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FILII DEORUM
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FILII DEORUM :: Ϟ New York City :: Manhattan :: La corbeille de Manhattan
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Alea jacta est

Sujet: Alea jacta est   Lun 25 Jan - 0:59
Darren White
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Alea jacta est



Le badge. S’il y a bien une chose que je ne devais pas oublier, c’est ce putain de badge à la con. Et pour être sûr de ne pas malencontreusement l’omettre, je l’avais mis en évidence sur mon bureau entre une facture et un impayé. À noter – dans un coin brumeux de ma tête – qu’il faut que je prenne le temps d’appeler mon samaritain préféré pour lui demander une petite rallonge histoire de ne pas voir les impayés s’entasser sur mon bureau. « - Badge ? Ok. Café ? En cours. Mails ? Triés. » J’avais cette fâcheuse habitude de parler à voix haute lorsqu’il était question d’énumérer les tâches à accomplir. Étant du genre à vite me déconcentrer, cela relevait de la nécessité. Et puis j’étais tout seul, alors pourquoi se priver du plaisir de se faire la causette ? Il était tôt, et même pour les lève-tôt qui me faisaient offices de collègues, l’horaire pouvait paraître outrageusement matinale. Et elle l’était, mais de toute évidence, on s’assurait en de telles circonstances, que le petit personnel soit vu le moins possible. Et puis je partais un chouilla plus tôt pour discrètement observer les lieux. Car, sait-on jamais, sur un malentendu ce que l'on peut trouver.

Me voilà donc sur place après avoir traîné mon cul dans le métro. Bon sang que je détestais ça, mais il le fallait. Avec une voiture, l’on pourrait plus facilement remonter jusqu’à moi. Et si je ne doutais point du travail de cette chère M, mieux valait rester prudent, car même après une semaine, je ne savais toujours pas où j’avais mis les pieds. Ma zone de travail étant limité et le personnel en nombre, je peinais à me défaire du périmètre qui m’était alloué. Et les horaires ! Jamais encore, je n’avais été soumis à un temps de travail aussi précis. Ça et les endroits que j’étais amené à nettoyer. Je n’étais sûr de rien, mais je peinais à croire que les gens viennent de bon cœur dans cet environnement aseptisé pour tester des gadgets ou que sais-je encore ? Enfin bref, un jour de plus au paradis de l’innovation.

« - Bonjour ! » fis-je entendre faussement enjouer à la personne de l'accueil, chargée entre autres, du contrôle d’identité quotidien. Elle vérifia donc mon badge, que je me félicitais de ne pas avoir oublié. Une fois l’opération de vérification effectuée, je pouvais rejoindre l’ascenseur pour ensuite retrouver les vestiaires mis à disposition pour que nous puissions nous changer. J’étais quasiment seul, ce qui n’arrivait jamais d’ordinaire. Et en fixant le cadran de ma montre, je compris bien malgré moi, que j’étais arrivé trop tôt. Je me maudissais déjà d’avoir commis aussi vite une première boulette. Mais pas le temps de lambiner. Et puis je ne suis pas à l’abri d’une découverte.

Je quittais donc le vestiaire. Les couloirs semblaient étrangement vides à cette heure. Écouteurs bien enfoncés dans les oreilles et l’air décontracté, j’entamais le nettoyage des couloirs. Évidemment aucune musique ne résonnait dans mes écouteurs et pour cause, ce n’était qu’un prétexte pour passer inaperçu. Un regard en arrière, aussi furtif que possible, me permit de comprendre que j’étais définitivement seul dans ce long couloir aseptisé. Mais je n’avais pas le temps de lambiner, je devais regagner cette étrange pièce où l’entretien avait lieu tous les deux jours. Le type avait bien insisté là-dessus lors de la visite. Je pris donc, sans grande conviction, la direction de cette étrange pièce et alors que je m’apprêtais à entrer à l’intérieur, des voix se firent entendre non loin de là. Pris de court, je retournais sur mes pas pour finalement me planquer dans le local technique, prenant le soin de laisser la porte entrouverte pour voir ce qui se passait.

D’ordinaire je ne croisais jamais personne, c’était donc une grande première. Mon cœur battait la chamade, tellement que j’en ressentais ses pulsations jusqu'aux bouts de mes doigts. Les voix se rapprochèrent de la fameuse pièce. « On va la déposer. On a encore un peu de temps avant l'arrivée des nettoyeurs. » Mâchoires serrées, je prenais sur moi pour rester dans l’ombre, mais la curiosité fut trop forte. J’avais ce besoin de savoir autant que de comprendre ce qui se passait. Je les vis, pourvus de leurs tenues blanches aussi aseptisées que le sol sur lequel eux marchaient tandis qu'ils traînaient une femme dans un piteux état. J’étais à peu près sûr qu’elle n’était pas ici de son plein gré. « - Bordel de merde ! » m’entendis-je murmurer en sortant de ma poche, la micro caméra que m’avait dégotée M. Je devait filmer ça à tout prix.


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Sujet: Re: Alea jacta est   Lun 25 Jan - 3:53
Licinia Alis
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Alea jacta est



J’avais eu terriblement froid cette nuit. J’avais toujours froid, la nuit en fait. Avant, quand j’étais sur l’île avec ma horde, j’avais l’habitude de température plus chaudes, et la nuit je pouvais me couvrir avec mes ailes, j’étais bien… Mais depuis que j’étais ici, je ne connaissais plus la chaleur, seuls la douleur et le froid. Je ne pouvais plus bénéficier des rayons du soleil sur ma peau, il n’y avait que ces lumières horribles et blanches tout comme les murs et le sol d’ailleurs, c’était aveuglant. Et cet air froid qui sortait d partout et qu’ils appelaient climatisation… C’était terrible pour moi mais ils n’avaient pas l’air de s’en soucier. Je crois même que ça leur faisait plaisir. J’essayais de m’abriter sous le lit, emmitouflée dans cette couverture rêche qu’ils me laissaient.

J’essayais de dormir encore un peu mais les lumières avaient été allumées brutalement. J’ouvris péniblement les yeux et essayais de profiter d’être encore un peu tranquille, dissimulant ma tête sous la couverture, mais j’entendis la porte s’ouvrir. Le mur de ma cellule était partiellement vitré pour qu’ils puissent m’observer. Au début, quand j’avais compris ça, j’essayais de ne pas leur donner cette satisfaction et de ne rien faire quand ils passaient. Je ne voulais pas qu’ils aient des renseignements sur moi. Ma mère m’avait appris, petite, qu’il fallait être discrète. Mais c’était difficile ici, ils passaient leur temps à venir me regarder, noter des choses sur des feuilles, et quasiment tous les jours, ils me sortaient de cette pièce pour aller dans une autre, tout aussi froide sinon plus.

Les seuls moment où j’avais un peu chaud et où je me sentais bien, c’était celui de la douche, mais hélas, ça ne durait jamais très longtemps, et si j’aurais pu me délecter de la douce température chaude de l’eau, la plupart du temps j’avais des blessures ou des contusions. La seule chose qui me faisait tenir le coup était la perspective d’un jour pouvoir me venger d’eux. J’avais plusieurs fois perdu espoir, mais chaque fois que ça m’arrivait, je revoyais le regard de ma mère, celui de ma meilleure amie, ces personnes que j’aimais et que j’avais vues mourir. Je devais rester forte pour elles et les venger. J’avais quelques fois réussi à blesser un de ces scientifiques, mais bien entendu, ce geste n’était pas resté impuni. De toute façon, ils m’avaient déjà pris mes ailes et mon cri, en plus de ma famille et ma vie, que pouvaient-ils me prendre de plus ? Qu’avais-je à perdre ?

Ce matin-là, je savais qu’ils allaient arriver, alors je me sortis de sous le lit, remettant la couverture sur ce dernier, et je les attendais assise. J’avais encore des marques sur les bras de la journée d’hier. Ils étaient deux, quasiment tous les jours les mêmes. Je les reconnaissais. Ils avaient une énorme seringue à la main et des lunettes. Je les avais entendus dire qu’ils pouvaient voir ma véritable apparence grâce à ça, je ne comprenais jamais vraiment ce que ça voulait dire.

« - Allez le monstre, tiens-toi tranquille ! »

L’un d’eux n’avait pas mis ses lunettes et l’autre lui demanda pourquoi.

« - Elle est plus sympa à regarder sans ! »

Je les voyais armés, ils avaient ces espèces de branches sans écorce et sans feuilles, faits d’une matière qu’ils appelaient bronze céleste, et ça faisait un mal de chien quand ils me frappaient avec. Je préférai dès lors être coopérative, j’avais encore trop mal de la veille.
Nous sortîmes de la cellule, j’en avais donc un de chaque côté. Comme si j’avais pu aller ailleurs. Un pas dans le couloir et je fus interpellée par une odeur différente, celle d’une troisième personne en plus de ces deux vilains en blouse blanche. Je m’arrêtai alors, surprise, cherchant d’où ça pouvait venir. Je sentis alors une vive douleur sur mon flan droit qui me tira un cri éraillé. Celui de droite venait de me frapper avec son bâton.

« - Arrête de lambiner, le professeur ne veut pas être en retard sur le programme ! »

Ma main se crispa mais je savais que c’était une mauvaise idée d’essayer de l’attaquer.

«  - Faudra lui couper les ongles aussi, ça commence à être dangereux ! » ajouta l’autre.

- S'il vous plaît, non...

Je détestais quand ils faisaient ça. Sans mes griffes j’avais beaucoup de mal à me défendre quand ils m’obligeaient à affronter des demi-dieux. Souvent, ils étaient fort. Nous avions donc repris la marche pour arriver dans la salle de laboratoire du fameux professeur. Je sentis mon coeur se serrer en voyant divers instruments. Qu’est-ce qu’il voulait encore faire ?


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Sujet: Re: Alea jacta est   Lun 25 Jan - 22:16
Darren White
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Alea jacta est


On part toujours de « quelque part » pour rejoindre une destination toute aussi incertaine. C’est d’autant plus flagrant dans le boulot que j’exerce avec passion depuis tant d’années. Mon « quelque part » se faisait appeler « Oncle Sam. » Le genre de blase qui prête à faire sourire, mais qui je l’avoue amoindrit pas mal la véracité et le sérieux d’un témoignage. Mais j’y croyais, ce type à l’allure négligée, c’était déplacé jusqu’à l’agence pour nous raconter son histoire et ce qu’il avait vu. Il savait que nous étions affiliés aux travaux de recherches sur des disparitions inquiétantes. Lui-même avait mené sa petite enquête avant de venir me trouver. Et craignant pour sa sécurité ce type avait opté pour un pseudonyme, le fameux Oncle Sam, qui me fit entendre par la suite son témoignage. Et voilà comment quelques semaines plus tard, j’en suis arrivé à me faire empêcher au sein de cette entreprise prônant le bien-être de toutes et tous par le biais d’innovations technologiques et de bon nombre d’acronymes. Enfin tout est relatif et plus encore la recherche de bien-être qui ne se trouvait certainement pas à l’intérieur des locaux de cette entreprise.

On dit de moi que je suis pugnace, un peu trop déterminé, extrême dans l'approche. On dit de moi que je suis une tête brûlée, mais surtout un bel emmerdeur. Quoiqu’il arrive, on s’accorde à dire qu’il n’est pas né celui qui me fera lâcher. Ce qui m'amène à l'énoncé de la règle numéro 1 d’un bon journaliste. Il n’y a pas de vérité sans risques. C’était le leitmotiv de mon mentor, sans les déguisements, car ça s’est mon petit plaisir. J’aime à me dire que je suis un vrai caméléon et que de ce fait, je n’éprouve aucune difficulté à m’intégrer. Oui, ça c’est la vision romanesque, mais dans les faits le morbaque serait plus adéquat, bien que peu flatteur.

Retenant mon souffle et maniant non sans difficulté la micro-caméra, j’en arrivais à me maudire de ne pas avoir écouté « M » lorsqu’elle s’échinait à m’expliquer le fonctionnement de ce petit bijou de concentré technologique. J’aurai bien sorti mon cellulaire, sauf qu’il était dans le vestiaire conformément aux directives. J’en étais donc arrivé à mendier un peu de clémence et une dose de bol suffisant pour faire marcher cet engin. Fort heureusement, la chance m’octroyait un crédit et me voilà à filmer non sans difficulté la scène la plus étrange qu’il m’eut été donné de vivre. Ces deux types traînaient cette pauvre jeune femme à l’allure pathétique et qui semblait porter quelques stigmates. Il était peu probable qu’elle soit ici de son plein gré, ce qui validait en un sens les paroles de ma source qui m’avait affirmé avec conviction que l’on faisait d’étranges expériences ici « comme dans les films. »

« ALLER ! » L’un des deux, le binoclard venait de hausser la voix, car la captive venait de s’arrêter et semblait comme intriguée. Je n’en perdais rien, bien qu’un peu plus sur mes gardes. La demoiselle avait-elle senti ma présence ? Non, c’était peu probable au vu de la distance et pourtant je n’avais de cesse de me poser la question. Toutefois, je les vis disparaître à l’intérieur de cette pièce que j’étais censé nettoyer. « Non, je te vois venir Darren. N’y penses même pas. » Je me maudissais parfois (souvent) d’être aussi fougueux et somme tout incapable de dompter mon audace et cette quête insatiable de vérité qui me poussais à prendre tous les risques. Si ça se trouve, j’étais au-devant d’un très grand scoop, un de ceux qui fait de vous une cible à abattre.

« - Ce n’est pas avec des « si » que l’on fait un monde. » Planquant la micro-caméra dans ma poche et me délestant mon balai et toute la panoplie qui allait avec, je quittais ma planque, animé par une curiosité malsaine. Je devais savoir qu’importe les risques. Sortant de l’autre poche mon sacro-saint badge, je fis à mon tour mon entrée, provoquant l’étonnement des deux types.

« C’est qui lui ? Monsieur, vous n’avez rien à faire ici. » Mon regard balaya la pièce que je découvrais sous un nouveau jour. Mais plus encore, mon regard se posa sur la jeune femme avant de le reporter sur mes interlocuteurs visiblement pas ravi d'avoir de la visite. « - Bah je suis l’agent d’entretien. Ça se voit non ? »

« Vous n’avez pas à être ici. » Le binoclard semblait de plus en plus mal à l’aise tandis que l’autre s’approchait de moi l’air menaçant.

« - Bah en fait si, je suis en charge du nettoyage de cette cellule. Enfin sur le papier, parce que là, j’ai comme l’impression d’arriver au mauvais moment. » Je tâchais de paraître à l’aise alors que je ne l’étais pas spécialement. Mon regard se posa à nouveau sur la jeune femme qu’ils avaient traîné jusqu’ici. « - Elle n’a pas l’air bien. » Mon humour ne semblait pas faire son petit effet à en juger par l’imposante seringue que tenait entre ses mains le non-binoclard. « - Ok bah je suis désolé, mais je vais devoir vous bottez le cul ! » Surpris, ils se regardèrent avant de sourire, j’en fis de même avant de prendre de l’élan et d’offrir un sympathique « coup de boule » à monsieur piqûre qui fut instantanément désarmée. « Lance l’alarme ! » Sans réfléchir, parce que ce n’était clairement plus ma priorité, je pris le plateau métallique sur lequel se trouvait plusieurs instruments chirurgicaux avant de frapper sans modération le binoclard pour ne pas le laisser lancer l’alarme. Puis je me remis aussitôt sur mes appuis, conscient que les cours de défense payés une blinde, allaient enfin pouvoir me servir.




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Sujet: Re: Alea jacta est   Mar 26 Jan - 3:50
Licinia Alis
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L’odeur de cette troisième personne présente dans le périmètre m’était inconnue, j’étais certaine que je n’avais jamais eu à faire à cet humain et je ne le voyais pas. Quelques secondes d’égarement qui me valurent un nouveau bleu au niveau des côtes sous ce vêtement qu’ils m’avaient donné ici. Toujours les mêmes vêtements, ils appelaient ça une combinaison.

Nous venions d’arriver dans la salle au bout du couloir et ils m’avaient assise sur une chaise inconfortable, s’apprêtant à l’immobiliser des quatre membres quand soudain, la troisième odeur se fit plus forte et j’entendis entrer la personne en question. Je levai les yeux vers lui alors que sa voix s’élevait. J’étais si surprise que j’en étais bouche bée. Les journées passaient et se ressemblaient fortement, et il était rare que quelque chose d’imprévu se passe, comme l’intrusion d’un agent d’entretien. Pour tout dire, je ne les avais jamais vus, même si je savais qu’ils passaient, j’avais compris que dans cette société et avec ce genre d’intérieur, des personnes nettoyaient. Je sentis mon coeur faire un bond quand l’inconnu posa son regard sur moi. Il faisait partie de leur espèce, ces sales humains qui nous voulaient du mal parce qu’on était différents ou que sais-je encore. J’esquissai une moue renfrognée. Jusqu’à ce qu’il dise qu’il allait leur botter le cul. Là, je haussai un sourcil. J’avais déjà entendu cette phrase et quand on l’entendait, ça n’augurait rien de bon. Mes mains se crispèrent sur les accoudoirs du fauteuil si bien que mes ongles se plantèrent dedans. Et là, je crus rêver. L’agent d’entretien était en train de mettre une raclée aux deux scientifiques qui attendaient leur chef. Quel divertissement, quel plaisir de voir ces deux enflures morfler, et en plus par l’un des leurs ! Le premier, celui qui voulait encore m’injecter une saleté de produit dans la gorge, lâcha son ignoble seringue après s’être reçu un coup dans la tête, et l’autre se reçut un plateau en métal dessus. Mon coeur battait la chamade, je ne perdais rien de ce qui se passait, mais j’ignorais si je devais agir ou non. J’avais terriblement peur que ce ne soit un piège, une façon vicieuse de me tester pour mieux m’envoyer un retour de bâton par après. Mais à bien y regarder, les blessures que l’homme venait d’infliger aux deux autres que je voyais trop souvent à mon goût, ne pouvaient pas être simulés, ils étaient vraiment blessés.

J’en vis un se relever en titubant et j’eus soudain très peur. Prise de panique, je lui flanquai ce qui s’apparentait à une gifle mais qui était en fait un coup de griffe, lui laissant de profondes entailles sur le visage qui le firent hurler. J’eus peur que d’autres arrivent alors m’appuyant avec les bras sur le siège, je lui envoyai un coup de pieds joints en plein visage, ce qui l’assomma. Les deux étaient K.O.

Mon coeur battait à s’en rompre, j’étais en panique totale, je ne savais pas quoi faire. Je me levai du fauteuil en rasant le mur en direction de la sortie sans quitter l’homme de l’entretien du regard, car j’étais toujours méfiante malgré tout. On ne savait jamais avec ces fourbes créatures. Et alors que je m’apprêtai à passer le seuil qu’une odeur familière et un bruit de pas tout aussi familier furent en approche. Terrorisée, je regardai l’agent d’entretien avant de partir me réfugier derrière le dossier du fauteuil. J’allais dérouiller c’était clair.

« - Mais qu’est-ce qui se passe ici ?! »

Un homme d’une cinquantaine d’année en blouse blanche entra. Il vit ses deux assistants à terre et sonna immédiatement l’alarme avant de regarder l’agent d’entretien.

« - Vous, sortez tout de suite, elle est dangereuse, vous n’êtes pas habilité à être là à cette heure-ci ! »

- Je suis désolée, dis-je d’une voix tremblante en sortant la tête de derrière le dossier du fauteuil.

Peut-être que présenter des excuses aiderait. En réalité, je n’avais qu’une envie, arracher la tête de cet homme ou l’étouffer avec sa blouse.

- J’aurais pas dû… j’ai eu peur. Pardon.

J’avais encore un léger accent italien, il fallait dire que personne ne s’attardait à me faire des cours de diction.
D'autres personnes arrivèrent pour évacuer les deux assistants inconscients, tandis que deux autres vinrent les suppléer pour assister le professeur. Ils me demandèrent de coopérer et je savais que je n'avais pas le choix, sinon ce serait encore plus dur. Je revins m'asseoir sur le fauteuil, espérant que la matinée se passe vite.



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Sujet: Re: Alea jacta est   Jeu 28 Jan - 23:27
Darren White
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Dans la vie comme au boulot, j’ai souvent tendance à improviser d’une part et à foncer tête baissée sans trop réfléchir d'autre part. De ce fait, c’est exactement ce que je m’apprêtais à faire en regagnant la salle dans laquelle venait de s’enfermer les deux types et la « charmante » cobaye. Je n’étais sûr de rien pour l’instant, je ne pouvais donc que présupposer, mais vu l’uniforme et son état, la nana n’était certainement pas ici pour se refaire une santé. Et puis à ma décharge, j’avais mon badge et donc les accréditations nécessaires pour être en présentiel. À ceci près qu’il était un peu trop tôt pour procéder au ménage. Le cœur battant à s’en rompre et enivrait par ce que j’interprétais comme un surplus d’excitation couplé à un shot d’adrénaline, je regagnais innocemment ce que je nommais « la pièce vierge » jusqu’à ce que je lui trouve bien évidemment une autre appellation.

J’aimerais vous dire que tout allait bien se passer, mais de 1, je ne suis pas omniscient et de 2 vu mon approche, il était peu probable que l’échange soit diplomate. Les coups se mirent à pleuvoir, m’obligeant, puisqu’ils étaient deux, à me mouvoir avec vivacité avant de rendre coup pour coup. J’entendais déjà, dans un coin de ma tête, M vociférer fustigeant ma prise d’initiative et moi essayant vainement de lui faire entendre que je n’avais fait que suivre mon instinct, qui d’ordinaire ne me faisait jamais défaut.

Un premier hurlement se fit entendre et ce n’est qu’en voyant le type à la seringue, la face en sang, s’écrouler par terre, que je compris que j’avais un peu d’aide. « - Hey bien joué ! » lançais-je à la captive. Ses mains et plus encore ses phalanges étaient teintées de sang à présent, une couleur qui tranchait avec le blanc aseptisé la pièce. Elle semblait pourtant si frêle et apeurée, si bien que chacun de ses mouvements fût teinté de méfiance. « - Je ne vous veux aucun mal. » me sentis-je donc obligé de faire entendre. Elle se mit alors à raser les murs, sans me quitter du regard. Et alors qu’elle était à deux doigts de regagner la sortie, je la vis se précipiter à toute vitesse derrière le dossier du fauteuil qu’elle occupait encore quelques secondes plutôt. La porte s’ouvrit à la volée, laissant paraître un homme en blouse blanche, la chevelure grisonnante, suivit de près par ce qui me sembla être deux assistants. L’un d’eux sonna aussitôt l’alarme avant que monsieur chevelure grisonnante ne daigne m’aboyer dessus. Incapable de comprendre comment et pourquoi, je sortis presque aussitôt, embarquant avec moi tout ce que je pouvais embarquer. Que venait-il de se passer ?

J’avais tout quitté sans réfléchir, ne laissant dans mon casier que la tenue fournie et les quelques produits. Dans la précipitation, j’avais omis de remettre le sacro-saint badge. Un acte manqué sûrement. Dès que j’eus franchi la porte pour regagner l’extérieur, je savais qu’il était fort peu probable que je revienne. Je m’étais grillé et je savais que l’échec de cette mission était de mon entière responsabilité. Je me préparais donc à subir le courroux de mes collaborateurs en regagnant nos locaux. Mais alors que je traînais ma carcasse sur les marches, cherchant de ma libre le trousseau de clés et pensant encore à la mystérieuse cobaye, mon portable se mit à sonner. Je n’étais pas fier, si bien que j’en fusse arrivé à me demander s’il n’était pas judicieux de laisser sonner avant de me rendre compte, que l’appel émanait du téléphone prépayé que j’avais acheté pour l’occasion.

« - Allô ! » fis-je entendre sans certitude. À l’autre bout du fil, une voix familière résonnait dans l’émetteur. Je compris alors qu’il s’agissait de mon guide, le bien-nommé John Dickinson. S’en suivi la plus étrange conversation qu’il m’ait été donné d’avoir. De toute évidence, l’on venait d’accepter mon arrêt maladie de quelques jours suite à ce qui s’était passé. Balai dans le cul -- c’est comme ça que j’avais décidé de le surnommer en off – consentait à comprendre que je puisse être traumatisé. L’on venait donc de m’octroyer une petite prime et quelques jours pour me remettre. Ce qui me laissait imaginé que je n'étais donc pas viré, pire encore, on cherchait à me corrompre pour que je ferme ma gueule. C’est l’impression que j’avais en tout cas. Toujours est-il que s’en était fait, j’étais bien décidé à découvrir ce qui se tramait là-bas et j’espérais de ce fait, réussir à parler à cette jeune femme qui hantait mon esprit.

Quelques jours plus tard.

Si de prime abord, j’avais décidé de ne rien dire à mon équipe pour leur éviter des problèmes, ma désorganisation légendaire avait eu raison de moi. En effet, j’avais laissé traîner la micro caméra sur mon bureau. Grossière erreur, surtout lorsque le gamin que tu as pris sous ton aile te chipe tes propres procédés et te la fait à l’envers. Voilà ce que ça fait Darren ! Pour une fois, c’est toi qui te fais avoir. J’avais donc informé mes deux collaborateurs de ce que j’avais découvert, bien que les images parlent pour elles. Et c’est sous leur impulsion que je retournais au front. Je devais continuer à amasser des preuves telle était ma certitude et pour se faire, je devais impérativement retrouver la jeune femme dont j’ignorais tout, même le prénom.

J’étais à l’heure cette fois, du moins pour pointer. Je m’étais ensuite changé en quatrième vitesse, je n’avais pas une seconde à perdre. J’avais prévu de faire toutes les tâches qui m’incombait en un tant record pour me souscrire à nouveau à leur emploi du temps millimétré. Le travail fait, l’on ne pourrait rien me reprochait et cela pourrait aisément me laisser plus de temps pour explorer ou pour me planquer à nouveau dans le local technique et attendre le bon moment. Une heure, deux heures, trois ? J’ai arrêté de compter à un moment, je crois même m’être endormi. Une porte venait de s’ouvrir sur deux autres crétins à lunettes, suivis. Le médecin à la chevelure argentée quitta lui aussi la pièce, visiblement satisfait. « Vous pouvez la ramener dans sa cellule. » Et la voilà, traînait par le bras par l’un des abrutis, un nouveau qui plus est. Je n’en perdais pas une mienne. Le médecin me passa devant, sans rien remarquer avant de disparaître vers un ailleurs incertain, tandis que les chiens de garde prenaient la direction inverse tout en traînant la demoiselle. Le plus discrètement possible et après m’être assuré d’avoir le champ libre, j’entrepris de les suivre. Une filature qui m’obligea à sprinter sur la dernière ligne droite pour empêcher la porte de se refermer sur le passage, mon badge n’étant pas pourvu des bonnes accréditations. La pointe du pied maintenant la porte, j’attendis quelques secondes, le temps qu’ils s’éloignent pour enfin faire mon entrée.



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Sujet: Re: Alea jacta est   Ven 29 Jan - 3:56
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La journée où j’avais rencontré l’inconnu avait été étrange. Il appartenait à leur espèce, et pourtant il les avait frappé. Et il avait dit qu’il ne me voulait aucun mal. J’étais cependant restée méfiante. Pouvais-je réellement lui faire confiance ? N’était-ce pas un piège, comme ils savaient si bien en tendre, tous ces humains barbares ? Ils se jouaient de moi depuis si longtemps que je restais constamment sur mes gardes.
Le chef des scientifiques l’avait ensuite chassé, et fait emmené ses deux confrères à l’infirmerie, d’après ce que j’avais entendu. Et moi, j’avais été punie en conséquence. Alors qu’en fait, tout était de la faute de cet inconnu.

Les jours avaient passé et je mourais littéralement de faim. Je crois qu’ils l’avaient fait exprès pour me punir d’avoir blessé les hommes en blouse blanche. Enfin, un seul, l’autre, c’était l’humain qui l’avait assommé. Mais tout le monde semblait croire que c’était entièrement de ma faute et je n’avais rien osé dire de peur de me faire encore frapper. Ils m’avaient aussi coupé les griffe à ras, me faisant saigner des doigts.

Et puis ce jour-là, ils avaient visiblement décidé de tester quelque chose sur une demi-déesse. Ils m’avaient faite entrer dans cette salle où elle était. Elle semblait apeurée elle aussi. Elle avait une sorte de collier autour du coup. J’étais méfiante, certains avaient des pouvoirs vraiment dangereux, et dans cette salle vitrée, j’étais la seule à prendre des risques puisqu’il n’y avait que moi en présence direct de l’autre. J’étais affamée et je sentis soudain une odeur qui m’attirait. Rapidement, je décelai une entaille sur sa jambe, et du sang s’en échappait. Je mourais d’envie de boire ce sang, j’avais tellement faim. Je m’approchai, comme hypnotisée, quand soudain elle se mit à hurler sur moi avec agressivité, ce qui me fit presque peur.  J’étais sur la défensive, toutes griffes et dents dehors, prête à lui bondir dessus. Je n’en pouvais plus, et je n’aurais pas la force longtemps de l’attaquer ou de me défendre. Mais elle fut la première à lancer l’offensive, et le moins que l’on puisse dire, c’est que je l’avais senti passer. Quelle force elle avait ! Je me retrouvai projetée avec une puissance incroyable contre la vitre, ce qui fit reculer les scientifiques observateurs. J’avais senti mon omoplate craquer, me tirant un gémissement de douleur. Je me relevai avec difficulté et je crus ma dernière heure arrivée en voyant mon ennemie se diriger vers moi, quand soudain quelque chose se produisit. Un drôle de son sourd émana de son collier et elle fut comme figée. J’observai quelques secondes. La demi-déesse était effectivement bloquée dans ses mouvements. C’était le moment, je me ruai sur la plaie ouverte à sa jambe pour y planter mes crocs et boire son sang, autant que je pouvais. Quel bien fou cela faisait ! Je me sentis revivre. Mais soudain, elle reprit le contrôle de son corps et me tira par les cheveux. J’essayai de la griffer mais mes ongles avaient été coupés trop courts pour réellement m’aider, et je me retrouvai encore propulsée à l’autre bout de la pièce. Seulement maintenant, j’avais un peu récupéré. Ils nous laissèrent ainsi nous battre encore beaucoup trop longtemps à mon goût. Je ne lui voulais aucun mal à cette fille, j’avais eu ce que je voulais, mais elle, elle voulait sûrement se venger pour sa blessure.

Finalement, ils nous séparèrent. Enfin ! J’étais épuisée. On me conduisit à la douche après avoir changé de couloir. J’avais l’impression d’avoir senti à nouveau l’odeur de l’homme inconnu qui avait frappé l’un des deux scientifiques, mais je crus que je divaguais à cause des coups que j’avais reçu à la tête. Je profitai de l’eau chaude, moi qui avais toujours si froid ici. Ma peau était couverte d’ecchymoses et d’entailles, je pouvais le sentir à chaque fois qu’un jet d’eau me touchait. Mon visage aussi avait reçu quelques entailles. Hélas, le séjour sous l’eau chaude fut de bien trop courte durée à mon goût. Je dus me sécher et passer ce qu’ils appelaient « vêtements propres » sur moi pour retourner dans ma cellule. Les deux blouses blanches à lunettes m’y conduisirent, parlant entre eux de moi comme si je n’étais pas là. Ignoraient-ils que je comprenais ce qu’ils disaient, ou simplement n’avaient-ils aucun respect pour moi ? Sûrement la deuxième option. Alors que nous arpentions le couloir menant des douches à ma cellule, j’avais l’impression que l’odeur de l’autre homme était de plus en plus présente. Mais je ne fis pas à nouveau l’erreur de m’arrêter. Je me contentai de rester vigilante. Les deux en blanc me poussèrent à l’intérieur et actionnèrent la fermeture de la porte vitrée de ma cellule. Je détestai cette pièce. Soi-disant qu’une chambre était faite pour dormir ? J’avais entendu dire ça. Moi, je n’arrivais pas à me reposer ici. Il faisait trop froid, c’était trop blanc, la lumière ne réchauffait pas. Ils partirent et je savais que j’en avais pour des heures avant qu’ils ne reviennent. Ce qu’ils appelaient la nuit. Moi je n’en savais rien, je ne voyais plus le soleil ni se lever ni se coucher. Je pris la couverture de ce qu’ils appelaient « lit » et je m’enroulai dedans, cherchant le coin de mur le plus éloignée de la grille de laquelle sortait l’air froid.

Soudain, j’entendis quelque chose. Des bruits de pas, mais pas de ceux que je connaissais. Méfiante, toujours emmitouflée dans cette couverture rêche qui grattait, je m’approchai. Soudain, je le vis, il approchait dans le couloir. J’écarquillai les yeux d’étonnement. Pourquoi il était là ? Je reculai vivement alors qu’il approchait, si bien que j’en tombai à la renverse sur mon lit. Etait-il capable d’ouvrir la porte, lui aussi ? Qu’est-c qui allait encore m’arriver ? Mon coeur se mit à battre la chamade et les yeux ne le quittait pas. En tombant, j’en avais perdu ma couverture, et tremblant, j’essayai de l’attraper. J’avais mal au bout des doigts mais tant pis, je détestais encore plus avoir froid. Ma peau était déjà couverte de chair de poule. Je ne quittai pas des yeux l’inconnu, et je le trouvai malgré tout différent. Une fois ma couverture à nouveau sur le dos, ma curiosité me poussa à m’approcher. En effet, je me fis la remarque que s’il avait voulu, et pu, ouvrir la porte, sans doute qu’il l’aurait déjà fait. Que voulait-il ?


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Sujet: Re: Alea jacta est   Sam 30 Jan - 1:46
Darren White
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D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours pris des risques. J’étais comme ça bien avant de devenir journaliste. Je crois, sans certitudes, que cette propension au danger m’ait venu après la disparition de ma petite sœur. Je me sentais si mal et coupable passé les premières heures, que j’ai très vite ressenti le besoin de prendre tous les risques pour palier à ma douleur et retrouver ma teigne de petite sœur. Puis c’est devenu une habitude, un quotidien, un défaut pour certains, une méthode de travail pour moi. À ceci près que d’ordinaire, j’essaie de préserver le plus possible mes collaborateurs, n’étant pas encore assez égoïste pour leur faire prendre des risques inutiles. Manque de bol, cette fois, j’avais été pris à mon propre jeu.

M et notre petit prodige étaient donc dans la confidence et aux faits de mon initiative foireuse. J’aurais préféré qu'elle ne le soit pas, mais faute de mieux je devais m’en accommoder et accepter les reproches à peine voilés de M avant qu’elle ne saisisse l’ampleur et la portée de ma découverte qui devenait la nôtre, force est de constater que je devais beaucoup à sa micro-caméra. Un gadget qui semblait ne plus me quitter et pour cause, je venais de l’embarquer après quelques âpres discussions concernant mon retour en immersion. Je vous épargne les détails, toujours est-il que j’étais de retour comme si rien ne s’était passé. Comme si soudainement personne ne m’avait vu fuir le bâtiment comme un voleur. Leur avait-on lavé le cerveau ? Avais-je halluciné ? Non, impossible, pour ce qui est du lavage de cerveau, je laisse la parenthèse ouverte. On n’est jamais trop prudent.

Mon objectif était simple, faire mon travail en un temps record, pour me libérer du temps afin de pouvoir explorer les zones dans lesquelles je n’avais aucune habilitation. En d’autres termes, fouiner. Le petit local technique m’avait à nouveau fait office de planque une fois le nettoyage exécuté en un temps record. Ici, j’étais à peu près sûr de tout voir, sans être vu et d’engranger quelques informations, le genre qui ne sont pas censées tomber dans l’oreille d’un agent d’entretien. Bon, je vous épargne l’épisode où je me suis endormi quelques minutes avant de soudainement quitter mon royaume onirique pour une réalité moins plaisante.

Je n’étais sûr de rien, à ceci près qu’à force de creuser, j’allais tout naturellement tomber sur du pétrole et peut-être même pouvoir signer le papier qui pourrait aisément me permettre de décrocher un prix Pulitzer, le saint Graal pour un journaliste. Mais nous n’en étions pas encore là. Le pied dans la porte légèrement entrebâillé, je pus sans difficulté et après avoir attendu quelques secondes, rejoindre un long couloir que jamais encore, je n’avais exploré et pour cause, je n’étais pas censé être ici. Mais un hurlement étouffé par éloignement, mit un terme à ma progression. Dans mon oreille, le signal me permettant de communiquer avec M, devenait incertain, noyé par une multitude de grésillements. D’autres bruits vinrent parfaire l’angoissante panoplie de l’immersion en eaux troubles avant que je ne comprenne que d’ici peu, je ne serais plus seul dans cet interminable couloir blanc. Il me fallait donc une nouvelle planque et quoi de mieux que la salle des archives, du moins c’est ce que l’écriteau laissait entendre avant que je ne m’engouffre dans une pièce étroite tout en gardant un œil sur l’extérieur par le biais de l’imperceptible entrebâillement. Et c’est là que je la vis, escortée à nouveau par deux blouses blanches. Elle avait les cheveux mouillés et de nombreuses marques et ecchymose sur le visage et sur les parties visibles de son corps.

Que lui avaient-ils donc fait ? Et pourquoi donc s’acharner ainsi ? Ils passèrent tout près, tellement que l’espace d’un instant, je me revis contraint à la baston. Puis ils s’arrêtèrent devant une fois, l’un des deux gars sortit son badge qui déverrouilla aussitôt le bazar. Une fois la porte ouverte, la jeune femme fut poussée sans ménagement à l’intérieur de sa cellule refermée presque aussitôt alors que déjà les blouses blanches prenaient la tangente. « …Darren…tu… reçois… » Le signal demeurait incertain, sûrement parce qu’il y avait quelques brouilleurs de ci de là. « - M, je ne te capte pas. On s’appelle tout à l’heure. » Et il ne m’en fallut pas plus pour me déconnecter et regagner le couloir, puis la porte de la cellule de ma nouvelle interlocutrice privilégiée. « - Hey… » tentais-je en murmurant tout en observant scrupuleusement les environs. « - Salut. Moi c’est Darren. Je ne vous veux aucun mal. Je suis journaliste, j’essaie de comprendre ce qui se passe ici. Comment vous vous appelez ? »


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Sujet: Re: Alea jacta est   Dim 31 Jan - 17:22
Licinia Alis
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Je n’avais rien imaginé, mes sens ne m’avaient pas fait défaut, il était bel et bien là, cet inconnu étrange qui avait frappé l’un des siens. Il était là, face à la porte vitrée, debout à me regarder, et regarder aussi les alentours dans le couloir. Il avait l’air inquiet et méfiant. Au moins une chose que nous avions en commun. Ayant récupéré ma précieuse couverture pour avoir un peu plus chaud, je m’étais approchée avec prudence, un peu courbée, l’observant sous toutes les coutures. J’avais presque sursauté en entendant le son de sa voix. Il parlait doucement et ça, c’était agréable. Toux ceux qui me parlaient me criaient dessus et je détestais cela. Il disait ne pas me vouloir de mal, c’était bien la première fois que j’entendais cela. Tout comme le mot journaliste. Je ne connaissais pas ce mot, et cela me fit peur.

- Journa-lis ? Qu’est-ce que c’est ?

Je me redressai un peu, restant toujours sur mes gardes et sans le quitter des yeux. C’était la première fois qu’on me demandait mon nom en s’étant présenté d’abord. Une courtoisie qui ne m’avait jamais été offerte depuis que j’avais élu domicile contre mon gré dans cet enfer.

- Licinia. Je m’appelle Licinia, répondis-je alors.

Je l’observai avec attention. La dernière fois, je n’en avais pas eu le temps. Il ne portait pas de blouse blanche. Donc il ne travaillait pas dans ce qu’ils appelaient ici le « département scientifique ». Quand je l’avais vu la première fois, il avait dit qu’il était l’agent d’entretien. J’essayai de faire le rapprochement entre les mots. Entretien. Entretenir quoi ? Mon regard se plissa en le regardant.

- Vous avez dit agent d’entretien. C’est quoi ?

Les agents, ici, n’étaient pas des créatures amicales. J’avais compris que ceux qui avait tué ma famille et mes amis et qui m’avait blessée et ramenée ici, si loin de chez moi, étaient des agents de terrain. Ceux qui me sortaient de ma cellule chaque jour pour n gagner d’autres tout aussi peu confortable était des agents aussi, à la recherche scientifique. Ceux qui m’injectaient des produits étaient des chercheurs. Je détestais toutes ses personnes, secrètement, je rêvais de les tuer l’un après l’autre. A la place, je devais concentrer ma colère sur ces autres créatures et demi-dieux qu’ils me faisaient affronter de temps en temps, c’était ma seule façon de me nourrir correctement.
Je continuai à regarder le monsieur Darren devant moi. La crainte s’était transformée en curiosité. Je n’arrivais pas à identifier ce qu’il faisait dans ces locaux. Il était différent des autres et lui ne portait pas de lunettes. La plupart des gens ici en portaient, ce détail ne m’avait pas échappé parce qu’une fois, en me débattant, j’avais envoyé mon coude dans le visage de l’un d’eux, ça lui avait brisé le nez et ses lunettes avec.

- Si vous êtes là, vous savez ce qui se passe, soulignai-je.

Logique, ils le savaient tous, alors pourquoi lui non ? Ah, je commençais à me demander s’il ne mentait pas. Mais pourquoi, dans quel but. J’avais du mal à comprendre, mais il fallait dire que je ne comprenais pas beaucoup leurs intentions. Darren, cependant, n’avait pas l’air d’avoir d’armes sur lui. Pas de barre en bronze céleste, pas d’objet qui envoient une décharge électrique, pas de pistolet, rien de dangereux.

- Vous allez ouvrir ?

Je cherchai du regard son badge, mais il avait l’air différent de celui que les autres avaient. Non, il ne pouvait pas ouvrir. Je le savais. J’étais un peu déçue mais cela ne m’étonnait pas. Je m’assis par terre sur ma couverture. J’avais froid aux pieds, le sol était froid, alors j’avais mis la couverture entre le sol et moi, et tachant de me couvrir avec ce qui restait pour me soustraire à l’air froid.


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Sujet: Re: Alea jacta est   Mer 3 Fév - 2:20
Darren White
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Je prenais sûrement beaucoup de risques, trop pour le commun des mortels. Et ignorant encore l’ampleur de ma découverte à venir, je ne pouvais me résoudre à avoir la certitude de sortir indemne de cette immersion. De vous à moi, je ne suis pas du genre complotisme. Pour dire vrai, je prends même un malin plaisir à me foutre de leur gueule sur bons nombres de sites dédiés. Mes collaborateurs ne trouvent pas ça très mature, mon associé et meilleur ami, aura tendance à dire que je n’ai rien de mieux à foutre. Mais c’est comme ça que je m’occupe et faire le con, me permet de lâcher la bride, de décompresser, d’oublier le pire des affaires que je suis amené à traiter. Tout ça pour dire, que je commençais peut-être à regretter de m’être éhontément foutu de la gueule de celles et ceux avançant le fait qu’il soit possible qu’une agence scientifique – ou que sais-je alors – fasse des recherches pour mettre au point une arme de destruction massive ou créer des mutants.

« Darren, arrête-toi deux secondes ! » J’aurai dû et j’aurai pu prendre le temps de m’arrêter un peu, afin de réfléchir pour amorcer une approche. Prendre un peu de temps pour filmer les lieux une fois les men in white hors d’atteinte. En fait, à bien y réfléchir, beaucoup d’alternatives saupoudrées de raison, s’étaient offertes à moi. Mais j’avais choisi tout, sauf la raison. Et pour une raison étrange, j’étais attiré par la captive, autant qu’un papillon est attiré par la lumière. J’espérais juste une fin moi tragique au moment de l’approche.

J’en étais donc rendu à presque me coller contre la porte pour avoir une vision d’ensemble de l’intérieur de ce qui ressemblait plus à une cellule qu’à une chambre. La demoiselle avait très peu de possession si ce n’est cette couverture dans laquelle elle s’enroulait sûrement pour mieux se réchauffer. Mais avant de tirer les premières conclusions, je devais amorcer un semblant de dialogue tout en surveillant mes arrières, car n’importe qui pouvait revenir n’importe quand. Je commençais donc par les basiques, rien de bien grandiloquent, mais je devais à tout prix lui faire comprendre que je n’étais pas une menace et que je ne lui voulais aucun mal. Je venais même d’esquisser un léger sourire qui s’éclipsa presque aussitôt lorsque je l’entendis tenter de décortiquer le mot « journaliste » Incrédule, je l’observais, cherchant jusque dans son regard, un semblant d’explication avant de lever un sourcil interrogateur tout en plissant légère les yeux.

« - Euh… » J’étais incapable de mieux alors qu’à son tour elle faisait entendre son prénom, magnifique de surcroît et original qui plus est. « - Licinia. C’est vraiment très joli. » J’en arrivais même à oublier qu’elle semblait ignorer ce qu’était un journaliste. D’ailleurs, elle ignorait aussi ce qu’était un agent d’entretien puisqu’elle venait de le formuler, laissant entendre au passage, un accent charmant. « Reprends-toi merde ! » Je m’approchais un peu plus de la porte, tout en continuant à observer les lieux. « - Un agent d’entretien, c’est quelqu’un qui entretien. Oui, dit comme ça, j’imagine que ça ne vous aide pas. En fait, ce sont des types qui font du ménage, qui nettoient les locaux. Vous comprenez ? Vous êtes italienne ou quelque chose dans ce genre ? Vous comprendre moi ? » Si j’avais pu, je me serais frappé tant, je me trouvais con.

Mais l’envie de m’auto-molester, disparue aussitôt que Licinia fit entendre quelque chose qui en plus de mobiliser toute mon attention, attisa aussitôt toute ma curiosité au point de froncer à nouveau le regard. « - Comment ça, je sais ce qui se passe ? Écoutez, je ne suis pas agent d’entretien comme je vous l’ai dit. Je suis journaliste. Les journalistes sont des types qui cherchent plus ou moins à répandre la vérité, quand il faut le faire. Quelqu’un m’a dit, que des jeunes gens étaient amenés ici, mais pas de leur plein grès. Licinia, vous a-t-on enlevé ? » Elle me demanda alors presque désespérément, si j’allais lui ouvrir et sembla comprendre en voyant mon badge, que j’en serais tout bonnement incapable.

« - Est-ce qu’on vous fait du mal ? » Je connaissais la réponse, mais je voulais l’entendre de sa bouche.


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Sujet: Re: Alea jacta est   Mar 9 Fév - 16:59
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J’étais désormais incapable d’ôter mon regard du sien. J’étais remplie de curiosité à propos de cet individu qui me semblait réellement différent des autres humains. Non pas que je lui fasse confiance, loin de là. Aucun humain ne méritait ma confiance, ils étaient fourbes. Mais peut-être que lui était moins méchant que les autres ? Il ne me regardait pas avec haine ou mépris ou encore dégoût, il avait plutôt l’air surpris. Il était même curieux, collé contre la porte vitrée à observer l’intérieur de la pièce dans laquelle j’étais. Il n’y avait pas grand-chose, le carrelage blanc et froid sur lequel j’étais pieds nus, ce lit basique avec une simple couverture. Une cellule. La journée était finie et je n’aurais plus de visites désagréables avant plusieurs heures, sensément la nuit. Qu’est-ce que j’aurais aimé profiter de la nuit, voler sous la lumière de la lune et des étoiles, aller chasser puis revenir m’abriter dans les feuillages d’une branche haute… Je m’accrochais à ces souvenirs de ma vie d’avant.

Le prénommé Darren disait des mots que je ne comprenais pas, comme ce qu’il prétendait être, journa… je ne savais déjà plus et je lui avais demandé une explication qui ne vint pas, du moins pas tout de suite. A la place, il complimenta mon prénom. Je haussai les épaules.

- C’est un prénom.

Il m’expliqua ensuite sa fonction dans les lieux. Je hochai la tête. Je ne voyais quasiment jamais d’autres personnes que ceux en blancs avec leurs lunettes depuis que j’étais arrivée alors le reste m’échappait un peu. Je fronçai légèrement les sourcils lorsqu’il me demanda de manière assez condescendante si je comprenais. Brutalement, je frappai contre la vitre.

- Oui je comprends, ne vous moquez pas de moi !

Je détestais ça. Et puis Darren reprit la parole et je croisais les bras. Il était journaliste, puis agent d’entretien, et finalement non, d nouveau journaliste Au moins il expliqua ce que c’était, mais j’avais l’impression qu’il m’embrouillait l’esprit.

- Alors vous avez menti ? Vous êtes comme eux, vous mentez !

Toujours assise par terre sur ma couverture dont les pans me recouvraient, je poussai avec mes pieds contre la vitre pour m’éloigner un peu. S’il y faisait attention, il pourrait voir des hématomes.
Il me demanda si on m’avait enlevée et j’esquissai un sourire ironique.

- Est-ce que j’ai l’air d’être née ici ? Il n’y a aucun arbre ici ! Même pas de terre ou d’herbe, encore moins de ciel ! Ce n’est pas chez moi !

Les larmes me vinrent aux yeux en réalisant que même si je sortais d’ici, je serais tout bonnement incapable d’y retourner, de retrouver l’endroit. Mon île devait se trouver bien loin d’ici car je me souvenais – comment l’oublier – que le trajet pour arriver avait été interminable. J’avais une balle en bronze céleste - j’avais appris une fois ici ce que c’était -, logée dans l’épaule qu’on ne m’avait retirée qu’une fois sur place. Ce jour avait beau être lointain dans le passé, son souvenir demeurait vif comme si ce fut arrivé la veille. J’avais l’impression de sentir encore la douleur aussi bien physique que mentale de tout ce que j’avais perdu. Ma famille, ma horde, mon chez moi, mes ailes, mon cri, ma liberté.

Mon regard s’était perdu dans le vide, contemplant le sol à mesure que les souvenirs remontaient, quand Darren me posa une nouvelle question, ce qui me fit le regarder à nouveau. Est-ce qu’on me faisait du mal ? Je cherchais s’il existait un mot plus fort que « oui », mais je ne trouvais pas. Je me contentai alors de hocher lentement la tête.

- Ils ont pris mes ailes, dis-je d’une petite voix.

J’ignorais s’il pouvait comprendre, eux, les humains, n’avaient pas d’ailes, ils ne se rendaient sans doute pas compte de ce que c’était que de les perdre. La moitié de mon mode de vie était aérien, et depuis toutes ces années, je ne pouvais plus voler.

- Vous n’avez pas le droit d’être là, n’est-ce pas ?

Je me demandai soudain si ces gens seraient capables de faire du mal à leur semblable s’ils apprenaient qu’il avait désobéi.


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Sujet: Re: Alea jacta est   Mer 10 Fév - 14:50
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On m’a souvent dit que j’étais un aimant à emmerdes, que j’avais cette propension presque maladive, à m’attirer des ennuis. Moi, je vous dirais que c’est le métier qui veut ça. On ne peut pas faire éclater la vérité sans prendre des risques. Et à n’en pas douter, des risques, j’en prenais actuellement, mais j’ignorais encore à quel point, j’étais dans la merde. Pour l’heure, je préférais dédier toute mon attention à l’observation, l’un des prérequis de mon métier. La cellule, car l’on ne pouvait décemment parler de chambre au vu du « confort » spartiate et du manque de personnalisation, n’était pas grande, au point de n’avoir besoin que de dix pas à peine pour en faire le tour. Et que dire du verrou numérique et de l’accréditation spécifique à laquelle il fallait prétendre pour avoir le badge adéquat.

Dans quoi m’étais-je embarqué ? Il me suffisait de poser mon regard sur celle qui se prénommait Licinia. Un prénom qui résonnait harmonieusement dans un coin de ma tête à chaque fois que je m’exerçais à le prononcer. Il se dégageait d’elle quelque chose de fascinant, que j’étais incapable de comprendre pour l’instant, mais qui m’inciter fortement à tenter de glaner quelques infos supplémentaires. Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? Mon insatiable soif de connaissance semblait prendre le pas sur le reste, si bien que peu à peu, mon attention se relâchait. Grossière erreur Darry, tu t’en mordras les doigts plus tard, c’est sûr.

Pour l’heure et pour une fois, je me pliais de bonne foi au jeu des questions réponses. Mais pas sûr qu’elle ait tout saisie, car je percevais un fort accent italien, je lui demandais – maladroitement sûrement – si elle comprenait ce que je lui disais. Je ne m’attendais certainement pas à tant de brutalité dans le geste alors que je ne pensais pas à mal. Effectivement, elle venait de taper contre la vitre, ce qui m’incita à reculer d’un pas. J’en arrivais à me demander si finalement elle n’était pas folle. « - Hey ! Déjà, on va commencer par se détendre la nouille ok ? Et non, je ne me moquais pas de vous. J’ai sûrement été un peu maladroit voilà tout. » Une fois la mise au point effectuée, je préférais garder mes distances, la confiance ayant vacillé, mes certitudes aussi. Puis je sentais qu’à mesure que je prenais la parole pour lui apporter quelques explications, elle se renfermait. Avait-elle seulement compris ? Je me posais encore la question sans oser le formuler cette fois.

« - J’ai menti ? » Je ne saisissais pas cette nouvelle attaque et me sentais moi aussi agressé plus encore lorsqu’elle me compara à ceux qui lui faisait office de geôliers, au prétexte d’un ou deux mensonges. « - Je vous arrête tout de suite. Certes, j’ai menti, évidemment que je ne suis pas agent d’entretien. Ça se voit non ? Mais à ma connaissance, je ne fais de mal à personne. Au contraire, j’essaie d’aider quand je le peux et contrairement à certains de mes confrères sans éthique, moi, j’essaie de me battre pour que la vérité ne soit pas mise de côté. Et si vraiment, j’étais un enfoiré de première comme vos geôliers, je ne serais pas là à perdre mon temps. » Oui, elle m’avait, en l’espace de quelques secondes, agacé au point de mettre à mal ma patience. Mais peut-être que le fait d’être comparé à ces types m’avait un peu blessé.

On dit que le silence est d’or. Eh bien, il ne l’est pas toujours et de vous à moi, je déteste les blancs, plus encore lorsque l’on mène une conversation que nous ne sommes pas censés avoir, dans un endroit où nous ne sommes pas censés être. Ma nature journalistique reprit très vite ses droits – merci – m’obligeant à poser quelques questions (pertinentes) dans le cadre de ce qui semblait être une interview improvisée. Ma question était simple, mais semblait la faire sourire – je pouvais le sentir de là où je me trouvais – avant que l’ironie ne prenne le relais par le biais de sa réponse. Je me rapprochais donc à nouveau, mais avec précaution et dans l’attitude et dans le choix des mots pour ne pas à nouveau l'offenser. « - Effectivement, on ne peut pas dire qu’en terme de déco ça soit l’extase par ici. Et vu le champ lexical employé, j’imagine que votre chez vous faisait la part belle à Dame Nature. Ce qui m'amène à penser, vu l'hostilité des lieux et la façon dont l'on vous traite, que vous n'êtes certainement pas ici de votre plein grès. On vous a enlevé, c'est ça ? »

Cela me semblait évident, mais je préférais en avoir le cœur net et l’entendre de sa voix. Le silence nous accapara à nouveau, mais je sentais moins d’hostilité à mon encontre et alors que j’achevais de m’approcher de la vitre, je vis sur ses jambes à nus, tout un tas d’hématomes. « Putain, c’est quoi ce bordel ? » Elle avait indubitablement subi des sévices et je ne pouvais que comprendre pourquoi elle semblait à présent si méfiante. « - Licinia ? » tentais-je à nouveau pour que relancer la discussion entre nous. Son regard se posa à nouveau sur le mien, ses joues laissaient paraître une trainée humide. Elle venait de pleurer, c’était évident. Alors et parce qu’une fois encore, je voulais en avoir le cœur net, je lui demandais si on lui avait fait du mal. Elle commença par hocher la tête et me fit entendre la chose la plus étrange qu’il m’ait été donné d’entendre. « - Vos ailes ? » Par réflexe, je posais mon regard sur le haut de mon épaule pour m’assurer que nous étions toujours seuls alors qu’elle mettait en exergue, par le biais de son interrogation, le fait que je n’avais pas le droit d’être ici. À mon tour, j’acquiesçais en lui désignant mon badge.

« - Ca, ça veut dire que je n’ai pas la bonne accréditation donc non, je n’ai pas le droit d’être ici. Et je commence à comprendre pourquoi. » Mon regard se posa à nouveau sur le petit boitier qui faisait office de verrou numérique. « - Licinia, je peux vous aider à sortir d’ici, mais il me faudrait le pass de l’un des types qui vous amène hors de cette cellule. Seriez-vous capable d’en subtiliser un discrètement la prochaine fois ? Je commence à connaître par cœur les horaires, je pourrais donc vous suivre discrètement lors de la prochaine ronde. Il me faut juste l’un de ces stupides pass pour vous ouvrir et vous sortir d’ici. Vous n’avez rien à craindre de moi, je vous le promets. Donc est-ce que vous êtes d’accord ? »




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Sujet: Re: Alea jacta est   Ven 12 Fév - 5:12
Licinia Alis
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Alea jacta est



Je m'étais peut-être emportée un peu vite en cognant du plat de ma main contre la vitre, mais je détestais que l'on se rie de moi, et j'avais eu le sentiment que c'était ce que Darren avait fait. Il parut surpris de ma réaction et sembla s'en défendre après m'avoir parlé de nouille à détendre. Je ne compris pas mais cela n'avait pas l'air bien important.
Je me calmai rapidement, néanmoins curieuse de ce qu'il avait à dire. Il était si différent, il me parlait vraiment, et je crois qu'il m'était rarement arrivé d'avoir de réels échanges tels que celui-ci depuis mon arrivée, surtout aussi longs. Je soulignait également le fait qu'il ait menti sur ce qu'il faisait ici, un fait qui attisa une nouvelle fois ma méfiance naturelle. Mais son argumentation me parut cependant sincère. Je commençais, de ce fait, à être convaincue qu'il ne cherchait pas à me faire du mal. Et la notion de vérité paraissait avoir une importance capitale à ses yeux.
Je me contentai de hocher la tête d'un air pensif, étant désormais un peu plus éloignée de la vôtre qui nous séparait. Il reprit ensuite un ton de voix plus clément et j'acquiesçai tristement à son interrogation sur mon hypothétique enlèvement.

- Je vivais sur une île avec les miens. Ils les ont tués, et comme j'ai survécu, ils m'ont ramenée ici dans un oiseau de métal, un avion c'est ça ?

J'avais encore la cicatrice de la balle qui m'avait blessée ce jour-là et je l'aurais sans doute toute ma vie. Un trou dans l'épaule gauche, le bronze céleste s'était fiché dans l'os de mon épaule. L'adrénaline m'avait empêchée de perdre connaissance, à ce qu'il paraît.

Repenser à ce jour noir me peinait toujours autant, et Darren me sortit de ma macabre rêverie en prononçant mon prénom. Je relevai les yeux vers lui et lui expliquai pour mes ailes, mais comme je m'en doutais, il ne comprit pas. Les humains n' avaient pas d'ailes, eux. Ils ne pouvaient pas se rendre compte de la perte irremplaçable que cela représentait.

Mais soudain, il déclara quelque chose qui fit briller mon regard. Il disait pouvoir m'aider. A sortir. Sortir !

- Vraiment? demandai-je bouche bée, un peu hébétée.

Il me dévoila son plan. J'acquiesçai lentement.

- Je vais essayer.

Je peinais à croire que cela soit possible, et si ça échouait, que m'arriverait-il ? Rien de pire que ce que j'avais déjà subi, vraisemblablement. J'étais impatiente d'y être. Je me roulai en boule, tachant de me couvrir au maximum pour me couper de l'air froid qui sortait du haut du mur. J'avais les mains et les pieds gelés et je commençais à être fatiguée. Je ne tardai pas à m'endormir, plus apaisée que les autres fois car accrochée a ce nouvel espoir.

J'avais is bien dormi, malgré le froid, que je ne les entendis pas déverrouiller la porte. Grossière erreur. Comme j'avais horreur d'être réveillée en sursaut ! Ils m'avaient attrapée par les bras pour me mettre debout. J'en avais perdu ma couverture. Mon réflexe premier fut de vouloir m'envoler, c'était l'instinct, mais évidemment, cela m'était désormais physiquement impossible, et je tombai en avant de tout mon long. Relevée une seconde fois avec toujours aussi peu de délicatesse et traînée sans ménagement hors de la cellule vitrée, je sentis l'odeur de Darren. Il était bien là, comme promis. Je devais arracher un des deux badges. Par chance, le duo était le même que celui que le gentil humain et moi avions envoyé à l'infirmerie plusieurs jours auparavant. Je le débattons soudain en essayant de crier, mais ma voix ne sortit aucun son paralysant, évidemment, mais avec l'effet de surprise, je parvins à décrocher discrètement le badge de celui que j'avais moi-même assommé à coup de pied la semaine précédente. Son collègue s'empressa de le défendre en m'envoyant un coup de matraque en bronze céleste dans l'épaule, mais ma mission était accomplie, le badge était tombé et avait glissé à l'autre bout du couloir tandis que je m'agitai suffisamment pour faire diversion. Celui que j'avais agressé se vengera en m'envoyant un coup dans la mâchoire, ce qui me sonna un peu. Mais j'étais résistante.

"- L'abîme pas trop sinon on va se prendre un blame."

Et c'est ainsi qu'ils me trainèrent jusqu'au laboratoire principal.




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Sujet: Re: Alea jacta est   Sam 13 Fév - 23:44
Darren White
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Alea jacta est




Sa méfiance à mon égard était réelle et en de telles circonstances je ne pouvais que comprendre que l’arrivée d’un élément perturbateur puisse engendrer en elle encore plus d’inquiétude. On l’avait tellement mal mené qu’un simple « salut, je ne vous veux aucun mal » ne serait suffire. Je ne connaissais que trop bien ce sentiment de méfiance, mais je préférais chasser de mes pensées tout ce qui avait un lien, de près ou de loin avec mon passé. Ce n’était certainement pas le moment, d’ailleurs, ça ne l’était jamais et c’était mieux ainsi. Pour l’heure, j’avais mieux à faire que de déterrer mon passé, je devais me focaliser sur la jeune femme avec laquelle je tentais tant bien que mal de communiquer. Et alors que je me perdais en paroles, tout en laissait paraître au grand jour, mes automatismes de journalistes, Licinia – quel prénom harmonieux – accepta de me livrer quelques bribes de son histoire. Une petite victoire, car si elle consentait à se confier, c’est qu’elle était en confiance. Ou alors étais-je encore trop naïf ?

Ce qu’elle fit entendre me glaça le sang. Il était donc question de meurtre et à grande échelle puisque de toute évidence, plusieurs personnes avaient été assassinées. Si seulement j’avais eu de quoi écrire, j’aurai pu prendre en notes cette dramatique histoire et mettre en lumière chacun des mots de la demoiselle. Des mots qui malgré leur quotidienneté, revêtaient un quelque chose d’exotique dans la bouche de la demoiselle. Peut-être avait-elle mal traduit, ou peut-être avais-je mal compris, mais elle ne semblait pas au fait de l’existence des avions. Impossible, car même sur une île, on voit passer des avions. Et puis ne sommes-nous pas en 2021 ? Il faudrait vivre totalement reclus et coupé du monde, pour ne pas savoir ce qu’est un avion. Pour ne pas la blesser, car elle semblait assez susceptible, je préférais garder mes remarques pour moi. C’est alors qu’elle se mit à me parler de ses ailes. Avais-je bien entendu ?

Passé les quelques explications, le sujet de toutes mes attentions se tut, sûrement ému d’en avoir trop dit. Je m’en voulais alors de laisser ma curiosité journalistique prendre le dessus au détriment de mon empathie. Je voulais (devais) comprendre, c’était plus fort que moi. Chose étrange, malgré ma curiosité maladive et l’absence de réponse concernant ces fameuses ailes, je me surpris alors à faire une promesse à cette jeune femme qui me touchait plus que de raison. Elle reporta presque aussitôt son regard aux accents sucrés sur moi, laissant paraître cette petite étincelle de vie qui lui faisait défaut jusqu’alors.

« - Oui vraiment ! Et puis en toute honnêteté, je ne pourrais plus me regarder dans un miroir si je ne fais rien pour vous aider à sortir de cet enfer. » Un plan se dessina dans ma tête presque comme ma magie. J’étais indubitablement inspiré, au grand dam de mes collaborateurs qui au mieux, me passeront le plus royal de tous les savons. Si vraiment, il était question de meurtre, je risquais gros cette fois, bien plus que toutes les merdes auxquelles je m’étais exposé jusqu’alors. Soit ! Il n’y a pas de vérité sans risques. C’était mon crédo, mon mantra, mon leitmotiv, ma motivation… Enfin bref, ne nous perdons pas en digressions. Je devais rester concentré pour moi et pour elle.

« - Je ne vais pas vous laissez tomber, je vous le promets. D’accord ? » Et c'est sur ces mots, que je revenais sur mes pas et quittais le plus discrètement du monde, cette zone qui ne faisait pas partie de mon secteur. Le regard fixé sur le cadran de ma montre, j’achevais mes basses besognes, avant de retourner au vestiaire pour me changer et récupérer mes affaires, prenant grand soin de ne rien laisser derrière moi.

Autant vous dire que l’emphase tant attendue lorsque j'eus regagné le bureau, ne fut pas au rendez-vous, ni les cotillons d’ailleurs. J’avais tout dit à M avant de solliciter mon meilleur ami, avocat de renom et accessoirement associé de Lys investigation. Évidemment, en plus d’être foireux, mon plan était à leurs yeux bien trop risqué si vraiment, il était question de meurtres. Il me fallut ensuite batailler durant une partie de la nuit pour leur faire entendre raison et convaincre Sebastian de me suivre, lui qui de nous deux, était le plus à même de prétendre être la voix de la raison. M quant à elle, avait insisté pour que je glane le plus de preuves possibles pour avoir un moyen de pression. La micro-caméra allait donc faire son grand retour.

« J’en ai marre de me répéter Darren, mais je m’inquiète pour toi. Comme toujours, tu t’échines à prendre un nombre incalculable de risques. Encore une fois, tu pousses ton principe de quête de la vérité trop loin. »

« - Seb, c’est mon travail. »

« Non, c’est ton obsession et c’est comme ça depuis des années. Tu n’es pas responsable de la disparition de ta sœur. » Il se ravisa très vite ensuite, car il savait plus que quiconque, qu’il y avait des sujets à ne pas évoquer ici. Mais je mentirais si je prétendais ne pas avoir eu une vraie discussion avec mon meilleur ami qui avant de mettre les voiles, me confia les clés de son appartement de l’Upper East Side.

La nuit fut courte, j’étais incapable de trouver le sommeil. Je repensais à tout ce qui s’était dit, mais plus encore, je n’avais de cesse de penser à Licinia, hanté par son regard et cette détresse inquantifiable autant que pouvait être la mienne lorsque je repensais à ma sœur. « Garde la tête froide Darry ! » Sa voix résonnait à nouveau dans ma tête m’obligeant à m’enfouir le visage sous l’eau avant de me l’essuyer. J’étais fin prêt. Dès lors, il me fallait regagner les locaux, puis le vestiaire après avoir présenté comme à l’accoutumé, mon badge. Arrivé sur place et après avoir salué toutes les personnes que je croisais sur mon passage, j’achevais de me préparer, disposant dans mon casier mon sac à dos. J’avais prévu des fringues supplémentaires pour que Licinia puisse se fondre dans le décor. Paré, je m’en allais récupérer mon matériel, tâchant d’exécuter le plus rapidement possible mes tâches pour ensuite regagner ma petite planque et attendre patiemment l’arrivée de la demoiselle en détresse et de ses deux geôliers. Armé de ma micro- caméra, j’avais pris quelque instantané jusqu’à l’arrivée du trio que j’entrepris d’immortaliser tout en priant pour que ma complice parvienne à subtiliser l’un des badges qui pourra ensuite me permettre de la délivrer.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’y allaient pas de main morte avec la demoiselle. Une violence que j’avais capturé tout en repérant à terre, le badge de l’un des affreux. « - Bien joué » murmurais-je en les voyant s’éloigner. Le temps jouant contre nous, je me précipitais dès lors pour récupérer le badge que je glissais dans l’une de mes poches l’air de rien avant de retrouver mon petit placard d’observation. J’avais la bougeotte et voilà que je ne tenais déjà plus en place, alors pourvu d’une énergie nouvelle et armé de ma micro-caméra, je quittais – malgré les risques – mon repère pour m’approcher de la cellule de Licinia que je filmais de l’extérieur. « - C’est dans cet espace qu’est retenue notre victime. Il n’y a aucune fenêtre et très peu d’espace comme vous pouvez le voir. Le mobilier est tout aussi Spartiate. » Toujours aux aguets, je continuais à filmer avant de finalement rebrousser chemin, car mon instinct me criait à vive voix de retourner sur mes pas pour me planquer et ne pas tout foutre à l’eau juste pour avoir des images supplémentaires.

Il s’écoula un certain temps avant que la captive et ses deux geôliers du jour, ne reviennent. Mâchoires serrées – ulcéré par l’état de la jeune femme – je prenais sur moi pour ne rien perdre de la scène, qu’une fois encore, j’immortalisais avec ma caméra gadget. L’impatience me gagnait à nouveau, mais je me devais de la dompter pour ne pas tout foutre en l’air.

« Ca l’a bien calmé. Il faut bien qu’elle comprenne qu’ici elle ne fait pas sa loi. Foutu hybride ! » lança celui qui portait une paire de lunettes avant d’être corrigé par son camarade qui tenait fermement Licinia. « Non, ce n’est pas une hybride. Mais une foutue Stryge. Tâche de ne pas l’oublier. » Il déverrouilla la porte de la cellule avant de pousser son ménagement « la jeune femme. » Moi, je demeurais quelque peu interdit suite à ce que je venais d’entendre. Avais-je seulement bien entendu ?

Les deux abrutis me passèrent devant, mettant un terme à ma réflexion et libérant la voie. Je savais dès lors que j’avais peu de temps avant de me foutre dans la merde. « - Aller Darry, ce n’est pas le moment de flancher. » Sans attendre, je sortais de ma poche le badge subtilisé à l’un des trous du cul pour ensuite me précipiter vers la porte de la cellule. « - On va avoir très peu de temps avant que le type qui n’a plus son badge s’en rende compte. Je vous ai apporté des vêtements pour que vous puissiez sortir en toute discrétion. Tout est dans le vestiaire. Et j’ai un ami qui m’a prêté son appartement, vous pourrez vous y cacher. Vous êtes prête ? »


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Sujet: Re: Alea jacta est   Ven 19 Fév - 1:10
Licinia Alis
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Je fus horrifiée de découvrir que le directeur de ce lieu horrible que j’abhorrais au plus haut point était là. Il m’attendait aux côtés du scientifique en chef et je savais alors que le moment que je passerais là serait encore moins agréable que d’habitude.

Le temps qui s’écoula dans cette salle beaucoup trop blanche pour le bien de mes yeux fut une donnée hors de ma portée. Mais cela me parut de toute façon trop long. J’avais eu peur, j’avais eu mal, j’avais été angoissée, terrifiée et j’avais aussi eu peur que le plan de Darren ne soit découvert et que lui et moi ne finissions morts.

J’étais épuisée et à bout de force quand enfin satisfaits de leurs tests, le scientifique et le directeur déclarèrent que je pouvais repartir. Je n’eus même pas la force de marcher, les deux sales types durent me traîner dans les couloirs. Je crois que j’avais perdu connaissance une ou deux fois pendant le temps passé dans ce laboratoire sordide avec l directeur encore plus sordide. Pendant le trajet, j’entendais les deux scientifiques qui me ramenaient parler entre eux, mais leurs voix me paraissaient si lointaines… Je sentis l’air frôler mon visage d’une manière différente avant que mon corps ne heurte le matelas. Ils venaient de me jeter sur le lit avant de refermer la porte vitrée et de quitter les lieux.
Mon esprit flanchait et j’eus l’impression de m’endormir quand soudain, la voix de Darren qui chuchotait vint à mes oreilles. Mes yeux se rouvrirent et je le cherchais du regard, le coeur serré. Il avait dit la vérité, il était revenu pour moi, pour m’ouvrir la porte. Je ne compris pas tout ce qu’il me dit, comme un appartement prêté, aucune idée de ce que cela voulait dire, mais je tâchai de rassembler mes forces pour me relever.

Le contact du sol froid sous mes pieds qui avaient du mal à me porter me réveilla un peu. Darren me demanda si j’étais prête. Avais-je le choix ? L’opportunité ne se représenterait peut-être jamais. Alors je me mis debout, regrettant une fois de plus de n’avoir pas mes ailes pour soulager mes jambes qui avait reçu trop de coups ou d’injections. Je m’accrochais à l’humain pour m’aider, je n’arrivais pas à marcher seule sans perdre l’équilibre, il me fallait un peu de temps pour récupérer.

- Oui, prête. Allons-y, pitié, faites-moi sortir.

Je n’avais aucune idée de ce que je trouverais dehors. Quand on m’avait emmenée, j’avais perdu connaissance dans l’oiseau de fer qu’ils appelaient avion, et je m’étais réveillée dans une salle blanche similaire à celle que je venais de quitter à l’instant. Ce fut là qu’ils retirèrent la balle de mon épaule et coupèrent ensuite mes ailes après m’avoir piqué la gorge avec des aiguilles pleines de produits horribles qui m’empêchaient de les paralyser avec mon cri.
Je laissai donc Darren me guider dans ces couloirs, j’étais totalement perdue, passant par des endroits que j n’avais jamais vus. Mon coeur battait la chamade, j’étais terrifiée à l’idée qu’on nous trouve. Mais s’il y avait une chance pour que je recouvre ma liberté, même une chance infime, je voulais la saisir. Et si Darren était cette chance, alors je m’y accrochais.

Nous arrivâmes donc dans ce qu’il appelait un vestiaire. J’ignorais à quoi servaient tous ces immenses placards métalliques, mais Darren avait l’air de maîtriser la situation. Je m’assis sur le banc pendant qu’il ouvrait. Il avait dit qu’il avait des vêtements pour que je me change. J’avais compris, depuis le temps, que les humains parvenaient à se distinguer avec ce qu’ils portaient. Les scientifiques portaient tous du blanc par exemple. Les gens comme moi enfermés portaient une combinaison d’une couleur spéciale. Je n’avais aucune idée de ce que Darren allait me donner mais je me défie donc de la blouse que je portais. Mon corps était couvert de marques, ecchymoses et hématomes plus ou moins récents, la cicatrice dans mon épaule gauche, et les deux grandes dans mon dos où, avant, étaient plantées mes ailes, étaient visibles. Moi, je ne les avais jamais vues, je n’avais pas vu mon reflet très souvent depuis que j’étais ici, à part rapidement dans les vitres.

Chaque mouvement me faisait mal mais je prenais sur moi, je voulais tellement quitter cet endroit horrible, je voulais être libre, voir le soleil, les arbres, la nature…
J’observai les vêtements qu’il me sortit et il dut comprendre à mon regard que j’étais un peu perdue.

- Vous pouvez m’aider? S’il vous plaît.

J’étais rarement polie avec les humains que je croisais, parce qu’ils ne me donnaient pas envie de l’être, mais Darren était différent, alors je faisais un effort malgré mon état présent.



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Sujet: Re: Alea jacta est   Lun 22 Fév - 23:40
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Alea jacta est




J’avais pris quelques clichés/vidéos avec la micro-caméra transmise par les bons soins de M. Toutefois, le plus important demeurait ailleurs. Bien au-delà de l’esprit journalistique et de l’envie de pondre sur mon blog un article à sensation, j’avais fait une promesse à Licinia et j’avais bien l’intention de la tenir. Car j’avais bon nombre de défauts, mais je demeurais un homme de parole envers et contre tous. De ce fait, j’étais prêt à tous les risques pour la tenir cette satanée promesse.

Badge en main et sans réfléchir, je m’étais rué vers la cellule pour en déverrouiller sa porte. Mon cœur se serra presque instantanément lorsque mon regard se posa sur la jeune femme qui me faisait face. Elle était incapable de se tenir debout sans assistance. Que lui avait-on fait pour qu'elle en soit réduite à ça ? Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. « - Je vais vous aider. » Malgré le temps qui nous faisait défaut, je ménageais chacun de mes gestes pour ne pas la brusquer. « - Voilà, mettez tout votre poids sur moi. On va se tirer d’ici je vous ai fait une promesse, je vais la tenir. »

Dans ma tête, fourmillaient mille et une questions, mon cœur quant à lui avait augmenté sa cadence. Nous pouvions nous faire prendre à n’importe quel moment et je préférais ne pas penser à ce qui pourrait advenir de nous. « - Ça va ? » m’enquis-je à nouveau. « - On est presque arrivé, on a presque fait le plus gros. » Je n’étais sûr de rien, mais quitte à la rassurer, autant me rassurer aussi. Par chance, nous pûmes assez rapidement rejoindre le fameux vestiaire, vide à cette heure de la journée. Je la fis asseoir sur l’un des bancs à disposition tandis que je récupérais toutes mes affaires dans mon casier. Je m’activais, conscient du danger et alors que je me retournais pour confier de nouveaux vêtements à la jeune femme à mes côtés, je la découvris nue. Je fus d’abord gêné avant d’être choqué par l’état de son corps couvert de profondes cicatrices pour la plupart et de bon nombre d’ecchymoses et d’hématomes.

« - Bordel qu’est-ce qu’ils vous ont fait ? » Chacun de ses mouvements lui était pénible, si bien qu’elle sollicita mon aide. « - Oui bien sûr. C’est bien la moindre des choses. » Je pris sur moi pour ne pas laisser la gêne me paralyser. « - On va commencer par le bas. Vous pouvez vous appuyer sur moi pour passer le pantalon. » Ce qu’elle fit non sans difficulté. Puis je l’aidais à enfiler le haut prenant soin de boutonner chacun des boutons de la chemise que je lui avais prêtée. « - C’est un peu grand, mais ça fera l’affaire. » J’achevais de réunir toutes mes affaires avant de déposer sur la tête de Licinia une casquette rouge. « - Il y a des caméras à certains endroits. Avec ce que vous avez sur la tête, ils ne verront pas votre visage. Allons-y, ne trainons pas. Nous allons rejoindre l’ascenseur. » Ma main se glissa dans la sienne et nous voilà parti en direction de l’ascenseur où une fois encore, je passais mon badge en pianotant sur le clavier numérique. « - Je sais que c’est dur, mais il faudra prendre sur vous quand on sera à la surface d’accord ? Gardez la tête baissée et restez près de moi. Tout va bien se passer, je vous le promets. »

Très vite, nous regagnâmes le premier étage. Sac sur l’épaule, j’avançais en arborant un air décontracté. Le plus dur était derrière nous, mais tout resté à faire.


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