è semplicemente impossibile... sei morto (PV Licinia Alis)

CCela fait une semaine que Peter m'a ramené avec lui... Grâce à lui ma vie a totalement changé. Je ne suis plus seule... J'ai quelqu'un à qui parler, quelqu'un qui m'apprend la vie. J'ignorais tellement de choses sur les humains... Il tente de m'apprendre plein de choses mais c'est si dur... Six mois qu'il m'apprend l'anglais, six mois qu'il me donne des mots incompréhensibles... Et depuis une semaine je vis dans une nouvelle ville. C'est un endroit tellement bruyant, tellement plein d'humains et de créatures en tout genre. C'est vraiment flippant. J'ai refusé de quitter la chambre. Je ne suis sortie qu'une seule fois pour aller me nourrir et j'ai bien fait attention à ne pas me faire voir mais c'est si bizarre... Il y a beaucoup de vie dans les rues. Je ne comprends pas toujours ce que disent les gens, je n'aime pas ça. Je regrette un peu de l'avoir suivi par moment. Mon île me manque, mes galets me manquent. Je l'ai suivi car je tiens énormément à lui. Et que j'avoue, la solitude me pesait beaucoup. Dix huit ans que je vivais seule... Mais j'ai du mal à m'acclimater à tout ça.

Ce soir, j'ai prévenu Peter que j'avais besoin de sortir. Il sait comment je me nourris. Il n'aime pas cela, il a essayé de me faire manger de la nourriture humaine, mais il a bien vu que je ne m'y fais pas alors il accepte... Me demandant d'aller loin pour trouver un nourrisson. Mais en échange je dois essayer encore sa nourriture. Il a essayé la pizza mais cela ne m'a pas plu. Il a tenté de la vande ? Una bistecca... J'ai trouvé cela plutôt bon mais... Non, cela ne vaut pas le bébé. Le pire c'est quand il a essayé de me faire manger la verdura. Comment c'est en anglais le mot ? Raaa... Légumes. C'est ça. Je préfère largement ma nourriture habituelle. J'enfile donc une robe noire et des chaussures longues, elles montent jusque sur mes mollets. Je n'aime pas ça. Je me sens prisonnière... Mes pieds ne sentent plus le sol, mes orteils ne peuvent plus bouger. C'est une invention horrible... Et je suis obligée de les mettre... Je sors ainsi dans la nuit. Je me retiens de voler, je ne peux pas le faire ici... Il faut que je sois discrète... Je marche un peu, mais j'avoue... Dès que je peux je monte en haut d'une tour par un truc qui permet de monter de l'extérieur et je m'envole... Je monte haut dans le ciel. J'ai besoin de déployer mes ailes, de sentir le vent dessus... Je virevolte plusieurs minutes jusqu'à atterrir sur un terrain discret. J'ai senti cette odeur si appétissante... Je m'avance silencieusement et je vérifie le terrain. Les humains dorment, tout comme mon repas. J'ai si faim... Je l'attrape doucement pour ne pas le réveiller et je l'emmène avec moi. Je termine rapidement mon repas et je marche lentement pour digérer. Je vais bien mieux. Je me retrouve alors devant un petit terrain avec de l'herbe. Je retire mes trucs aux pieds et je soupire de bien être quand je sens enfin la terre. Je me couche et caresse l'herbe en regardant le vide. Je suis bien là...

Mais quelque chose me sort de ma tranquillité. Il se passe quelque chose d'étrange. Je sens une odeur que je n'ai pas senti depuis dix huit ans, depuis que ma horde a été décimée. Je me redresse rapidement. Est-ce un piège ? Je regarde autour de moi, les ailes sorties. Je renifle. C'est vraiment bizarre ; je sens une stryge... Une odeur que je connais. J'en suis sûre. Mais ce n'est pas possible. Je n'en ai plus jamais vu... Plus depuis le massacre. J'avance en mode chasseuse en direction de l'odeur. Je n'ai jamais été douée avec mon cri mais je suis prête à m'en servir. Et soudain... Devant moi... Un fantasma del passato (Un fantôme du passé)... Ce n'est pas possible. J'ai un'allucinazione (une hallucination). Elle est morte ; je les ai vu transporter son corps... Et... Elle n'a pas ses ailes. Cela ne peut pas être ma meilleure amie non... Je recule lentement. Mon amie avait des ailes comme les miennes, et elle est morte... Elle n'est plus de ce monde. Lici a disparu en même temps que toute notre horde, sauf qu'ils ont emmené son corps. Un trofeo (un trophée)... Je me souviens encore du visage d'une des humaines... Il est marqué à jamais dans ma tête. Je me suis toujours juré qu'un jour je me vengerai. Et j'en ai encore plus envie en cet instant en voyant qu'ils ont tenté de... Je ne sais même pas... Je ne comprends pas ce que j'ai sous les yeux. Ça sent comme elle, ça lui ressemble un peu mais c'est différent... Mon cœur se met à battre très vite. Je penche la tête sur le côté et m'approche de nouveau. Je sors mes griffes. Je suis prête à me défendre... Mais en vérité j'ai envie de me jeter dans ses bras. Je m'en moque que ce ne soit pas vraiment Lici... Ce qui est en face de moi lui ressemble tellement... J'en ai les larmes qui coulent de mes yeux...

La vie avait repris son cours depuis cette étrange soirée au musée… Pour une première visite dans ce genre de lieu, tout n’avait pas été normal. D’après Darren, un musée est un ieu calme où les gens se recueillent devant des œuvres. Et les œuvres, ça peut être des sculptures très jolies et ressemblantes ou représentant des personnes ou des divinités, comme des peintures qui parfois ne ressemblent à rien. J’avais du mal à comprendre le concept.
Ce soir-là, Darren m’avait prévenu qu’il travaillait tard, je lui avais dit alors que je sortirais le promener. J’en avais besoin. J’avais promis que je serais discrète, et de toute façon, tant que ce n’était pas des gens du B.E.M, je savais plutôt bien me défendre. Les Mortels n’avaient pas autant de force que les stryges.

Je flânais donc dehors depuis quelques heures, bien enveloppée dans mon manteau, portant des bottes fourrées pour le froid. Je détestais avoir froid, et Darren m’avait promis que l’été, il faisait aussi chaud que chez moi voire même plus. J’avais grande hâte de voir ça. En attendant, il me fallait supporter ces horribles choses qu’ils appelaient chaussures et qui serraient si fort les pieds… J’aimais avoir mes griffes près du sol, c’était indispensable à mon équilibre, sans parler de la défense, d’autant que je ne pouvais plus ni voler ni crier pour paralyser. Mais j’avais encore mes dents et mes griffes aux mains.

Je marchais dans la nuit, observant les arbres et les étoiles. Je ne me lassais jamais de ce paysage nocturne duquel j’avais été privée si longtemps. Je songeais parfois à mes amis, ma famille, à Stella. Les nuits que nous passions à discuter dans un coin reculé de la grotte pour ne pas déranger le sommeil des autres, ou quand nous nous faufilions pour veiller un peu dehors, sous les arbres ou carrément sur une branche. Stella était sans doute la stryge qui me manquait le plus avec ma maman. Parfois je pleurais en pensant à elles. La vie de horde me manquait tant. Les Mortels vivaient différemment, ils étaient plus solitaires, c’était vraiment spécial.

Alors que j’évoluais tranquillement dans ce lieu que je pensais désert, car j’avais bien vérifié qu’aucune habitation ne soit aux alentours, je sentis une odeur de personne vivante… une odeur familière et pourtant lointaine à la fois. Mon coeur se serra, je me mis à observer partout jusqu’à voir… des ailes ! Oui, au loin, j’aperçus une stryge! Bouche bée, je m’avançais doucement. J’avais l’impression de rêver. Ce qui me frappa davantage, ce fut, alors que j’avançais, la ressemblance de cette stryge avec ma Stella.

- Bonsoir ? commençai-je en anglais.

Je ne savais pas à qui j’avais à faire. Stella était morte, les méchants Mortels du B.E.M ne s’étaient pas privés pour dire qu’ils avaient décimé toute la horde, je les avais entendus plusieurs fois. Peut-être que cette fille était une stryge locale. Je ne savais même pas qu’il y en avait par ici. Peut-être que je trouvais qu’elle ressemblait à ma Stella parce qu’elle me manquait.

- Tu es une stryge toi aussi… Je le vois. J’en suis une, mais tu ne vois pas mes ailes parce que… on me les as volées.

Allait-elle comprendre ? Savait-elle seulement le danger qui rôdait pour les êtres comme nous ? J’étais à mille lieues d’imaginer que cette stryge était en fait ma meilleure amie, celle qui me manquait tant.

Je regarde l'être qui ressemble à ma meilleure amie... Je me veux menaçante mais elle ne semble pas avoir peur de moi. Elle se met même à me parler alors je me redresse et laisse mes bras retomber de chaque côté de mon corps. Je la dévisage. Il ne s'agit vraiment pas de ma Lici. Elle ne parle même pas italien... Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Comment est-ce possible qu'elle lui ressemble autant ? Je n'ai jamais pu oublier son visage, et son corps sans vie lorsqu'ils l'ont emmené avec eux... Elle est elle sans l'être... Les larmes coulent encore, je ne peux les retenir. Ces humains qui ont décimé ma horde sont des être horribles pour avoir fait ce qui se trouve devant mes yeux. Mais... Cette odeur... Il s'agit vraiment d'une stryge mais sans aile...

- Buona serata straniero (Bonsoir étrangère)

Je continue de la dévisager, essayant de voir quelque chose qui me confirmerait que j'ai raison de me méfier. Les stryges ont des ailes... Pourquoi pas elle ? Ce n'est pas logique. Ou alors ici elles n'en ont pas ? J'ai un peu de mal à comprendre ce qu'elle dit. Elle parle un peu trop vite pour moi. Mais je comprends les mots principaux. Elle est bien une stryge mais... On lui a volé ses ailes ? Comment peut-on les voler ? Elles font parties de nous... Elles ne se retirent pas.

- Volées ? Come rubato? (Comme volée?) Désolée, mon inglese (anglais) est pas très bon.

Surtout quand je suis sous le choc, que je ne comprends pas la situation. Peter m'a beaucoup aidé en six mois à comprendre et parler un peu mais dès que je ressens une émotion trop forte j'oublie ses leçons. Je m'approche un peu plus d'elle et lui tourne autour.

- Assomigli molto a un amico che ho avuto in Italia. (Tu ressembles beaucoup à une amie que j'avais en Italie). Mais... Elle est morte et avait des... Ali (ailes)?

Je lève la main pour toucher son dos mais je m'arrête. J'ai presque peur qu'elle s'évapore si je la touche... Je recule de deux pas et regarde mes pieds dans l'herbe puis les siens. Ils sont dans des choses si désagréables...

En la regardant les souvenirs remontent. Quand je dormais parfois blottie contre ma sœur de cœur avec ses ailes pour nous protéger. Ou quand on volait en rigolant... Elle a essayé d'améliorer mon cri en me donnant de précieux conseils mais je n'y suis jamais parvenue sauf ce fameux jour... J'ai poussé un cri si puissant quand je me suis retrouvée seule avec le corps des miens... Elle aurait été fière de ce son que j'ai poussé. Repenser à cela me fait si mal... Je ne veux pas revivre les images du passé... Revivre encore et encore cette scène, ce jour où j'ai tout perdu...

- Tou est comme elle... Mais diverso (différente)... Come (Comment) c'est possible?

Je tends ma main vers elle. J'ai envie de la toucher encore une fois, de caresser sa joue, de regarder son dos mais je n'y arrive pas, je n'ose pas. Cela n'a pas l'air d'être un piège... Elle ne semble pas méchante... Je penche ma tête encore une fois sur le côté pour la dévisager et j'ose demander... J'ose dire son prénom... Je ne l'ai employé qu'une ou deux fois avec Peter.

- Licinia ? Sei tu? sei il mio migliore amico? Ma è morta... Tanto tempo fa... (Est-ce que c'est bien toi? tu es ma meilleure amie? Mais elle est morte... Il y a si longtemps...?)

Je parle italien sans savoir si elle me comprendra, mais si elle est vraiment celle à laquelle je pense elle devrait comprendre... J'ai oublié de parler anglais en regardant dans le fond de ses yeux. Il y a quelque chose qui brille dans son regard. Un je ne sais quoi que je reconnais...

Mon coeur se serrait en entendant que la stryge face à moi parlait italien… Elle parlait le même langage que nous parlions sur l’île avec ma horde. Se pouvait-il… Non, impossible. Une coïncidence, rien de plus. Pourtant, en m’approchant, je notais cette ressemblance incroyable avec ma Stella. Ma meilleure amie, la sœur que je n’avais jamais eue. Se pouvait-il… Non, impossible ! Lorsqu’elle me déclara que je ressemblais à son amie, je réalisai que peut-être alors il s’agissait bien d’elle… Comme un fantôme tout droit sorti du passé. Bouche bée, je l’écoutais me parler mi-anglais mi-italien, me contentant de hocher la tête tandis que mes larmes montaient. J’étais figée, tétanisée par l’afflux d’émotions qui me traversaient. Ce ne fut que lorsqu’elle prononça mon prénom que j’éclatai en sanglots avant de lui parler, désormais, en italien, me jetant dans ses bras pour la serrer fort.

- Stella ! Ma belle Stella chérie ! Tu vas bien ? Tu n’es pas morte ! Oh comme je suis heureuse ! Mais…

Après l’avoir serrée dans mes bras, je me détachai pour la regarder. Elle aussi avait grandi, du moins vieilli. Nous étions jeunes pour des stryges mais nous n’avions plus ce visage de jeunettes que nous arborions quand notre île avait été attaquée.

- Comment as-tu fait pour survivre ? Ils ont dit qu’ils avaient tué tout le monde… Y en a-t-il d’autres qui ont survécu ?

J’avais vu mourir ma mère et d’autres proches, mais il était vrai que je n’avais pas vu Stella. Je regardais ses ailes magnifiques, ce qui me fit pleurer davantage. J’avais si peur qu’on lui fasse du mal à elle aussi.

- Il faut que tu fasses attention, ma chérie, ici, il y a des Mortels très dangereux, ceux qui nous ont attaqués. Ils sont capables de nous voir grâce à des lunettes.

Je mimais les lunettes en faisant des cercles autour de mes yeux.

- Ils peuvent voir nos ailes, nos griffes et nos dents, il faut que tu fasses très attention.

Je caressai les plumes dans son dos. Cette douceur, cette chaleur, ça m’avait tant manqué.

- Comment es-tu arrivée jusqu’ici, cara ? Notre île est si loin… Je ne saurais même pas y retourner.

Je voulais qu’elle soit en sécurité, c’était tout ce qui m’importait dorénavant.

- Est-ce que tu es seule ?

J’espérais si fort qu’elle me dise que d’autres stryges l’accompagnaient. Puis je me rendis compte que je n’avais pas répondu à sa question concernant mes ailes.

- Ce sont les méchants Mortels qui me les ont prises. Ils m’ont emportée dans leur grand oiseau de fer pour quitter l’île. On a atterri ici. Ils m’ont enfermé très profond sous la terre dans ce qu’ils appellent un sous-sol. Et là, des méchants m’ont torturée et ils ont coupé mes ailes.

A mesure que je parlais, les larmes dévalaient mes joues. Je me rappelais la souffrance, aussi bien physique que psychique, que j’avais endurée. Il n’y avait pas de mots pour décrire ça, et je ne voulais pas traumatiser mon amie.

Je n'arrive pas à parler anglais, je suis sous le choc et parler de ma Lici est bien trop dur, surtout face à une personne qui lui ressemble autant... Je tente de lui expliquer au mieux pourquoi je la regarde comme cela ; pourquoi je suis autant perturbée. C'est vraiment si étrange... Elle est tout pareille mais en plus vieille et sans aile... Et vivante... Contrairement à mon amie... Je l'ai vu mourir... Elle pleure... Elle est touchée par ce que je raconte... Et elle parle italien ! Et... Non... Ce n'est pas possible... Elle connait mon prénom... C'est ma Lici ? Ma meilleure amie ? Je ne rêve pas ? Elle est vraiment là ? Vivante ?

- Ti ho visto morire... Ti ha ucciso davanti ai miei occhi... (Je t'ai vu mourir... Elle t'a tué devant mes yeux...)

Comment est-ce possible ? Quand elle me regarde je plonge mon regard dans le sien et je me rends compte qu'il s'agit bien de Lici... Elle est vivante... J'ai passé des années à croire qu'elle était morte... Que j'étais seule au monde... Mais elle était ici... Je continue de parler en italien.

- Je me suis cachée sous le corps de ma tante, près de maman... Et j'ai attendu... Je les ai vu vous tuer... Elle avait un regard horrible cette dame... Et le bruit était horrible... Mais je suis restée cachée... Je t'ai vu mourir et je les ai vu prendre ton corps... J'ai brûlé les autres... Il n'y avait plus que moi... J'étais toute seule...

C'est si dur de lui raconter, de revivre encore le moment où je l'ai vu tomber et se faire enlever... Je ressens aussi cette horrible odeur... L'odeur de ma horde qui brûle... Je n'ai jamais pu oublier cela... Je la sens à nouveau parfois... Un peu moins depuis que Peter m'a amené ici. Heureusement... Soudain elle se remet à pleurer... Je la serre un peu plus fort contre moi.

- Ne pleure pas Lici... Je suis là...

Mais ce n'est pas à cause de cela qu'elle pleure... Elle m'explique qu'il y a des gens dangereux ici... Les monstres qui ont tué notre horde sont ici ? Je vais les tuer... Tous... Et en dernier celle que j'ai vu... Celle qui a tué sans pitié une stryge déjà mourante... Je ne comprends pas le mot qu'elle utilise. Je fais le même geste qu'elle pour essayer de comprendre. Oh ouii j'ai vu des gens avec des trucs autour des yeux mais je ne sais pas ce que c'est et à quoi ça sert...

- C'est quoi ? J'ai vu des humains avec ça parfois.

J'ouvre grand les yeux. Non... Ils ne peuvent pas voir mes ailes... Ils sont humains... Ce n'est pas possible... Mes ailes bougent à son contact. Sa caresse est si agréable... Je lui souris. Et je souris encore plus quand je dois lui parler de Peter...

- Il y a six mois, pendant que je cherchais de quoi me nourrir je suis tombée sur un Demi Dieu... J'ai voulu me nourrir de lui... Son sang... C'était si tentant... Il m'en a empêché et nous avons fini par parler... Je ne sais pas pourquoi... Et... Pendant six mois il a essayé de m'expliquer le monde humain... Il est venu sur notre île... Il m'a appris un peu l'anglais... Il m'a amené avec lui ici. Mais c'est trop bruyant, trop grand... Je ne sors pas beaucoup... Je n'aime pas beaucoup ici... Mais je ne supportais plus de vivre toute seule loin de tout... Et il est si gentil... Mon île me manque et mes cailloux aussi... Mais maintenant que je sais que tu es ici... Ça change tout... Je ne suis plus la seule de notre horde...

Et j'espère qu'il y en a d'autres ici... Ce serait si bien... Il faudra que je lui demande à ma Lici... Mais pas tout de suite. Je veux juste profiter de nos retrouvailles... Mais ce qu'elle me dit ensuite... Je pose mes mains sur ma bouche pour retenir un cri d'effroi. Je viens vite l'enlacer dans mes bras et je nous recouvre de nos ailes. Ils lui ont fait la pire chose possible... Couper ses ailes... Et torturée... Mais pourquoi ? C'est horrible... Ils n'avaient pas le droit...

- Ils vont le payer... Ils n'avaient pas le droit... Tes ailes... Ma Lici... Et t'enfermer sous la terre ? Mais pourquoi ? Tu es si gentille... Couper tes ailes... Comment tu as fait pour ne plus être sous terre ?

Je n'imagine pas ce que je deviendrais si je n'avais plus d'elle... Je ne peux pas imaginer ce qu'elle ressent... Cela doit être si dure à vivre... Je n'ai pas compris tous les mots qu'elle a dit mais cela me semble horrible et cruel... Comment elle a fait pour s'échapper ? Pour fuir les gens qui lui ont fait du mal... Je reste collée contre elle en pleurant encore. Mes ailes nous recouvrent et je me sens mieux. Je suis contre ma meilleure amie... Elle est vivante... C'est magnifique... Je suis si heureuse...

Par tous les dieux, je n’en revenais pas, Stella était bien vivante, ell était là devant moi, MA Stella, ma meilleure amie, celle que je considérais comme une sœur, celle qui comptait plus que tout pour moi. J’avais tant pleuré sa disparition et celle des autres, pensant que toute ma horde s’était vue assassinée par ces horribles envahisseurs qu’étaient les agents du B.E.M. Elle aussi m’avait crue morte. Comme je la comprenais, qui aurait pu croire le contraire, avec toute cette horreur à laquelle nous avons assisté ? J’eus soudain le fol espoir que d’autres aient survécu, nos amies, celles que je n’avais pas vu mourir ou vues déjà mortes au sol… Après tout, c’était possible puisque Stella y était arrivée… Mais je l’écoutai me parler , dans notre langue originelle, et cet espoir s’envola en fumée, telle celle des bûcher funéraires que je l’imaginais avoir fait pour nos sœurs à mesure qu’elle me contait sa version de l’histoire. Les images défilaient sous mes yeux comme si j’y étais, triste spectatrice de l’extinction de notre horde.

- Oh ma pauvre Stella, comme ce dut être difficile pour toi… comme tu as dû souffrir.

Je la serrai fort dans mes bras. Stella ne méritait pas cela, toutes ces années de solitude, se pensant seule au monde. Elle était une si gentille stryge, elle était parfaite. Les larmes roulaient sur mes joues, mes souvenirs affreux se mélangeaient à ceux de Stella quand j’imaginais tout ce qu’elle avait vécu, et je revoyais les méchants Mortels du B.E.M, tout ce que j’avais subi, la perte de mes ailes, et j’eus soudain si peur qu’il arrive la même chose à Stella… Elle me disait de ne pas pleurer, qu’elle était là… Oui mais être là, c’était dangereux pour elle. Je tentais de lui expliquer que certains Mortels pouvaient nous voir grâce aux lunettes spéciales conçues par le B.E.M.

- Ce sont des objets qui permettent aux Mortels de mieux voir, parce que certains ont une très mauvaise vision. Mais celles qu’ont les agents du B.E.M sont spéciales, elle permettent de voir clairement les créatures comme nous. Sinon, ils nous voient comme les leurs, sans ailes, sans griffes, avec de toutes petites dent inutiles comme les leurs. La plupart des Mortels ignore que nous existons, c’est d’ailleurs pour ça que c’était facile de nous nourrir la nuit, quand nous étions sur l’île. Il faut faire attention ici. Ils ont une base dans cette ville, c’est là-bas que j’étais.

Je voulus savoir comment elle était arrivée ici. Elle me parla de sa rencontre avec un demi-dieu. Les seuls que j’avais vus, c’était dans les sous-sols du B.E.M et je devais me battre contre eux pour les tuer ou les affaiblir, et c’était ma seule façon de me nourrir. Leur sang.

- Tu as rencontré un gentil, tu as eu de la chance. Mais… tu l’as emmené sur l’île ?

Cela me surprit, mais après tout, de toute façon, il n’y avait plus personne à part Stella, donc la sécurité n’était pas compromise.

- C’est bien que tu connaisses un peu la langue d’ici, ça va t’aider. Mais est-ce que tu veux rester, ou repartir sur l’île ? Tes… cailloux ?

Je ne compris pas à quoi elle faisait allusion.
J’eus un tressaillement quand elle déclara vouloir faire payer ceux qui nous avaient tout pris, et je secouai la tête de gauche à droite frénétiquement, le regard empli de peur.

- Non ; Stella ! Il ne faut pas. Ils sont plus forts que nous, souviens-toi ce qu’ils ont fait à notre horde… Ils ont des armes contre lesquelles nous ne pouvons pas lutter, et s’ils t’attrapent vivante, ce sera même pire que de mourir.

Les larmes m’étaient revenues aux yeux et je me jetai dans ses bras.

- Je t’en supplie, promets-moi que tu ne feras rien d’imprudent. Je ne supporterais pas de te perdre encore.

Elle me demanda comment je m’étais échappée. Je me détachai lentement pour regarder à nouveau son visage magnifique.

- J’ai eu de l’aide moi aussi. Un gentil Mortel. Il m’a aidée à m’échapper, il a risquer sa propre vie pour ça. C’est là que j’ai compris que ce n’était pas tous les Mortels qui sont méchants. Et lui, il n’a pas les lunettes. Il ne sait pas trop à quoi nous ressemblons.

Soudain, je me dis que j’aimerais beaucoup les présenter. Deux personnes qui comptaient pour moi. Avant de retrouver Stella, je n’avais plus que Darren. Et Darren à présent savait l’existence des êtres mythologiques, alors pourquoi pas ?

- Aimerais-tu que je te présente Darren ? C’est son nom, au Mortel.

Lici est là... Ma Lici... Ma meilleure amie, ma sœur... Ma famille... Elle est là, devant moi... Ce n'est pas une personne qui lui ressemble, c'est vraiment elle. J'ai l'impression de rêver. Je ne suis plus la seule de notre horde... Je lui raconte ce qui est arrivé après sa disparition. Je lui dit tout... Mais je ne lui dis pas le temps que cela m'a pris de faire ces bûchers... Le temps que j'ai passé avec des cadavres... Mais je suis sûre qu'elle peut imaginer et se douter de ce par quoi je suis passée. C'est sans doute pour cela qu'elle me serre dans ses bras. Je me blottie tout contre elle.

- Je devais le faire... Je n'ai pas eu le choix, je ne pouvais pas les laisser comme ça et vivre à côté... Et comme je pensais que j'étais seule je n'ai pas voulu partir...

Elle se met à pleurer et je tente de la consoler. Je ne veux pas voir des larmes couler sur ses jolies joues... Maintenant qu'on s'est retrouvée on ne se quittera plus jamais... J'ai trop peur de la perdre... Elle m'explique que je n'aurais pas vraiment du venir car c'est dangereux, mais cela valait le coup car nous sommes réunies elle et moi... Je m'en fiche des nunettes spéciales... Même si cela me fait peur... Je ne veux pas qu'ils me voient et qu'ils utilisent les armes qui font du bruit et qui tue immédiatement. Je ne veux pas qu'ils voient mes ailes et mes griffes... Non... Je ne veux pas être enlevée comme Lici... Mais je ne veux plus partir. Je veux rester ici avec Peter et Lici...

- Non... Ils ne peuvent pas voir mes ailes... Ils ne doivent pas... Il faut leur retirer les nunettes... Comment ils ont fait ? Ce n'est pas bien... parce que je ne veux pas partir d'ici. Je t'ai retrouvé et j'ai Peter... En plus il y a plein de nourriture ici...

On en vient à parler de mon sauveur, de celui que j'aime beaucoup et cela me fait sourire. Oui j'ai eu de la chance de rencontrer un gentil demi-dieu et surtout il a lui de la chance que j'ai réussi à ne pas le boire... Parce que son sang m'attire tellement... Je fronce les sourcils quand elle me demande si je l'ai emmené sur l'île. Oui je l'ai fait... Je sais que je n'aurais pas du, on ne doit pas parler de notre île et encore moins la montrer mais j'étais toute seule... Depuis tellement longtemps... Et puis... C'était ma maison... Je voulais qu'il voit où je vis... Qu'il comprenne certaines choses sur moi...

- Oui beaucoup de chance. Je sais que ce n'est pas bien d'emmener quelqu'un sur l'île mais... Elle ne cache plus notre horde... J'étais toute seule... Et il était si gentil... J'avais besoin de l'y emmener...

Et puis je ne voulais pas être enfermée dans son habitation... C'est trop petit, trop étroit, trop silencieux... Je n'étais pas prête... Alors que maintenant c'est exactement dans cela que je vis... Je me sens un peu prisonnière dans son...Appartement. Ce mot est moche... Par contre je me sens en sécurité dans cet endroit loin de tous les humains. Je suis protégée, personne ne peut me voir et je peux être toute seule avec Peter. Je ne sors que la nuit pour aller me nourrir.

J'explique un peu mieux à Lici tout ce qu'à fait Peter pour moi et je lui souris. Mais je n'aime pas sa question... Pourquoi je repartirais toute seule ? Je veux rester avec elle... Je veux faire comme elle pour ne pas la quitter...

- Oui même si je ne parle pas très bien encore. Il m'aide tous les jours. Moi je veux rester si tu restes... Je veux plus être loin de toi... Ben oui mes cailloux... C'est bête mais d'être toute seule si longtemps m'a donné envie de vous parler encore... Pour ne pas rester sans entendre une voix même si c'était seulement la mienne... Alors j'ai pris des cailloux et je leur ai donné vos prénoms et je leur parlais comme si c'était vous, comme si vous n'étiez pas mortes...

Je pense qu'elle va me prendre pour une folle à dire que je parlais à des cailloux mais cela m'a vraiment permis de tenir... Etre toute seule sans voir personne ou parler à quiconque c'était très dur... Et puis j'ai rencontré Peter mais avoir une vrai conversation avec lui au départ cela a été dur... Je ne parlais pas avec les proies que je mangeais la nuit, je n'ai croisé aucun humain avec qui parler durant toutes ces années...

Et voilà qu'elle me raconte ce qu'elle a vécu... Non... Ce n'est pas possible... Ils n'ont pas pu lui faire cela... Je me vengerai, je leur ferai payer ! Je les tuerais. Mais elle ne veut pas... Je vois à quel point elle a peur... Je l'enlace tout contre moi et la recouvre de mes ailes pour la protéger et pour lui permettre de retrouver cette sensation qu'elle n'a hélas plus...

- On trouvera un moyen... Il faut se venger... Un par un... Pas tous en même temps... Dans leur sommeil... Ils auront pas leur arme bizarre... Ils doivent être punis... Mais d'accord... Je ne ferais rien d'imprudent...

Si un jour je dois la venger je ne ferais rien d'irréfléchi, d'imprudent. Tout sera parfaitement calculé... J'aurais tout maitrisé... Je tuerais en premier cette femme qui me hante certaines nuits... Elle se décale alors de moi et je me remets à battre de mes ailes avant de les replier et je la regarde. Je veux savoir comment elle a fait pour fuir. Elle me parle alors d'un mortel... Un mortel qui n'a pas vu à quoi elle ressemble... Je la regarde totalement surprise. Je ne comprends pas ce qu'elle fait avec un humain... Il faut les éviter... On ne mange que leur bébé...

- Un mortel ? Eurk... Mais pourquoi ? Ils sont méchants et ne servent qu'à nous nourrir... Ils sont bruyants et dégoutants... Et utilisent des choses trop bizarres...

Mais elle a l'air de bien l'aimer... Elle veut même me le présenter et elle connait son prénom... Mais c'est vrai que s'il l'a aidé à sortir... Je peux bien le rencontrer et voir comment il est avant de le juger...

- Je veux bien rencontrer Darren oui. Mais tu promets qu'il ne verra pas comment je suis en vraie ? Je suis en sécurité ? Je comprends que tu l'aimes bien mais... Il ne me connait pas et il pourrait ne pas m'apprécier... Moi je veux le voir pour lui dire merci de t'avoir sauvé.

Je ne veux pas prendre de risque... Mais j'ai vraiment envie de rencontrer celui qui a sauvé ma meilleure amie. Il a fait quelque chose dont je lui serais éternellement reconnaissante. C'est grâce à lui en partie si nous sommes de nouveau réunies elle et moi.

Réalisant que Stella s’était occupée de toutes les dépouilles de nos amies et famille, de toutes les stryge de la horde, j’eus un nouveau sanglot. Quelle épreuve ! Sans parler de la solitude qu’elle avait subi toutes ces années. Repenser à mes souffrances et penser aux siennes remuait tellement mes émotions. Mais le réconfort de ma meilleure amie était incroyablement efficace, sentir ses bras et ses ailes m’entourer, voilà une sensation inégalable.

Je lui expliquai les dangers de ces Mortels particuliers qui connaissaient notre existence puisqu’ils nous avaient attaquées voilà dix-huit ans, et de cette technologie dont ils disposaient pour nous voir sous notre forme réelle, avec leurs lunettes. Stella ne répéta pas correctement le nom, ce qui me fit esquisser un sourire.

- Des lunettes. Je ne sais pas comment ils ont fait, ils disposent de technologies qu’on ne connaît pas.

Elle me parla de sa rencontre avec le dénommé Peter, un demi-dieu visiblement. Elle était finalement heureuse ici, elle me parla de la nourriture. Par tous les dieux, comme la chair de nourrisson me manquait… Mais j’avais promis à Darren que je n’en mangerais plus. C’était très dur, mais après tout, je n’en avais pas mangé pendant dix-huit ans. Le plus dur était de supporter les odeurs des nourritures cuites que mangeaient les Mortels. J’avais promis d’essayer de m’adapter mais j’avais l’impression que ce serait difficile.

- Fais attention quand tu chasses, ici, c’est très différent de ce qu’on a connu par chez nous.

Puis, songeant que son Peter avait vu notre île, il me vint une idée.

- Peter sait donc où se trouve l’île ? Il pourrait me l’expliquer pour que je demande à Darren de m’y ramener ? J’aimerais y retourner un jour.

Je ne savais pas quand, ni même si je pourrais le faire, mais j’éprouvais le besoin d’avoir cet objectif. J’étais ravie de savoir que ma Stella avait, elle aussi, un bienfaiteur pour l’aider dans cette vie qui nous était si différente.
Je l’écoutai me parler de ses cailloux qui étaient, finalement, sa seule compagnie toutes ces années, et je sentis mon coeur se serrer.

- Oh ma Stella… soupirai-je tristement en la serrant encore contre moi. Tu sais, moi je répétais tous les soirs vos prénoms avant de m’endormir, pour être sure de ne pas oublier.

J’avais si peur que les mauvais traitements me fasse oublier ma famille et mes amies.
Stella était si courageuse, bien plus que moi. J’étais terrorisée par les agents du B.E.M, surtout ce dont ils étaient capables, que j’avais vécu. J’avais tant souffert, que même si j’étais très en colère et que moi aussi je les voulais tous morts.

- Oui, c’est une bonne idée. Je ne sais pas si nous réussirions à tous les avoir, mais j’avoue que moi aussi je les veux morts.

Surtout Sheppard et l'équipe scientifique.

- Non, Darren ne peut pas nous voir en vrai, il n’a pas les lunettes, il ne savait même pas que les stryges existaient. Tu verras, il est très gentil. Il est très énervé à cause de ces méchantes personnes. Et si on se donnait rendez-vous demain soir ici ? Comme ça j’ai le temps de parler à Darren de nos retrouvailles et je l’emmène ici pour que tu le rencontres. Est-ce que tu serais d’accord ?

Je ne savais pas si elle était prête, ou si elle voudrait attendre un peu, elle était libre de me dire ce qu’elle voulait, je respecterais son choix quoi qu’il arrive.

Je n'aime pas voir ma meilleure amie pleurer ainsi... Surtout pas pour ce que j'ai vécu sur nos terres. Surtout maintenant que je sais ce qu'elle aussi a du subir... Et encore je ne sais pas grand chose... Mais je peux imaginer... Ils ont commis le pire en lui retirant ses ailes... Quel genre de monstre peut faire subir ça? C'est un acte d'une cruauté sans nom... Je ne sais pas ce que je deviendrais sans mes ailes... Rien que d'y penser j'en ai un tremblement. D'ailleurs, je viens nous recouvrir de nos ailes en la prenant dans mes bras, essayant un peu de lui partager cette agréable sensation... Essayer de la consoler comme on faisant avant... Cela me rappelle quand nous dormions contre nos mères, quand on dormait ensemble elle et moi également... Nos ailes nous recouvraient, une protection, un cocon... On était à l'abris...

Elle me parle alors des Mortels et de leur pouvoir avec les nunettes... Ce sont des monstres... Je n'arrive pas à comprendre comment ils peuvent voir notre véritable apparence. Logiquement cela est impossible... Personne ne peut voir à quoi nous ressemblons... Ce qui assure en partie notre sécurité. Mais eux... Ils ont réussi...

- Oups... Lunettes... Il faut qu'on leur reprenne... Ils ne doivent pas nous voir...

Je crois que maintenant je vais avoir peur de toutes les personnes qui ont ces trucs bizarres sur le visage... Je vais me méfier... Je continue de parler, de lui raconter ce que je vis avec Peter, de la vie que j'ai ici. Et surtout de toute la nourriture que j'ai désormais à disposition. Il y a même des endroits où il y a plein de bébés au même endroit, et ceux dans différents bâtiments. En Italie il fallait que je vole un peu longtemps pour y arriver... Je fronce les sourcils quand elle me dit de faire attention parce que ce n'est pas pareil que chez nous. Ben si... Je chasse la nuit et jamais au même endroit...

- Tu veux dire quoi par là ? C'est pareil... Je vole la nuit jusqu'à un grand bâtiment où il y a plein de bébé et j'en prends un. Et la fois d'après je vais dans un autre plus loin. Je ne mange pas au même endroit, je fais attention, et parfois je rentre dans des petits endroits pendant qu'ils dorment... Je mange sur le toit ou dans notre logement... Ça dépend de si Peter est là... Je ne veux pas qu'il me voit manger... Je sais qu'il n'aime pas ça...

Pourtant c'est juste ma nourriture... Mais j'ai accepté, tant qu'il ne mange pas lui non plus devant moi parce que parfois l'odeur est dégoutante. Je réfléchis à ce qu'elle me dit ensuite. Oui.. Oui Peter sait où est notre île. Mais... Elle veut y retourner ? Il n'y a plus rien là bas... Et moi je suis ici maintenant...

- Tu veux... Tu veux retourner vivre là bas ? Mais pourquoi ? Je suis là... Mais si tu veux oui, je lui demanderais de vous expliquer le chemin... Mais tu sais, il n'y a plus rien là bas...

A part mes cailloux que j'ai du abandonner. Mes compagnons de solitude. Ils sont encore dans la grotte, près de là où je dormais. De temps en temps je les protégeais de mes ailes, comme si ma famille était là. Cela semble la rendre triste... Mais c'est ce qui m'a aidé à tenir. Elles étaient un peu avec moi comme ça.

- Ne sois pas triste Lici... Avec mes cailloux, je vous avais avec moi... Vous ne m'avez jamais quitté, vous étiez juste silencieuses. Toi tu disais nos prénoms, moi je vous parlais...

Comment elle a pu avoir peur d'oublier nos prénoms ? Qu'est-ce qu'ils ont pu lui faire pour qu'elle pense cela ? Je les déteste ! Ils ont du lui faire tellement de mal... Et pas qu'en coupant ses ailes... Je lui souris quand elle me dit que j'ai eu une bonne idée en disant qu'on pourrait aller les tuer pendant qu'ils dorment. Je trouve moi aussi que c'est une bonne idée. Il faut juste trouver où ils sont quand ils dorment. Je ne sais pas comment on peut faire pour trouver ça mais il doit bien y avoir un moyen...

- Faut qu'on trouve où ils sont dans la nuit...

Elle me parle de son amoureux, il ne sait pas à quoi elle ressemble... C'est un petit peu triste mais dans le fond je suis soulagée. C'est un humain... Et je n'aime pas les humains, sauf leurs bébés que je mange. Mais j'ai confiance en Lici alors je ne peux pas refuser de le rencontrer... Demain ? Aussi vite ? Oh... Euh... Mon cœur bat plus vite. Je la serre un peu plus contre moi, nous protégeant encore de nos ailes. Je me sens en paix, et en sécurité tout contre ma meilleure amie.  

- Demain... D'accord, pour toi... Il ne faudra pas que je vole alors... Je... Tu promets qu'il est gentil ? Parce que... C'est quand même un humain... Je serais ici à partir du coucher du soleil, vous pourrez venir quand vous voulez après.

Je ne sais pas lire l'heure, je n'ai jamais eu besoin de connaître ça, même si Peter m'a expliqué en me montrant l'objet qu'il a autour du poignet. Mais cela ne m'intéresse pas. Je préfère me fier au soleil et à la lune... Soudain, je pense à quelque chose... Un truc un peu bête mais quand même.

- Ton Mortel... Il parle italien? Ou je vais devoir parler anglais?

Je pourrais parler anglais, Peter m'a bien appris, mais j'ai encore des difficultés à faire des phrases correctes... Par contre je le comprends assez bien. Peter ne me parle qu'anglais depuis que nous sommes ici. Et il me laisse parler italien mais pas tout le temps, pour que je m'adapte à ma nouvelle vie...

J’étais envahie et submergée par tant d’émotions différentes, entre la joie incommensurable de revoir Stella, chose que j’avais toujours pensée impossible puisque j’étais persuadée qu’elle était morte depuis ce funeste jour où j’aurais voulu mourir avec elles, puis la crainte qu’il ne lui arrive quelque chose, qu’elle ne subisse ce que j’avais subi tout ce temps… D’autant qu’elle avait ses superbes ailes et qu’elle pouvait être repérée à cause de cela par les agent du B.E.M. J’expliquais à ma meilleure amie que ces dangereux mortels possédaient des outils hors de notre contrôle pour nous voir telles que nous étions. Elle avait rapidement compris le principe des lunettes et cela l’effrayait. J’aurais voulu la rassurer, mais elle avait raison d’avoir peur, ces gens étaient si dangereux et cruels.

- L’ennui, c’est que les mortels ne vivent pas comme nous, expliquai-je. Tu as dû le remarqué, ils ne vivent pas en hordes, ils vivent par duo ou parfois seuls, rarement plus nombreux sauf quand ils ont des enfants. C’est vrai qu’on ne faisait pas spécialement attention à ça quand on chassait, mais maintenant que je vis avec l’un d’eux, j’ai remarqué ça. C’est très bizarre. Mais du coup, pour ton projet de priver les agents du B.E.M de leurs lunettes, ça va être compliqué. Il ne vivent pas là où ils travaillent.

Le travail… ça aussi, c’était une notion que j’avais dû apprendre, et beaucoup de subtilités m’échappaient encore.
Je mettais Stella en garde aussi, New York était extrêmement différente des côtes italiennes que nous connaissions pour la chasse. Je hochai la tête en l’écoutant.

- Si tu es prudente, ça va. C’est juste si différent ici… Il y a du monde partout, à toute heure du jour ou de la nuit, contrairement à vers chez nous où la nuit, personne ne risquait de nous voir.

Il me tardait de connaître son Peter, mais il semblait que j’allais pouvoir lui présenter Darren d’abord. Je songeais que si Peter avait trouvé Stella et savait où était l’île, alors il pourrait m’y ramener…

- Pas forcément y vivre, mais je crois qu’y retourner me ferait du bien. J’ai vécu enfermée si longtemps, j’ai besoin de revoir ce chez-nous qui m’a tant manqué.

En songeant à la solitude de ma Stella toutes ces années seule sur notre île, avec pour seule compagnie des cailloux à qui elle avait donné nos noms, j’étais si triste. Cela me rappelait ma propre solitude, et pour des créatures comme nous qui vivions en horde, c’était extrêmement dur, voilà pourquoi mes lames avaient coulé. Mais comme toujours, Stella était d’un réconfort inégalable. Et son idée de tuer les gens du B.E.M me plaisait beaucoup. Mais encore fallait-il le trouver, comme je le lui avais expliqué.

- ça va prendre du temps… mais peut-être qu’on va trouver.

Je proposais alors de lui faire rencontrer Darren. Il était spécial pour moi, il m’avait sauvée, au même titre que Peter avait sauvé Stella. Darren ne me jugeait pas, il m’acceptait même si j’étais différente d’une mortelle. Je redoutais qu’un jour il puisse me voir telle que j’étais, j’avais si peur qu’il ait peur de moi…

- Oui, c’est le plus gentil des mortels du monde entier, dis-je un peu trop enthousiaste.

J’étais si heureuse de faire se rencontrer les deux personnes encore vivantes qui comptaient le plus pour moi en ce moment. Par contre, je perdis mon sourire à sa demande.

- Non, il ne parle pas italien. Seulement la langue d’ici. Est-ce que ça va aller ?

J’étais sure que oui, Stella était la stryge la plus intelligente que je connaissais, j’étais sure et certaine qu’elle saurait facilement se faire comprendre. Je repris ses mains dans les miennes.

- Merci d’accepter de le rencontrer. Et toi.. tu vis où maintenant ?

Après tant d'années je découvre que ma meilleure amie, ma sœur de cœur est toujours en vie et après avoir raconté nos histoires, je me dis que nous avons toutes les deux traversées des horreurs, de façons différentes et similaires à la fois. J'ai subi la solitude et elle de la torture physique. Et nous avons toutes les deux subi de la torture psychologique. Nous avons vu notre horde mourir, nous avons pensé toutes les deux que l'autre était morte. J'ai du vivre dans le silence, obligée de parler à des cailloux pour ne pas devenir folle et pour entendre le son d'une voix jusqu'à ce que je rencontre mon Peter. Et elle... Elle a vécu d'horribles choses jusqu'à ce qu'elle rencontre son Humain. Nous avons toutes les deux été sauvées par un homme qui depuis reste à nos côtés. Et grâce à eux, en quelque sorte, nous avons pu nous retrouver... Je n'en reviens toujours pas d'être en face de ma Licinia... Elle est vraiment en vie... Mais... La voir sans ses ailes me procure une sensation que je n'aime pas, La colère que j'ai ressenti, non la rage, quand ils ont tué notre horde, ne m'a jamais quittée et elle est encore plus présente maintenant que je vois ce qu'ils lui ont fait.

J'ai vraiment du mal à comprendre comment ils arrivent à voir notre véritable apparence... Et j'ai un peu de mal à me faire à cette nouvelle vie. Ici tout est bruyant, tout est bien trop animé. Mais j'ai réussi, grâce à Peter, à apprendre leur langue en partie et j'aime chasser ici la nuit. Je suis prudente, enfin, je crois l'être. Je fais tout pour qu'on ne me remarque pas. Je l'écoute me parler des humains. C'est vrai qu'ils ne vivent pas comme nous. J'ai pu le voir en Italie mais ici c'est encore différent. Ils sortent à toute heure de la journée et de la nuit. Mes yeux sont dans le vague pendant qu'elle m'explique que les agents ne vivent pas là où ils travaillent. Je me demande comment on pourrait découvrir où ils vivent. Le problème c'est s'ils ne sont pas tous ensemble... Cela prendrait trop de temps et quelqu'un finirait par comprendre et cela pourrait devenir dangereux... Mais il faut qu'on se venge ; il faut qu'on les tue. Ils ne peuvent pas rester impunis. Le mot travail, je l'ai appris grâce à mon demi dieu, mais... Je ne comprends pas trop ce que cela veut dire. Travailler pour de l'argent il m'a dit... Ils font des choses en échange de papiers qu'ils donnent pour prendre des objets ou de la nourriture. Ils sont vraiment très bizarres ces humains.

- On va trouver Lici... Je veux qu'on découvre où ils vivent... Il le faut... Ils doivent payer ce qu'ils ont fait... Il ne faut pas qu'ils recommencent...

Et puis, maintenant que je sais qu'ils sont capables de voir que je ne suis pas Humaine, j'ai peur qu'ils me trouvent et qu'ils me retirent mes ailes. Je ne veux pas que cela arrive... On parle ensuite de comment je me nourris. Je suis prudente, enfin je crois. Mais ici, c'est tellement facile de trouver un bébé... Ils ont des endroits si grands avec tout plein de nourriture... Je me demande comment elle fait. Comment elle se nourrit elle ?

- Et toi, tu fais comment ? Tu crois qu'on pourrait chasser ensemble une nuit ? Comme avant ?

Jamais beaucoup chasser avec elle. Ma Lici m'apprenait à me servir de mon cri, que j'ai toujours eu du mal à maitriser. Je sais que maintenant elle ne peut plus voler alors je ne comprends pas comment elle peut se nourrir. Je me demande si je pourrais la porter pour voler avec elle... Cela doit bien être possible... Et elle pourrait retrouver cette sensation qui doit lui manquer.

Je suis étonnée quand elle me dit vouloir retourner sur notre île. Il n'y a plus rien là bas. Tout est mort... Il n'y a que notre grotte et mes cailloux. C'est tout ce qui reste de notre horde. Mais si vraiment elle veut y aller, je demanderais à Peter de nous aider à retrouver l'endroit car moi je ne suis pas sûre d'y arriver. Nous avons pris un engin de fer pour arriver ici. Nous étions au dessus des nuages, je n'ai pas pu voir le trajet.

- Alors je lui demanderais. Mais... Tu risques d'être triste à la bas... J'ai parfois l'impression de sentir encore ces horribles odeurs... Celles du sang et de la mort. Ou d'entendre nos cris... Cet endroit n'est plus celui que tu as connu. Mais si cela te fait du bien d'y retourner... Tant que tu reviens ici ensuite. Je ne veux plus être séparée de toi.

Si elle désire retourner vivre sur notre île, j'irais la rejoindre, mais je perdrais sans doute Peter... Et je n'en ai pas envie, mais Lici est la personne la plus importante sur Terre. Elle est mon passé, mais elle est aussi devenue mon présent et mon futur. Elle est ma famille. Peter aussi... Je ne veux pas perdre l'un d'eux. Elle me parle ensuite de son amoureux, de son Humain. Je souris quand elle dit qu'il est le plus gentil des mortels. Elle a l'air heureuse avec lui... Je suis contente qu'elle ait trouvé quelqu'un. Mais j'ai peur de le rencontrer. Je n'ai jamais aimé les mortels. Ils peuvent être dangereux même s'ils ne savent pas qui nous sommes réellement. Mais pour ma meilleure amie je vais faire un effort. Je veux apprendre à le connaître. Hélas, il ne parle pas italien. Heureusement que Peter m'a appris sa langue mais j'ai encore beaucoup de lacunes. Cela ne fait que six mois que j'apprends, et encore... Les premiers temps nous parlions plus souvent italien... C'est quand nous avons commencé à nous rapprocher qu'il m'a appris sa langue.

- Je pense que oui... Je comprends bien sa langue, mais j'ai encore un peu de mal à la parler parfois. Et souvent je mélange les deux langues. Je bute sur certains mots.

Je lui souris. Et je repense aux premières fois où j'ai vraiment parlé avec Peter dans sa langue. La moitié de mes mots était en italien et parfois je disais des mots qui ne correspondaient pas à ce que je voulais dire. Il me regardait alors bizarrement avant d'exploser de rire. Ensuite, il m'expliquait ce que je venais de dire et me corrigeait. On se mettait alors à rire tous les deux et c'était si agréable. La première fois que j'ai rigolé, j'ai été si surprise... Je me suis cachée la bouche avec mes mains, honteuse de rire. Par contre, j'adorais quand lui rigolait. Ce son emplissait mon cœur et me mettait en joie. Je crois que c'est ce qui m'a aidé à avancer, qui m'a guéri de ma solitude. Il a réparé mon cœur brisé.

J'embrasse mon amie lorsqu'elle me prend mes mains. Que c'est bon de retrouver sa douceur, son visage... Elle m'a tellement manqué...

- C'est normal, c'est ton amoureux, alors il faut que je le rencontre... Je vis... Euh... Avec Peter, chez lui. Je vis dans le kinss (Queens). Il a un logement grand avec un étage. C'est joli et grand et le soleil entre beaucoup dedans, ça change de la grotte. Et il a un lit si moelleux...

La première fois que j'ai dormi dans un lit... J'ai poussé un soupir de plaisir et je n'ai pas voulu le quitter avant longtemps. C'était si doux, si agréable... Et la couverture dessus... J'ai eu très chaud. Le mieux c'est quand il est venu me rejoindre et que j'ai dormi contre lui. Je nous ai entouré de mes ailes, même s'il ne pouvait pas les voir et j'ai dormi comme je n'avais pas dormi depuis longtemps... C'était si bon... Mais j'ai eu du mal avec plein de choses ensuite chez lui. La salle de bain... L'eau qui sortait du tuyau... C'était si bizarre... Mais je crois que je me suis rapidement fait à cet endroit...

Ces retrouvailles aussi surprenantes qu’inattendues avaient réveillé beaucoup de chose, chez moi comme chez Stella, j’en étais persuadée. Et si de mon côté j’étais plutôt résignée après ces quelques mois de liberté, la voir si en colère quant au sort que m’avait réservé e B.E.M commençait à réveiller ma rage et mon envie de vengeance, tout comme celle que ma meilleure amie manifestait. Elle avait raison, on ne pouvait pas laisser ces pourritures en vie… ne serait-ce que pour venger notre horde !

- Moi aussi je veux qu’ils paient, je sais que tu as raison, convins-je avec elle.

La peur qui me tétanisait commençait à se muer en fureur, et j’étais prête à suivre Stella, mais il ne fallait pas pour autant être imprudentes.

- Nous ferons des recherches, je demanderai à Darren. Il a une grosse boite avec des choses qui défilent dedans et ça l’aide à faire des recherches. Il est capable de trouver toutes sortes d'informations grâce à ça, expliquai-je.

Je craignais tant pour la sécurité de ma meilleure amie qui était comme une sœur. Je l’avais perdue une fois, il était hors de question qu’une telle chose arrive de nouveau. Jamais. Je n’y survivrais pas. Je lui demandais donc de redoubler de prudence et de vigilance quand elle décidait de sortir chasser. Soudain, elle me demanda comment je faisais. Je baissai les yeux, presque honteuse de ce que j’allais dire.

- Moi ? Je… Je ne mange plus la même nourriture. Parce que ça fait de la peine à Darren. Les bébés que je suis sensée manger sont de la même espèce que lui et ça lui fait mal. Il m’a dit que ça lui faisait pareil que moi quand j’ai vu les nôtres mourir. Alors il m’achète de la nourriture qui vient d’animaux. Je trouve ça répugnant et triste mais je n’ai pas le choix.

Dans les sous-sols du B.E.M, ils ne me nourrissaient pas, je devais survivre en affrontant des demi-dieux et en buvant leur sang. Je n’avais plus mangé de nourrissons depuis tout ce temps. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait. Stella me proposa de chasser ensemble. C’était si tentant… Je me mordillai la lèvre inférieure.

- Je sais pas si je peux… J’ai promis…

Même chez les stryges, une promesse était une promesse.
J’avais demandé pour notre île. Stella avait un souvenir bien différent du mien, car elle avait continué à y vivre, seule. Moi, même si les dernières images que j’en avais étaient celle d’un carnage funeste, il y avait énormément de bons souvenirs des moments d’avant.

- Ce n’est pas pour retourner y vivre, mais plutôt m’y recueillir, retrouver des sensations… je n’ai plus l’impression d’être une stryge, tu sais… Je n’ai plus d’ailes, je ne peux plus crier non plus… Je veux seulement me sentir chez moi de nouveau, au moins une fois. J’en ai besoin. Même si c’est pour pas longtemps. Et oui, je reviendrai là où tu es, on ne se quitte plus.

En disant cela, je la serrai une nouvelle fois dans mes bras. Je ne pouvais pas m’en empêcher, et en l’entourant, les mains frôlaient ses ailes si douces. Puis, je la libérai pour lui faire face, parlant de Darren et de la langue d’ici que Stella disait maîtriser moyennement.

- ça ira, tu verras. Il est très compréhensif.

Je ne pouvais m’empêcher de sourire, tout semblait beau tout à coup puisque j’étais avec Stella et nous parlions de Darren qui m’avait sauvé, et aussi de sin Peter qui l’avait beaucoup aidée. Lui aussi, je voulais le rencontrer. Un mot m’étonna cependant dans ce que venait de dire Stella.

- Mon amoureux ? Je comprends pas. C’est quoi « namoureux » ?

Je n’avais jamais entendu parler d’un tel mot. Ce n’était pas un objet puisqu’elle parlait de Darren en ces mots.

- C’est un Mortel, pas un namoureux. Je connais pas cette espèce, c’est comment ? Est-ce que ça ressemble aux Mortels ?

Je souris lorsqu’elle me parla du lieu où elle vivait. Du soleil, nous aimions beaucoup ça, nous les stryges habituées au climat de l’Italie. L’hiver à New York était glacial et ce fut la première chose que je connus en sortant du B.E.M, le froid et la neige. J’eus l’impression de mourir et je m’étais même évanouie après seulement une minute dehors après une course effrénée pour sortir du bâtiment du B.E.M.

Je suis ravie que ma meilleure amie soit d'accord avec moi. Nous allons pouvoir partir en chasse, traquer ces humains et les tuer dans leur sommeil. Mais nous devrons nous montrer prudente et nous ne sommes que deux pour y parvenir et eux... Je ne sais pas combien. Elle me dit alors que son humain va pouvoir nous aider. C'est bien ça. Je fronce les sourcils quand elle parle de la boite. C'est vraiment très étrange ce qu'elle me dit...

- Mais la boite doit être géante pour que les choses se baladent dedans... Et comment il peut trouver ce qu'il cherche ? Il trouve des informations en parlant avec les gens dedans ? Je croyais que c'était des choses qui bougent dedans...

J'essaie d'imaginer et cela me fait sourire. Ce que je pense n'est sans doute pas possible mais je ne vois que ça... Une grosse boite dans la rue ou tout et n'importe quoi est déposé, puis déplacé, et des gens qui marchent dedans... Une boite sans côté, juste les bordures...

J'espère que je croiserais cet endroit pour voir à quoi cela ressemble. Parce que pour l'instant je n'ai pas vu de boite comme ça. On parle ensuite nourriture mais elle me dit qu'elle ne mange plus comme moi... À cause de l'humain... Je fais la grimace quand elle dit qu'elle mange des animaux et qu'elle n'aime pas ça... Elle ne devrait pas se forcer. Et est-ce suffisant pour elle ? Est-ce qu'elle mange à sa faim ? Je sens la colère monter un petit peu en moi. Je pose mes mains sur ses épaules pour bien la regarder.

- Ton humain t'empêche de manger ce que tu aimes ? Il te force à manger des trucs pas bon ? Il n'a pas le droit... Tu veux qu'on aille ensemble manger un bébé ? Ou que je t'en ramène ? On n'est pas obligé de le lui dire... Il faut que tu manges bien Lici... Je ne veux pas que tu sois malade... C'est ce que nous mangeons... C'est ce qui nous permet de vivre... Et ils en ont tellement.

Elle ne sait pas si elle veut manger un nourrisson... Elle a fait une promesse à un humain... Mais... C'est comme promettre de ne plus respirer... De ne plus dormir ou je ne sais quoi... Jamais je ne pourrais me passer d'humain...

- Une promesse est une promesse hélas mais... Tu l'as faite à un humain... Est-ce que cela a plus de valeur que de manger à sa faim, comme il se doit, comme nous l'avons toujours fait ? Nous sommes des stryges, et les stryges mangent les mini humains. Mais... Je sais qu'il compte pour toi... Alors je n'insisterais pas.

Mais si elle ne veut pas... Je respecterai, je n'ai pas le choix de toute façon. Mais jamais je ne ferais comme elle.

Elle désire retourner voir l'île... Et ce qu'elle me dit me brise le cœur. Je la comprends... Elle n'a plus rien d'une stryge oui... Il ne lui reste que les griffes... C'est tellement injuste. Est-ce qu'elle va reconnaître l'endroit ? Il a tellement changé... Enfin... Dans un sens... Je l'ai gardé en état, j'en ai pris soin mais, il n'y a plus de vie, plus rien... Et j'ai toujours pensé que l'odeur de la mort était encore là. Elle n'a jamais quitté mes narines.

- Je suis tellement désolée Lici... Je ne peux qu'imaginer... Tu es tellement courageuse... Il t'indiquera le chemin alors pour que tu puisses y aller... Mais, attends toi à être envahie par le chagrin et la mort... Cela ne ressemble plus à l'endroit que nous connaissions avant... Avant ce qui est arrivé. Si tu décidais de retourner vivre là bas, je t'y rejoindrai.

Mes ailes frémissent au contact de ses mains mais quand elle me libère j'en décide autrement. Je viens de nouveau la serrer contre moi, laissant mes ailes venir nous enlacer pour qu'elle les sente dans son dos, même si cela n'est pas la sensation qu'elle avait autrefois. Je les bouge légèrement pour qu'elle les sente puis je me décale un peu.

Son amoureux a l'air gentil même s'il ne veut pas qu'elle mange ce qu'elle aime. On parle un peu de lui et du mien et je souris. Je me mord la lèvre quand elle me demande ce que c'est qu'un namoureux. Mais euh... Je ne sais pas comment l'expliquer parce que Peter m'a juste dit qu'il était mon amoureux... Il l'a dit avec plusieurs autres mots. Mais je n'ai retenu que lui car je le trouvais drôle à dire.

- Euh et bien je sais pas vraiment... C'est Peter qui dit ça... Je crois que c'est parce que c'est quelque chose d'important et de bien. Il faut que tu demande à ton humain, il te dira mieux que moi. Ben je crois que ça ressemble aux Mortels mais comme Peter est un demi dieu... Je ne suis pas très sure en fait.

Ah oui... En fait cela ne fonctionne peut être pas pour Darren... Je ne sais pas. C'est si compliqué, mais le mot était si beau et sa façon de le dire tellement belle. Il faudra que je redemande à Peter...

- Lici... Dis moi... Est-ce que tu as les appareils qui permettent de parler dedans ? Le... Téléphoneuh ! J'en ai un, et Peter il m'a dit qu'on peut se parler avec même en étant loin et si tu as tu dois avec des chiffres à me donner je crois... Mais je ne sais pas faire, c'est Peter qui me l'a fait quand il me l'a offert. Il m'a tout expliqué mais c'est si compliqué et je n'avais personne à ajouter dedans...

Ce serait bien pour que je puisse parler avec elle de très loin et pour prendre de ses nouvelles et organiser nos prochaines rencontrent et je ne sais quoi encore.

Cette discussion avec Stella le redonnait espoir, celui d'un jour venger notre horde. Je l'avais perdu voilà bien longtemps, étant captive et n'ayant que peu ou pas de perspective d'avenir. Mais à présent libre, tout était différent et en plus avec Stella à mes côtés, je me sentais forte, comme si plus rien ne pouvait plus m'arrêter, pas même l' absence de mes ailes ou le fait de ne plus pouvoir crier.

Nous avions l'une comme l'autre beaucoup à apprendre sur le monde des Mortels, mais il semblait que nous pouvions nous compléter sur les connaissances, certes peu abondantes, que nous avions déjà respectivement à notre actif. C'est ainsi que je parlai à ma meilleure amie du moyen employé par Darren pour faire ses recherches.

- Non, la boîte n'est pas si grande mais elle renferme énormément d'informations. Il est en mesure d'écrire à des gens qui ne sont pas là mais qui reçoivent instantanément le message. Ça s'appelle l'informe attique. Je crois que c'est parce que ça informe, mais j'en suis pas sure. En tout cas, il a accès à beaucoup de connaissances grâce à ça. Et beaucoup de Mortels en ont dans leur grotte-appartement. C'est répandu chez eux.

J'avais honte de dire à Stella que j'avais promis à Darren de changer d'alimentation. Je n'avais plus mangé de nourrisson depuis des années, j'avais seulement survécu grâce au sang de demi-dieux. J'avais presque oublié le goût délicieux que pouvait avoir un bébé bien dodu. Je l'avouais à ma sœur de cœur. Elle s'insurgea. Je baissai la tête, un peu honteuse.

- Ça fait des années que je n'en ai pas mangé, ils ne m'en donnaient pas au BEM. Et Darren a eu l'air choqué quand je lui ai dit. Je commence à comprendre pourquoi. En fait les Mortels sont comme nous, ils aiment leurs petits comme nos mamans nous aimaient.

J'étais si tentée par la proposition de Stella... Elle proposait de m'en ramener un....que Darren ne le saurait jais. Oui mais mentir à Darren me semblait impossible et inapproprié... Je ne voulais pas le faire.

- Peut-être la prochaine fois. Je vais d' abord lui demander parce que je ne veux pas mentir et rompre ma promesse... J'aurais trop peur d'être châtiée par les dieux, et que Darren ne me fasse plus confiance.

Mais j'en salivais d'envie. Cependant, j'étais capable de me retenir, et Stella faisait preuve de compréhension.
Nous parlâmes ensuite de notre île et un nouvel espoir jaillit en moi, celui de revoir la terre qui nous avait vues naître. Un rêve enfoui depuis longtemps car j'avais perdu tout espoir de le réaliser un jour. Mais aujourd'hui, tout était différent. Péter, le demi-dieu de Stella, connaissait le chemin.

- Je crois que j'ai seulement besoin de faire le deuil de cet endroit et de notre ancienne vie. Et savoir comment y aller me rassurerait, je me dis que comme ça si un jour on décide d'y retourner on pourra.

Nous en étions de nouveau à échanger les informations que nous avions sur le mode de vie des Mortels, et voilà que Stella m'apprit un mot nouveau : namoureux. Mais elle en semblait pas beaucoup maîtriser la définition, alors je demanderais à Darren une fois rentrée à la grotte-appartement.

- Donc les Namoureux sont de gentils spécimens ? Bon je lui demanderai quand il rentrera.

J'étais bien curieuse à ce propos.

- Ah, ça, téléphone je connais, Darren aussi en a un. Comme les grosses boîtes, les Mortels ont tous ça avec eux. Moi je n'en ai pas mais je vais demander à Darren si il peut me prêter le sien ou alors m'en trouver un, comme ça nous aussi on pourra se parler de loin.

Cette idée le réjouissait tellement. D'après les explications de Stella, il fallait ajouter la personne dedans.

- Si tu connais le tien de numéro, dis-le-moi je vais le retenir et le lui donner.

J'étais si pressée d'essayer. Pouvoir parler à Stella n'importe quand, même si elle était loin, cela me semblait une perspective vraiment géniale. Pour une fois, je trouvais que les Mortels avaient inventé quelque chose de pratique.

Je n'arrive pas à imaginer la boite qu'utilise le Mortel de ma sœur, je ne comprends pas comment on peut mettre autant de gens, d'information, dans un endroit qui semble au final assez petit. En plus on peut écrire dedans... Informe attique ? Humm pas sur de tout comprendre...

- C'est qui Attique ? Pourquoi on l'informe ? Pourquoi les Mortels sont-ils aussi compliqués ?

La boite rentre donc chez les gens ? Ils en ont tous ? Il faudra que je vois ça, que je demande à Peter. Je dois en apprendre un peu plus sur les gens d'ici, sur comment fonctionne les choses. Il faut que j'arrive à mieux me cacher parmi eux si je veux un jour me venger de ce qu'on a fait à ma horde. Mais je ne pourrais jamais faire comme Licinia, m'adapter à ce point à eux. Jamais je ne cesserai de manger les bébés. Je ne comprends pas comment elle a pu faire cela... Pourquoi s'adapter à ce point ? Pourquoi accepter de renoncer à son alimentation ? Nous chassons et mangeons des bébés, c'est notre nature... Je soupire et baisse les yeux quand elle parle de nos mamans qui nous aimaient. Ma horde me manque... Ma mère me manque... Mais cela ne change rien. Je mangerai quoi si je devais faire comme elle ? Peter m'a fait gouter des choses et... C'était dégoutant... Elle désire demander à son Mortel si elle peut se nourrir comme moi... Pour ne pas rompre sa promesse, et je l'accepte totalement. Une stryge n'a qu'une parole et elle la tient. Une promesse ne se rompt pas, elle s'honore jusqu'à la fin.

- Je te comprends ma sœur. Demande lui oui. J'espère qu'il sera d'accord. Par contre... Ne me demandez pas d'arrêter... Je ne sais pas si je pourrais... Les Mortels sont très nombreux... Un bébé en moins ne fait aucune différence...

Notre île... Elle veut retourner dessus... Alors que moi, je ne veux plus, sauf si c'est avec elle et Peter. Je ne veux plus jamais me retrouver seule là bas. Il n'y a que mort et silence en cet endroit. Je sais qu'elle sera triste en arrivant là bas... Mais elle pourra voir où sont nos sœurs, mères et tantes.

- Peter te donnera le chemin, il te dira tout, il peut même mettre le chemin sur du papier.

Il le fera avec grand plaisir, surtout quand il apprendra qui est mon amie, ma sœur... Il sera content pour nous, content de nos retrouvailles. Il est parfait mon amoureux. Tellement gentil et attentionné. J'ai de la chance d'être tombée sur lui, mais... Parfois c'est un peu difficile... Quand j'ai trop faim... Son sang m'appelle... J'y ai déjà gouté en plus... Et c'était tellement bon... Je souris à Licinia quand on parle des amoureux. Mais je préfère qu'elle demande au sien, parce que je ne suis pas très sure de ce que cela veut dire exactement.

- Oui, ce sont les plus gentils quand ce sont les nôtres. On en a chacun un de ce que j'ai compris, et juste un. Mais oui, demande à ton Mortel. Je ne voudrais pas t'apprendre quelque chose de pas correct.

Ce serait tellement bien qu'elle ait un téléphone. Il faut vraiment qu'elle demande à Darren, oui je suis bien d'accord ! Comme cela nous pourrons parler plus facilement. Sinon il faut qu'elle m'indique où se trouve sa grotte-appartement pour que je puisse voler jusqu'à elle à chaque fois que je voudrais lui parler. Mais cela pourrait être dangereux, je pourrais me faire repérer...

- Il t'en faut un à toi ! C'est tellement pratique ! Mon numéro c'est ça.

Je lui indique mon numéro. Peter me l'a fait apprendre par cœur, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi... Je ne vais pas m'appeler moi-même... J'ai retenu aussi son numéro à lui. Même s'il l'a enregistré dans mon téléphone. Je serre de nouveau fort contre moi ma meilleure amie.

- Je vais devoir rentrer dans pas longtemps... Peter va s'inquiéter. Il n'aime pas que je sorte seule le soir. Il m'a dit qu'il y a des humains pas très gentils le soir par ici. Mais j'avais vraiment besoin de voler un peu, et d'aller chasser. Promets moi qu'on va se revoir bientôt... Je ne veux plus être séparée de toi...

Plus jamais... Maintenant qu'on s'est retrouvée, nous avons des années de retard à rattraper... Des années de silence, de solitude, à combler. Des années de câlins et d'amour à se donner... Et nous devons présenter nos amoureux respectifs.