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Alea jacta est

Sujet: Re: Alea jacta est   Ven 14 Mai - 20:28
Licinia Alis
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Darren était l’exact opposé de tout ce que j’avais pu connaître des Mortels : là où au B.E.M j’avais vu des gens pleins de haine, de méchanceté, ou encore froids et sans coeur, lui était doux, gentil, prévenant, attentionné. Il ne me connaissait pas, je n’étais même pas l’une des siens, et pourtant, il se conduisait avec moi comme si nous appartenions à la même horde. Et plus les minutes passaient, plus je me sentais en sécurité avec lui. Voilà à peine deux heures, j’étais dans une salle avec le pire Mortel au monde, ce méchant Sheppard qui me terrorisait et qui m’avait affaiblie avec une injection pour mieux me frapper – ma joue et ma lèvre s’en souvenaient encore -, et me voilà à présent en compagnie de Darren. Il m’assurait qu’en fait, beaucoup étaient comme lui. Je voulais le croire, j’en mourais d’envie mais pour le moment, j’avais d’avantage vu ds Sheppard que des Darren. Mais j’espérais qu’à présent que j’étais libre, j’allais pouvoir le découvrir.

- Je te crois.

Une fois revenus dans l’autre pièce, je voulus faire honneur à la drôle de proie appelée pizza, mais malheureusement pour moi, je fis une erreur fatale pour mes papilles gustatives. Je venais visiblement d’essayer de manger du carton. C’était ignoble, et j’avais recraché cette chose dans mes mains avant de regarder l’objet vivant qui se déplaçait pour manger les choses brisées au sol. Je sautai sur le canapé pour mieux lui lâcher les débris de carton pour qu’il les aspire avant de revenir auprès de Darren qui était muni d’une drôle d’arme. Je ne compris pas tout de suite ce qu’il voulait faire avec cette chose.

- Mais la pizza est déjà morte…

J’aurais même dit depuis très longtemps à en juger par l’odeur, mais visiblement c’était normal. Mais en le voyant faire, cela semblait logique. Il découpait des morceaux. Je le regardais faire avec curiosité avant de le laisser prendre un morceau qu’il venait de trancher. Je voulais savoir comment on mangeait cette chose. Il avait l’air de se régaler, cela faisait plaisir à voir et me tira un sourire. Je décidai donc de faire comme lui. Avec prudence, j’attrapai la seconde part pour mordre dedans.
Par tous les dieux, le goût était encore pire que l’odeur. J’avais du mal à réprimer une grimace. Je reposais la part dans le carton, tâchant de mâcher et d’avaler ma bouchée. Au moins, c’était pas comme cet infâme carton, mais tout semblait contradictoire dans les goûts que j’avais dans la bouche.

- Tu as l’air d’avoir plus faim que moi, dis-je en reculant avec un sourire crispé.

Manger cette chose s’apparentait à de la torture, comment faisait-il pour apprécier autant ? Nous étions forcément constitués différemment, je ne voyais pas d’autre explication.
Je m’asseyais sur le canapé, continuant à lui faire face. j’étais suffisamment loin pour me soustraire un peu à l’odeur mais toujours après proche pour lui parler. La fatigue commençait à se faire sentir, et la nuit était déjà tombée dehors. La première fois que je revoyais la nuit, la lune, les étoiles… Mon regard se teinta de nostalgie tout comme mon sourire lorsque mes yeux passèrent par la vitre qui montrait l’extérieur. C’était apaisant à regarder malgré tous les bruits de la ville.



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Sujet: Re: Alea jacta est   Dim 16 Mai - 22:43
Darren White
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Je réprimais un sourire, moi qui d’ordinaire n’étais pas du genre à rire si facilement. Et c’est bien malgré elle qu’elle m’amusait et pour cause, elle venait de littéralement déguster un bout de carton, loin de se douter, qu’il s’agissait en fait de l’emballage. On partait de loin, de très loin même, mais n’étant pas du genre à me décourager, une fois encore je pris sur moi pour jouer les pédagogues et lui expliquais avec bienveillance, que le repas se trouvait à l’intérieur. « - Tu verras que l’on met souvent des emballages sur notre nourriture, c’est pour mieux la préserver. On a aussi le frigo qui garde les aliments au frais. En fait, nous sommes tout sauf des chasseurs. » Puis me voilà muni de la roulette à pizza pour découper des parts régulières. « - Bon appétit ! » tentais-je tout en gardant un œil sur elle. Et la grimace qu’elle venait de faire, en disait long sur son ressenti. « - Ne t’en fais pas, je ne m’attendais pas à ce que tu aimes. En fait, j’ai le don pour aimer mélanger des trucs qui vont moyennement ensemble. Cela dit je pense que tu ne dois pas trop aimer le sucré salé. Ce n’est pas grave, mais il faudrait bien que je trouve de quoi te nourrir. De la viande crue ça t’irait éventuellement ? » J’attendis sa réponse, me demandant en amont pourquoi je n’y avais pas pensé plutôt. « - J’irai en acheter demain et des fruits et légumes ça t’irait aussi ? Tu sais quoi ? On ira ensemble comme ça, je te ferais découvrir le supermarché. Ça peut être une expérience enrichissante pour toi. »

Quoique, peut-être que je visais trop grand en optant tout de suite pour le supermarché. À n’en pas douter, il y aura du monde, trop pour Lici et même si elle devait tôt ou tard s’y confronter, je préférais ne pas trop la brusquer et y aller doucement. « - En fait, on va commencer plus petit. Il risque d’y avoir beaucoup de monde car c’est un endroit très fréquenté. Je t’amènerai plutôt dans une épicerie, c’est plus petit. » Sans me faire prier et parce qu’effectivement j’avais faim, je pris une seconde part alors que mon invitée s’asseyait un peu plus confortablement dans le canapé. « - Je suis désolé, je vais passer pour le goret de service mais c’est vrai que j’ai faim. Mais attends, il y a peut-être quelque chose dans le congélateur. » Je ne pouvais décemment la laisser sans rien à manger, ce n’était pas correct d’autant plus qu’elle devait avoir faim. Alors sans rien ajouter et abandonnant ma pizza à son triste sort, je me levais tout en prenant soin d’éteindre l’aspirateur pour qu’il cesse de nous importuner inutilement.

La cuisine ayant un accès direct sur la pièce de vie, je pouvais avoir un œil bienveillant sur ma protégée tout en fouillant dans le congélateur à la recherche d’un trésor perdu. « - Ah super, on a de la viande. Ça, c’est la bonne nouvelle. La mauvaise c’est qu’il va falloir attendre un peu, le temps qu’elle décongèle. » Je sortis donc une barquette de viande sans trop regarder de quel gibier il s’agissait. Mais bien décidé à ne pas laisser mon invitée sans rien dans le ventre, je pris la direction du frigo. J’aurai peut-être un peu plus de chance avec lui. « - Eureka ! Tu es sauvée. Il y a du steak haché façon bouchère à en juger par l’emballage. Tu le veux façon tartare ? Nous, on a tendance à mettre un jaune d’œuf dessus avec un peu d’herbe. À moins que tu le préfères nature avec un peu de sel. » J’étais appliqué car je voulais bien faire et plus encore, lui faire plaisir. Mais de toute évidence, à en juger par son regard posé sur la vitre, son esprit était ailleurs. « - Lici ? Ça va ? »


 



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Sujet: Re: Alea jacta est   Jeu 20 Mai - 18:30
Licinia Alis
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Je tombais littéralement des nues. Les mortels mangeaient des proies dans des emballages. Pour les préserver ? Mais… Oh j’avais tant de questions mais j’étais aussi très fatiguée, et les douleurs de mes blessures refaisaient surface de temps en temps, me fatigant d’autant plus. Et je ne voulais pas accabler Darren d’interrogations qui lui paraîtraient sans doute idiotes.
Mon expérience de la pizza ne fut pas concluante. Lui, il avait l’air de se régaler, mais moi, je trouvais cette nourriture infâme, entre l’odeur très forte qui prenait les narines, et le goût non moins fort, sans parler de ces drôles de textures en bouche… Non, je crois que je ne serais pas capable de manger cette chose, malgré toute la bonne volonté de monsieur Gino qui les faisait. Darren me parla de viande crue, voilà qui semblait déjà mieux se rapprocher de ce qu’il m’était possible d’ingurgiter sans avoir la nausée. Je hochai la tête avec un petit sourire, un peu plus rassurée.

- Supermarché... C’est là où vous chassez les proies sous emballage, c’est bien ça ?

Puis, il se ravisa, expliquant que ce lieu-là était très achalandé. Je hochai une nouvelle fois la tête, le laissant décider, après tout, il connaissait mieux les coins des Mortels que moi. En attendant, je mémorisais les termes. Epicerie, c’était comme supermarché mais en plus petit.
Darren se leva, je le suivis du regard et fut rassurée en voyant qu’il demanda à Dyson de se reposer.

- Il a bien travaillé, soulignai-je en souriant.

Surtout qu’il ne m’avait pas mangé les pieds, j’étais plutôt contente d’avoir échappé au monstre en sans vie qui bougeait tout seul pour manger la poussière au sol.
Puis, Darren alla vers une sorte de placard d’où le froid sortit quand il ouvrit la porte. Apparemment, de la viande se cachait là-dedans. Je m’approchai à mon tour, étonnée de sentir le froid.

- Est-ce que c’est la neige de dehors qui est stockée là pour faire froid ?

J’observais la barquette qu’il venait de sortir. En effet, ça ressemblait bien à quelque chose de comestible, mais encore sous emballage. En tout cas c’était bien rouge et appétissant, en plus il n’y avait pas de peau dessus, prêt à déguster. Mais Darren disait qu’il fallait attendre et en effet, c’était très froid et dur.
Mais Darren ouvrit une autre porte avec encore du froid à l’intérieur. Je n’aimais pas le froid mais apparemment là-dedans on trouvait de quoi manger. Les Mortels avaient de drôles de façons de vivre. J’étais contente d’entendre qu’il y avait quelque chose que je pouvais manger sans attendre, mais mon sourire se figea quand il parla de jaune d’oeuf.

- Quoi ? Vous gâchez de la bonne chair avec de l’oeuf ? Mais c’est répugnant, tu sais d’où ça sort un œuf, au moins ?

Quelle drôle d’idée. Puis, mon regard fut happé par l’extérieur quand j’avais réalisé qu’il faisait nuit, réalisant ainsi que c’était la première fois depuis mon départ forcé de l’île que je voyais la nuit.

- Il fait nuit… murmurai-je avec un sourire. J’avais plus vu la nuit depuis tout ce temps.

C’était beau. Je me souvins combien j’aimais regarder le ciel, les étoiles, la lune.

- C’est beau, les étoiles sont toujours là.


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Sujet: Re: Alea jacta est   Ven 21 Mai - 20:49
Darren White
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Tout cela devait lui paraître insolite, voire fou pour quelqu’un qui vivait en pleine nature, loin de toute cette technologie et de cette modernité qui rythment nos vies. Il lui faudrait du temps pour tout assimiler, mais je ne doutais pas du fait qu’elle soit capable de vite s’intégrer. Après tout, elle était parvenue à apprendre notre langue en observant ses geôliers. N’est-ce pas là l’exemple parfait d’une incroyable capacité d’adaptation ? Bon, elle avait aussi quelques défauts pour l’adorateur de pizza que je suis. Comment pouvait-elle ne pas aimer la pizza ? Je veux dire, le saint des saints, et de Gino en plus. Pour ma défense, je n’avais pas choisi la pizza la plus abordable pour une première dégustation, mais quand même. Je ne pouvais m’avouer vaincu. Pour l’heure, je devais trouver autre chose, pour ne pas la laisser mourir de faim, alors que je me régalais comme un goret. La viande crue me sembla la meilleure des alternatives, mais je devais en amont m’assurer qu’on en est. Le cas échéant, il nous faudrait aller faire quelques courses demain.

- Oui exactement. Le supermarché c’est là que nous allons acheter nos proies sous emballage. On y achète aussi plein d’autres trucs cela dit. Et l’épicerie c’est quasiment la même chose, à ceci près que la surface est plus petite. C’est donc mieux pour nous. Mais quand tu seras prête et aux faits de tout ça, on pourra y aller si tu veux. On ne va pas précipiter les choses hein ? Il faut que tu sois à l’aise, assez pour pouvoir te déplacer seule. Mais ça, c’est pour plus tard. En attendant il faut que je te trouve quelque chose à manger. Et que je mette un terme à la folie de propreté du petit Dyson. - Effectivement, il a bien travaillé. Si tu veux, je pourrai te montrer comment on s’en sert tout à l’heure. Tu vas voir, c’est rudement pratique. Surtout pour celles et ceux qui ont la flemme de faire le ménage eux-mêmes. Abandonnant le salon, je regagnais donc la cuisine en marquant une première halte vers le congélateur pour en sortir un bon gros morceau de barbaque. Mais trop congelé pour être consommé dans l’immédiat.

- Ah non la glace de dehors elle vient des nuages. En gros pour simplifier la chose et si je ne dis pas de bêtise, tout ce froid que tu vois là, c’est du givre. C’est du en partie à l’air chaud et humide de l’extérieur qui interagit avec l’air froid à l’intérieur du congélateur. C’est un phénomène physique. La vapeur d’eau contenue dans l’air se condense, puis gèle les parois intérieures du compartiment congélation. Mais attention, il ne faut pas qu’il y ait trop de givre à l’intérieur, cela réduit le bon fonctionnement du congélateur et ça met plus de temps à refroidir les aliments. Et si nous refroidissons les aliments c’est aussi pour mieux les préserver et les garder plus longtemps. Dans l’ancien temps, je crois qu’on utilisait le sel pour ça. J’avais, pour ma défense, non pas une grande culture, mais une sorte de mémoire photographique sans que cela ne soit un don pour autant. J’avais juste plus de facilité à retenir certains trucs, comme le fonctionnement d’un réfrigérateur par exemple.

Mais il nous fallait trouver autre chose, j’optais donc pour le frigo en espérant avoir un peu plus de chance. Et de toute évidence, de la chance j’en avais en stock à en juger par le steak qui me faisait face. Inspiré, j’imaginais déjà ce que je pourrais préparer à Lici avec tout ça. Mais de toute évidence, elle n’avait pas les œufs en affection. Sa réaction me fit rire, assez pour que je sois incapable de me contenir. - Bien sûr que je sais d’où ça sort, mais tu sais c’est délicieux sur de la viande crue en tartare quoi ? Mais si tu préfères nature sans rien, je n’impose rien. C’est toi qui décides. Tu proposes, je m’exécute. Sa candeur me faisait sourire, tellement que je commençais à avoir mal aux zygomatiques, moi qui n’avais pas l’habitude d’être aussi expressif. La voilà maintenant subjuguée par la nuit qui avait pris ses quartiers dehors.

- J’imagine que ça fait longtemps que tu n’as pas vu la nuit. Et ouais effectivement, les étoiles sont toujours là, mais on les voit un peu moins avec toute cette lumière. Mon regard se posa alors sur la terrasse et sur le braséro dans lequel Sebastian avait investi pour son sacro-saint rooftop où il aimait recevoir. - Tu sais quoi ? Je vais te préparer à manger. De la viande crue et nature. Toi pendant ce temps tu vas te poser sur le toit terrasse. Suis-moi ! Je ne lui laissais pas vraiment le choix. Emportant la petite couverture qui se trouvait sur le canapé, je conduisais Lici dehors près du braséro dans lequel je commençais à disposer quelques petites bûches avant de l’allumer. - C’est un braséro. Tu dois connaître ce genre de truc. Ça va nous permettre de se mettre sur la terrasse sans avoir trop froid. Je te conseille de garder la couverture sur toi en attendant que le feu prenne dans la cuve. Tu vas voir c’est agréable d’être ici et d’observer les lieux. J’achevais d’allumer le brasero en embrasant le petit allume-feu que je venais de placer au centre du foyer. - Et voilà ! Installe-toi et fais comme chez toi, je reviens avec ta viande.

Et sans attendre, je repris la direction de la cuisine pour sortir une assiette du placard, puis des couverts. Je pris grand soin de disposer la viande résistant à l’envie de rajouter du sel. Je pris ensuite un petit plateau sur lequel je posais fièrement l’assiette de viande crue, ainsi que deux verres à vin et la bouteille qui allait avec. Puis dans une dernière fulgurance, je me mis à fouiller les placards et quelle ne fut pas ma surprise en constatant qu’il y avait un paquet d’oréos doubles chocolats. Là, je ne réponds plus de moi. Je ne pouvais, de ce fait, passer à côté de l’occasion de faire goûter à Lici, l’une des choses que j’affectionnais le plus dans ce monde, avec les pizzas. C’est tout pourvu de mon plateau fièrement garni, que je regagnais l’extérieur. - Tadam ! Et je me suis permis d’apporter quelque chose pour te le faire découvrir. J’espère que ça aura plus de succès que la pizza.




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Sujet: Re: Alea jacta est   Mer 2 Juin - 15:49
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J’étais stupéfaite de ce que je découvrais des Mortels. En toutes ces années de captivité, je n’avais jamais pu les observer se nourrir, j’ignorais tout de leur alimentation étant donné qu’avant qu’on ne m’enferme, je ne les côtoyais que rarement, uniquement sur le continent de nuit pour moi-même aller manger leurs petits… Chose qui, visiblement, ne serait plus d’actualité. Je n’avais jamais envisagé devenir amie avec un Mortel, surtout après mon incarcération au B.E.M, mais en seulement deux jours, Darren avait réussi à me faire revoir ma position. En effet, ce Mortel qui ne me connaissait pas voilà encore trois jours, m’avait sortie de l’enfer dans lequel je me trouvais depuis quasiment toute ma vie. Comme ça, sans rien demander en retour. Et à présent, il s’inquiétait que je puisse avoir faim. Je n’étais pas habituée à tant de bienveillance de la part de ses semblables qui, eux, parlaient de moi en des termes peu élogieux et devant moi, me malmenaient et ne s’inquiétaient pas de me laisser sans me nourrir plusieurs jours. J’étais obligée de mordre des demi-dieux qu’ils m’obligeaient à affronter pour leurs tests.

J’apprenais beaucoup en si peu de temps auprès de Darren, et notamment toutes ces histoires d’épiceries, supermarchés et emballages. Trouver de la nourriture était bien différent chez les Mortels, et je devais me défaire du mode de vie des stryges pour mieux m’intégrer le temps que je resterais dans cette ville. Je hochai la tête aux dires du gentil Mortel, il voulait m’emmener visiter ces épicerie et supermarché quand je serais prête. J’étais curieuse mais dans le même temps, j’appréhendais beaucoup. Mais Darren semblait enclin à la patience à mon égard.

- Il tient compagnie aussi non ? demandai-je à propos du Dyson.

Je voyais cette chose robotisée comme une sorte de petit animal que les Mortels avaient conçu grâce à leur technologie que j’avais découverte à mon insu.
J’avais suivi Darren en direction de la cuisine, et appris encore des choses avec cet énorme meuble qui contenait du froid, et qui, apparemment, servait à conserver les aliments. Il m’expliqua comment cela fonctionnait et pourquoi il y avait de la glace et de la neige dans cette chose, comme à l’extérieur. Je m’éloignai d’un pas, n’aimant pas le froid.

- Oui, le sel j’ai déjà vu ça pour conserver la viande. Mais le froid, non.

Darren avait trouvé quelque chose qui semblait plus appétissant pour moi, mais j’eus un mouvement de surprise quand il me parla des œufs. Je secouai la tête vivement.

- Non non non ! Pas les œufs. C’est dégoûtant ! dis-je en grimaçant.

Les Mortels m’étonnaient de plus en plus. Mais face au sourire de Darren, je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour, avant de finalement porter mon attention sur l’extérieur où la nuit était tombée. J’étais fascinée par cette chose si simple et évidente qu’un ciel foncé parsemé d’étoiles mais qui pour moi revêtait un parfum de liberté. J’étais émue.

- Je n’ai plus rien revu du ciel depuis qu’ils m’ont emmenés là-bas, expliquai-je.

Il me demanda de le suivre et je m’exécutais, ravie d’aller en extérieur malgré le froid. Mes premiers pas dehors de nuit. Le sol était glacial et je le ressentis dans tout mon corps, mais j’étais heureuse de respirer l’air de dehors. J’observai Darren allumer un feu dans le brasero.

- Oui je connais. Attention, le feu est dangereux.

Suivant ses conseils, je m’installai sur un fauteuil, relevant mes pieds pour qu’ils ne touchent plus le sol. Darren me couvrit de la couverture et je m’enroulai dedans. Pendant que mon sauveur s’absentait, mon regard se perdit dans les flammes dansantes. Je me sentais bien pour la première fois depuis des années. Quel bonheur.

Le Mortel revint avec une sorte de planche colorée dans les mains, qui contenait un plat avec a viande. Je commençais à saliver, à force de parler de manger. J’avais vraiment faim à présent.

- Merci, dis-je tout sourire en voyant la viande sans le moindre œuf.

Je le laissai poser ce qu’il appelait un plateau. Je regardai avec étonnement les choses posées sur ce dernier, des sortes d’armes miniatures. Pourtant, la viande était déjà morte… Encore un bizarrerie des Mortels. Je saisis l’assiette d’une main, et pris un peu de viande dans la seconde avant de la porter à ma bouche. Enfin quelque chose de mangeable ! Je souriais en mâchant avant d’avaler ma première bouchée.

- C’est parfait, merci.

Ce n’était pas aussi savoureux qu’un bambino mais c’était mille fois meilleur que son horrible pizza qui sentait la chair en putréfaction. Je continuai à manger tandis qu’il me montrait un autre chose qu’il avait rapportée.

- C’est quoi ?


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Sujet: Re: Alea jacta est   Mer 2 Juin - 19:44
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À n’en pas douter, si Sebastian était là, il se ferait un plaisir de me charrier en voyant comment je me comportais avec Licinia. « Tu as le béguin ! » Des paroles qu’il aurait aisément pu prononcer et peut-être qu’il n’était pas si éloigné que ça de la réalité. Car il est vrai que je ne pouvais nier être insensible au charme de la magnifique créature que j’avais libéré. Et plus je passais du temps avec elle, plus je peinais à me détacher, ce qui rendait la situation plus complexe. Je ne pouvais me permettre de penser comme ça, ni même d’avoir des sentiments pour elle. Cela reviendrait à profiter d’une personne vulnérable, qui ne sait rien de nos codes et des relations humaines. D’ailleurs, je me voyais mal les lui enseigner. Alors peut-être était-ce mieux de me contenter de la regarder, de lui sourire, de la rassurer, de l’aider, de la protéger, de lui montrer que tous les humains ne sont pas des enfoirés à éradiquer. Tout en ignorant le fait que mon cœur battait un peu plus que d’ordinaire en sa présence et que pour la première fois depuis longtemps, je ressentais un semblant de stabilité.

Nous avions dès lors rejoint la cuisine pour trouver quelque chose à manger tout en continuant de dispenser quelques informations sur nous les humains et nos petites habitudes culinaires d’une part et tout ce qui a trait à l’électroménager. — C’est un gagne temps d’utiliser le froid et une meilleure façon de conserver la viande. Mais ça on s’en fiche hein ? Le plus important c’est que je te prépare un truc à manger. Tu es mon invitée et je me dois d’être un bon hôte. Ce que je m’employais à faire en préparant ce beau morceau de viande sans œufs évidemment. D’ailleurs, je ne pus m’empêcher de sourire lorsqu’elle se mit à grimacer. — Elle était mignonne cette petite grimace. Et nous voilà, une fois encore, échangeant un sourire complice avant que l’émotion ne l’assaille en posant le regard dehors.

 — Je sais qu’il fait froid, mais je pense qu’on pourrait se mettre sur le toit pour profiter du ciel.  Passant devant, je la guidais avec douceur vers l’extérieur.  - Attention, le sol doit être froid. Je te trouverai des chaussettes pour l’intérieur si tu veux. C’est un vêtement que l’on met sur les pieds pour ne pas avoir d’ampoules avec les chaussures. Mais on peut aussi mettre des chaussettes en intérieur quand le sol est trop froid. Prenant les devants, je récupérai l’un des plaids rangés près du brasero, pour le passer autour de Lici qui se laissait faire.

 — Ne t’en fais pas pour le feu, je le maitrise. Et en moins de temps qu’il faut pour le dire, le roof top, fut éclairé par le brasero conférant un peu de vie à cet endroit délaissé l’hiver. Je refis le chemin inverse pour récupérer le morceau de viande et un petit bonus.  — Voilà pour vous madame ! Je n’avais rien cuisiné, mais je n’étais pas peu fier, de faire plaisir.  — Ce sont des couverts, ces petits trucs que tu fixes étrangement. On les utilise pour manger. Le couteau nous permet de couper la viande et la fourchette de nous saisir du morceau coupé. Mais si tu préfères manger avec les doigts, je t’en prie.  Ce qu’elle fit évidemment, le sourire aux lèvres.  — Ça m’a l’air mieux que la pizza, j’en prends note.  Je pris place en face, le sourire aux lèvres en tenant mon paquet d’oréos dans la main.

— Quand j’étais enfant, j’adorais en manger avec ma petite sœur. On y avait le droit quand on revenait de l’école. C’est une espèce de gâteau, avec de la crème au milieu.  Je ne pus résister à l’envie d’en sortir un pour le lui montrer. — Chacun à sa méthode pour le manger, mais moi je préfère retirer le haut comme ça et ensuite je viens gratter la crème du bout des dents comme ça.  Toujours enclin à la démonstration, je joignais le geste à la parole.  — Et ensuite, je mange le gâteau. Je sais que dit comme ça c’est complètement idiot, mais ça nous faisait rire avec ma sœur.

Mon sourire venait de se dissiper et mon regard tombait sur le sol. Parler de Lys n’était jamais facile pour moi, tellement que je m’étais construit toute une carapace pour me prémunir de tout ça.


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Sujet: Re: Alea jacta est   Ven 18 Juin - 23:44
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Darren n’avait de cesse de m’étonner, de par toutes les choses qu’il savait, ou du moins qui semblaient logiques pour un Mortel, et donc qu’il m’enseignait, mais également de par son comportement si gentil à mon égard. Il semblait aussi s’amuser du fait qu’imaginer manger quelque chose qui sort du croupion d’une poule me dégoûte. Je ne comprenais pas ce qu’il pouvait trouver de drôle à cela, mais bon, j’étais trop fatiguée pour chercher à comprendre ce genre de subtilités.
Il proposa alors d’aller à l’extérieur, et malgré le froid, j’étais ravie de cette idée, moi qui n’avait plus pu profiter de l’air ambiant, du passage du jour à la nuit et toutes ces belles choses que la nature pouvait offrir, je ne pouvais qu’être enchanté. Nous avancions vers l’extérieur et il parla de chaussettes. Je pensais avoir déjà entendu ce mot, sans certitude, mais puisque visiblement ces choses protégeaient les pieds du froid, j’avais hâte de connaître.

- Bonne idée, on ira trouver les chaussettes. On les trouve dans des terriers ?

Je n’avais aucune idée de ce à quoi elles pouvaient ressembler, mais j’étais prête à tout pour ne plus avoir froid aux pieds.
Bien contente d’être installée, je m’étais recroquevillée pour ne plus toucher le sol glacial, et Darren m’avait gentiment enveloppée dans une couverture. Puis, il était revenu avec la nourriture, et j’étais bien contente de pouvoir manger quelque chose de solide que je trouvais bon. Je m’étais saisie de l’assiette d’une main et d’un morceau de chair de l’autre tandis que je m’étonnai des objets disposés à côté. Je mâchais ma seconde bouchée avec joie quand le Mortel m’expliqua à quoi servaient les couverts.

- Si tu avais des dents plus efficaces, tu n’aurais pas besoin de ça, soulignai-je.

Je continuai à manger avant que Darren ne me montre autre chose qui, visiblement se mangeait. Cette chose avait une forme ronde parfaite, j’en étais étonnée.

- ça se trouve où ça, dans la terre ou dans les arbres ? demandai-je avec curiosité.

Je l’observai séparer en deux ce qu’il appela « gâteau avec de la crème au milieu ». Des termes qui m’étaient inconnus. J’étais curieuse et le regardai faire tout en continuant à manger. Il avait une sœur. Moi aussi j’en avais, mais elles étaient mortes. Je vis alors le sourire de Darren s’effacer et son regard changer de direction.

- Darren ? Tu es fatigué ? demandai-je.

Ou peut-être qu’il en avait marre de mes questions, ça pouvait se comprendre également. Je venais de terminer le contenu de l’assiette, que j’avais littéralement englouti. La chaleur des flammes du brasero était réconfortante et je ne comprenais pas pourquoi Darren avait l’air différent soudain.



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Sujet: Re: Alea jacta est   Sam 19 Juin - 18:35
Darren White
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Bon qu’on se le dise, aller dehors en plein hiver, de nuit qui plus est, semble la pire des idées. Mais ai-je oublié de préciser que nous étions sur un toit pourvu d’un brasero dernier cri ? Un de ceux qu’un Américain dit « moyen » ne pourrait posséder. Moi en l’occurrence. Mais à quoi bon puisque je n’avais ni balcon ni terrasse ? C’était tout Sebastian ça ; il n’avait peur de rien et certainement pas de dégainer le chéquier à la moindre occasion. Cependant, je serais le dernier des enfoirés si je disais ne pas apprécier ce mode chauffage, plus encore ce soir. La température extérieure n’en demeurait pas moins désagréable, mais devenait supportable par le biais du brasero de luxe qui nous permîmes de prendre place ; avec la petite couverture d’usage pour Licinia que j’observais avec parcimonie pour ne pas passer pour un psychopathe. Savait-elle au moins ce qu’était un psychopathe ? Le cas échéant, devais-je le lui expliquer ? « Bonne idée Darren ! Après avoir causé grandes surfaces et épiceries, parler psychopathie coule de source. » C’est fou ce que je peux m’exaspérer parfois. Je ne pouvais toutefois me voiler la face, tôt ou tard Lici sera au fait de ce qu’il y a de pire chez l’être humain, bien qu’elle puisse se targuer d’en avoir eu un long aperçu durant sa captivité. Là n’était pas la question et de toute façon ce n’est ni le lieu ni le moment de me répandre en détail sur la folie des hommes. Pour l’heure, je préférais l’épargner et continuais à lui montrer ce qu’il y a de bon chez l’humain par le biais de ma modeste personne.

Je l’observais dévorer son morceau de viande, ravi de voir perdurer dans son regard, cette petite étincelle. Je mentirais si je disais ne pas être fasciné par cet être, que j’observais avec bienveillance tout en continuant à revêtir les atours d’un précepteur ; lui expliquant tout l’intérêt des couverts à table. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne manquait pas de répartie, ce qui me fit sourire. « — Je dois reconnaître que tu marques un point. Effectivement, si j’avais des dents plus efficaces, les couverts ne me seraient probablement d’aucune aide. Cependant, très chère amie tu ne pourras y échapper. C’est pourquoi lors d’une prochaine leçon, je t’apprendrai à utiliser des couverts. » On dit que le diable se cache dans les détails, de ce fait si Licinia voulait se fondre dans la masse, rien ne devait être négligé ni hiérarchiser, encore moins la tenue des couverts. Mais pas ce soir, je préférais la laissait apprécier son repas tout en sortant quelques oréos du paquet subtilisé quelques secondes plutôt dans l’étagère. C’était de loin, les gâteaux que j’appréciais le plus au monde et pour cause, ils me rappelaient tout un tas de souvenirs.

« — Figure-toi que non. On les achète eux aussi, mais avant tout cela relève d’une fabrication. Tu prends plusieurs aliments, tu les réunis entre eux et bam, après la préparation ça donne des oréos. En réalité, je n’ai jamais cherché à savoir comment on les fabrique, car jusqu’à présent je me contentais de les manger. » J’étais alors loin d’imaginer que cette simple confiserie, après démonstration et l’évocation de ma sœur, me ferait perdre le sourire, mettant à mal la bonne ambiance du moment. Lici l’avait sûrement remarquée, ce qui rendait ma gêne palpable, assez pour pousser un léger soupir. Parler de ma sœur me rendait vulnérable et je ne pouvais me permettre de le devenir. Voilà des années que j’érigeais un mur de protection afin de ne pas perdre le contrôle si d’infortune je devais me confronter au plus grand drame de ma vie.

« — Hum… De la fatigue ? Non ça va ne t’inquiète pas. » Me voilà soudainement avare en parole, ce qui ne me ressemblait pas. Me regard était rivé sur le paquet d’oréos tandis que la demoiselle à mes côtés achevait le contenu de son assiette. « — Ce n’est pas contre toi, ne t’en fais pas. C’est juste que ce gâteau m’a rappelé des souvenirs, des bons souvenirs. Je vais débarrasser ton assiette. » Je n’en étais pas fier, mais c’était pour moi la meilleure des excuses pour mettre de la distance et me sortir de ce bourbier. Je regagnais donc la cuisine avec l’assiette vide et les couverts délaissant Licinia pour un temps. « Abrutis ! » Oui, c’est bien ce que j’étais. Sans trop réfléchir, je retournais sur mes pas oubliant momentanément la fraicheur du sol en extérieur, si bien que le contraste m’obligea à sautiller, le temps de m’habituer. « — Tu sais quoi ? J’ai eu une idée. Je connais un endroit sympa pas très loin de New York. Et comble de la joie, il y a là-bas, de la végétation à perde de vue et même un petit lac. Qu’est-ce que tu en dis ? » C’était aussi pour moi, l’occasion de faire oublier mon attitude tout en faisant plaisir à celle qui me faisait de plus en plus défaillir.



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Sujet: Re: Alea jacta est   Ven 9 Juil - 21:31
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Manger quelque chose de solide, et autre que l’infâme pizza malodorante, était un véritable cadeau pour moi. Cela faisait bien trop longtemps que je survivais uniquement avec le sang que je parvenais à ingurgiter lors des combats qu’on me faisait faire contre des demi-dieux qui, fort heureusement pour moi, était en dessous de leurs capacités la plupart du temps. Mais je n’aimais pas me battre, je l’avais fait pour survivre, pour ne pas être plus maltraitée que ce que j’étais et pour pouvoir me sustenter. A présent, j’espérais que cette époque était révolue. Et si c’était le cas, c’était grâce à Darren. Ce dernier déclara qu’il me faudrait apprendre à manger avec les couverts. Je jetai un œil au mini trident et à la mini lance. Ça ressemblait davantage à des armes qu’à des aides pour manger. Mais bon, si les Mortels s’en servaient, je devais m’y conformer tant que je vivrais dans leur monde. Cette idée me fit soupirer intérieurement.

Darren me montra alors une chose qui semblait beaucoup lui plaire, et qui, aussi, s’achetait. J’étais étonnée en voyant ce petit objet plat et circulaire qui ressemblait à une roue. Ça se mangeait et ça plaisait beaucoup aux Mortels. Personnellement, ça ne me faisait pas envie mais le Mortel était si enthousiaste en parlant de cette chose que cela me fit sourire. Mais mon sourire s’estompa en remarquant que l’humain avait soudain changé de visage. Je l’observai, m demandant s’il avait soudain une grosse fatigue, ou quelque chose… Mais il revint à la conversation après quelques secondes.

- Oh, d’accord, répondis-je alors qu’il déclara qu’il allait débarrasser mon assiette.

Les bons souvenirs lui faisaient avoir des absences, alors. J’étais étonnée, mais moi-même, j’étais fatiguée. Lorsqu’il s’éloigna, je m’emmitouflai un peu plus dans la couverture et me laissai aller à fermer les yeux quelques secondes… qui se transformèrent en minutes. En fait je m’étais endormie, si bien que je n’entendis pas Darren revenir et me parler. J’étais déjà dans mes songes, et il semblait évident que j’avais besoin de repos après cette journée incroyablement riche en émotions. Mon corps et mon esprits avaient cruellement besoin de récupérer et je n’étais pas parvenue à lutter contre le sommeil.



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Sujet: Re: Alea jacta est   Lun 19 Juil - 14:15
Darren White
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Jamais, ô grand jamais, je n’aurai crû voir autant de bonheur dans le regard d’une femme après lui avoir offert une pièce de viande crue. Bon, les mauvaises langues se plairaient à dire avec arrogance que la personne qui se trouvait face à moi n’était pas à considérer comme une femme et je n’étais pas assez naïf pour tenter de leur prouver le contraire. Mais de vous à moi, à ce moment très précis, je n’en avais rien à foutre. Le regard que je posais sur elle, avec bienveillance qui plus est, me désignait une femme et plus encore un être humain. Et si au début de notre folle aventure, je n’étais pas serein quant à ma survie, j’apprenais à faire confiance à Lici tout en essayant d’avaler le simple fait qu’il existe tout un monde dont je ne connaissais rien encore.

Pour le commun des mortels, les oréos n’étaient que des gâteaux, des petits plaisirs que l’on savourait enfant pendant le goûter. Mais pour moi, ces petits cercles noirs fourrés de crème avaient une signification toute particulière ; ils me rappelaient ma sœur et tous les moments que nous avons partagés ensemble. Elle aussi adorait les oréos, elle avait d’ailleurs une petite préférence pour les doubles crèmes et les lui subtiliser relevait du sacrilège. Et bon sang que j’adorais l’emmerder avec ça, c’était un peu son talon d’Achille culinaire finalement. Mais elle n’était plus là et je ne pouvais me résoudre à partager ce petit plaisir ; tout comme je ne pouvais me résoudre à faire taire cette vilaine nostalgie n’ayant de cesse de me rappeler l’importance d’un passé que j’avais pourtant cherché à fuir.

Lici n’avait pas à subir tout ça, mais je n’étais pas encore prêt à narrer l’un des grands drames de ma vie. Alors je préférais prendre une petite distance en prétextant vouloir débarrasser son assiette. Je ne parlais jamais de mon passé ni de ma sœur. Même mon ex en savait peu sur moi, si bien qu’elle avait (je pense) solliciter Sebastian pour en apprendre davantage. Je n’étais pas un livre ouvert et je n’avais pas vocation à le devenir. J’avais mis trop de temps à construire cette carapace, je me refusais dès lors à ainsi exposer ma faiblesse aux yeux de quiconque. Mais en regagnant la cuisine, je me sentis soudainement si con, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs. J’étais juste mal à l’aise à l’idée d’avoir peut-être ébranlé Licina au point de la braquer. Elle n’avait certainement pas besoin de ça après tout ce qu’on lui avait fait endurer. Elle méritait bien mieux que d’être confronté à un type incapable de s’exposer et de gérer les fantômes de son passé. Je devais lui proposais quelque chose pour détourner l’attention et oublier ce petit épisode de nostalgie sur lequel je ne voulais pas revenir.

C’est donc souriant et pourvu d’une idée qui me paraissait « plus que bonne » sur le papier, que je revinsse sur mes pas. J’avais même commencé à exposer ma proposition dans les grandes lignes avant de me rendre compte que je parlais tout seul depuis quelques secondes. En effet, emmitouflée dans le plaid, la magnifique Licina s’était endormie. Elle semblait alors si paisible que je ne pouvais résister à l’envie de la contempler durant quelques secondes ; avant de finalement me convaincre de ne pas la laisser là de peur qu’elle prenne froid. C’est donc avec une infime précaution que je m’approchais pour la soulever sans difficulté tout en lui murmurant à l’oreille quelques rassurantes paroles. Elle était si légère que je regagnais rapidement ce qui lui faisait office de chambre.  - Tout va bien, je suis là. murmurais-je en la déposant avec délicatesse sur le lit sans la couvrir puisqu’elle portait déjà le plaid. J’entrouvris ensuite la fenêtre tout en fermant légèrement les rideaux. - Bonne nuit belle ange ! Puis je quittais la chambre pour rejoindre le salon et le canapé clic-clac où j’avais prévu de m’installer durant les prochains jours.




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Sujet: Re: Alea jacta est   
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