Père ou soldat ?

Finalement, la présence de Maisie sonnait comme une bénédiction pour le demi-dieu qui pouvait dès lors pensait à autre chose que les quelques soucis qui mettaient à mal l’équilibre déjà précaire de son couple. Il est vrai qu’ici, à œuvrer derrière les fourneaux, il trouvait son salut et l’inspiration qui plus est. D’ailleurs, c’est bien d’inspiration qu’il était question à présent. Ils en étaient rendus à imaginer un menu pour la Saint-Valentin. La thématique étant « la France » ou du moins sa gastronomie, il ne fallait pas attendre une minute de plus pour commencer à réfléchir aux produits à faire importer, si besoin est. Il y avait aussi l’alternative moins onéreuse. New York étant une ville cosmopolite et riche du métissage de diverses cultures, il était fort à parier que quelques épiceries fines françaises sont à dénombrer dans le coin. Reste à les trouver.

« — Effectivement, ça pourrait être fun comme activité père-fille. Je pense qu’on devrait en amont effectuer quelques recherches pour localiser les commerces susceptibles de vendre des produits français. Après on pourra lister ce dont on a besoin. Et enfin, on partira à l’aventure. » Une perspective qui le fit sourire, car au moins, il pourrait se servir de ça pour prendre l’air et ainsi se tenir un peu à distance de Tam, avec qui il n’était toujours pas très à l’aise ces derniers temps.

Puis Maisie fit part d’une nouvelle lubie à Haytham ; une de celle qui le surprit à peine tant il connaissait le caractère de sa fille. « — Hum, j’espère juste que ce n’est pas ton oncle qui t’a mis cette idée de moto en tête. Mais je veux bien voir cette beauté quand même. » Et sans attendre, la jeune femme dégaina son cellulaire pour faire voir à son père sa prochaine acquisition. « — C’est vrai qu’elle est pas mal. » Le Marsien était pondéré, mais à l’intérieur il hurlait de joie, car enfin il venait de trouver le cadeau de Noël parfait pour sa fille. « — C’est une très belle bécane, qui doit valoir son prix, j’imagine. Tu vas devoir en faire des heures supplémentaires. » Le bougre cherchait quand même, l’air de rien à glaner quelques informations avant de se recentrer sur noël, une période qu’il chérissait malgré tout.

« — Je pense que si nous sommes deux sur Angel, il finira par lâcher et si en plus, il a l’occasion de gâter Eileen, il ne va pas s’en priver. J’espère juste qu’il ne va pas lui prendre un cadeau ou encombrant ou potentiellement dangereux, voire les deux. » Mais il ne désespérait pas de le convaincre. Puis, presque sans transition, Maisie se laissa aller à un petit instant de douceur en prenant son père dans ses bras. Il fut surpris de prime abord, avant de resserrer son étreinte autour de sa fille aînée.

« — Ouais ça m’arrive d’avoir raison quelquefois. » L’étreinte vite expédiée, la demoiselle s’en alla se laver les mains tandis qu’Haytham reprenait là où il s’était arrêté avant d’être à nouveau stoppé par Maisie.

« — Je ne peux rien te refuser ma grande, encore moins de la musique. » Et c’est sur ces mots que le père et la fille reprirent là où ils s’étaient arrêtés, guidés par un peu de rythme. C’était agréable, assez pour réitérer l’expérience. « — Viens ici quand tu veux ma grande, ça te fera quelques pourboires en plus ! » Il l’affubla d’un clin d’œil, ravi pour une fois de délaisser le guerrier pour n’être qu’un père avec sa fille.