Cassandra Benson - Hear my wrath

Bien loin était le temps de l'innocence de l'enfance où elle était entourée de son père, ses employés. Cette innocence qui lui paraissait si folle... Si elle était à Novum Olympum aujourd'hui c'était uniquement de part la nature volage des dieux, de cette manie d'aimer et de délaisser les mortels dont ils s'entichaient. Pour son cas, ce fut Pluton qui choisit Amanda Benson. Sa mère lui avait dit qu'elle l'avait rencontrée dans un bar de Los Angeles alors qu'elle travaillait ce soir-là, elle lui avait dit avoir eu le souffle coupé par cette beauté presque irréelle et si quand elle était enfant elle avait écouté cette histoire avec de grands yeux passionnés, depuis des années elle savait que son père avait jeté son dévolu sur sa mère et qu'il n'en aurait pas été autrement. Qu'il avait pu l'aimer mais qu'il s'était surtout servi d'elle avant de la laisser de côté comme un enfant lassé par son jouer.

Malgré l'absence physique d'un père, Cassandra avait eu la chance de l'apercevoir dans ses rêves ou encore d'en entendre sa voix. Une nuit où un orage violent avait éclaté elle s'était tirée d'un rêve de monstres dévorant des enfants et de l'éclat d'une lame aussi noire que la nuit qui lui avait donné des frissons pourfendant ces dévoreurs. Lorsqu'elle avait été suffisamment réveillée elle avait enfin vu le briquet zippo déposé sur sa table de chevet. Peirasmós (tentation). Accompagné d'un petit mot : "Pour t'accompagner et te protéger. P." Le seul réel cadeau offert par son père sans compter sa revendication et bien qu'elle ne l'avouerait jamais, elle chérissait ce cadeau depuis le premier instant où elle l'avait vu.

Etre l'enfant d'un dieu n'était pas un cadeau, encore moins lorsqu'il s'agissait d'un des Trois Grands car le regard des autres se faisait plus oppressant les attentes en termes d'action et de réussites se faisaient bien plus grandes, lourdes. Etre l'enfant de Pluton était à la fois une malédiction et une bénédiction. Tout d'abord parce que les demi-dieux avaient toujours eu tendance à se méfier d'elle, d'être mal à l'aise en sa présence, c'était aussi un fardeau que de ressentir la mort quand elle s'apprêtait à survenir ou lorsqu'elle avait déjà frappé. Enfin cela pouvait être une bénédiction car on lui accordait moins d'attentes que pour les enfants de Neptune et de Jupiter, cela pouvait amplement lui convenir.

Il avait fallut d'un rêve, un rêve où elle avait été les mains volant la ceinture d'une grand reine, pour que le Destin de Cassandra bascule. La peur l'avait accompagnée durant tout le trajet jusqu'à la Mare Nostrum, ce lieux interdit depuis si longtemps aux demi-dieux romains mais elle avait rencontré Hercule, combattu de nombreux monstres avant de trouver la ceinture de la reine Hyppolite. Ce fut grâce à cette périlleuse quête à sa neuvième année de service qu'elle se découvrit un grand intérêt pour ce corps guerrier que représentaient les Amazones. Elle y fut heureuse, menant toujours à bien ses missions, se montrant un élément important parmi les autres-demi déesses gravissant les échelons jusqu'à ce nouveau jour où tout bascula. Ludi Romani.

Cassandra était assise sur le fauteuil dans cette chambre de motel miteux ses pensées vagabondant sur de sombres souvenirs. Dans la chambre d'à côté dormaient deux jeunes demi-dieux, une fille de Bacchus et un fils de Mercure, elle avait pour mission de les amener sains et saufs saufs jusqu'à Novum Olympum. C'était le rôle qui était le sien depuis à présent cinq ans qu'elle avait quitté les Amazones. Pour cette nuit ils ne risqueraient rien, elle s'en était bien assurée en invoquant Horatius un soldat de la Neuvième pour qu'il puisse veiller sur eux durant leur sommeil. Et malgré son ardent désir de rester éveillée elle tomba dans les bras de Morphée.

C'était un jour de fête pour tous les romains, petits et grands, jeunes et anciens, un jour où tous célébraient Jupiter. Cassandra avait été envoyée ce jour-là pour représenter les Amazones, une partie d'entre elles étant des enfants de divinités romaines, et au Camp, des jeux romains avaient été mis en place pour cette grand occasion. La fille de Pluton avait beau n'apprécier que peu le Maître des Cieux, elle savait se montrer respectueuse lorsqu'elle le devait. Mais il y avait une ombre au tableau. C'était cette sensation de douce chaleur au creux de son ventre, ténue mais bien présente, elle en avait l'habitude alors en cette première partie de journée elle n'y prêtait pas plus attention que de raison. Quelqu'un mourrait aujourd'hui, des accidents arrivaient toujours et le mort était immuable.

Cependant, au fil de la journée, la chaleur se faisait de plus en plus présente, allant même jusqu'à lui donner la nausée quelques minutes avant que le drame n'arrive. Quelques chose n'allait pas mais quoi ? Là était la question. Après bien les esprits aient été bien rendus euphoriques par les festivités le drame survint lorsque l'alerte fut donnée : une intrusion. Les armes furent prises et malgré la panique ambiante, tous tentèrent de combattre de manière ordonnée, de se battre comme les romains qu'ils étaient. L'horreur était partout : des anciens camarades étaient plus ou moins grièvement blessés, des enfants mourraient devant les yeux de la fille de Pluton dont les sens étaient submergés par la Mort dont elle ne cessait d'entendre le tintement si caractéristique à chaque dernier souffle de vie expiré. Cassandra avait envie de hurler sa rage face à une telle lâcheté, de vomir sous le poids si écrasant de la Mort mais elle se devait de garder la tête froide de guider son bataillon formé au pied levé. Peirasmos avait faim et elle lui donna avec plaisir la vie de leur ennemis qui croisaient sa route. Elle trancha de la chair, encore et encore, une gorgé fut tranchée et le sang lui jaillit à la figure...

Cassandra se réveilla en sursaut, haletante, transpirante, le cœur battant la chamade comme s'il voulait quitter sa poitrine. Cette journée ne cessait de la hanter, elle avait beau être habituée à sentir la mort elle n'avait jamais ressenti cela et elle espérait que cela ne se reproduirait plus. Bastian... Le seul dont la présence éloignait ce souvenir. Un cri strident la tira de ses pensées, les enfants ! D'un bond elle se leva, prenant Peirasmos en main et se rua hors de sa chambre pour venir en aide aux deux demi-dieux et au "mort-vivant" qui se battait avec le monstre. Il fallait rejoindre le camp au plus vite, d'autres viendraient.

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