Une journée de repos ordinaire.

Ce jour-là, j’étais de repos. Mais comme on dit, il n’y a pas de repos pour les braves. Mon travail exige une forme olympique. Alors, repos ou non, j’étais dans l’obligation de m’entretenir. Mais ceci dit, ça ne me posait pas de problème, j’avais toujours beaucoup aimé les activités sportives. Mon réveil sonna à 4h comme tous les matins. Je me levais et j’allais me préparer une boisson protéinée à base de fruits frais. Je mettais de la musique et une fois ma boisson terminée, j’allumais mon téléphone. Je filais ensuite sous la douche. Une fois dehors, je me brossais les dents et je me mettais en tenue de sport.

Je prenais mes clefs, mon permis de conduire et une pièce d’identité ainsi que mon téléphone et je me rendais à ma voiture pour aller au parc. L’avantage d’arriver à cette heure-là, c’est qu’il n’y avait personne. J’avais un dispositif qui me permettait d’accrocher mon téléphone à mon bras sans que je ne sois dérangée pour courir. Je mettais mes écouteurs dans les oreilles et je commençais ma séance d’étirements. Il faut toujours en faire avant de faire du sport pour éviter de se blesser d’avantage. Une fois le tout fait, je me mettais à courir avec ma musique dans les oreilles.

Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais je me sentais franchement déprimée. Entre mes parents, ce n’était clairement pas la joie, j’étais toujours célibataire et avec le travail que je faisais, je ne pourrais jamais avoir une vie normal. Non, clairement, aujourd’hui, ça n’allait vraiment pas. J’étais forte, je l’avais toujours été, mais je ne sais pas, j’avais besoin de craquer je crois. A force de toujours vouloir faire bonne figure devant les gens, on finit par avoir besoin de craquer. Personne ne pourrait me voir alors, ce serait l’idéal.

Soyons honnête, depuis la soirée au Guggenheim, entre Haytham et moi, c'était compliqué. Je ne pensais pas que je verrais un jour un tel regard de sa part se poser sur moi, et pourtant ce fut le cas. Je l'avais blessé, il s'était senti trahi en comprenant que j'avais repris du service au BEM sans le consulter. En même temps, il n'aurait pas voulu, et je ne prenais d'ordre de personne. De plus, je le faisais pour sa sécurité et celle de ses filles. La discussion qui avait suivi mon retour à la maison, en piteux état malgré quarante-huit heures au BEM à être rafistolée par leurs médecins, avait été houleuse. Nous avions taché de rester courtois devant Eileen, mais une fois notre fille couchée, ce fut différent. Dans la nuit, une seconde discussion avait eu lieu et même s'il avait semblé qu'une séparation ne soit plus au goût du jour, je savais qu'il avait besoin de temps.

Le goût de la culpabilité était amer. Je n'en avais pas l'habitude et sincèrement, j'espérais ne jamais la prendre. J'avais décidé de retourner m'entraîner un peu. Il était tôt et Hay et Eileen dormaient à poings fermés. De mon côté, les cauchemars avaient refait leur apparition, alors j'étais éveillée depuis longtemps.
Central Park était l'endroit idéal pour un petit footing matinal. Il y avait rarement du monde a cette heure-ci en semaine. De toute façon, je détestais les gens. C'était paradoxal quand on sait que j'avais choisi de bosser au BEM pour les protéger. En fait, je ne les aimais pas spécialement mais je ne voulais pas qu'il leur arrive malheur non plus. Une sorte de solidarité à la con inter-espèce.
J'avais vécu a New York pendant dix-sept ans avant de retrouver Haytham et qu'ensuite nous ayons dû fuir à la Nouvelle-Orléans. Cette ville, je la connaissais plutôt bien, même si quelques changements étaient à dénombrer en cinq ans d'absence. Je me sentais chez moi et quelque part, j'étais heureuse malgré tous les soucis actuels.

J'avais fini ma course et m'étirais un peu. J'étais sur le point d'entamer des pompes quand une silhouette au loin m'interpella. Je reconnus Maisie. Décidément. Je décidai de m'approcher d'elle. Si elle voulait que eu dégage, elle était assez grande pour me le dire.

- Salut ma grande, lançai-je une fois à sa hauteur.

J’étais complètement perdue dans mes pensées. La musique dans les oreilles, je n’entendais rien d’autre. J’espérais vraiment que mon père et Tamara allaient se réconcilier. Ils avaient tous les deux un très fort caractère donc ça n’aidait pas vraiment à la communication. Mais je savais qu’ils étaient suffisamment intelligent pour ne pas s’engueuler devant ma petite sœur. Mais cette dernière n’était pas stupide, elle devait sentir que quelque chose clochait entre ses parents. Une silhouette familière se dessina à côté de moi. Je retirais mon écouteur et j’éteignais ma musique que j’avais tendance à écouter un peu trop fort par moment.

J’arrêtais ma course pour pouvoir lui parler et reprendre ma respiration en même temps. « Salut Tamara, comment tu vas ? » Elle me connaissait bien assez pour savoir qu’elle n’était pas du tout obligée de me répondre. Tout en lui parlant, je profitais de ma pause pour m’étirer afin de prévenir les courbatures. « Est-ce que tu veux que l’on s’entraîne ensemble ? » La solitude commençait à me peser un peu dans tous les sens. Que ce soit au niveau sentimental mais aussi amical. Et puis, je me doutais que Tamara avait besoin de se changer les idées.

Voir Maisie me rappelait à la fois ma dispute avec son père, mais également ce travail qui en était la cause. Et bien sûr l'attachement que j'avais pour cette fille. Elle me rappelait un peu moi parfois, avec sa détermination naturelle. Elle était forte et intelligente,e t je me doutais qu'elle souffrait de savoir que son père était contrarié à cause de moi. Tout ce que j'espérais, c'était qu'elle ne m'en voulait pas trop.
J'en fus rapidement fixée avec sa réponse, elle était comme d'habitude et cela me rassura. J'esquissai un sourire à sa réponse. Quoi lui dire ? Je ne pouvais pas dire que ça allait au top, puisque je savais qu'Haytham m'en voulait, même s'il tâchait de faire bonne figure. Peut-être même qu'il ne me faisait plus confiance. Mais d'un autre côté, toute la famille allait bien, le B. E. M n'était pour le moment pas un danger pour Eileen, alors je m'estimais heureuse.

- Ça peut aller, me contentai-je de répondre avec un léger haussement d'épaules. Et toi ?

Cependant, la suite me conforta dans l'idée que nos relations n'avaient pas changé, Maisie me proposa de nous entraîner ensemble. Je hochai la tête avec un petit sourire.

- Avec plaisir. Quoi de neuf ? Ça fait un moment qu'on n'a pas eu l'occasion de parler.

Je m'approchai des arches de métal servant aux entraînements. Ce coin du parc était bien équipé. Attendant sa réponse, je commençai à faire des tractions. Une bonne vingtaine pour commencer.

Je savais très bien que la tension était vraiment palpable entre mon père et Tamara. Ils avaient tous les deux des caractères très forts, donc il était normal que ça fasse des étincelles. Mais je n`étais pas là pour la juger ni pour lui en parler. Si elle en avait envie, elle le ferait. Dans le fond, le plus important pour moi, c’était que ma petite sœur ne soit pas impactée par tout ça.  Elle se contente d’hausser les épaules en me disant que ça allait, je n’allais pas insister d’avantage. Et pour tout dire, j’étais contente de la voir.

« Oui, je vais bien. » Enfin, en apparence, j’en avais vraiment marre de travailler pour ces enfoirés. J’arrivais à un tournant de ma vie, où j’avais envie d’avoir une vie normal. Une vie sans mensonge, une vie de famille comme Tamara et mon père avec, pourquoi pas, un enfant à la clef. Cette dernière avait l’aire heureuse de s’entraîner avec moi et c’était tant mieux. Je me mettais au sol pour commencer une série d’abdos. « Absolument rien… » Et malheureusement, c’était vrai, à part mon travail, mes séances de sport et aller aider mon père au restaurant, ma vie était vraiment plate.

J’avais pourtant essayé de me trouver un mec, mais c’est vraiment compliqué de devoir vivre dans le mensonge pour sa sécurité et la mienne. Plus le temps avançait, plus je me disais que j’allais vraiment finir vieille fille avec un chat et mourir de la même manière. Mon père avait, lui aussi envie que je me trouve quelqu’un. Il m’en avait parlé la dernière fois que j’étais partie l’aider et j’avais coupé court à la conversation. « Dis, je pense à quelque chose, ça va se passer comment quand la petite va aller à l’école? »

Non car tôt ou tard, ça aller arriver et ça allait-être risqué. Elle avait une force surhumaine et on va dire que sa future institutrice n’était vraiment pas prête à voir ça. Un accident pourrait arriver très vite et il valait mieux l’éviter. Je ne voulais pas qu’elle nous soit arrachée, je ne me le pardonnerai jamais. Mais en même temps, je trouvais quand même important qu’elle puisse se faire des amis afin de sociabilisé. Car à part notre père et Tamara, elle n’avait pas forcément l’habitude de voir des gens. Je l’aimais tellement, je voulais le meilleur pour elle.

M'entraîner avec Maisie, qui était ma belle-fille en plus d'être ma collègue, donnait un semblant de normalité à ma vie. Je l'appréciais et quand j'avais appris que nous étions du même côté, cela m'avait rassurée.

Je me doutais qu'elle était au courant dès petites frictions qu'ils y avait eu entre son père et moi suite à cette soirée au Musée. Haytham était très mécontent de mon retour au Bureau et même si nous avions eu une discussion lors de on retour après trois jours de convalescence dans l'infirmerie de nos locaux, la tension était présente.

-Bon, on va pas tourner autour du pot dix ans, ton père fait un peu la gueule depuis la mission au musée. Il a compris que j'étais revenue au Bureau et ça ne lui plaît pas. Il préfère penser que c'est plus dangereux de ne pas y être que d'y être, comme un gentil bizounours. On n'a pas la même stratégie, c'est tout. Ça lui passera.

Ma série de tractions terminée, je lâchait les arches de métal pour atterrir au sol et attaquer des pompes tandis que Maisie reprenait la parole. Sa question me tira un haussement de sourcils.

- Comment ça ? Elle va y aller, c'est tout. Comme une fillette de son âge. On a commencé à lui expliquer que nous ne voyions pas les mêmes choses chez les gens et qu'il ne fallait pas le dire à d'autres personnes que nous. Elle sera prête, ne t'en fais pas.

Après une vingtaine de pompes, je le redressai pour la regarder.

- Justement, je voulais te demander un truc. Toi, ça a commencé quand, tes... Capacités ?

Pour Eileen, il semblait que cela avait commencé avant notre retour aux États-Unis... Pourtant chez les demi-dieux, la norme était a la puberté. Pourquoi une fillette de quatre ans à peine voyait les être mythologiques tels qu'ils étaient et avait déjà une force démesurée pour son âge ? Je ne voulais pas me risquer à faire des recherches sur le sujet car de toute façon, il semblait que ce ça soit unique... Mais que que Maisie avait le même père que ma fille, cela valait la peine de lui poser la question.

Tamara vida son sac. Elle avait arraché le pansement d’un coup, préférant sans doute passer à autre chose. Je pouvais très bien le comprendre. Je savais que ce n’était pas la joie entre eux en ce moment et pour tout dire, ça ne me regardait pas. Mais pour moi, ils avaient tous les deux torts et tous les deux raisons sur certains points. J’avais arrêté ce que j’étais en train de faire, afin de pouvoir mieux l’écouter. Oui, je savais que ça allait lui passer, mais je pouvais aussi comprendre qu’il était inquiet, tout comme je comprenais aussi le point de vue de Tamara.

« Tu te doutes que je suis au courant. Je ne suis pas là pour dire qui à tort et qui a raison. Car pour moi, vous avez tous les deux torts et raison. J’espère juste que l’on va un jour pouvoir vivre une vie normale car en ce qui me concerne, je commence vraiment à en avoir marre de toujours devoir vivre dans le mensonge et de ne pas pouvoir avoir une vie de couple comme je le souhaiterai pour ces raisons… »

Car oui, la situation commençait vraiment à me peser et quand je regardais autour de moi, je faisais le triste constat de n’avoir personne dans ma vie à part ma famille. Le sujet dévia ensuite sur ma petite sœur et mon inquiétude. Mais Tamara avait l’air d’être plutôt détendue face à la situation. Ce qui n’était pas du tout mon cas. « Oui, je me doute que vous lui avez expliqué, mais ça reste une enfant Tam… Si un jour elle se met en colère, tu crois vraiment qu’elle va rester calme? » Non car la petite avait clairement le caractère de Tamara quand elle se mettait en colère. Moi je pouvais le gérer, mais sa future institutrice?

« Exactement au même âge qu’elle. Sauf que ma force est arrivée plus tard sans que je ne sache trop pourquoi. Je me souviens que quand je voyais des choses que les humains ne considèrent pas normal, j’en parlais à mon doudou lapin. Car ma mère m’avait expliqué que je ne devais le dire à personne d’autre, sans quoi, om pouvait être séparée à jamais. Et ma force est arrivée vers mon adolescence. Autant te dire que certaines personnes ont vraiment pris cher. J’étais tellement en colère contre tout et contre tout le monde. »

Je soupirai. Oui Maisie était au courant, son père avait dû lui parler en lui donnant sa version des faits, mais je ne cherchais pas à avoir l’avis de ma belle-fille ni son arbitrage. Je l’écoutais néanmoins avant de répondre à mon tour.

- Ne te vexe pas, mais ce que tu penses, je m’en fous, c’est pas à toi d’arbitrer tu as raison. Le seul tort que je peux éventuellement avoir, c’est de ne pas lui avoir dit, mais si on comptabilise le nombre de coups en douce qu’a fait ton père depuis qu’on s’est retrouvés, alors qu’il avait promis de ne plus le faire, je pense que pour cette seule et unique fois, je peux bien avoir la paix. Quant à avoir une vie normale, la seule solution est de les faire péter de l’intérieur, et c’est bien pour ça que je suis revenue.

C’était, à mon sens, le seul moyen pour que nous ayons tous la sainte paix, pour qu’Eileen et Maisie puissent vivre en sécurité. Ça allait plus loin qu’un simple désir de vengeance pour ce qui avait été fait à ma mère, contrairement à ce que pensait Haytham.
Je regardai Maisie avec un sourire en coin.

- Tu veux être en couple, toi ? Tu me déçois, je te pensais pas de ce bois-là. Les sentiments, c’est un piège. L’amour, ça fait chier. On est obligée de tout justifier, de faire attention à tout… Sincèrement, profite de ta vie de célibataire avant que cette merde te tombe dessus.

Nous évoquâmes ensuite Eileen, Sa grande sœur semblait inquiète pour sa scolarité. Moi, ce qui m’inquiétait, c’était qu’elle puisse se retrouver avec Chiron et les autres dégénérés à sabots dans cette colonie où je n’aurais pas accès. J’écoutai Maisie répondre à mes questions concernant l’apparition de ses capacités.

- Je comprends pas pourquoi vous avez commencé à voir plus tôt que les demi-dieux. Mais ne t’en fais pas, si tu avais compris les explications de ta mère, Eileen comprendra les nôtres aussi. Et si elle gaffe, on mettra ça sur le dos de ses amis imaginaires.

Je ne pus m’empêcher de rire quand la fille d’Haytham expliqua que certains avaient pris cher quand ses forces s’étaient développées, tellement elle était en colère.

- Ah ça, la petite botteuse de cul était déjà en toi.

Je venais de terminer mes étirements et remuais présent mes chevilles et mes poignets.

- Et puis tu seras là aussi, elle aura la chance d’avoir sa grande sœur qui la comprend mieux que personne.

J’avais l’impression de parler comme Haytham, mais je me souvenais aussi de ce que c’était d’avoir grandi avec quelqu’un que j’aimais, Hsy avait été là, et Maisie le serait aussi pour Eileen.

Tamara me balança tout ce qu'elle pensait sans filtre. Et je ne me vexais pas, elle avait raison aussi. Sauf sur le fait d'avoir tout fait en douce. Les cachoteries ce n'est jamais bon pour un couple, surtout quand un enfant se trouve au milieu de tout ça. Mais en ce qui me concernait, j'étais bien décidée à aider Tamara dans son combat. Il fallait que tout ça cesse d'une manière ou d'une autre. La seule chose qui m'inquiétait, c'était que si on mettait le BEM hors d'état de nuire, comment on allait protéger les humains des méchantes et dangereuses créatures que ces derniers ne pouvaient pas voir ? Finalement, c'était une question que je ne m'étais pas posée. J'étais bien trop vocalisée sur détruire le BEM. Je voulais connaître l'avis de Tamara sur la question.

"Ah mais je ne me vexe pas du tout, bien au contraire ! C'est votre couple et pas le mien." J'haussais les épaules. "Oui, je dois bien admettre que papa n'a pas vraiment assuré de ce côté-là. Tu sais très bien que je te suis sur ce coup-là. Mais j'ai quand même une question à te poser, si on fait tout péter le BEM sera mort. Comment on va faire pour protéger les humains des créatures dangereuses?"

Je poussais un long soupire. "Sérieusement ? C'est vraiment ce que tu penses ? Pourtant tu as quand même vécu des bons moments avec mon père. Mais si pour toi c'est vraiment une plaie et si c'est vraiment ce que tu ressens, alors pourquoi est-ce que tu restes avec lui ? Non car si C'est jute pour ma sœur ou pour sauver les apparences, je ne vois pas l'intérêt. Et oui, je sais comment ça marche Tam.  J'ai déjà eu des mecs aussi incroyables que ça puisse paraitre. Et oui, j'ai aimé être en couple et tout justifier comme tu dis ça ne m'a jamais posé de problème. Car quand tu aimes vraiment une personne, c'est normal que ça te rassure de savoir avec qui elle est et ou en cas de souci. Après, tu as des mecs qui en abusent, mais avec mes ex, ca n'a jamais été le cas."

On parlait ensuite de ma sœur et je m'inquiétais un peu pour elle. Car elle a eu écarté les barreaux de son lit quand elle était plus jeune. En ce qui me concernais, c'était quelque chose que je n'avais jamais fait. Mais Tamara avait l'air relativement zen. "Oui, je ne sais pas du tout pourquoi moi non plus. C'est une bonne idée en effet. La connaissant, je suis certaine qu'elle va écouter. C'est une petite fille très intelligente." Je riais sur ce qu'elle venait de dire. "Tu n'as pas idée à quel point tu as raison." Je reprenais mon sérieux. "Oui, je serai toujours là pour elle. Si tu es prête on court encore un peu ? Ou tu préfères un petit corps à corps ?"

Je connaissais bien assez Tamara pour savoir que cette dernière adorait cette discipline autant que moi. En plus, elle était une adversaire à ma hauteur, ce que j'appréciais particulièrement. Car ceux du BEM, c'était vraiment trop facile. Avec Tamara, j'avais au moins un minimum de challenge.

Je n'avais pas mâché mes mots, mais je savais Maisie tout aussi franche du collier que je pouvais l'être. Ma relation avec son père avait toujours été un peu compliquée mais nous nous aimions. Je reviendrais sur ce point après. La question de ma belle-fille était pertinente. J'esquissai un sourire.

- Nous avons notre botte secrète : Marvin. Il maîtrise à la perfection la technologie du Bureau, ce qui nous permettra de continuer à protéger les Mortels. La seule différence, c'est qu'on je s'acharnera pas sur n'importe qui.

Pour moi, il était évident qu'étant au courant de la réalité, il était de notre devoir d'assurer la protection de nos semblables, mais avoir retrouve Hay il y avait de cela six ans m'avait ouvert les yeux sur le fait que pas tous les demi-dieux étaient nuisibles. Il fallait donc nuancer.

Puis, je donnais mon avis à Maisie sur l'amour. Pour moi c'était une plaie. Elle semblait ne pas comprendre.

- Tu ne comprends pas. Si je suis avec ton père, c'est parce que je l'aime. Si je ne l'aimais pas, je n'aurais pas fait autant de sacrifices et je n'aurais sûrement pas gardé Eileen. Tu sais que je ne voulais d'enfant ? Ce que je veux dire, c'est que j'aimais être célibataire, je trouvais cela plus reposant et moins contraignant. J'ai pas choisi d'être amoureuse d'Haytham. Ce sont des sentiments que je me traîne depuis que je suis gamine et je pense que je ne m'en déferai jamais. C'est comme ça. J'aime cet imbécile plus que tout, c'est foutu pour moi maintenant. Mais toi, t'as encore une chance.

Elle semblait ne pas partager ça. Après tout, ça la regardait. Je haussai les épaules. Après avoir échangé sur les capacités qu'elle et Eileen avaient eu plus précocement que les demi-dieux, ma belle-fille me proposa de continuer. Quand elle évoqua un corps à corps, mon regard s'illumine.

- La baston bien sûr!

J'étais imbattable au tir mais j'avais besoin de rester entraînée au combat. Et je savais qu'avec elle, je n'aurais jamais de meilleur prof. Je m'installai sur mes appuis, les bras repliés en défense, me tenant prête.

- Quand tu veux, demi-portion!

J’aimais beaucoup la vision de Tamara sur ce qu’elle prévoyait pour continuer de protéger les humains. En revanche, un petit grain de sable me dérangeait dans cette équation. « C’est une excellente idée, il n’y a pas mieux que Marwin pour cette mission, mais tu ne penses pas que nous devrions recruter et monter notre propre boite? Car il faut être réaliste, on ne sera pas assez nombreux pour tout assumer. Le BEM a vraiment de très gros moyens, mais je sais que je ne t’apprends rien du tout en te disant ca. » Eh oui, il serait clair qu’on ne mettrait pas tout le monde dans le même panier contrairement au BEM.

Je préférais changer de sujet, car je savais de source sûre, que je ne serai jamais d’accord avec Tamara sur le sujet de l’amour. J’avais vraiment envie de le vivre tout comme elle, j’avais envie de trouver une personne avec qui partager ma vie et qui sait, peut-être fonder une famille. Je ne comprenais pas comment elle pouvait-être autant blasée de la vie sur ce sujet. « Une chance de finir vieille fille avec un chat? C’est un beau plan d’avenir, j’en suis vraiment toute excitée d’avance… »

« On a pas la même vision de la chose, mais en tout cas, je te remercie de m’avoir donné ton point de vue sur la question. » On passait ensuite aux choses sérieuses. Je connaissais très bien Tamara et je savais que cette dernière avait un faible pour les combats au corps à corps. Je savais aussi qu’elle était la seule à être à la hauteur de se battre contre moi. D’ailleurs, cette dernière ne se fit pas prier et se mit rapidement en position de défense. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Je connaissais ses points faibles.

« Bien, alors on y va. » Tu vas voir de quoi elle est capable la demi-portion… Mais je n’allais pas y aller à fond tout de suite. Dans un premier temps, j’essayais simplement de la maîtriser afin de voir comment elle allait faire pour ce sortir de cette mauvaise situation. Au moins, les conditions étaient réalistes pour elle. Et puis, je reconnaissais bien volontiers que non seulement elle était douée mais qu’en plus, j’avais toujours adoré me confronter à elle. Je me souvenais de notre premier corps à corps. Je ne l’avais pas ménagée et j’aurai pu me faire prendre au piège.

Je comprenais les inquiétudes de Maisie concernant le BEM et la relève de celui-ci. Si eux avaient de mauvaises intentions sous couvert de bonnes, nous, c'était different. Ma belle-fille et moi savions que tous les demi-dieux n'étaient pas dangereux et pour ma part, je souhaitais continuer ma mission de protection des Mortels en étant réaliste sur les dangers, et non tirer sur tout ce qui bougeait comme au début.

- Tu oublies que moi aussi j'ai des moyens. En effet, quand on se sera débarrassées des fous furieux, on pourra se créer notre propre agence. Mais une chose à la fois.

Je ne p'us m'empêcher de rire face aux craintes de Maisie de devenir vieille fille avec un chat. Ma belle-fille savait me faire rire comme personne avec ses états d'âme.

- Et ce serait dramatique ? Les chats, eux, ils ne font pas de cachotteries et ils ne te jugent pas. Enfin je crois. Et de toute façon, dès que tu voudras ramener quelqu'un, ton père va lui exploser les phalanges alors ça limite quand même...

J'esquissai un sourire en coin. Nos échauffements étaient terminés, nous allions pouvoir commencer les choses sérieuses. Je savais que Maisie était plus forte que moi physiquement, ce qui m'obligeait à chercher d'autres astuces pour parvenir à la mettre au tapis. Ma spécialité était le tir, mais eu devais impérativement me tenir en forme pour les affrontements au corps à corps. Surtout avec ma double casquette.

Je tentai donc une approche, parant des coups, en envoyant d'autres avant d'essayer une prise de judo.

« Oh non, je n’oublie pas, je sais très bien que tu as des moyens. Pour tout te dire, j’ai vraiment hâte que l’on puisse ouvrir notre propre agence. Je me sens un peu comme un super héro qui protègent les humains des créatures mal attentionnées. » J’haussais un sourcil, Tamara était clairement en train de se moquer de moi quand je lui ai dit que je risquais de finir seule avec un ou plusieurs chat.  « Un chat n’a pas autant de conversation qu’un humain. Et en ce qui concerne mon père, détrompe toi, il m’a dit tout le contraire. Il aimerait que je trouve quelqu’un et il a précisé même si c’est une fille je m’en fiche. »

Mais on arrêtait de parler et on passait aux choses sérieuses, l’entrainement au corps à corps.  J’avais toujours adoré cette discipline. Je ne savais pas comment on pouvait préféré tuer une personne avec une arme alors qu’on pouvait la maîtriser de cette manière. J’avais toujours eu une sainte horreur des armes à feux. Je n’avais jamais eu de mauvaises expérience avec, mais je trouvais que c’était lâche et trop facile. Sans compter que grand nombre de personnes tirent sur les autres quand ils sont de dos.

Même si Tamara avait arrêté le terrain depuis un certains temps, elle avait encore tous ses reflex. Finalement, c’était un peu comme le vélo, ça ne s’oubliait pas. Elle réussissait parfaitement à bloquer mes coups tout comme j’arivais à bloquer les siens. Je restais sur mes gardes et j’étais très concentrée sur notre entrainement. Cette dernière me fit une prise de judo que je ne vis pas venir. J’essayais donc de me dégager de sa prie afin de pouvoir la bloquer complètement. Est-ce que j’allais y arriver ? Si oui, je la bloque et je la jette plus loin si non, c’est elle qui allait avoir le dessus.