Event hivernal

Voir Tam tentait de se montrer sociable, amusait le demi-dieu plus qu’il ne l’aurait cru. Oui, Tam faisait peut-être un peu tache au milieu des bonhommes de neige et autres activités proposées en ces lieux. Mais pour Eileen, elle était prête à cet effort et le Marsien, bien qu’un brin moqueur, respectait cela.

« — Bien sûr que c’est froid ma chérie, c’est de la neige. » Ça paraissait si logique pour lui, mais moins pour la petite qui n’avait jusqu’alors, connu qu’un climat tropical. Tam observait elle aussi la scène, avant de demander à son cher et tendre, si son stand proposait un peu de sa boisson fétiche ; ce qui lui valut bien évidemment une réponse négative de l’intéressé.

« — Je rêve où tu viens de me traiter de criminel ? J’ai juste été prévoyant, parce qu’à coup sûr, si j’avais proposé du café, tu m’aurais dévalisé le stock. Cependant, je peux te proposer un délicieux chocolat avec de la guimauve. Je sais que ça te rappelle de bons souvenirs. » Assez bons pour le convaincre d’aller en prendre, mais c’était sans compter sur une arrivée surprise.

« — Hey bonjour ! » lança le plus sociable des deux, ravi de rencontrer la jeune femme qui avait soigné sa fille d’une part et aidé lors de la soirée chaotique au musée. La petite Eileen, elle-même, avait reconnu la médecin qu’elle s’empressa de saluer à sa façon. « — Ah oui, ça c’est sure qu’elle ne tient pas de toi pour la sociabilité. » Mais la bonne humeur fut de courte durée malheureusement ; et pour cause, Melissa venait de faire savoir à mi-mots qu’un ennemi potentiel était en présentiel, ce qui obligeait la petite famille à se séparer. Consciencieux, Hay chercha du regard la cible, sans la trouver. « — Vous en êtes sûr ? » Tamara avait déjà pris les devants, sans même le consulter en amont ; ce qui avait le don de l’agacer.

« — Au pire tu m’envoies un SMS non ? Fais gaffe quand même. » Et c’est sans un regard qu’elle s’éloigna, laissant le demi-dieu seul avec sa fille et Melissa. « — Et dire que pour une fois, je rêvais d’une sortie en famille. » Eileen observa sa mère s’éloigner sans trop comprendre pourquoi d’ailleurs.

« — Maman va revenir Leen, ne t’en fais pas. » Il reporta son attention sur l’autre demi-dieu en présence. « — Vous savez qui vous avez repéré ? Cette personne était au musée lors du vernissage ? »

  
Clairement, ces festivités n'étaient pas pour moi. Si j'en doutais encore, j'en étais maintenant pleinement convaincue. Entre les stands de babioles inutiles, les distributions de sucreries et les ribambelles d'enfants qui courraient en tout sens en piaillant à tout va...oui, j'avais eu ma dose pour cette année. Sans parler des couples qui déambulaient main dans la main avec une cadence de alanguie et mollassonne, ou qui s'arrêtaient sans prévenir pour se prendre en photo -voire même de demander à quelqu'un de le faire pour eux- devant une décoration ou un endroit stratégique du parc. Ce fut d'ailleurs le cas, et je poussais un ostensible soupir de mauvaise humeur lorsqu'une petite blonde ( @Calliope Highpics) se proposa aider le jeune couple à se faire tirer le portrait. Luttant pour ne pas envoyer le téléphone valser dans la neige, je préférais tourner la tête, me préservant de voir la mimique de la femme. On est pas responsable de la tête que l'on a, mais en revanche, on est responsable de ce qu'on en fait...sans doute aurait-elle mieux fait de s'en préoccuper au lieu d'arborer ce cul-de-poule ridicule face à l'objectif. Lamentable...

Après quelques brefs instants, ils terminèrent leur cirque et je pus avancer de nouveau. Du moins, c'est ce que je pensais. Mais c'était sans compter sur la présence de l'une de mes subordonnées qui apparu soudainement dans mes jambes. Je secouais la tête, blasée au possible. ❝Pourquoi faut-il toujours que je tombe sur vous ?❞ soupirais-je en ne manquant pas de lui témoigner toute ma lassitude. Si encore, il s'agissait d'une employée que j'appréciais...passe encore. Mais c'était précisément tout le contraire pour ce qui était de Tamara. Je l'écoutais cependant me déblatérer des platitudes eh haussant un sourcil. ❝Qu'est-ce que vous me racontez encore, Lond. Je me fiche complètement de votre café.❞ déclarais-je sèchement sans y mettre les formes. Je n'en avais pas la patience. J'étais fatiguée, et cet environnement festif avait déjà tout pour m'agacer. Rajoutez-y Tamara et c'était la goutte d'eau de trop. ❝Ce qui est scandaleux, c'est de voir que la plupart des lignes de transports ont été bloquées pour ce soir. Alors pour perdre du temps...ah ça oui, j'en perds du temps, vous pouvez me croire.❞ rouspétais-je en croisant les bras, espérant lui faire comprendre qu'elle me retardait encore avec ses histoires de café à la noix. Ceci dit, concernant ces histoires de bus, elle n'y était pour rien : mais malgré tout, c'était satisfaisant de trouver une responsable pour se plaindre. Après tout, c'était elle qui avait déboulé devant moi, ce n'était pas mon problème si la conversation ne se déroulait pas selon ses projets. Dans le meilleur des cas, elle me laisserait tranquille. Tiens, vas voir dans la cabane du père Noël si j'y suis, Lond et laisse-moi rentrer chez moi. On s'est déjà assez vues au bureau. Si les choses continuaient ainsi, j'allais finir par croire que l'agent tentait en réalité de me suivre...

  

Le trio de demi-dieux, en escapade loin du camp de la Novum Olympus, arpentait les allées du marché hivernal, en quête d'amusement. Le détenteur du collier de Somnus, dérobé à Chiron, ne se rendait pas compte que le pouvoir de l'objet s'immisçait dans son esprit et avait une influence sur celui de ses camarades.

« Regardez ça, les mecs ! » commença-t-il avec malice en désignant un stand de douceurs.

Dès que le regard de ses comparses se posa sur le stand, toutes les boissons tenues par les clients se renversèrent, et les gobelets tombèrent par terre. Les adolescents semi-divins se mirent à ricaner alors que les victimes, souffrant de brûlures, se plaignaient bruyamment.

« Pas mal ! Je suis sûr qu'on peut faire mieux. Laissez-moi essayer ! » demanda le deuxième.

Il prit le collier et se tourna discrètement vers l'atelier de bonhommes de neige. Chaque fois que quelqu'un essayait de planter une branche, une carotte ou un caillou dans la boule de neige formant le corps ou la tête, l'élément repartait avec violence vers l'envoyeur, créant des lésions superficielles sur les enfants ou les adultes.

« À mon tour ! » réclama le troisième qui, prenant possession du collier divin, chercha à son tour quelque chose d'original.

Son regard se posa sur les guirlandes lumineuses présentes en grand nombre un peu partout. Aussitôt, celles formant une sorte de ciel étoilé tombèrent lourdement, faisant chuter plus ou moins gravement nombre des personnes se trouvant en-dessous.

Les jeunes gens gloussèrent de plus belle, se faufilant dans les allées. Sur leur passage, les dégâts infligés se reproduisaient tels un sortilège. Ainsi, les boissons se renversaient automatiquement, tous les bonhommes de neige décoratifs envoyaient leurs branches telles des lances sur les passants alentour et les guirlandes tombaient sur les visiteurs.


CONSIGNES
Vous pouvez laisser le hasard vous dire si quelque chose vous touche avec un dé de 6 :
1/ Une boisson chaude
2/ Un élément de bonhomme de neige
3/ Une lourde guirlande lumineuse
4/ Une personne paniquée vous rentre dedans
5/ Vous choisissez
6/ Rien

- Pour l'instant, ce n'est pas grave, mais beaucoup de monde s'inquiète et la panique peut s'avérer plus dangereuse que les petites blagues... Attention !

- Essayez de répondre en moins d'une semaine. Vous pouvez poster autant de fois que vous le voulez du moment qu'au moins une personne poste après vous.

  
Darren n'eût pas le temps de me répondre qu'on commença à voir des gens s'agiter tout autour de nous. Je regardai en direction des différents stands et ce que je vis me parut tellement invraisemblable que j'eus dû me frotter les yeux pour y croire.
Des tasses de chocolat chaud se renversaient sans raison apparente, des guirlandes lumineuses tombaient sur un passant alors qu'elles tenaient parfaitement bien quelques secondes auparavant. Mais ce qui était le plus bizarre à mes yeux se déroulait au stand de fabrication de bonhommes de neige.

On avait l'impression que la neige se rebellait contre son façonneur. Les cailloux étaient projetés vers l'avant, les branches ne voulaient pas se planter pour servir de bras et les carottes, matériau indispensable pour faire le nez, repartait avec force en direction des personnes présentes autour.
Les blessures commençaient à se compter par dizaine. Qu'est-ce qu'il se passait ici ? Qui était derrière tout ça ? Qui osait donc mettre le bazar durant cet événement festif et familial ? Une énigme s'ouvrait devant moi, une enquête impromptue allait donc commencer.

Je m'excusais d'un mot auprès de Darren et de son amie. J'attrapai mon appareil photo et partis le long des allées afin de découvrir le fin mot de tout cela. Je pris des clichés de tout ce que je trouvais anormal et qui sortait de l'ordinaire.
A chaque coin d'allée, quelque chose de différent attirait mon regard. Et ce fut là que je remarquai trois jeunes adolescents qui riaient des malheurs des pauvres passants. Ce que je trouvais surtout pas normal, c'était que rien ne leur arrivait à eux trois.

Je pris la décision de les suivre, à bonne distance bien entendu. Et ce que je vis me mit encore plus la puce à l'oreille. A chaque fois qu'ils s'arrêtaient à un endroit, une catastrophe se produisait. Toujours les mêmes choses, un arrêt de leur part, un gobelet se reversait, une guirlande tombait ou un accessoire de bonhomme de neige se rebiffait.
Et ce fut là que je vis un objet brillant dans la main d'un des jeunes. J'étais un peu trop loin pour reconnaître ce qu'ils possédaient. Je pris mon objectif le plus performant et fis un zoom le plus net possible. En regardant mon écran, je reconnus un collier mais il me semblait ancien et carrément pas à la mode.

J'attrapai mon portable et pris une photo de l'écran. J'envoyai l'image aux seules personnes que je connaissais capable de connaître ce genre de bijou. Mes parents. En attendant leur réponse, je partis me mettre à l'abri et hors de vue des fauteurs de trouble.

Tamara avait donc trouvé le danger potentiel pour son mari et sa fille : sa supérieure du B.E.M. Si la discussio avec cette dernière était loin d'être agréable, au moins, Tam la tenait suffisamment occupée pour qu'elle ne se rende pas en direction du stand d'activité bonhommes de neige où se trouvait Eileen, et s'il fallait pour cela entendre Caldwell râler sur sa propre présence en ces lieux, la stupidité des gens, le plaisir fou qu'elle avait à la rencontrer et les blocages de métro, alors elle l'endurerait.

Bordel elle est encore pire que moi... Je suis sure qu'Eileen lui trouverait une ressemblance avec le Grinch... Il me faut un café...

Puis, Tam se demanda l'espace d'une seconde si elle renvoyait le même type d'image qu'Elisabeth... Avant que finalement une sorte de vent de panique ne commence. Quoi, ils avaient tous peur de Caldwell ? Instinctivement, l'agent de terrain regarda autour d'elle et constata que des guirlandes lumineuses étaient tombées sur des gens, que d'autres avaient vu leurs chocolats chauds se renverser sur eux, et que des égratignures se faisaient voir sur les jours ou les bras des enfants en pleurs dont les parents parlaient des... bonhommes de neige ? Le coeur de Tam se serra, sa fille était là-bas avec la jeune femme de l'hôpital... Et Heytham, où était-il ? S'il y avait quelqu'un pour qui elle ne se faisait pas trop de souci niveau bobos, c'était lui. Avec sa force surhumaine et sa capacité de régénération, ce n'était pas une guirlande ou une branche qui en viendrait à bout... Mais leur fille...

- Bien, alors à demain...

Elle s'apprêtait à rebrousser chemin quand quelqu'un lui rentra violemment dedans, ravivant la douleur à son épaule. Instinctivement, l'agent de terrain attrapa ce projectile humain et l'envoya vers Caldwell. Sans la viser bien sûr... Advienne que pourra. Et aussitôt, elle s'éclipsa dans cette cohue de personnes paniquées suite aux événements inexplicables. Son coeur battait la chamade, elle voulait retrouver sa fille, mais les gens allaient tous en sens inverse, la bousculant de toutes parts. Tamara contracta tous les muscles de son corps et tentait de se frayer un passage à coup d'épaules et de coudes. Tant pis pour eux, ils n'avaient qu'à pas paniquer comme de grosses dindes ! Mais tout était si chaotique que son sens de l'orientation vint à se brouillet. Il fallait dire que les décorations lumineuses tombaient les unes après les autres et que certains stands se voyaient bousculés par la foule en panique. Tam s'arrêta, regardant autour d'elle pour trouver des points de repères. Elle observa les buildings autour du parc et parvint à retrouver la direction du stand des bonhommes de neige où elle avait laissé Eileen. Mais serait-elle encore là ?

J'étais heureuse, je passais du temps avec Darren et il me montrait son monde de Mortel, les choses qu'il aimait voir, faire et boire. Venir dans ce genre d'endroit décoré de fausses étoiles qui tenaient sur des fils, avec des cabanes où les Mortels échangeaient des papiers verts contre des choses à manger ou à boire, et faire des drôles de choses comme construire des idoles sphériques avec de la neige, une façon sans doute d'exorciser cette horrible matière froide. Tout ceci faisait visiblement partie de sa vie, il semblait tout connaître et tout apprécier. Alors, moi aussi je voulais apprendre à apprécier tout ça et que cela devienne normal pour moi. Il s'amusait à capturer mon image, mais elle ne renvoyait pas vraiment à ma vraie nature, car sur son écran, je ressemblais à une Mortelle. J'étais étonnée de voir cela, mais au moins, je savais comment il me voyait. Sans mes griffes, sans mes dents, et bien sûr sans mes ailes que je n'avais plus.
Darren voulut me faire goûter une de ses boissons préférées apparemment, il disait même que sa mère lui en préparait quand il était petit. Je songeai à la mienne... La seule chose qui se rapprochait de la sensation qu'il dépeignait en buvant du chocolat chaud était celle que j'avais quand je buvais du sang de demi-dieu. J'étais cependant curieuse de ce breuvage surmonté de petits morceaux de cervelle sucrée qu'il appelait guimauves. Une fois qu'il avait fait son troc, nous pûmes y goûter. Je n'étais pas habituée au goût sucré mais je finis par m'y habituer et à apprécier.

- Oui, c'est bon, répondis-je avec un sourire enthousiaste.

Il voulut reprendre une photo de moi, ce qui me fit rire. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi les Mortels attachaient tant d'importance à cela, mais si c'était normal, alors je le ferais aussi. Puis, Darren proposa de m'emmener dans cette immense roue qui tournait toute seule et dans laquelle nous pouvions prendre place sans se faire écraser. Je trouvais cela fantastique.
Bien vite, nous voilà installer et quand la chose se mit à bouger, j'eus l'impression de décoller à nouveau. C'était merveilleux de ne plus toucher terre, d'être dans les airs. Je retrouvais cette sensation de liberté que j'avais à l'époque quand je pouvais voler. Le sourire ne quittait plus mes lèvres en regardant en bas les Mortels qui devenaient tout petits.

- Oh Darren c'est merveilleux, c'est comme si on volait !

Je profitais de cet instant, puis, il nous fallut en sortir. Les boissons étaient terminées, et le temps de jeter les godets dans ce qu'ils appelaient une poubelle, une Mortelle blonde vint nous parler. Elle connaissait Darren, c'était une qui travaillait avec lui. Je lui souris, c'était ce qu'il fallait faire je crois. Mais nous n'eûmes pas le temps de discuter bien longtemps que soudain, des cris se firent entendre. D'abord peu, puis plusieurs personnes. J'observais autour de moi et je vis que les fausses étoiles décoratives en fils tombaient lourdement sur les gens, que les boissons que nous avions bues se renversaient sur ceux qui en avaient encore dans leurs mains. Et les Mortels semblaient très inquiets et commençaient à hurler et courir dans tous les sens. Je regardai Darren, me demandant ce qui se passait.

- C'est normal ça ?

Est-ce que cela faisait partie de la tradition ? Les gens couraient autour de nous et je sentais l'odeur du sang des petits Mortels qui m'enivrait. Je sentis soudain une vive douleur qui me tira un feulement avant que je n'attrape ce qui me provoquai cette douleur : une petite branche qui s'était plantée dans mon bras. Je l'en sortis d'un coup sec en poussant un grognement avant de la briser en deux d'une main.

- Qui a fait ça ?

Là, j'étais furieuse, mon regard s'était assombri. Je ne voulais plus qu'on me fasse mal, surtout des Mortels.

Quand j’étais enfant, c’était une époque lointaine et révolue depuis longtemps. Étrangement, je n’avais que des bribes de souvenirs de cette période : des images diffuses, des sensations et la plupart d’entre elles étaient liées à ma mère. Et c’est ainsi que je me rendais compte qu’elle me manquait même après toutes ces années, autant que Lys et tous ces souvenirs d’une vie qui ne nous appartenaient plus. Mais je n’avais pas le droit de gâcher ce moment de découverte pour Lici. Pour une fois, elle pouvait voir quelque chose de bien dans nos traditions de mortels. Et puis, ça me faisait du bien de la voir sourire et peut-être s’épanouir pour mieux se fondre dans le paysage.

Nous savourions un bon chocolat chaud avec quelques guimauves flottant à la surface. Une fois n’est pas coutume, je revêtais la casquette du pédagogue pour donner quelques explications à ma belle stryge, qui se demandait pourquoi des « mini-cerveaux » flottaient dans sa boisson chaude. « — Les enfants adorent la guimauve, ça te fait un point commun avec eux », ai-je plaisanté, partagé entre l’ironie et l’appréhension quant à la façon dont elle allait le prendre. Mais elle gardait son doux sourire et acceptait de me suivre jusqu’à la Grande Roue, l’attraction phare des lieux. Et sans vouloir me jeter des fleurs, j’étais à peu près sûr que ça allait lui plaire. Je ne prenais donc aucun risque.

Une fois les billets achetés, nous avons pris place dans l’une des nacelles et quelques secondes plus tard, nous avons commencé à monter progressivement, comme si nous étions pourvus d’ailes. Son regard s’illuminait à mesure que nous gagnions en hauteur. J’étais fier de l’effet que cela lui faisait. « — Je savais que ça te ferait plaisir de retrouver l’espace d’un instant cette impression de liberté », ai-je dit. Malheureusement, cette impression était de courte durée, et nous avons bientôt dû redescendre sur terre. Alors que j’allais proposer une autre attraction, une voix familière m’a interrompu : « — Hey Callie ! » Mais avant que je puisse répondre, l’atmosphère a changé. Des cris ont retenti ici et là, et certaines personnes se sont mises à courir. Je ne comprenais pas, mais en observant attentivement les stands, mon incompréhension s’est muée en appréhension. Les gobelets se renversaient sans raison sur leurs propriétaires, qui subissaient diverses brûlures. Puis, certains objets ont commencé à voler sur les enfants et les adultes qui se trouvaient près du stand de bonhomme de neige.

« — Ce n’est pas normal ! » Les guirlandes, telles des serpents, se mettaient à bouger après avoir lourdement chuté sur quelques visiteurs. Les petits bonhommes de neige, à peine terminés, semblaient maintenant enclins à s’animer. « — Il faut se… » Callie était déjà partie, son appareil photo en main, prête à prendre quelques risques pour immortaliser l’instant. Lici se mit alors à feuler et je compris pourquoi en voyant une petite branche traverser son bras. « — Laisse-moi regarder, c’est peut-être grave ! » Lici ne me laissa pas l’examiner et retira rapidement l’objet de sa colère.

« — Je ne pense pas que des mortels soient derrière tout ça. Lici, regarde-moi ! Il y a quelque chose de bizarre. Il faut essayer d’aider les gens et les mettre à l’abri. D’accord ? Eux ne pourront pas se défendre contre une créature ou un demi-dieu. » Je cherchais Callie du regard, mais elle semblait avoir disparu, ce qui ne me rassurait pas le moins du monde. Je réalisai immédiatement que quelque chose clochait et qu’il fallait agir rapidement.

Haytham n’appréciait pas de voir Tam s’éloigner, même si elle était capable de se défendre. Il aurait aimé prolonger ce moment de normalité, mais la réalité l’a rappelé à l’ordre sous la forme d’agents du B.E.M. Ainsi, il laissa Eileen à Melissa. « — Bon, je vais finalement vous laisser un peu, » déclara-t-il, sur ses gardes et scrutant les alentours. « — Je reviendrai bientôt. » Eileen comprit aussitôt que son père était également sur le départ, alors elle s’agrippa à sa jambe, ralentissant son départ.

« — Mon chaton, papa va juste faire un petit tour, je te promets de revenir vite. Si tu es sage, tu auras le droit à de la barbe à papa », a-t-il dit en souriant pour rassurer la petite fille. « — Tu restes avec Melissa, tu la connais un peu », ajouta-t-il avant de la serrer une dernière fois dans ses bras et de se tourner vers Melissa. « — Vingt minutes suffiront-elles ? » Mais n’ayant que peu d’alternatives, il dut s’en convaincre et après un dernier câlin, il s’éloigna d’Eileen, le cœur lourd.

La séparation avec Eileen avait laissé Haytham avec un goût amer, et il cherchait sa femme du regard sans succès. Il s’est alors dirigé vers son stand, où il a commandé une boisson chaude tout en observant la recette du jour. « — Vous avez bien géré les jeunes, c’est génial ! » a-t-il félicité avant que des gobelets ne commencent à se renverser mystérieusement. « — Merde ! » Malgré sa ferme prise sur son propre gobelet, il a été renversé par une force invisible. Puis, un premier cri se fit entendre, émanant du stand de bonhomme de neige. Haytham, inquiet, se mit à chercher sa fille des yeux. C’est alors qu’un autre cri d’effroi retentit tout près, faisant hurler les enfants et provoquant une panique générale. « — Mettez-vous à l’abri ! » s’écria-t-il, en s’adressant à ses employés. Sa main brûlée par le chocolat le faisait souffrir, mais sa plus grande peur était de perdre Tam et Eileen dans cette cohue.

Il se faufila entre les allées, prenant soin d’éviter la foule et les multiples projectiles qui mettaient en danger la sécurité de tous. Il essayait également de ne pas trop attirer l’attention sur lui tout en tenant son portable à la main pour essayer vainement d’appeler Tamara. Soudain, une foule compacte accourut de partout et plusieurs guirlandes se détachèrent, créant une vague de panique qui obligea le demi-dieu à se protéger contre les assauts de la foule. « Poussez-vous ! » cria-t-il en vain, la peur étant plus forte. Non sans mal, il se mit à l’écart pour analyser la situation, mais les branches de bois fendaient l’air, ajoutant au chaos. Malgré tout, Hay remarqua une jeune femme blonde appareil en main, qui semblait suivre quelqu’un de près. Il lui était facile de la prendre en filature, mais pourquoi se plier à une séance photo alors que le danger était présent à chaque instant ?

« — Hey, vous ! » lança-t-il à la jeune femme en évitant de peu une carotte. « — Qu’est-ce que vous faites ? Vous devriez vous mettre à l’abri pour votre sécurité. »

  
Tamara comprit rapidement la précarité de leur situation. Elle s'en alla dans la direction par laquelle je les avais rejoint. Je regardais la jeune Eileen qui, malgré la mauvaise nouvelle que je venais de donner à ses parents, continuait avec toute son insouciance à fabriquer son bonhomme de neige.
Haytham resta quelques instants à mes côtés comme si l'information que je venais de donner avait du mal à être digérée. Il me posa même la question, savoir si j'étais vraiment sûre de moi. Je lui fis un signe affirmatif de la tête. Je m'approchai de la nièce d'Angel et me mis à sa hauteur.

"Coucou ma chérie. Tu te souviens de moi ? Comment va ton bras ? Il ne te gène pas trop ? Tu veux bien que je reste avec toi et que tu m'expliques comment on fait un super bonhomme de neige ?"

Je fis signe à son père qu'il pouvait y aller, j'allais prendre soin d'elle pendant le temps nécessaire. Il nous laissa à la confection de la créature de glace. Je regardai la jeune fille qui était appliquée à sa tâche, un peu de calme dans ma vie tellement éreintante.
Et, comme si le Destin voulait contrarier mes projets, des mouvements de foule commencèrent dans chaque travée du marché de Noël. Je me levai afin d'avoir un meilleur regard sur la situation. Des gens recevaient des guirlandes sur la tête, d'autres souffraient de brûlures dues à leur boisson chaude qui s'était renversée.

Je reportai mon attention sur la petite tête blonde dont j'avais promis aux parents de prendre soin. Et ce fut là que je vis la suite des catastrophes. Par pitié, pas une nouvelle soirée comme au musée, je n'avais pas envie de nouveau de devoir transformer un coin du parc en salle des urgences.
Je me concentrai de nouveau sur Eileen et sur les autres créations autour de nous. Les carottes se rebellaient, les branches attaquaient les créateurs, les cailloux canardaient les passants. Les passants bousculaient tout sur leur passage dans leur furieuse envie de mettre le plus de distance entre eux et le bazar du marché.

Dans tout la confusion qui commençait à nous entourer, j'attrapai la nièce de mon chéri et partis pour nous mettre à l'abri le temps d'avoir un meilleur aperçu de la situation ou le retour de ses parents. Le temps d'arriver dans un endroit sûr, j'eus à éviter plusieurs guirlandes électriques et je fus bousculée à de nombreuses reprises.
Je continuai coûte que coûte ma route et assurai ma prise sur la petite fille que je tenais fermement dans mes bras. J'étais impressionnée par le calme et la tranquillité de la petite Eileen malgré la cohue qui nous entourait. Je pus souffler au moment où nous fûmes enfin hors de danger.

"Je vais envoyer un message à ton père pour lui dire où nous sommes et qu'on va bien. On va rester tranquillement ici jusqu'à ce qu'il vienne nous chercher. Ca te va ma chérie ?"

  
Indéniablement, la soirée ne se déroulait pas vraiment selon mes vœux, et la situation se détériora davantage lorsque Lond vint s'incruster dans mon sillage, sale cabot errant parmi les passants. Pourquoi fallait-il que ce soit  sur moi qu'elle choisisse de s'appesantir ? C'était déjà assez pénible de devoir la côtoyer au bureau, sans qu'elle vienne s'imposer en-dehors du temps de travail. D'autant plus que j'eus la désagréable impression qu'elle ne m'écoutait pas du tout. Lançant fréquemment des regards par-dessus mon épaule, elle ne participait guère à la conversation et la ponctua d'ailleurs prématurément. Si j'avais alors eu la sensation d'être reléguée au second plan, je finis moi aussi par tourner la tête alors que bon nombre de guirlandes lumineuses dégringolaient sur les malheureux à proximité. Encore un péquenaud qui a installé le matériel à la va-vite. Décidément, les gens qui font bien leur travail sont de plus en plus rares, songeais-je en posant un regard équivoque sur Lond. Elle faisait partie de ceux-là, même si elle continuait de se voiler la face.

Aux accidents électriques virent s'ajouter d'autres maladresses : les stands furent bien vite mis à mal, et tout s'apparenta à une gigantesque farce savamment orchestrée. Les gobelets se renversèrent systématiquement sur leurs propriétaires, des mouvements de foule commencèrent à se former ça et là et même les bonhommes de neige semblaient se rebeller face à cette joie de vivre propre aux fêtes de Noël. Je fronçais les sourcils, trouvant tout ceci bien trop soudain pour ne pas être louche. Mais avant que j'eus l'occasion de faire part de ma théorie à Lond, celle-ci esquiva un homme qui lui fonçait dessus et elle pivota pour me l'envoyer sans que je puisse le retenir. Nous nous cognâmes frontalement et je laissais échapper une exclamation de surprise avant de le repousser vivement :❝Tout va bien, merci.❞ fis-je en essayant d'éviter tout contact superflu avec l'inconnu, n'étant pas quelqu'un de très tactile. De fait, il ne se passa pas trois seconde avant qu'un nouveau projectile vint me tamponner à l'arrière du crâne et je vis un caillou tomber à mes pieds.❝Aïe!❞ protestais-je instinctivement en frottant l'endroit de l'impact. Si j'avais eu davantage de réflexe, sans doute me serais-je servie de l'homme comme bouclier contre ce projectile mais il fallait bien avouer que je n'avais pas vu venir. L'homme non plus, bien qu'il se soit montré courtois et s'était confondu en excuses lorsqu'il avait atterri dans mes bras. Et pendant ce temps, Lond s'était évidemment carapatée on ne sait-où, bravant la foule de plus en plus agitée.    
Je resserrais mon manteau, frissonnant non pas des températures hivernales mais en réaction aux souvenirs de cette nuit douloureuse au musée. Les choses avaient commencé ainsi, par un mouvement de panique. Je déglutis, anxieuse. Non non non. Jusqu'ici figée, je fis quelques pas à reculons, avant de repartir dans le sens inverse en revenant sur mes pas. Non, pas une seconde fois. Je ne veux pas revivre ça. Jamais. Je devais sortir d'ici.
Tout de suite. Maintenant.

  
Une fois à l'abri, je continuai à observer chacune des photos que je venais de prendre. Rien n'avait de sens pour moi. Quel pouvait être le lien entre ce bijou que tenaient ces jeunes et les objets qui tombaient ou agressaient les passants ? J'étais tellement concentrée sur mes clichés que je n'entendis pas cet homme bizarre s'approcher de moi et me conseiller de ne pas rester dans le coin.
Je le regardai avec sûrement une grimace sur le visage ainsi qu'avec la furieuse envie de l'envoyer bouler. Je me contentai de lever les yeux au ciel et replongeai dans mon travail de recherche et d'investigation. Mon téléphone se mit enfin à sonner et je me précipitai sur mon écran afin de lire la réponse de mes parents.

" Ca ressemble au collier du Dieu romain Somnus, dieu du Sommeil." avais-je pu lire.

Comme à mon habitude, je partis sur Google pour approfondir mes recherches. Rien dans tout ce que j'avais pu retenir des exposés de mes parents sur la mythologie ne faisait tilt dans mon cerveau concernant cet artefact ou ce dieu. Donc, vive internet, Wikilogie et une connexion WIFI de très bonne qualité.
"Dans la mythologie grecque, Hypnos (en grec ancien Ὕπνος / Húpnos) est le dieu du sommeil, l'équivalent de Somnus chez les Romains. Il est le fils de Nyx et le frère jumeau de Thanatos, la personnification de la Mort. Il est aussi le père de Morphée, dieu des rêves et des Songes. Ses attributs sont le pavot et la corne."

La page ne commençait qu'avec des banalités, rien de très intéressant et pas d'évocation de ce collier. Allais-je devoir appeler mes parents pour avoir le fin mot de l'histoire ? Je continuai mes recherches sans m'intéresser un seul instant au chaos grandissant autour de moi. Plus je lisais de pages plus je commençais à m'énerver de ne rien trouver.
Et puis, BINGO ! Enfin une page, un article sur le collier. Je regardai les noms des auteurs et tombai des nues en voyant que ce texte était de mes parents. Toujours et encore mes parents dès qu'il était question de mythologie. Pourquoi étais-je encore aussi étonnée après toutes ces années ?

"Le collier du Dieu Somnus a, selon plusieurs sources, la capacité d'animer des objets. Il est de forme ronde d'une dizaine de centimètres de diamètre avec un trou de deux centimètres de diamètre en son centre. Il est souvent représenté pendant à une chaîne à grosses mailles."
Pourquoi toute la description du collier me donnait la chaire de poule ? Non, c'était impossible que ce collier fut l'artefact que les trois jeunes tenaient tout à l'heure dans les travées du marché de Noël de Central Park. C'était une simple coïncidence si les objets volaient au moment où ces adolescents se passaient le bijou.

Il n'y avait pas d'autres raisons possibles. Si ?

Moi, un point commun avec des enfants ? Le seul point que nous avons en commun est celui des crocs dans leur chair... Mais je n'allais pas répondre cela à Darren, j'avais compris que c'était sordide pour lui de savoir que mon alimentation se constituait des petits de son espèce. J'en avais été privée si longtemps que de voir tous ces bambins était une tentation difficile à passer sous silence, mais je m'y efforçais. Et puis il y avait tant de choses à voir et découvrir dans cet endroit, comme cette drôle de roue géante qui nous avait élevés dans les airs. Je m'étais mise debout dans la coquille qui nous soutenait pour mieux sentir l'air passer autour de moi. Puis nous avions dû redescendre. Ce fut là qu'une autre Mortelle vint saluer Darren. Il connaissait plusieurs de ses semblables mais pourtant ils ne vivaient pas dans la même grotte. J'avais du mal à comprendre cette tradition.

Et soudain, l'ambiance changea. Cela me rappela cette méchante soirée au musée. Pourquoi chaque fois que les Mortels organisaient quelque chose, cela se finissait mal ? J'avais reçu une branche en bois dans le bras et cela me déplaisait fortement. Darren me parla mais ma colère m'empêcha de comprendre ce qu'il me disait. J'avais retiré l'objet de ma blessure, prête à le planter dans l'oeil du coupable si je le trouvais, mais Darren reprit la parole. Mon regard se radoucit. Je l'écoutais. Il voulait aider les autres Mortel.

- Ils ont peut-être énervé les dieux... On ne devrait pas s'en mêler...

Mais le regard qu'il avait semblait laisser transparaître que c'était important pour lui. Je soupirai. Aider des Mortels me répugnait, c'était de leur faute si ma vie avait été gâchée. Mais d'un autre côté, c'était aussi grâce à l'un d'entre eux si je pouvais réapprendre à vivre, et ce Mortel en question me demandait son aide. Je ne pouvais pas la lui refuser, d'autant que c'était mon namoureux et que je ne voulais pas qu'il soit blessé.

- D'accord, on va essayer d'éloigner les imprudents de la source du danger. Comme ces...

Je désignais les boules géantes blanches qui envoyaient des branches et des cailloux sur les gens.

- Ces créatures. C'est l'un d'entre eux qui m'a blessée.

Ma colère redoubla en réalisant cela et je me précipitai vers l'un d'entre eux, retirant au passage les gants qui protégeaient mes mains du froid, pour lui envoyer des coups de griffes, ce qui le désagrégea. Un sourire satisfait se dessina sur mes lèvres avant que la créature ne se reforme. Là, je me figeais d'horreur.

- Oh non... ça veut dire que c'est une créature des dieux...

La peur me prit... Si javais offensé les dieux, j'allais en subir les conséquences... et le pire serait de me retrouver encore au B.E.M. J'entendis alors couiner à côté de moi. J'aperçus alors un petit déjeuner garçon recroquevillé derrière une sorte de tronc cubique. Je fondis sur lui pour l'attraper au passage et courir vers Darren.

- Tiens, prends-le...

Mon regard essayais de fuir la vision de ce Mortel miniature qui avait l'air délicieux. Il fallait l'aider non ?

Le simple fait de voir Lici s’élever dans les airs me donnait des sueurs froides. Bien sûr, elle n’avait pas le vertige, contrairement à moi qui préférais rester assis, presque enfoncé dans mon siège. Malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de penser que les ailes pourraient lui faire défaut, et que cela pourrait être dangereux. Mais avais-je le courage de lui tenir un tel discours alors qu’elle savourait cette liberté dont on l’avait si injustement privée ? La voir ainsi remplissait mon cœur de joie, et j’en avais besoin après tout ce qui m’était arrivé depuis peu. Oui, j’avais besoin de cela, et tant pis si je devais le vivre par procuration. Au moins, je ne me morfondais pas ni ne sombrais dans un désespoir abyssal.

Puis, il nous fallut retrouver la terre ferme, le tour touchant à sa fin. Cela avait un goût de trop peu, et sans doute la sensation était-elle accrue pour Lici. Mais je n’eus pas le temps de m’en émouvoir, car Callie venait à notre rencontre. C’était la première fois que Lici la rencontrait, je me sentais donc obligé de faire les présentations. Du moins, c’est ce que je pensais faire avant que nous ne soyons confrontés à un changement d’atmosphère.

Plus rien n’avait de sens, les gens hurlaient, se bousculaient et semblaient avoir perdu la tête. Effectivement, ce n’était pas normal, et il ne fallait pas être pourvu d’une grande intelligence pour interpréter les signes. Puis, une branche se logea dans le bras de Lici, qui, tel Hulk, bouillait de colère et semblait prête à en découdre. Malgré la situation, je tentais de la raisonner. Nous devions aider les autres, incapables de se défendre contre une quelconque attaque mythologique.

« — Non Lici, on doit aider les autres. On ne peut pas fermer les yeux, ça serait égoïste », lui dis-je. Je connaissais son passif avec mes congénères, et quelque part, je ne pouvais pas la blâmer de penser ainsi. Mais je ne pouvais pas me résoudre à rester ici sans rien faire. « — Lici, on trouvera le ou les coupables plus tard », lui promis-je en essayant de la rassurer, alors que, au fond, c’était peut-être moi qui en avais le plus besoin.

Je fus soulagé d’entendre qu’elle acceptait de m’aider à mettre « les imprudents » en sécurité. Cependant, alors que nous nous dirigions vers plusieurs personnes, mon attention se focalisait sur la source du danger. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant que les bonhommes de neige étaient à l’origine de la blessure de ma belle stryge.

« — Ce sont les bonhommes de neige que les gamins étaient en train de faire il y a quelques minutes à peine. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Ils ne sont pas censés s’animer. C’est juste de la neige. » Mais de toute évidence, il n’y avait plus aucune logique en ces lieux où l’amusement avait laissé place au chaos.

Je n’eus à peine le temps d’ajouter quoique ce soit que déjà Licinia se précipitait sur l’un des bonhommes de neige à notre portée. Que pouvais-je donc faire si ce n’est la regarder batailler contre cette créature faite de neige ? Comment était-ce possible ? Était-ce vraiment une créature divine comme le laissait entendre Licinia ? Après tout, si je considérais le fait que des demi-dieux existent autant que des créatures mythologiques, il n’était pas délirant d’imaginer les dieux prêts à punir les pauvres mortels que nous sommes. Je n’eus pas le loisir de me pencher davantage sur la question, car il me fallait éviter la multitude de projectiles. De plus, il me fallait accueillir le petit garçon apeuré que Lici venait de sauver.

« — Ça va aller, mon grand ! » Je devais le protéger autant du bonhomme de neige vivant que de Licinia, pour qui la simple présence de ce petit être représentait la plus cruelle des tentations. C’est alors qu’un cri strident se fit entendre, suivi d’un léger tremblement de terre. Je serrai le petit tout contre moi, cherchant à identifier d’où venaient les cris et ce qui avait provoqué ce phénomène.

Haytham avait poursuivi une jeune femme blonde, qui était un peu trop téméraire à son goût et qui avait un appareil photo, ce qui ne présageait rien de bon, surtout si elle n’était pas consciente du monde mythologique. Le demi-dieu avait donc tenté une approche, mais ce n’était pas facile, car il devait éviter la foule hostile et les adversaires improbables. « — Hey ! » avait-il réitéré, mais la jeune femme semblait ne pas y prêter attention et était absorbé par l’écran de son téléphone portable. « — Pourquoi certaines personnes sont-elles si inconscientes face au danger ? » avait-il demandé, sans recevoir de réponse, car il avait été bousculé presque immédiatement par plusieurs personnes qui avaient assisté à un spectacle effrayant.

Haytham avait eu du mal à se dégager de l’assaut de la foule et avait senti son téléphone portable vibrer presque aussitôt. Essayant de se mettre en sécurité, il avait décroché et avait cru reconnaître la douce voix de Melissa : « — Melissa ? Allo, vous m’entendez ? Allo ! » Il n’avait pas entendu grand-chose, sauf un léger grésillement sur la ligne. Et puis un cri plus strident s’était fait entendre, suivi d’un coup violent qui avait martelé le sol, au point que l’on pouvait sentir les vibrations.

Sans réfléchir davantage, le Marsien se précipita au cœur du danger, ignorant que le pire était encore à venir.

  

Les trois jeunes demi-dieux étaient fascinés par le pouvoir spectaculaire et addictif du collier qu'ils se partageaient tour à tour. Cependant, sans même qu'ils ne s'en rendent compte, le bijou avait déjà commencé à les corrompre. Ils en étaient maintenant arrivés à se disputer pour savoir qui aurait la chance de contrôler un objet encore plus grand, mais le collier avait détecté cette rivalité et les poussait à viser encore plus haut dans leur capacité à animer des objets. Leurs ambitions grandissantes semblaient nourrir le pouvoir maléfique du collier, dont l'emprise sur eux devenait de plus en plus forte.

C'est ainsi que les immenses sculptures de glace, qui servaient de stand pour un événement, s'animèrent et commencèrent à se battre, à l'image des trois jeunes demi-dieux. Les pauvres visiteurs du parc furent alors les témoins malheureux des dégâts causés par cette bagarre entre un colossal ours polaire, un gorille et un aigle royal de glace.

Tout tremblait autour d'eux, tant les coups étaient violents. Le sol résonnait lorsque le gorille frappait le sol de ses puissantes mains, l'ours polaire, quant à lui, fonçait sur tout ce qui bougeait, tandis que l'aigle fondait sur les fuyards comme s'ils étaient des proies.

Les demi-dieux avaient complètement perdu le contrôle et ne se préoccupaient guère de ce qui se passait autour d'eux. D'ailleurs, ils furent rapidement hors de portée, incapables de mettre fin au chaos qu'ils avaient eux-mêmes déclenché.


CONSIGNES

Les sculptures de glace peuvent être extrêmement dangereuses, et il est important de prendre des précautions. Par exemple, si vous vous approchez trop près d'un gorille sculpté en glace, il pourrait vous lancer des projectiles ou vous attaquer violemment. De même, un ours polaire sculpté pourrait vous foncer dessus ou vous mordre si vous le mettez en danger. Enfin, si vous vous trouvez près d'un aigle sculpté, méfiez-vous de ses serres et de son bec acérés, qui pourraient vous blesser, voire même vous soulever dans les airs.

- Utiliser le dé Oui/Non pour attaquer une créature de glace. Il faut 3 oui pour en venir à bout.
- Utiliser d'office un dé 1 à 6 pour voir l'étendue des dégâts si vous obtenez un non. 1 étant la blessure la moins grave.

Exemples :
Si ours polaire : il fonce sur l'attaquant ( blessure 1: juste bousculé, 6: carrément piétiné)
Si gorille : il lance des chosessur l'attaquant (blessure 1 : effleuré, 6: il se l'est pris en pleine poire)
Si aigle : il fond sur l'attaquant (blessure 1: il l'erraffle, 6 : il le soulève dans les airs avant de le lâcher)

- essayez d'être réactif et de poster en dedans d'une semaine.
- il y aura 2 tours de rp avant la prochaine intervention.