Dernier adieu feat. Maisie Cooper

Chiron m’avait pratiquement obligé à prendre un temps d’arrêt. Il m’avait fortement conseillé de rentrer là d’où je venais et de faire ce que j’avais à faire. J’avais éclaté dans mon bureau ensuite, balançant les papiers en hurlant ma rage alors que le tonnerre grondait. J’avais fermé mes yeux et j’avais fait des respirations contrôlées pour me calmer. La tempête était partie, mais la douleur restait présente. Plus jamais je ne verrai son numéro s’afficher sur mon téléphone à une heure improbable. Plus jamais je n’entendrais son rire et l’inquiétude dans sa voix. Plus jamais je ne sentirai la bonne odeur des biscuits ou encore du rôti dans le four alors que j’arrivais après un vol de nuit pour la voir. Elle était morte … Ma mère avait rendu son dernier souffle sans moi. J’aurais aimé être là et lui caresser sa longue chevelure grise et blanche avec une tresse sur le côté. J’aurais aimé lui tenir la main et l’accompagner, mais ça n’était malheureusement pas arrivé.

Je regardais par le hublot de l’avion. Les nuages dans le ciel étaient magnifiques alors que j’étais en classe affaires avec mon verre de whisky dans les mains. Je me rappelais nos moments de folies alors que l’on regardait les nuages. Les formes et la profondeur de ces derniers. Le ciel alors que nous descendions une rivière pour faire du rafting histoire de sentir l’adrénaline. Elle avait été une femme formidable avec une vie magnifique. Elle avait vécu sa passion jusqu’à son dernier souffle. Je terminais donc mon verre avant que l’avion ne commence sa lente descente. Je revenais en Alberta et je louais un camion pour me rendre à Lake Louise. Je connaissais le chemin par coeur et je prenais mon temps. Le paysage était magnifique avec les arbres et la neige. Mes lunettes de soleil sur le nez, je montais dans les routes sinueuses à travers les montagnes qui semblaient infinies.

J’arrivais finalement devant le fameux lac à la couleur plus que surnaturelle. J’arrêtais me prendre une pizza avant de remonter et aller chez ma mère. Le notaire m’attendait sur place et je descendais avant de lui serrer la main. J’avais hérité de cet endroit paisible et je comptais le garder. J’entrais après avoir signé les papiers et reçu les condoléances. L’odeur de ma mère envahissait encore le chalet et je fermais les yeux avant de poser mes choses. Étrangement, j’allais directement dans ma chambre de jeune adolescent qui n’avait pas changé depuis toutes ces années. Je souriais en coin en voyant les photos de groupes rock, de sportif et la fameuse Pamela Anderson en bikini sur une affiche géante derrière ma porte de chambre.

Je ne cherchais pas à faire avancer le temps ou autre. Je ne cherchais pas à faire un immense ménage pour l’instant. J’avais besoin de temps et j’allais devoir préparer l’enterrement. Loin de me douter qu’une agente du B.E.M. était dans les parages cependant. Je faisais le ménage du réfrigérateur avant de me décider à retourner en ville alors qu’il était 20h00. J’allais directement dans le seul bar du coin. Le genre d’endroit avec des têtes de chevreuil et des panaches de caribous sur les murs. J’entrais et immédiatement plusieurs venaient me parler. Lake Louise restait une petite ville en soi.

Je m’installais au bar et je commandais une bière. Je me doutais bien qu’ils n’auraient pas mon whisky haut de gamme ici. Je portais un chandail à manche longue blanche avec un jeans. Mon manteau d’hiver bien chaud était sur le dossier de ma chaise. Je sortais mes cigarettes avant de remarquer une femme à la chevelure brune que je n’avais jamais vue de ma vie. Je lui faisais un signe de tête et un petit sourire en coin avant de payer ma bière.

Je commençais à en avoir marre de ma vie. Moralement, ça commençait à être de plus en plus compliqué de travailler au BEM. Je n’aimais pas du tout capturer des créatures pour qu’ils puissent faire des expériences sur elles. La terre était bien assez grande pour tout le monde, alors pourquoi l’humain se pensait supérieur ? Si je travaillais pour eux, c’était uniquement dans le but de protéger mon père. Je voulais être certaine de pouvoir avoir une longueur d’avance sur eux. Et pour ça, je devais jouer la comédie et faire une profession qui ne me correspondait pas du tout.

Je faisais le point sur ma vie et j’en venais à me rendre compte que j’étais seule, je n’avais personne dans ma vie à part mon père, Tamara et ma demi-sœur. Ma mère biologique voulait reprendre contact avec moi et mon père voulait absolument que je reste en contact avec elle. Je n’aimais vraiment pas ça du tout, je restais froide avec elle mais je la voyais quand même. Je ne voulais pas avoir de regret le jour où ma mère ne serait plus de ce monde.  Et le pire, c’est que je ne pouvais pas démissionner. Au BEM, ce n’est pas les employés qui décident.

On m'avait fait partir en mission pour traquer une strige qui avait réussi à s'échapper. J'avais vraiment horreur des coins perdus mais on ne me demandait pas mon avis. J'espérais qu'ils avaient un bar et que la bouffe ne serait pas trop dégueulasse. J'allais prendre la clef de la chambre qu'on m'avait loué et je posais mes affaires. Le bar n'était pas dur à trouver, c'était le seul qu'il y avait dans le coin.

Une fois arrivée, j’allais m’assoir au bar et je passais ma commande. Il commençait à y avoir un peu de monde car ce soir il y avait un match de hockey. Je passais ma commande en regardant mon téléphone. Je n’avais pas d’appel ni de message et je n’étais pas du genre à avoir Facebook ou ce genre de truc. On posa la bière devant moi et je prenais le verre pour boire une gorgée. Bon sang, elle était vraiment bonne. Un homme que je ne connaissais pas vint s’assoir sur la tabouret à côté de moi. Je pouvais l'aborder car peonne ne me connaissait de toute façon.

Je lui rendais son sourire. Je n’étais pas du genre à aborder les gens, mais je ne sais pas, j’étais curieuse. « Bonsoir, très bon choix de bière. » Je lui rendais son petit sourire. Bon, il ne partait pas vraiment gagnant en sortant ses cigarettes. Mais comme on dit, personne n’est parfait. Pourquoi la plupart des hommes qui m’entouraient fumaient ? Je regardais ses cigarettes avant de lever le regard vers lui. « Vous êtes au courant que c’est mauvais pour la santé je suppose. » Bravo Maisie, ça c’est du scoop...

J'avais l'impression de ressentir un vide immense sans cette femme qui avait été tout pour moi. Je n'avais jamais été un grand dragueur. J'étais plutôt un homme calme et poli qui évitait de se faire remarquer la plupart du temps. Une force tranquille et un contrôle qui ébranlait les plus septiques. J'étais ainsi tout simplement. La femme près de moi avait quelque chose de différent. Remercions la brume pour son efficacité, mais j'étais incapable de mettre le doigt dessus. Voyait-elle la même chose à propos de moi. Elle me parlait et je souriais en coin en m'allumant une cigarette. Elle ne manquait pas de me faire une remarque à ce propos et je regardais le bâton cancérigène dans mes doigts.

- Personne n'est parfait malheureusement. Il faut croire que j'ai été influencé par des amis durant l'adolescence et que cette habitude est restée. J'en déduis que vous êtes une non-fumeuse pour le coup.

Je tirais sur ma clope avant de mettre la cendre dans le cendrier du comptoir qui était en pierre provenant de la montagne. Je prenais également une gorgée de bière avant de la regarder plus attentivement. L'équipe adverse venait de compter un but et les gens présents vocalisaient leur mécontentement. Ça me faisait toujours rire. Le sport national du Canada était sacré dans ce bar.

- Je ne crois pas vous avoir déjà vu ici. Vous n'êtes clairement pas une habitante et vous faites bien trop touriste avec votre manteau tout neuf. Ce n'est pas un reproche, mais un simple fait. Vous êtes ici pour les pentes de ski ou les randonnées en pleine nature hivernale glaciale ? J'espère que vous avez un bon guide si c'est le cas.

Un guide ... Ma mère en était une. Sa plus grande passion était de dévaler les pentes et de marcher durant des heures dans les forêts qu'elle connaissait jusqu'au bout des doigts. Le rafting et le kayak étaient sacrés durant l'été. J'avais tant de beaux souvenirs avec elle. Le chant des oiseaux, les animaux qu'elle me faisait voir à travers des jumelles ou encore quand elle m'apprenait la base de la survie avec nos amis amérindiens. Sans doute mon regard changeait-il lorsque je pensais à elle. Un regard rempli de nostalgie et de tristesse. J'espérais qu'elle était heureuse là où elle était. Elle avait eu une bonne vie et elle méritait le meilleur. Elle avait peut-être rejoint mon père qui sait ? Une femme aimant autant l'eau ce n'était pas une chose courante dans les parages.

C’est drôle, toutes les personnes qui fumaient avaient la même excuse. Oui, mais tu comprends, je me suis fait influencée par les autres. Eh bien non, c’était une chose que je n’arrivais pas à comprendre. Si une personne saute d’un pont est-ce que tu vas la suivre ? Pour moi, c’était exactement la même chose. Je ne mettais jamais laissée influencée par qui que ce soit. A l’époque  où je jouais les filles rebelles, c’était plutôt moi qui menais les autres. J’avais toujours eu une grande force de caractère et je n’étais vraiment pas du genre à me laisser faire.

« Ca, je serai vraiment mal placée pour vous dire le contraire. Je suis vraiment très loin d’être parfaite moi aussi. Mais j’ai la chance de ne pas me laisser influencer par les autres et j’espère vraiment que ça continue dans ce sens. En effet, je suis une non fumeuse. Je n’ai pas vraiment envie de mourir d’un cancer. Je suis une grande sportive et en ce qui me concerne, le souffle est quelque chose d’important pour moi. »

J’aimais beaucoup l’ambiance de ce bar. Je n’étais pas une immense fan de sport, mais j’aimais bien me mettre un peu dans l’ambiance parfois. Je trouvais que c’était important de vivre normalement. Et je trouvais tellement drôle de voir les hommes s’énerver pour un oui ou pour un non. Je me souviens qu’un jour, un spectateur a jeté une tomate sur la télévision d’un bar car il n’était pas content de ce que l’arbitre avait dit. Je rendais un sourire à l’homme qui était en train de me parler.

« Vous êtes très observateur, en effet, je ne suis pas du coin. J’aime bien les randonnées et le dépaysement. Je ne le prend pas mal au contraire, vous avez tout à fait raison. Oui, ne vous en faîtes pas pour moi. Ce serait suicidaire de partir à l’aventure sans savoir où on va.  Est-ce que tout va bien ? »

Il n’était vraiment pas obligé de me répondre, mais je sentais qu’il était triste. Je ne voulais pas jouer les personnes indiscrètes. Mais je sais que par moment, on a besoin de se confier à une personne que l’on ne connaît pas. Au moins, on est certain que cette dernière ne prendre pas la peine de nous juger. Hélas, avec le métier que je faisais, j’étais obligée de mentir tout le temps.

J’étais un homme de nature plutôt sereine, mais je prônais fortement le vivre et laisser vivre. Je n’aimais pas que l’on se mêle de mes petites habitudes. Il y avait déjà Chiron qui s’amusait à me tirer les oreilles à ce propos en me disant que ma mauvaise habitude me tuerait fort probablement au fils du temps. Elle disait qu’elle était une grande sportive et j’en étais un aussi. Je rigolais jaune à ses propos. C’était mal parti pour draguer vu comment elle était en ce moment. Je n’étais pas vraiment là pour ça en ce moment. J’étais là pour trier les effets de ma mère.

- Vivre et laisser vivre ne semble pas faire partie de vos principes. Sachez que je suis dans une excellente forme physique et je connais parfaitement les risques reliés à mes mauvaises habitudes.

Je continuais de fumer avant de prendre une gorgée de ma bière. Je ne voulais pas être brusque avec elle, mais elle devait être le genre de femme à dire toujours tout, tout haut. Moi, j’étais du genre à parler lorsque c’était nécessaire. Difficile de croire que j’étais un enseignant à me regarder ce soir. Je tâchais cependant de faire redescendre la pression alors que je la questionnais sur la raison de sa présence à Lake Louise. Ce n’était pas la haute saison donc elle n’avait aucune raison de se trouver ici en fait. J’ignorais alors qu’elle bossait pour le B.E.M. et que les choses pouvaient mal aller dans quelques secondes.

- Oui. Oui. Ne vous en faites pas pour moi. Une simple pensée pour la meilleure guide du coin. Elle vous aurait donné de bons tuyaux ou elle vous aurait organisé une randonnée extraordinaire.

On pouvait presque croire que je parlais de ma femme ou quelque chose du genre. Je terminais ma clope avant de l’écraser dans le cendrier. J’étais d’humeur plutôt morose en fait. Un ancien pote arrivait et venait directement me voir. Il posait une main sur mon épaule en me parlant dans son dialecte amérindien. Je lui faisais un très léger sourire avec un signe de tête avant de le remercier. Un autre but était compté par l’équipe adversaire et un son de protestation montait. Je restais passif en regardant ma bière. Ma mère allait tellement me manquer.

Mon père m’avait toujours dit de tourner plusieurs fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Il fallait croire que ce sage conseil était rentré dans une oreille et sortit aussitôt de l’autre côté. Pourquoi je me mêlais toujours de la vie des gens ? Si ce dernier désirait fumer un paquet de clopes par jour, c’était lui que ça regardait et pas moi après tout. La chose la plus logique serait donc de changer rapidement de sujet. Parler sport me semblait être quelque chose de plus approprié. Je buvais une gorgée de mon verre afin de prendre soin de réfléchir à ce que j’allais dire cette fois.

« Et qu’est-ce que vous aimez comme sport ? » Avez-vous une discipline qui vous plaît plus qu’une autre ? »

En ce qui me concernait, j’avais horreur du tir. Je ne considérais pas que cette discipline faisait partie du sport. Je préférais tout ce qui demandait de la force physique et de l’endurance. Je sentais l’homme en face de moi triste. Peut-être que je l’avais vexé avec mes remarques à deux balles ? Très franchement, ça ne serait pas du tout étonnant. Alors, il fallait que je rattrape ma connerie au mieux.

Il avait certainement du perdre une personne qui lui était chère et j’avais de la peine pour lui. Un homme entra et posa sa main sur son épaule en lui parlant en Amérindien. Il ne fallait pas être sortie de la cuisse de Jupiter pour comprendre de quoi il s’agissait. Les hommes crièrent de joie et d’autre de déception suite au but qui venait d’être marqué. Je me levais et j’allais vers l’homme que j’avais jugé un peu trop rapidement à mon goût.

« Je vais prendre l’air quelques minutes car c’est un peu trop bruyant pour moi. Est-ce que ça vous dit de m’accompagner ? »

Cette femme exceptionnelle qu’elle avait été. Son regard aimant qui se posait sur moi alors que je restais un petit garçon à ses yeux. Ses bras me serrant fort contre elle alors que je revenais durant l’été pour profiter un peu de sa présence et de celle de mes amis. Je quittais tellement peu la Novum Olympum que j’en oubliais parfois que j’avais un appartement à New York. Je n’y allais jamais laissant les clefs et la surveillance du lieu à mon ami Angel Castellanos. J’étais loin de me douter qu’il était l’oncle de la femme près de moi. Elle me questionnait sur ce que j’aimais comme sport. Je répondais en fixant ma bière et en tournant cette dernière lentement en la tenant par le goulot.

- La natation, le plongeon, le surf, la plongée, le kayak, le rafting et ce genre de chose. J’apprécie l’escrime, mais j’en fais de moins en moins. La boxe aussi.

L’eau restait mon élément. J’étais un homme qui avait le pied marin et qui se sentait bien en flottant au milieu d’un lac ou d’une piscine. La demoiselle s’approchait de moi et me demandait de l’accompagner. Je faisais un signe de tête avant de terminer ma bière et je prenais mon manteau chaud pour sortir avec cette dernière. Je saluais un ami amérindien du regard avant de pousser la porte. Je mettais mon capuchon sur ma tête, car il y avait un peu de vent, mais il faisait relativement bon. Je mettais mes gants en la regardant dans les yeux.

- Vous avez peur de vous faire engloutir par un grizzly ? Je vous assure qu’ils dorment profondément à cette époque de l’année. Nous devrions être relativement tranquille, mais nous ne sommes pas à l’abri de voir un caribou débarquer dans toute sa splendeur.

Je lui faisais un sourire en coin en regardant autour. De la fumée de condensation sortait de ma bouche alors que je respirais. L’air froid de l’hiver de ce lieu étant mythique. Il faisait ce genre de température jusqu’en mai. Un hiver qui semblait parfois interminable. Il y avait même quelques flocons qui tombaient. Je regardais la jeune femme.

- Vous ne m’avez pas fait sortir par hasard …

Je voyais au travers la brume et je soupçonnais qu’elle aussi. Je la regardais dans les yeux en cet instant sans broncher. J’étais sérieux comme jamais en lui parlant.

Cet homme était vraiment un très grand sportif. Et en plus il faisait de la boxe ? Oh mon Dieu… Il me plaisait vraiment. Mais je ne savais pas vraiment comment le lui dire. En revanche, quand je parlais avec lui, je sentais quelque chose de particulier. Je voyais à travers la brume et j’étais une fille de demi-Dieu, les personnes qui avaient certaine capacité, je pouvais les détecter et pour moi, il pouvait aussi voir à travers la brume. Sur ce point, mon sixième sens me trompait rarement. La question, s’était comment le lui dire sans passer pour une folle.

« Eh bien, c’est une sacrée liste, j’aime aussi le sport de combat. »

Je décidais de me lancer et de lui demander s’il était d’accord de sortir avec moi quelques minutes. Il accepta assez vite et je fermais mon manteau, car je savais que dehors il faisait relativement froid. Je lui faisais un petit sourire en coin.

« Il n’y a pas grand-chose qui me fait peur et je n’ai pas peur des grizzly. Oh c’est vrai ? J’aimerai beaucoup en voir un ! »

Il avait bien vite compris que je ne l’avais pas fait sortir par hasard. Je regardais autour de nous pour être certaine que personne ne nous entende. Je ne voulais pas passer pour une folle.

« Vous allez très certainement me trouver direct. Pour tout vous dire, je n’ai pas envie de tourner autour du pot pendant dix ans. Est-ce que vous avez la capacité de voir ce que certaines personnes ne peuvent pas ? »

Je ne pouvais pas être plus précise que ça dans ma question. S’il voyait au travers de la brume comme je l’espérais, il allait tout de suite comprendre où je voulais en venir. Il avait l’air d’être du coin et il pourrait peut-être m’aider à trouver la femme que je cherchais.

Mes yeux bleus la regardaient profondément. Je voyais au travers de cette brume. Je sentais et je savais qu’elle était complètement différente des autres présents ici. Comment ? Je n’avais jamais réellement compris le principe de la vision au travers de la brume. La seule chose que je savais c’est qu’elle avait une partie d’elle qui n’était pas humaine. Je la suivais donc à l’extérieur tout en profitant de l’occasion pour faire une petite blague sur la faune canadienne qui était parfois assez sauvage et dangereuse. Ici, on chassait pour éviter le pire et pour survivre. La nourriture coûtait une fortune, car nous étions loin de toute civilisation. Chacun ses moeurs. J’avais rapidement appris à dépecer un original dans ma jeunesse et à tirer à l’arc et au fusil. Au final, je n’avais fait que consolider une base que j’avais déjà malgré le fait que j’étais un adolescent très calme. Une autre époque et un autre moment.

- Je vous déconseille fortement la vision d’un orignal qui fonce sur vous. C’est dangereux. Ce sont des bêtes qui peuvent être assez meurtrières et je ne parle pas du fait d’entrer en collision avec l’une d’elles alors que vous rouler à soixante-dix kilomètres par heure.

Je continuais de soutenir son regard comme jamais. Elle répondait finalement à ma question et un sourire en coin se dessinait malgré moi sur mon visage. Elle voyait à travers la brume elle aussi. Je m’approchais d’elle un peu dans toute ma carrure. Il était bien loin l’adolescent chérif qu’Angel et Haytham traînaient partout. J’étais un enseignant respecter. J’avais fait mes preuves depuis des années et mon contrôle était absolument légendaire. Chacun nos forces. C’était pour cette raison que j’enseignais aux adolescents le contrôle des capacités.

- Si je vous disais que oui. Que feriez-vous ? Seriez-vous craintive face à ma personne ? Vous devriez peut-être …

Mes yeux bleus brillaient un peu sans le vouloir. L’eau était mon élément. Fils de Neptune avec des capacités qui allaient avec. Étonnamment, le vent se levait légèrement. Une petite tempête alors que je calmais mes pulsations cardiaques. Le vent froid canadien qui s’engouffrait dans les maisons. Deux individus sortaient et je leur faisais un signe de la main. Les hommes chialaient sur le temps qui venait encore de changer.

-Qu'est-ce que vous êtes venue faire exactement ici mademoiselle Cooper ?

Plus la situation avançait et moins je me sentais à l’aise. Je sentais qu’elle n’était pas complètement nette. Elle cachait quelque chose en elle. Un secret. Je le savais, car elle avait le même regard que les adolescents que je voyais dans mon bureau et qui tâchaient de refouler quelque chose. Je les faisais alors canaliser avec leurs pouvoirs pour mieux les comprendre. Parfois, ça devenait dangereux lors d’une explosion de sentiments, mais c’était pour le mieux dans un certain sens. Elle disait que je ne lui faisais pas peur, mais elle aurait dû avoir peur de moi. Je gardais mon regard fixé dans le sien et je ne baissais pas la garde. Je tempérais mes émotions au maximum, mais le temps venait de changer.

- Qui cherchez-vous exactement ?

Je prenais la photo des mains de la jeune femme avant de poser mon regard sur cette dernière. Je reconnaissais la femme sur cette photo. Je la lui redonnais en plantant mon regard dans le sien sans faillir une seule seconde à nouveau. Ma voix était grave alors que je me mettais à lui parler.

- Malheureusement pour vous, cette femme est décédée. C’était la soeur d’un ami. Une jeune femme bien, mais qui avait des problèmes. Je crains que vous n’ayez plus rien à faire ici à Lake Louise.

Je reculais lentement avant de me diriger vers le jeep qui appartenait à ma mère. Je fouillais dans mes poches et je sortais mes clefs pour le déverrouiller. C’était le genre de véhicule 4x4 dont on avait besoin dans cet endroit merdique. Je sentais la présence de la femme derrière moi. Je souriais en coin avant de me retourner pour la regarder dans les yeux.

- Je peux vous aider à nouveau Maisie ?

Je souriais toujours en coin et je croisais les bras en la regardant dans les yeux. Je voulais savoir ce qu'elle voulait réellement et si elle voyait à travers la brume comme moi, alors qu'est-ce qu'elle percevait de ma personne. Je n'avais cependant pas envie de rester ici à me geler le cul. J'étais fatigué également et je n'avais pas envie de m'éterniser. J'attendais donc sa réponse.

Je n’avais jamais été un menteur dans la vie. J’étais toujours un homme très franc et c’était un peu ce qui faisait ma réputation. Je ne mentais jamais à mes élèves. J’en étais incapable cela ne faisait pas partie de moi. Alors, le fait de voir la photo de cette femme que je connaissais me serrait un peu le coeur alors que j’étais moi-même en période de deuil. Ma mère me manquait terriblement et c’était une femme extraordinaire. J’allais partir de cette délicate situation, mais je sentais qu’elle restait là en attente de réponse. Je souriais en coin alors qu’elle disait que j’étais un demi-dieu. Elle savait donc la nature de ma personne. Je me retournais lentement vers elle pour lui répondre le plus calmement du monde.

- Mademoiselle Cooper, je vous suggère fortement de regarder les chroniques nécrologiques. Nous trouverez ce que vous chercher dans la semaine du 1er février si ma mémoire est bonne, mais c’est possible que ça soit la dernière de mars aussi. Je n’étais pas présent lors de sa mort. Pour ce qui est de ma nature, cela me regarde. Si vous désirez en savoir plus, il faudra être franche. Donc, je vous laisse le choix de monter dans mon véhicule ou alors de rentrer à pied alors que le blizzard se lève.

Elle ne saurait jamais se repérer dans un endroit pareil. Je m’étais moi-même déjà perdu pour me rendre à deux cents mètres alors que je connaissais parfaitement l’emplacement de chaque bâtiment. Je montais donc dans mon véhicule et j’attendais qu’elle fasse de même. Je souriais en coin en la regardant alors qu’elle s’installait en frissonnant.

- Je vais augmenter la chaleur pour vous.

Je mettais le chauffage au maximum avant de me mettre en route. Je sentais mon coeur battre plus rapidement et j’allais devoir me détendre sans quoi le blizzard n’allait qu’augmenter. Je roulais donc lentement vers le chalet de ma mère qui était à une vingtaine de minutes. Il en faudrait cependant quarante pour nous rendre en toute sécurité.

- Vous avez du sang de dieux vous aussi, je me trompe ?