Le pouvoir des fleurs

ft Licinia & Eleonore

Le pouvoir des fleurs

Le cœur battant à s’en rompre, j’observais les environs, incertains car plongés dans les ténèbres. Ce n’était pas la première fois que je venais jusqu’ici et que je vivais cette scène. Le sol se mit alors à trembler avant de s’ouvrir sous mes pieds pour m’emporter dans un gouffre sans fin. Non, c’était de l’eau et plus j’étais attiré par le fond, plus je peinais à respirer. Mes poumons se contractaient, je le sentais encore et encore. Mon réveil se mit alors à sonner me sortant presque instantanément de mon état léthargique. Mon front perlait de sueur, ma respiration était saccadée et mon cœur battait si vite que cela en devenait douloureux. Me ruant sur ma table de chevet, je sortis à la hâte un petit carnet à la reliure abimée par l’usure tout en saisissant le crayon à ses côtés. Je me mis alors à rédiger frénétiquement tout ce que je venais de vivre comme à chaque fois. Voilà des années que je faisais quasi systématiquement le même rêve. Cela n’était plus le cas depuis quelques années, mais force est de constater que c’était revenu et qu’il me fallait reprendre le carnet et le crayon pour tenter de percer le mystère ou juste essayer de comprendre pourquoi, à chaque fois qu’il se passait quelque chose de possiblement difficile à gérer dans ma vie, j’étais confronté à ce même cauchemar.

J’avais la gorge sèche, assez pour me décider à trainer ma carcasse jusque dans la cuisine pour m’y servir un verre d’eau. Les cadavres de quelques bouteilles trainaient encore près de l’évier, me rappelant à quel point certaines récentes révélations m’avaient ébranlé. « - Licinia » fis-je entendre en me massant les tempes. Je lui avais demandé du temps pour assimiler le fait que le monde dans lequel je vivais, était peuplé de demi-dieux, de monstres et diverses autres créatures que j’étais jusqu’alors certain de ne croiser que dans des livres ou à la télé. « - Non mais regarde-toi . » Avalant d’une traite mon verre d’eau et me débarrassant de toutes les bouteilles qui trainaient de-ci de-là, je pris sans attendre la direction de la salle de bains pour une douche et me changer avant de quitter mon appartement pour rejoindre l’Upper East Side et retrouver Licinia. La veille, je lui avais fait parvenir de quoi s’habiller, car aux dernières nouvelles New-York ne prône que très moyennement le nudisme et  puisqu’il était vital pour elle de se fondre, il lui fallait l’archétype vestimentaire d’une new-yorkaise.

Le « ding » de l’ascenseur retentit une dernière fois avant qu’enfin les portes ne s’ouvrent. « - Licinia ? C’est moi, Darren. Je t'ai dit que je passerai aujourd’hui. Licinia es-tu là ? »

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Le pouvoir des fleurs

C’était ma deuxième nuit dans cet appartement. Quel drôle de nom pour une habitation. Comment pouvait-on vivre sciemment dans un lieu sans sentir l’air du vent sur soi, sans voir les étoiles si d’aventure on ouvrait les yeux la nuit ? Mais j’avais vite compris pourquoi, la pellicule blanche qui tombait du ciel et qui jonchait le sol donnait beaucoup trop froid. Mon île me manquait, ma vie là-bas avec les miens me manquait, mais je savais que je ne les reverrais jamais, elles étaient toutes mortes. Un sentiment de nostalgie m’avait étreinte et j’avais versé des torrents de larmes avant de réussir à me calmer, les yeux rivés sur les étoiles, alors que j’étais assise en tailleurs face à l’immense baie vitrée. J’avais fini par m’endormir par terre auprès du radiateur. J’aimais porter ce peignoir épais que m’avait proposé Darren quand il m’avait montré comment utiliser la baignoire, mais le lendemain, il avait apporté d’autres vêtements en expliquant brièvement qu’on portait plutôt ce genre de choses dehors. J’avais beaucoup à apprendre sur la vie d’une humaine pour l’imiter au mieux. Le gentil Mortel n’était pas resté longtemps, il avait juste apporté des vêtements et était reparti, il disait qu’il avait besoin de temps. Qu’est-ce que je devrais dire ?

Je commençai à tourner en rond dans cet endroit, j’étais enfin libre, si près mais si loin à la fois d’une vie normale. J’apercevais depuis la grande fenêtre ces fameux arbres du parc. Il y avait de la verdure là-bas. Je soupirai. C’était impensable pour moi d’y aller seule, je me perdrais à coup-sûr et je mourrais de froid dehors. J’avais fait les cents pas, je m’étais amusée à sauter sur cet immense meuble moelleux qui s’appelait un canapé, puis finalement je m’étais rendormie.

Ce fut la voix de Darren qui me tira d’un horrible songe où je revoyais encore ce salopard de Sheppard et sa batte. Je sursautai en feulant avant de cligner plusieurs fois des yeux pour réaliser que c’était Darren. Mon coeur battait encore la chamade mais j’étais rassurée.

- Oui, vous avez dit que vous viendriez, dis-je en me frottant les yeux. Est-ce qu’on va sortir aujourd’hui ? On peut aller voir les arbres ?

Je m’étais levée pour aller vers lui, espérant qu’il n’aurait plus ce mouvement de recul. J’avais enfilé les vêtements qu’il avait apportés pour moi, sauf les chaussures parce que je connaissais pas encore l’utilisation de ces choses, j’avais été toute ma vie pieds nus. Par contre je ne m’étais pas aperçue que j’avais mis le pull à l’envers.

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Le pouvoir des fleurs

Une journée comme les autres dans le froid de la saison. J'avais ouvert la boutique alors que James devais surement être entrain de travailler. Cela me déranger de ne pas vraiment savoir ce qu'il faisait mais nous étions ensemble depuis peu et je lui laissais le temps de me dévoiler le reste de sa vie. Je savais simplement que s'était un travail important et qu'il avait également un poste important. Je soupirais un sourire aux lèvres en envoyant un petit sms - Passes une bonne journée mon amour. Penses tu pouvoir venir dîner ... et dormir à la maison ce soir ? Je t'embrasse. J'avais envie de le voir vingt quatre heures par journée mais c'était bien sur impossible.

J'arrangeais les plantes, en sortant certaines, en arrangeant d'autres alors que ma douce Rose s'amusait dans son parc à l'arrière de la boutique, une petite musique se faisait entendre dans le magasin, juste comme un son lointain, j'avais mis l'album de Lindsey Stirling, une ambiance douce et agréable que mes clients appréciaient la plupart du temps. Je passais à l'arrière boutique et caressa les cheveux de ma fille avant d'aller augmenter le chauffage. - Il fait bien froid aujourd'hui Princesse, tu ne trouves pas ? Bon on va augmenter un peu. La petite me faisait oui de la tête avec son petit "oui" de sa petite voix adorable. J'étais totalement en amour devant elle et ne regrettait absolument pas son adoption, même si elle n'avait pas vraiment de père pour le moment - bien que James, prenait doucement cette place - , elle semblait heureuse et épanouie.

Je n'étais ouvert que le matin car nous étions dimanche et l'après midi était dédié à ma petite princesse. J'espérais secrètement que mon homme puisse être là mais j'avais crus comprendre qu'il n'avait aucun réel jour de repos dans la semaine, cela me rendait un peu triste mais je ne le montrais pas. Je passais à l'avant dès que la clochette de la porte se faisait entendre pour servir les clients puis retournais jouer avec ma fille à l'arrière, parfois je lui montrais les plantes et la faisais arrosé, elle aimait bien ça. En soit une journée agréable s'annonçait malgré le froid.

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Le pouvoir des fleurs

J’étais loin de me douter que mon arrivée surprise, attiserait la crainte de Licinia qui feula lorsque je sortis de l’ascenseur. « Ça commence mal » songeais-je dans un coin de ma tête. « - Ce n’est que moi, Darren. Tu sais, le type qui t'as parlé de macaronis et de vin. » J’étais à l’aise, à ma grande surprise et ravi de la retrouver. Finalement peut-être que j’allais finir par accepter tout ça et que je n’aurai à l’avenir plus besoin de l’excuse du « j’ai besoin de temps pour m’y faire » pour justifier mon recul.

« - Ça va aller ? Tu ne vas pas me faire une prise de karaté hein ? » tentais-je avec humour. « - Je vois que tu as mis les vêtements que je t'ai apportés. Tout est parfait, sauf le pull, il est à l'envers. » Elle s’approcha sans méfiance tandis que je restais à ma place en confiance. « - Tu vois l’étiquette qui est ici, sous ton menton ? » désignais-je du bout du doigt. « - Il faut qu’elle soit de l’autre côté, dans ta nuque. Tu permets ? » Je m’approchais à mon tour avec précaution malgré tout pour ne pas la brusquer. « - Je vais t'aider, n’aies pas peur. »

J’étais près, assez pour baisser un peu la voix et lentement avec des gestes doux, je retirais ses bras des manches. « - On enlève donc les bras des manches comme ici. Ensuite on tourne le pull comme ça et on remet les bras dans les manches. Parfait ! » Nous étions près, tellement que je ne pus me résoudre à ne pas reprendre ma place initiale.

« - Aujourd’hui, c’est journée découverte ! Mets donc tes chaussures et je te sors d’ici pour aller se promener un peu. Il y a un endroit sympa que j’aimerais te faire voir et ça n’est pas loin. Après on ira au parc si tu veux évidemment. »

Et nous voilà, quelques minutes plus tard dehors. « - Tu ne dois pas avoir l’habitude avec les chaussures, mais tu vas voir que c’est bien pratique, surtout à New-York. Tu n'as pas trop froid ? » Je me souciais vraiment d’elle, chose qui n’arrivait que très rarement avec les autres. « - Nous allons nous rendre chez une fleuriste. J’ai cru comprendre que la nature avait une place importante dans ta vie. Alors pour décorer l’appartement, je te propose d’aller acheter quelques fleurs. Qu’est-ce que tu en dis ? »

Voilà que déjà nous regagnons « Douceur de Rose » une boutique que j’avais repérée récemment et qui avait l’avantage de se trouver à proximité. « - Nous y voilà ! » m’exclamais-je en ouvrant la porte. Une clochette se mit alors à tinter et toujours soucieux de rassurer Lici, je déposais une main sur son épaule tout en lui expliquant les choses. « - Ne t'en fait pas, c’est une petite clochette qui alerte la fleuriste quand un client arrive. C’est pratique surtout si la personne est dans sa réserve. » Je lui souris avec bienveillance avant que nous nous approchions de la gérante. « - Bonjour ! Ma compagne voudrait un peu plus de végétation dans l’appartement et comme je ne suis pas très doué et contre les plateformes du type Amazon, je me suis dit qu’il serait plus judicieux de venir chez une fleuriste. »

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Le pouvoir des fleurs

J’avais été réveillée en sursaut, mais malheureusement j’en avais pris l’habitude. Et puis ce n’était pas plus mal, j’étais en plein cauchemar avant l’arrivée de Darren. Je le regardai en haussant un sourcil lorsqu’il parla de prise et de karaté. Mon regard se posa sur une prise électrique murale.

- Karaté c’est le lieu de fabrication de ça ? Comme usine ?

Je n’avais pas saisi le propos mais je compris à son expression que c’était pour plaisanter. Puis il m’expliqua que j’avais mis le pull à l’envers, alors je le laissai faire, écoutant son explication.

- Merci pour votre aide.

Je me sentais idiote parce que ça avait l’air vraiment simple, mais j’avais une bonne mémoire et je ne ferais plus cette erreur. j’étais ravie d’entendre que nous allions sortir, un peu moins de savoir que j’étais obligée de porter les choses qui emprisonnaient les pieds. Mais le sol était si froid dehors, quel mal était pire ? J’avais donc, non sans mal, enfilé ces objets de torture et mis du temps pour m’habituer à marcher avec. Le trajet jusqu’à l’ascenseur fut difficile, mais une fois dehors, j’en oubliais mon mal aux pieds, trop heureuse de voir le ciel, les nuages, respirer l’air, même si nauséabond, de l’extérieur, sentir le vent frais sur mon visage. Je ne pouvais que sourire. Surtout quand Darren m’avait annoncé que nous irions prendre des fleurs, et mon regard s’était illuminé. Des fleurs… depuis combien de temps n’en avais-je pas vu ? Cela me semblait irréel, surtout dans cette ville toute bétonné, mais je faisais confiance à mon sauveur Mortel.

Nous marchions, j’observais chaque chose, chaque passant, chaque voiture, chaque détail avec curiosité avant que finalement la destination choisie par le journaliste soit atteinte. Mon regard s’émerveilla face aux plantes visibles depuis la vitrine. Quand nous entrâmes, le tintement de la clochette me fit sursauter et feuler mais Darren m’expliqua que c’était normal, et je hochai la tête. Bien vite, mon regard se porta sur les plantes et les fleurs. Je me précipitai auprès d’un bouquet joliment coloré, les yeux remplis d’étoiles, et je me mis à humer le parfum floral, une douce odeur que je n’avais plus sentie depuis bien longtemps et qui faisait une charmante coupure avec les effluves de pollution qu’on sentait à l’extérieur. J’en eus presque les larmes aux yeux.

J’aperçus soudain arriver vers nous une femme, un mortelle. Je reculai d’un pas pour me rapprocher de Darren qui se mit à lui parler. Il disait que j’étais sa compagne, je le regardai alors avec étonnement quand il parla d’amazones.

- Oui parce que les amazones n’existent plus et puis c’était pas les plantes qu’elles maîtrisaient.

Soudain, je remarquai derrière la femme une petite fille. Elle avait l’air très appétissant et je ne pus m’empêcher de passer ma langue sur les lèvres.

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Le pouvoir des fleurs

Ma petite boutique. Je l'aimais d'un amour sans retenu, je l'avais monté moi même contre l'avis de tous et j'avais réussis là où beaucoup avait échoué. Je vivais de façon agréable sans avoir beaucoup de zéro sur mon compte, qui n'était pas toujours au vert à la fin du mois. Mais j'étais heureuse et c'était pour moi la plus belle des récompenses, de plus ma jolie rose de manquait de rien alors, de mon point de vu tout était parfait.

J'avais des clients réguliers et d'autres qui pourraient la porte pour la première fois mais je les aimais tous à ma façon. Je prenais soin de comprendre leur besoin pour leur apporter les conseils et surtout les meilleures plantes pour leur bonheur.

J'étais avec ma fille dans l'arrière boutique quand la petite sonnette se fit entendre. Je laissais ma princesse sur son grand tapis de jeux, elle jouait à la dînette. J'avançais donc pour croiser un couple. Je souris alors avec douceur.  

-Bonjour. Très bien, vous êtes au bon endroit. Votre appartement est il lumineux ou plutôt sombre ? demandais je dans un premier temps les mains jointes alors que ma fllle fin attraper ma jambe pour observer.- Vous préférez les fleurs ou les plantes vertes ? demandais je alors avant d'entendre la phrase étrange de la jeune femme qui semblait un peu perdue.

J'attrapais la fille pour la hisser dans mes bras.- Pas simple d'allier travail et maman hain ? dis je avec un petit sourire amusé avant de regarder le petit couple histoire de savoir ce qu'ils souhaitaient réellement et surtout en savoir plus sur leur appartement pour leur proposer les meilleures plantes pour eux. Il était certain qu'on ne pouvait pas mettre une plante aimant le soleil dans un appartement sombre... Et vice versa.

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Le pouvoir des fleurs

La référence à une hypothétique prise de karaté semblait lui faire défaut, si bien que je me sentais obligé de corriger le tir instantanément. - Non ça n’a rien à voir avec une prise électrique. En fait le karaté est un art martial. C’est une espèce de système de combat. Il en existe tout un tas. Vous avez le Karaté, l’Aïkido, le Ju-jitsu. Ils prennent leurs essors en Asie, mais tu as aussi d’autre type d’arts martiaux ailleurs. La Capoeira au Brésil par exemple. En gros c’est l’art du combat quoi. Je te monterai des vidéos si ça t'intéresse. Tout ça pour dire que ça… lui désigne du regard la prise électrique qu’elle fixait avec intensité. - C’est une prise électrique et que ça n’a rien à voir avec une prise de karaté. Les subtilités de la langue font que parfois on utilise le même mot pour désigner des choses qui n’ont rien de commun. Le débat sur les prises n’étant pas ma priorité, il me fallait vite rebondir pour que l’on ne s’éternise pas sur des choses aussi insignifiantes.

Quitter l’appartement était une première étape. Habillée de la tête aux pieds, Licinia pouvait prétendre à l’anonymat en apparence, mais je n’étais pas assez naïf pour me dire que seuls quelques vêtements suffiraient à la faire passer pour quelqu’un de « normal ». Et c’est ce constat qui m’amène à la seconde étape, maitriser son nouvel environnement et quoi de mieux que de découvrir des endroits susceptibles de la mettre un peu plus en confiance. J’aurais pu opter pour une jardinerie, mais la plus proche se trouvant dans une galerie commerciale, je m’étais vite ravisé. Licinia n’était pas prête à se mêler à tant de personnes, du moins pour l’instant, mais je ne désespérais pas qu’elle le soit un jour. Pour l’heure, je préférais voir plus petit en matière d’espace et plus sécurisant.

- Lumineux, très lumineux. répondis-je le sourire aux lèvres avant de remarquer la présence d’une petite fille. Ma main attrapa presque instantanément celle de la stryge pour la serrer un peu plus et ainsi lui faire comprendre qu’elle devait se tenir et moi capter l’attention de la commerçante pour qu’elle ne remarque pas l’attitude étrange de l’italienne à mes côtés.

- Je pense que l’appartement a besoin de végétation. L'idéal serait peut-être de privilégier les plantes vertes. La charmante fleuriste prit alors sa fille dans ses bras. Je souris nerveusement en observant «  ma compagne » du coin de l’œil. - Une belle petite princesse ! Alors qu’est-ce que vous pouvez nous proposer en matière de plantes ? Partons du principe que nous avons une vaste terrasse, assez pour avoir beaucoup de verdure. Que nous conseillez-vous comme plantes d’extérieur ? J’essayais à tout prix d’alimenter la conversation, priant un dieu auquel je ne croyais pas, pour que Licinia ne fasse pas de conneries.

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Le pouvoir des fleurs

Darren m’avait expliqué plusieurs choses ce matin-là, à commencer par des histoires de combat qui n’étaient pas pareil que les prises électriques. J’étais plus intéressée par les méthodes de combat, en effet, d’une part parce que c’était ce que j’avais dû faire tout au long de ma vie, plus encore au B.E.M, et d’autre part parce que je voulais être apte à me défendre dans un monde où, je l’avais compris, la technologie était plus forte que moi.

Une fois dans la boutique, j’avais été charmée par ces odeurs délicieuses de fleurs et diverses plantes, et également par le petit festin aux cheveux noirs qui se trouvait derrière celle que Darren avait qualifiée de fleuriste, et qui semblait plutôt souriante. Mais le Mortel m’avait attrapé la main tandis que l’humaine avait pris sa petite dans ses bras, et je compris que je ne devais même pas penser à lui croquer un mollet. Sentant la prise de Darren sur ma main, je l’avais regardé avec un petit grognement avant d’écouter ce que la dame disait. Je ne comprenais pas pas comment l’appartement pouvait ne pas être lumineux puisqu’il y avait des interrupteurs pour allumer la lumière, et que ça semblait être la norme partout ici. Darren parla de plantes vertes.

- Elles sont souvent vertes. On peut avoir un chêne ? J’adore les chênes !

Il y en avait beaucoup sur mon île et nus avions plaisir à nous percher sur les branches pour observer ou tout simplement nous reposer. C’était un arbre où je m’étais toujours sentie en sécurité. Puis je me demandais si un tel arbre pouvait survivre avec la neige. Je n’avais jamais vu cette chose avant, et je trouvais cela horriblement froid.
Je lâchai la main de Darren pour m’approcher un petit massif floral qui sentait divinement bon et donc je n’avais encore jamais vu le type.

- Qu’est-ce que c’est comme fleur ? demandai-je avec curiosité.

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Le pouvoir des fleurs

Les clients étaient toujours accueillis dans mon magasin et même si je ne pouvais pas nier que la jeune femme était assez étrange, elle pouvait parfaitement avoir un soucie psychologique ou même être simplement étrangère et donc avoir du mal à parler notre langue. Tout était possible. Je portais mon attention sur l'homme qui répondait à mes questions.
- Bien, lumineux donc. Vous avez bien de la chance, il n'y a pas mieux que les appartements lumineux. Une vaste terrasse bien.... je reviens dans une seconde. dis je en passant à l'arrière boutique afin de mettre Rose dans son parc, allumant rapidement la télé pour lui mettre un dessin animé le temps de m'occuper des clients vers qui je revenais.

- Je peux vous proposer le Yuka, il est agréable et de plus il apporte une petite touche exotique. dis je en me dirigeant vers la plante en question. Je regardais la femme quand elle parla d'avoir un chêne, je ne savais pas vraiment si elle était sérieuse aussi je préférais prendre une voix douce. - Malheureusement il ne serait pas heureux sur une terrasse, vous pouvez, si vous avez réellement un grand espace avoir un érable japonais si vous aimez ce genre d'arbuste mais il faudra aller en jardinerie, je ne vends pas ce type de plantes malheureusement. je continuais ma réflexion avec de savoir ce qu'on pouvait ou non proposer à ce petit couple, essayant d'avoir la perfection pour eux, c'était le plus important.

Quand la femme me demanda le nom d'une plante je me tournais vers elle pour la voir faire face aux orchidées. - Ce sont des orchidées, c'est vrai que ça sent très bon. C'est un peu plus difficile d'entretien mais je pourrais vous proposer un livre si vous le souhaitez ... sinon il y a les rosiers, ils peuvent vivre sur une terrasse et nous les aimons tous n'est ce pas ? dis je avec un sourire emplis de bienveillance en montrant les rosiers de toutes les couleurs à la jeune femme. Je regardais l'homme qui l'accompagnait avec un sourire. - Après c'est une question de goût, mais si vous avez une belle terrasse vous devez bien avoir des coins d'ombre et de soleil, je pense donc que toutes mes plantes pourraient vous plaire, c'est simplement une question de coup de foudre pour la plante. Je me dirigeais vers mon comptoir où se tenait la caisse et surtout plusieurs livres, je cherchais un libre qui pourrait les aider à gérer les plantes qu'ils allaient avoir dans leur vie, c'était important de bien savoir s'en occuper.

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Etais-je à l’aise ? Probablement pas. J’avais comme l’impression d’avoir constamment au-dessus du front un filet de sueur duquel s’échappaient quelques gouttes trahissant mon appréhension. Mais que l’on se rassure, je restais impeccable, il ne se passait rien sur mon front et je laissais ainsi à mon imagination débordante la possibilité de s’exprimer. Toujours est-il que pour de vrai je n’en menais pas large, car l’attitude de Licinia ne nous aidé certainement pas à ne pas nous faire remarquer. Je tâchais donc d’échanger avec la gérante des lieux pour attirer toute l’attention tout en gardant ma main ancrée dans celle de ma protégée pour lui signifier par une légère pression qu’elle devait se contenir. Une initiative grandement utile lorsqu’une charmante petite fille toute craquante fit son apparition. « Pourvu que la gentille commerçante ne remarque rien. » Et pour se faire, j’étais bien décidé, une fois encore à attirer l’attention quitte à monopoliser un peu la parole.

« - Je dois reconnaître que j’apprécie vraiment beaucoup d’avoir autant de luminosité naturelle. » Elle s’apprêtait à développer je pense un petit argumentaire, avant de finalement s’éclipser, emportant sa fille avec elle. Je soufflais en silence, rassuré de voir ce petit trésor être éloigné de la belle italienne à mes côtés. Nous étions donc seuls, l’espace d’un instant que je savais bref. « - Ne dis rien, laisse-moi faire ok ? » murmurais-je alors que déjà la charmante fleuriste faisait son retour, bien décidée à nous proposer quelques alternatives florales à commencer par un Yuka.

« - Ah oui c’est charmant. Ça ressemble un peu à un palmier en plus. Donc c’est clair que pour l’exotisme nous sommes en plein dedans. Qu’est-ce que tu en dis Lici ? » Elle préférait très largement les chênes et ne se gênait pas pour le faire savoir, ne se doutant pas à quel point la demande pouvait paraitre saugrenue.

« - Un érable japonais vous dites ? C’est une plante qui va grandir c’est ça ? » Je sortis sans attendre mon portable pour zieuter rapidement et voir à quoi pouvait bien ressembler un érable japonais. « - Ah oui effectivement c’est très jolie. Regarde ! » je tendis le portable à ma compagne fictive pour lui montrer la photo d’un érable japonais avant de reporter toute mon attention sur la fleuriste. « - Mais dans l’immédiat, on va passer par vous. Les jardineries c’est bien, mais c’est toujours mieux je trouve d’aller d’abord chez les fleuristes. Vous n’auriez pas à tout hasard des fleurs de Lys ou quelque chose qui s’en rapproche ? » Mais de toute évidence et visiblement charmée, Licinia avait jeté son dévolu sur des orchidées.

« - En fait, nous aimerions créer un petit espace d’évasion, pour se sentir en dehors de la ville sans avoir à la quitter. Ma petite amie est italienne donc la nature et les somptueux paysages ça l’a connaît. Par contre, de vous à moi, je suis un piètre jardinier. Croyez-vous que l'on puisse trouver une alternative ? »

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La Mortelle s’éclipsa quelques minutes, emportant avec elle sa progéniture si appétissante, j’en étais déçue mais je ne devais pas me faire envie avec ce petit festin puisque j’avais promis à Darren de ne plus manger les enfants de ceux de son espèce. Un soupir intérieur me prit à cette réflexion. C’était difficile pour moi et je trouvais la nourriture des humains infecte. Tout sentait si fort, cela me retournait le coeur mais il fallait que je m’y habitue.
Darren me demanda à voix basse de le laisser faire et de ne rien dire. Je me contentai de hocher la tête tout en observant les diverses fleurs. La dame revint et nous parla de yuka. J’ignorais ce que c’était mais son enthousiasme et celui de mon sauveur étaient palpables. Je hochai donc la tête avant de parler de chêne, ce qui sembla impossible pour eux. Pourtant, les chênes étaient des arbres absolument merveilleux.

La fleuriste parla ensuite d’érable japonais, que je ne connaissais pas plus que le yuka évoqué précédemment, mais Darren s’empressa de regarder sur son appareil techo-magique, et me montra l’image. C’était très beau et mes yeux s’illuminèrent.

- C’est magnifique ! Et ça, on peut en avoir un ?

Darren voulut d’abord prendre des choses ici, et moi j’aimais les fleurs, leurs couleurs et leurs senteurs. La Mortelle déclara que celle que j’observais était difficile d’entretien. Orchidée, je tâchai de me souvenir de ce nom, avant qu’elle ne propose les rosiers. Là, je souris, je connaissais. Je vis d’ailleurs les fleurs en question et m’en approchai.

- Les rosiers sont très jolis, répondis-je, tout aussi souriante.

Ces fleurs étaient belles et sentaient divinement bon. Je n’avais jamais remarqué qu’il pouvait y avoir autant de couleurs, j’en étais émerveillée. Je regardai alors Darren.

- On peut en avoir un aussi ?

Lui continuait à poser des questions à la fleuriste. Il semblait prêt à peupler la terrasse de plantes, et cela n’était pas pour me déplaire. Mais je me posai une question soudain : il m’avait dit que l’appartement appartenait à son ami. N’allait-il pas revenir un jour ?

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