Natalia Giordano - Tout est dans le détail

A une époque si lointaine que même les dieux ne sont certains de s’en souvenir. Un âge où les Anciens foulaient encore le sol des mortels avant d’être totalement asservit par les Olympiens. Deux êtres primordiaux, les incarnations des eaux profondes et de la terreur abyssale,  Phorcys et Céto créèrent une grande progénitures monstrueuses à l’instar du Typhon destructeur et de l’Echidna venimeuse. Parmi leurs innombrables enfants, trois sœurs se distinguaient de cette fratrie difformes. De magnifiques jeunes femmes, aux ailes dorés et ayant chacune une chevelure plus que magnifique. Ils s’agissaient des gorgones, aussi belles que des nymphes, mais aussi dangereuses que des Furies.

Elles étaient trois. Euryale la plus âgée et sage, Méduse la plus belle et envoutante, Sthéno la plus jeune mais la plus forte. Ces trois êtres vivaient à part, isolées de part leur nature si singulière. De tout le monde grec, des gens venaient pour admirer leur beauté angélique, parfois même allant les considérés comme des incarnations divines. Les gorgones se laissaient emporter petit à petit par la vanité, finissant par se considéré comme plus belles que les Olympiennes, rivales de leurs parents primordiaux. Cependant, Phorcys et Céto se montrèrent méfiant, et voulurent protégés leurs enfants en les isolants du reste du monde.

Cela ne sera pas suffisant, car alors que les gorgones se baignaient près d’une source, Neptune tomba sous le charme de Méduse et surtout de sa belle et flamboyante chevelure d’or. Ainsi par ruse et insistance, il finit par violer la gorgone sur les marches d’un ancien sanctuaire de Pallas. Ces sœurs volèrent à son secours mais arrivèrent trop tard et eurent du mal à consoler Méduse. Minerve apparut alors à ce moment la. Loin de prendre en pitié les filles de Phorcys, elle les blâma de leur orgueil et que l’une d’elle eut souillée son temple. C’est ainsi qu’elle les changea en trois hideuses créatures. Leurs cheveux furent changer en serpent pour plus que jamais elles ne se ventent de leur chevelure, et leur regard changera tout ceux en pierre qui oserait les prendre pour belle. Quant à Méduse, son visage fut changer en bête hideuse aux crocs de sanglier qui verra le temps faire dépérir ses traits et lui priva de son immortalité.

Horrifiées, les gorgones prirent la fuite s’envolant vers l’extrême orient. Afin d’assurer leur retraite, elles passèrent un marché avec leurs sœurs Grées de garder secret leur repaire. Au fil du temps, Méduse la plus amère de leur destin, fut celle qui dirigea ses sœurs. Euryale elle-même finissait par se soumettre à l’autorité de sa sœur et promettre avec Sthéno de la protégée vu qu’elle avait perdue son immortalité.

Les gorgones vivaient donc dans leur grotte, mais cela n’empêchait pas les peuplades alentours d’avoir peur d’elles et parfois, devenir victime de leur regard mortel. Elles vivent ainsi plusieurs siècles, jusqu’à ce qu’un jour, un envoyé des dieux retrouva leur cachette et armée, trancha la tête de Méduse. Ses sœurs réveillée par leur meurtre, pourchassèrent le jeune héros qui s’envola dans les airs. Euryale était sur le point de le rattraper, déstabilisant l’assassin avec son cri monstrueux, mais Minerve sauva son protégé grâce à un instrument qui imitait le cri de la gorgone et retourna ainsi son attaque contre elle-même.

Euryale et Sthéno furent donc désemparées, remplis de chagrins et de colère. Par une longue traque, Euryale retrouva certains des descendants de Persée et voulu se venger en tentant de les tuer. Elle aurait put y arriver, mais une fois de plus les dieux intervinrent, blessant l’immortelle gorgone qui fut chasser à l’autre bout du monde connu. Isolée, seule, Euryale parcouru le monde, laissant parfois aller à son désire de destruction, faisant naitre quelques légendes et contes à travers les siècles qui s’écoulèrent par la suite. Mais avec le temps disait-on, Euryale ne supportait plus d’être dans l’ombre de sa défunte sœur. Elle désirait de plus en plus se faire un nom, et ne plus être une figurante vide dans l’histoire de Méduse.

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Les basses frappaient assez fort. La musique recouvrait plutôt bien le bruit des exclamations, des rires mesquins et des jacassements sans intérêts. Du beau monde, tous vêtus de couleurs sombres, aux tenues bien taillées pour les hommes et moulantes pour les femmes. Une peuplade mondaines qui s’extasiait devant ces sculptures étranges. Eux habitués aux œuvres sans formes et abstraits qui reflétaient des concepts absurdes, furent fasciner devant ces personnages de pierres si réalistes. Ce n'était pas tant qu’on aimait voir des humains ou des animaux, mais c’était ce qu’elles reflétaient. Leurs expressions, leurs postures. Elles semblaient se lamenter, crier un désespoir sinistre, une terreur moribonde comme si on pleurait devant… L’inévitable.

Un des convives s’approcha d’une de ces statues au milieu de la pièce, représentant une femme classique, mais qui semblait regarder quelque chose qui déformait son visage. La description était difficile en plus d’être dérangeante. Il se plaça à côté d’une jeune femme, belle, jeune, mince, les cheveux en chignon, et le visage masqué par une épaisse et élégante paire de lunettes de soleil.


-Magnifique non. Une des dernières oeuvres d'Aléthéa aussi ? S'adressait-il à la jeune femme avec une voix grave et viril.
-Oui. Une de ses dernières inspirations. L'idée lui venant ainsi sur le moment pour l'inscrire dans la pierre.

Lui répondit la jeune femme avec une voix à la fois détachée mais sensuelle.

-C’est… Comme si elle était prise en photo. La posture, le visage… Le regard. Une poe naturelle. C’est déroutant.
-C’est exactement ce que recherche l’artiste. La vérité sur l’instanté. Quand on pose, on cherche à se donner la meilleure image de soit, on se glorifie pour bien paraitre. Mais sur le moment, quand on vous immortalisé sur la pierre comme si on vous photographié par surprise, c’est comme vous dévoiler sans masque, sans aucun jeu.
-Comment arrive t’elle à faire ca ? Elle surprend son modèle en lui disant de ne pas bouger tout le long ou se base t’elle sur une photographie ?
-C’est… Son secret. Elle a une technique propre.
-En tout cas, elle aime le lugubre. J’ai l’impression que chacune de ses œuvres représente la peur, la souffrance non ?
-Le sentiment le plus sincère. N’est-ce pas devant la peur, le danger, l’inévitable qu’on dévoile au mieux sa véritable nature ? Que l’on prouve son courage ou sa lâcheté ? Qu’on implore l’aide d’autrui ou qu’on abandonne ? Quand vous avez peur, les masques tombent.
-Vous semblez très bien connaitre l’artiste en tout cas.
-C’est normal. Je suis sa “mécène”. C’est moi qui l’ai découverte, et qui la fait venir dans la lumière. Natalia Giordano.
-Enchanté et bravo pour votre exposition alors ! Quel dommage qu’ l’artiste ne soit pas présente pour en profiter et qu’on la félicite de son travail.
-Aléthéa est… Particulière. Le secret, l’isolement sont les ingrédients de son géni.
-Quel dommage. J’aurais aimé la rencontré et peut-être parler affaire… Si vous pouviez arranger une entrevue même brève, je vous en serais éternellement reconnaissant.
-Pourquoi pas… Il faut avouer que vous êtes pas mal dans votre genre et pourriez l’inspiré.
-Vous croyez ?
-Oui. Surtout avec… De si beaux yeux.