirer devenait difficile. Lond ne viendra pas. James était probablement descendu...peut-être que mon oreillette était défectueuse et qu'ils n'avaient rien perçu. Je portais péniblement une main à mon oreille quand soudain, un nouveau déchirement vint me perforer le flanc gauche. Aveuglée par la douleur, je levais le regard vers le haut où j'aperçus sous le voile blanc qui brouillait ma vision les contours d'un spartiate qui abaissait son arc. L'air lui-même était douloureux, je me sentais faiblir. Je fermais les yeux, pour me reposer. Juste un instant, un...cette fois je crois que...Malgré moi, je sentis ma main glisser au sol alors que je sombrais irrémédiablement dans un état inconscient.


Tour 6 → Elisabeth a réussi à toucher le Lion de Némée : 1/3

J'avais si mal, c'était une douleur lancinante qui brûlait tout mon dos. Le lion ne m'avait pas loupée... Sans compter mon saut d'un étage mal réceptionné... Si J'avais eu encore mes ailes, c'eut été différent. J'étais là, gisante au sol contre la haie du labyrinthe, mon dos ensanglanté, je me sentis partir loin de l'état de conscience, entendant les cris et l'agitation des Mortels de plus en plus lointains... Auqnd soudain la voix de Darren me rappela à l'était plus ou moins conscient. Au début, j'avais cru rêver. Mais non, je sentis son ordeur malgré celle de mon sang, et je le sentis me toucher.

- Dar...ren... tentai-je d'articuler faiblement.

Il venait de mettre sa veste sur mes épaules. Le contact avec mon dos me fit grogner de douleur, mais le froid qui m'avais envahie à mesure que je perdais mon sang se vit amoindri. Il m'aida à me relever tandis qu'une pluie de flèches continuait à s'abattre. Je serrai les dents en plissant les yeux alors que Darren me mettait sur mes pieds. J'avais si mal, je me sentais si faible et lourde, incapable de marcher correctement sans son aide... Cela ne m'était que rarement arrivé, me ramenant à quelques mauvais traitement reçus dans les sous-sols du B.E.M ou encore des combats contre des demi-dieux au même endroit. J'aperçus une nporte que certains avaient ouverte pour s'engouffer dans la pièce. Sans doute que le lieu serait plus sécuritaire, je ene voyais personne en sortir d'un air paniqué.

- Par là, essayai-je de montrer à Darren.

Je n'avais rien vu entre le moment où je lui désignai la porte et celui où nous l'avions franchi. Mais lorsque je rouvris les yeux, ce fut à cause de l'odeur de sang de demi-dieu qui régnait dans la pièce. Il n'y avait pas que des Mortels ici... Des personnes vinrent nous parler mais je commençais à ne plus rien comprendre, ayant du mal à garder les yeux ouverts. D'ailleurs, je crois que je me suis écroulée lourdement à se moment-là, incapable de me retenir plus longtemps à Darren. Je n'avais même pas vu que mon sauveur était lui aussi touché.

Premier étage
Quelqu’un va le dire ? Non ? Je vais le dire moi … Cette soirée c’était vraiment de la putain de merde en canne avec du concentré de mouflon des montagnes avec la peste noire un jour de gastro. J’étais dans une sale posture. Déjà, j’avais le nez probablement pété et une fuite au niveau du poumon. Je manquais d’air complètement et je tentais de prendre le dessus, le fait est que j’avais quand même miss grandes dents qui étaient là. Visiblement, je n’étais pas le seul à avoir des soucis de blessures. Je tentais de prendre sur moi au maximum et je m’éloignais voyant des étoiles. Foutu poumon endommagé. Je tentais de me faufiler à l’abris, mais impossible. J’étais une véritable cible mouvante et sans aucun doute beaucoup trop facile. Une nouvelle flèche venait se planter au niveau de mon épaule. Je lâchais un cri de douleur avant de prendre des respirations comme je pouvais. Bordel … Où était Haytham ou même Tamara ? J'agrippe la flèche avant de la retirer également. Je me vidais de mon sang là.

J’avais à peine le temps de relever la tête que je voyais le lion de Némée s’approcher de moi dangereusement. Je tombais à cause d’une table et l’animal se jetait sur moi. Je sortais mon arme, mais manque de chance, je tirais à côté et un coup de patte me retirait ma seule chance de survie. Je me prenais d’ailleurs un coup de griffe. Un véritable jouet alors que je fixais le sol. Le vide en quelque sorte. Je me retrouvais pousser sans être capable de réagir. Je toussais et du sang sortait de ma bouche. Eh merde … Haytham … Tamara … Maisie … Mélissa … Je n’avais plus de tonus. Ouais, c’était foutrement une soirée merdique. Le rugissement dans mes oreilles qui me faisait fermer les yeux par réflexe. Il avait une haleine de merde en plus le gros chat ! Il aurait pu se brosser les dents avant de me gueuler dessus.

- Hay … fait quelque chose …

Bon autant le dire, je perdais connaissance. Autant faire un petit dodo. L’haleine de la bestiole m’avait achevé. Du sang coulait de ma bouche légèrement. Même un demi-dieu peut salement morfler. C’était le cas ce soir. Mélissa allait me tuer si je m’en sortais vivant. Oh qu’elle allait me botter le cul et Tamara allait me faire sauter les plombages. Mon seul plaisir ce soir ayant été de répondre à la harpie frigide. Aucun regret. Non, aucun, sauf peut-être de ne pas avoir goûté les canapés aux crevettes. Ils avaient l’air bons.

Tour 6:

Pieds nus pour éviter de glisser, Tam arpentait les escalier en pente douce aussi vite que possible, esquivant autant que faire se pouvait les gens et les flèches. Elle venait d'entendre dans son oreillette la voix de Calwell qui semblait l'appeler dans une complainte qui ressemblait presque à un appel à l'aide.

Crève pétasse, songea-t-elle.

Après tout, avec ce qu'elle avait fait à sa mère, à elle-même, Tam n'était pas près de lui pardonner. Alors qu'elle arrivait enfin au premier étage, arme en main, elle constata la présence de sa supérieure hyérarchique au sol, baignant dans son sang. Elle devait jouer la comédie jusqu'au boutm alors l'agent de terrain se précipita vers elle, constatant la présence de deux flèches plantées dans son corps.

- Bougez pas Caldwell... Il ne faut pas les retirer sans quoi vous pourriez vous vider de votre sang. Je vais juste briser les longueurs pour vous éviter d'aggraver la blessure. Eh, restez avec moi.

Et savourant intérieurement son plaisir, elle lui flanqua une bonne giffle pour l'aider à garder conscience. Puis, déposant son arme, elle s'affaira à briser la première flèche avant de soudain en recevoir une à son tour, se plantant au travers de son dos. La pointe ressortit par la clavicule. Elle venait de pousser un cri de douleur, crispant ses doigts autour de la rembarde où était adossée Elisabeth. Sans doute que son corps avait protégé celui déjà bien amoché de la sous-directrice section terrain. Sentant la tête lui tourner, Tam reprit néanmoins son arme, essayant de viser l'un des archers du second étage, mais malgré ses talents de sniper hors pair, sa blessure l'empêcha de viser correctement et elle manqua la cible. Elle remarqua alors l'énorme lion qui semblait vouloir s'attaquer à...

Angel ! Putain !

Aussitôt, elle dirigea son canon vers le félin. Malheureusement, elle le manqua mais le tir eut le mérite de l'empêcher d'achever le frère d'Haytham qui semblait bien amoché. Les larmes lui montaient aux yeux, non pas de douleur, non pas de peine pour son beau-frère bien qu'elle soit néanmoins touchée par son sort, mais surtout en pensant à sa fille... Eileen perdrait-elle les trois quarts des membres de sa famille ce soir ? Elle décida de se reprendrem apercevant...

- Quoi, Medusa aussi ?! Putain de merde !

Cette fois, elle parvint à réunir suffisamment ses esprits pour viser et toucher la gorgone, mais cela ne fut pas suffisant pour la terrasser. Au moins, un maximum de civils avaient déeserté... mais sans doute pas bien loin puisque le labyrinthe bouchait les accès aux issues de secours et l'entrée principale de toute façon verrouillée.
La flèche plantée dans son dos l'empêchait de s'adosser... Il fallait qu'elle aile ailleurs... Que faire ? Elle regarda autour d'elle, les salles attenantes à l'étage étaient rouvertes, peut-être qu'elle pourrait y traîner Calwell...

Et l'achever...

- Calwell, vous vous sentez en état de bouger ? Il va falloir que je vous mette à l'abri...

Premier étage
Un ordre clair et précis. Abattre la cible le plus rapidement possible. Nous étions dans un véritable enfer sur terre. C’était exactement pour contrer ce genre de chose que je faisais mon travail. De la vermine incontrôlable qui faisait n’importe quoi au final. Je prenais une inspiration en observant autour et je cherchais mon agent le plus important des yeux. Où était passé Caldwell ? L’agitation autour m’avait fait perdre le visuel. Un appel dans l'oreillette pour tenter d’avoir une réponse et je fronçais les sourcils. Quelque chose n’allait clairement pas avec Elisabeth. Je me dirigeais vers la position qu’elle me disait sans la voir. Les battements de mon coeur commençaient à augmenter. C’était l’enfer de partout. Il allait y avoir des morts, c'était plus que clair. Visuel perdu sur Hansen et je grondais de plus en plus. Arme en main à regarder autour. Je voyais le lion avant de sentir une douleur vive dans ma jambe droite. Je lâchais un grognement en voyant une flèche. Oh bah super, j’avais besoin d’une cicatrice de plus. Je la retirais vivement avant de retirer ma ceinture. Je saignais. Je me faisais un garrot rapide pour continuer. Le lion … Il était où cet animal ? Je ne voyais pas Lond avec sa robe si subtile. Au moins, elle avait le mérite d’être facilement repérable dans une foule en crise.

J’entendais la voix d’Elisabeth avant de voir l’animal se jeter sur un homme. La Médusa s’approchait et je tentais de tirer sur elle en vint. Pas de chance à ce niveau. Je voyais finalement Elisabeth et mon coeur ratait, étonnamment, un battement en la voyant sur le sol. Je me précipitais sur elle alors que Lond était arrivée la première. J’avais cette traitre en horreur à l’instant même. Je regardais ses blessures avant de faire une compression directement après avoir rangé rapidement mon arme. Je lançais un regard meurtrier à Lond. Je me foutais complètement des blessures de mon agent.

- Les ordres Lond ! Abbatez-moi cette putain de cible ! Elle est inconsciente et elle ne vous répondra pas espèce d’imbécile ! DÉGAGEZ !

Je grondais. Je voyais noir. Je prenais le pouls de la brune en tentant de garder mon calme. Depuis quand est-ce que je m’en faisais pour un agent en fait ? Je m’en foutais généralement … Non … Il se passait quelque chose. J’avais un pouls et une respiration laborieuse. Je retirais mon veston pour déchirer la manche de ma chemise. Manche de veston arraché aussi et je faisais un bandage compressif.

- Lond ! Je vous jure que vous vire ! FICHEZ-MOI LE CAMP ET FAITE VOTRE PUTAIN DE BOULOT !

Main sur mon oreillette à demander une extraction rapide et à redonner l’ordre clair d’abattre la cible à la vue. Immédiatement après, je prenais Elisabeth dans mes bras pour la déplacer avec une grande délicatesse. Je devais sortir de cet étage maudit.

- Je ne te laisserai pas mourir … Je te le promets

J’avais murmuré. Je tentais de rassurer qui ? La femme inconsciente dans mes bras ? Ma propre personne ? Les deux ? … Les deux …

Tour 6: