Mr. Mad - Scott Madden

Le contrôle … Le calme… Le silence alors que j’étais dans mon bureau à faire des corrections sur les travaux de mes élèves. Rien de bien palpitant, car mes cours étaient surtout des cours pratiques. Combien de fois avais-je morflé alors qu’un étudiant perdait le contrôle de son pouvoir ou de sa capacité? Combien de fois avais-je calmé les pleurs en tentant de réconforter un adolescent dans mes bras alors qu’il venait de craquer face à la violence qu’il avait vécue? Trop de fois sans doute. J’avais l’habitude et mon calme olympien avait de quoi en étonner plus d’un. Pourtant, j’étais enclin à la colère et à la rage. C’était ça qui rendait mon pouvoir puissant. C’était ça qui pouvait m’amener à tuer des gens sans le vouloir vraiment. Je sortais mon paquet de clopes alors que je prenais une nouvelle copie. Je lisais le prénom et je souriais en coin. L’adolescente avait fait des cœurs près de mon nom. Ça aussi, ça arrivait souvent. Ma gueule avait le don de faire tourner les têtes et pourtant ce n’était pas ce que l’on aurait dit plusieurs années auparavant lorsque j’étais moi-même étudiant en pleine crise d’adolescence silencieuse ici.

Je m’allumais ma cigarette avec nonchalance avant d’entendre quelqu’un toquer à la porte. Chiron en personne qui venait me voir. Cet homme avait été comme une sorte de père lors de mon arrivée ici et mon point de repère. Je le regardais entrer dans mon bureau et je continuais de fumer en lui faisant un sourire en coin.

- Tu te fais plus discret Scott…

- J’ai déjà été le centre de l’attention, monsieur?

Le centaure ne pouvait que sourire à ce que je venais de dire. Je n’avais jamais un élève très turbulent ou encore du genre à hurler des insultes et provoquer comme mon bon ami Angel Castellanos. L’américain aux origines mexicaines avait toujours un don pour aller vers les ennuis. Haytham le suivait (et parfois c’était l’inverse), mais c’était normal lorsque l’on savait que les deux hommes étaient des fils de Mars et donc des demi-frères. Je fouillais dans le tiroir de mon bureau et je sortais une bouteille de whisky. Je servais un verre au directeur avant de m’en prendre un moi-même. Je le regardais dans les yeux.

- Quand es-tu réellement sortie pour la dernière fois?

Je me mettais à rire un peu avant de prendre une gorgée de whisky. Je continuais de fumer et je prenais une inspiration avant de lui répondre.

- Vous insinuez que je devrais sortir davantage monsieur?

- J’insinue que tu as le droit de vivre en dehors de la Novum Olympum Scott.

- Ces jeunes ont besoin de nous. Personne ne connaît ma matière mieux que moi. Nous sommes leur point de repère dans cet univers macabre. Ils ont besoin de notre protection et de notre expérience. Qui sait quand le B.E.M. décidera de frapper de nouveau?

- Tu es à la fois prévenant et rigide Scott …

- Comme mon père …

Je terminais mon verre cul sec avant de le retourner contre la table de bois. Je détestais parler de mon père…

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Lake Louise, Alberta, Canada.

Qu’est-ce qu’il y a à voir en dehors des montagnes et de la nature à Lake Louise? Le somptueux lac qui faisait la renommer de cet endroit entre les montagnes majestueuses? Probablement. J’étais né dans cette ville qui vivait du tourisme. Ma mère était une passionnée de rafting et de kayak. Nous vivions dans une maison semblable à un chalet au milieu des bois. Je n’ai jamais connu mon père et ce n’est pas quelque chose qui me dérange en soi. J’aimais ma vie dans cette ville minuscule. J’aimais passer du temps dans la nature et entendre le bruit des oiseaux. C’était le genre de chose qui me rendait calme.

Ma mère m’a élevé avec la notion de différence. Elle m’expliquait que nous avions tous du sang et que notre enveloppe importait peu. C’était sans aucun doute pour ça que je me liais plus facilement d’amitié avec les enfants amérindiens du coin. De nature discrète, je restais en retrait à l’école. J’étais un excellent élève et j’avais des notes fabuleuses. Ma mère en était fière, mais il y avait anguille sous roche. J’étais exclu des autres. On se moquait de moi, mais ce n’était pas une chose qui me dérangeait en soi. Je sentais cependant que plus les années passaient et plus j’avais de la colère qui s’accumulait envers mes intimidateurs.

J’avais quatorze ans lorsque je prenais conscience de mes pouvoirs. Ce n’était pas dans un endroit comme Lake Louise qu’il était possible de croiser des créatures mythologiques de toute façon. Ma colère était si importante que j’avais déclenché une tempête importante. Prenant alors conscience que j’en étais la cause, je regardais mes mains avant de me sauver pour regagner le chalet où je vivais. Ma mère ne comprenait absolument rien. Il n’avait pas fallu beaucoup de temps aux evacatores pour venir me chercher. Ils discutaient avec ma mère et je regardais cette femme qui était tout mon monde. Elle m’expliquait alors qu’elle avait rencontré mon père après avoir perdu le contrôle en faisant du rafting dans des eaux tumultueuses. Cet homme l’avait accueilli et ils avaient … enfin … Bref… J’étais donc un demi-dieu. Je n’arrivais pas à croire comment un garçon aussi quelconque que moi pouvait en être un, mais c’était un fait tout simplement. Je partais donc pour Olympum en laissant ma mère et Lake Louise derrière moi. J’entrais dans un monde qui était impossible et surréaliste à mes yeux.

Olympum

On m’installait à la Colonie. Ce monde était si différent. J’étais totalement perdu et je ne savais pas ce que l’on pouvait me trouver. Heureusement, Chiron était présent pour m’accueillir et m’aiguiller. Je suivais mes cours avec application. J’étais du genre à rester en retrait et à éviter de me faire voir. Un peu comme une rivière paisible à laquelle on ne fait plus attention tellement elle est dans le paysage. Je n’échappais cependant pas au regard d’Angel et Haytham. Alors que j’étais la victime à nouveau dans ce monde, les deux autres adolescents prirent ma défense. Il faut dire que Castellanos avait un sacré tempérament, mais j’étais plus proche de Haytham. Nous formions une sorte de trio. J’étais le plus discret des trois. Celui qui parlait peu et qui suivait la vague sans trop se poser de questions. Ils restaient mes seuls amis dans cet endroit.

Je me développais mes capacités autant que je le pouvais, mais ma force résidait dans ma facilité à garder le contrôle. C’était en moi tout simplement. J’aidais ceux qui avaient besoin d’aide avec cette discipline et cela ne manquait pas à l’oeil avisé de Chiron. À 18 ans, je recevais un cadeau de mon père. Il s’agissait d’un trident magnifique. J’étais le fils de Neptune contrairement à mes deux autres amis qui étaient eux, des demi-frères. Des fils de Mars. Je restais près d’eux, mais la vie étant ce qu’elle est, je n’allais pas choisir la même que la leur.

La vie …

La Maison du Loup. Cet endroit où j’allais augmenter mes capacités comme jamais. Cet endroit où j’allais devenir un meilleur guerrier. Ma force résidait dans mon immense contrôle. Je gagnais en carrure et en muscle. Je gagnais en confiance, mais surtout en sagesse. Mon pouvoir était absolument incontrôlable si je ne savais pas prendre sur moi. Aussi, je m’assurais de faire le plus d’exercices possible en ce sens. Pendant que mes deux amis rejoignaient l’armée américaine, je restais à Olympum. Chiron voyait clair en moi et me demandait d’intégrer l’équipe d’enseignants. Affublé de mes tatouages et de mes expériences de terrain, je commençais l’enseignement dans ce bel endroit.

Je continuais mes entraînements et mes exercices. J’apprenais aux adolescents à contrôler ce qu’ils avaient au fond d’eux. Un travail pratiquement plus psychologique que physique par moment. J’ai saigné de nombreuses fois, car l’un d’eux perdait le contrôle. J’ai serré des jeunes dans mes bras alors qu’ils étaient la proie de leurs pires cauchemars à cause de multiples raisons. La menace du B.E.M. se faisait sentir de plus en plus et puis un jour … L’impensable se produisait. Le premier février 2015, une attaque massive en pleine nuit. Les hurlements et le carnage dans nos rangs alors que ce n’était que des enfants et des adolescents vulnérables. Des jeunes qui n’avaient rien demandé en dehors de vivre librement. J’étais présent cette nuit-là. J’étais dans le camp … J’ai réussi à fuir avant qu’il ne soit trop tard … La plupart n’ont pas eu cette chance. Les hurlements me hantent encore parfois la nuit lorsque je me réveille en sursaut.

Cette année allait être marquée à nouveau le 14 septembre lors d’une autre attaque. Le B.E.M. avec James Sheppard à sa tête semblait nous avoir encore plus de travers alors que nous tâchions de vivre tranquilles. Les pertes furent lourdes des deux côtés. On dit souvent que les drames apportaient du bon, mais cela ne faisait que me renfermer sur moi-même d’une certaine façon. Je délaissais mon appartement de plus en plus pour rester à la Novum Olympus. Je travaillais plus fort pour rendre les jeunes plus aptes dans leur pratique. Je voulais qu’ils sachent bien contrôler leurs pouvoirs histoire de les préparer au pire à l’extérieur …

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Chiron l’avait-il senti en entrant dans mon bureau. Avait-il compris que j’avais reçu ce téléphone que je redoutais plus que tout au monde? Le centaure me regardait dans les yeux alors que je venais de prendre un verre. J’évitais son regard avant qu’il ne brise le silence avec sa voix calme comme elle l’avait toujours été envers moi.

- Je suis désolé pour ta mère … Je sais que vous étiez proches tous les deux.

- Elle a eu une belle vie. Mon seul regret est de ne pas avoir eu la chance d’aller la voir aussi souvent que je l’aurais voulu, monsieur.

Je m’allumais une cigarette en sachant parfaitement ce qui m’attendait. J’allais sortir de cette bulle qui était la mienne. J’allais retourner dans le monde extérieur pour les funérailles et faire le ménage dans les choses de cette dernière. Je fixais le vide alors que le centaure se levait et posait une main sur mon épaule en la serrant en guise de compassion.

- Prends donc les deux semaines à venir. Ah … Haytham Cassidy est de nouveau en ville. Tu devrais peut-être l’appeler.

Je regardais le centaure quitter la pièce et là, je craquais. Dans un élan de colère et de rage, je poussais tous les documents et les papiers de mon bureau sur le sol en hurlant. Je m’appuyais ensuite sur le bureau pour respirer et me calmer.

- Inspira … Exspirare …. Inspira …. Exspirare …

Je soupçonnais le B.E.M. d’avoir tué cette femme si aimante et chère à mon coeur … J’allais mener ma propre enquête et si ces derniers étaient les responsables … Je comptais bien me venger.  

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