Retrouvailles à l'hôpital (ft Keyleen Towne)

Retrouvailles à l'Hôpital

« Le Queens Hospital Center recherche un chirurgien orthopédique pour venir renforcer son équipe pluridisciplinaire. » Tout avait commencé par cette simple annonce dans les magazines spécialisés.

Je m’ennuyais tellement à mon poste actuel. A la fin de mon internant de chirurgie, j’avais eu un poste dans la plus grosse clinique privée de Manhattan. Bien payé mais toujours les mêmes opérations, toujours des patients compliqués.
Ils partaient du principe comme ils payaient, ils avaient le droit de choisir leurs opérations même si elles s’avéraient inutiles voire dangereuse. Je n’avais jamais mon mot à dire.

Après plusieurs accrochages avec certains patients et de nombreuses remontrances de la part du chef de chirurgie puis de la direction, j’avais fait le choix de chercher ailleurs. Il était hors de question que je restai une semaine de plus dans cet établissement vu comment on ne respectait pas mon travail et que l’on s’en prenait aussi souvent à mon intégrité professionnelle.

Je voulais bien reconnaître que je pouvais être têtue quand je m’y mettais, mais là, ils avaient dépassé les bornes. Bref, en feuilletant les revues dans la salle de repos, j’étais tombée sur cette annonce. Elle était la bienvenue et un peu comme une lumière qui s’allumait au bout du tunnel.
Je venais une fois de plus de donner à un patient un diagnostic médical sur une pathologie officiellement ne relevant pas de ma spécialité. Il m’avait viré de sa chambre en me gueulant dessus de m’occuper de mes affaires.

Il était très utile ce pouvoir mais je devais encore apprendre à préparer mon annonce et de bien faire attention à la psychologie de la personne que j’avais en face de moi. C’était parfois compliqué d’être un demi-dieu au milieu de mortels surtout que je ne pouvais en parler à personne, surtout pas à mes collègues médecins, ils ne comprendraient pas, ils ne pouvaient pas me comprendre.

A la fin de ma garde, j’avais appelé au numéro indiqué dans le magazine. RDV pris pour le lendemain afin de discuter des conditions de travail ainsi que leur laisser mon CV et d’autres papiers utiles pour monter mon dossier au cas où ils accepteraient ma candidature. Quelques jours après mon entretien, la DRH m’avait contacté pour m’informer que le poste était pour moi.

Je ne pouvais pas réfréner ma joie, j’allais enfin quitter cette clinique de malheur. Dans des cas comme celui-là, n’importe qui appellerait ses parents pour leur annoncer la bonne nouvelle, ben pas moi, je n’avais plus personne à qui me confier.
Ma mère était décédée, mon beau-père s’était barré juste après l’enterrement et mon père, je ne le connaissais pas, il était un Dieu oui un vrai Dieu. C’était grâce ou à cause de lui que j’avais des pouvoirs, que j’avais choisi la médecine. Normal pour la fille du Dieu de la Médecine.

Le jour J était enfin arrivé, mon nouveau départ, le premier jour dans un nouvel établissement. J’étais toute excitée comme une petite fille le matin de Noël. Un nouvel hôpital à découvrir, un nouveau service et une nouvelle équipe. Juste avant de passer les portes d’entrée du QHC, je me posais des tonnes de questions.

Comment allaient être les patients ? quels types d’opérations étaient pratiqués ? comment serait l’accueil de l’équipe à mon égard ? Après une bonne inspiration, je pénétrai dans le bâtiment et me dirigeai en direction du bureau du chef de chirurgie afin de me présenter et de visiter les services avec lui puis de prendre enfin mon poste. Mais, je m’étais égarée plus vite que prévu, c’était tellement grand !

Après avoir trouvé le bon bureau, le chef me reçut, m’expliqua tout le fonctionnement du service et les attentes à ce poste. Une fois toutes les démarches administratives faites, je me rendis dans mon nouveau service afin de me présenter aux personnes avec qui j’allais dorénavant travailler.
La journée se déroula à une vitesse impressionnante, le temps était arrivé pour moi de partir. J’étais heureuse, soulagée et j’avais hâte de revenir le lendemain.

Je m’apprêtai à sortir quand tout à coup, j’entendis une voix derrière moi qui m’interpella, une voix féminine que je n’avais plus entendue depuis très longtemps. Keyleen, oui ça ne pouvait être qu’elle ! Quelle belle surprise !

« Keyleen ? C’est bien toi ? »

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Oui, c’était bien Keyleen qui m’avait interpelé. Elle se trouvait elle-aussi dans cet hôpital. Keyleen, mon amie d’enfance, se trouvait devant moi. Cela faisait tellement longtemps qu’on ne s’était pas vues. La dernière fois, cela devait être lors de leur dernière année d’étude dans le camp pour demi-dieux.

Je pensais la revoir lors d’une des deux attaques du camp, mais il y avait tellement de travail ces deux jours-là que je n’avais pas trop fait attention à ce qu’il se passait d’autre autour de moi et je m’étais plutôt concentrée sur les personnes à soigner, surtout les plus urgents.

Keyleen me demanda la raison de ma présence dans ces murs, elle était tellement contente de me voir que j’avais du mal à placer un mot. Je la regardais avec amusement, elle m’avait toujours fait rire avec sa bonne humeur et son enthousiasme.

« Calme-toi, laisse-moi te répondre ! » lui répondis-je «  Je vais bien, rassures toi. Je suis venue ici aujourd’hui car c’est mon premier jour de travail dans le service de chirurgie orthopédique. Je viens d’être embauchée comme médecin dans ce service. »

Elle courut vers moi et me prit dans ses bras. J’eus même droit à un petit cri de joie. Ce câlin me rappela de nombreux souvenirs, de supers vacances et de supers moments ensemble à l’Académie. La fille du Dieu de la Médecine avec la fille du Dieu du Sommeil, le mélange parfait, nous nous entendions à la perfection. Nous avions même fait les quatre cents coups toutes les deux.

Elle avait l’air de connaitre les autres employés qui passaient autour de nous, elle me présenta même à plusieurs d’entre eux. J’avais l’impression qu’elle travaillait dans cet hôpital. Ça pourrait être utile de savoir qu’elle ne serait pas loin en cas de besoin. Le Queens Hospital Center était vraiment un grand bâtiment, il y avait de quoi se perdre et avoir un guide serait une bonne chose.

«  Tu travailles ici toi aussi ? Tu es dans quel service ? Il va falloir que tu me serves de guide, j’ai déjà réussi à me perdre plus d’une fois depuis ce matin. » lui avouai-je. « Et il faut qu’on se trouve un moment pour rattraper le temps perdu et se raconter tout ce qui s’est passé dans nos vies depuis la dernière fois qu’on s’est vues. Je compte sur toi pour aller boire un verre un de ces soirs ! »

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J’étais tellement contente de retrouver Keyleen que je me moquais qu’elle me présenta à tous ses collègues que nous croisions en chemin. J’étais un peu gênée de l’entendre vanter mes qualités et dire à tout le monde à quel point elle me trouvait géniale.
Je n’avais jamais eu cette prétention-là, je me contentais de donner le meilleur de moi-même quelques soit le patient ou la pathologie à traiter. Si cela faisait de moi quelqu’un de génial, je dirai que cela faisait surtout de moi un bon médecin.

Ma meilleure amie m’informa ensuite de son poste au sein de cet hôpital. Elle était infirmière aux urgences. Nous serons donc amenées à travailler souvent ensemble que ça soit pendant mes gardes à la mine ou si elle devait m’appeler pour un avis chirurgical.
Rien que d’y penser me remplit de joie. Nous allions donc nous voir assez souvent à partir de maintenant, nous allions pouvoir reconstituer le duo infernal que nous composions plus jeunes.

Elle accepta ensuite d’être mon guide sur notre lieu de travail, me donner tous les trucs et astuces pour vivre sereinement les journées de boulot et me présenter aux gens sympas avec qui j’allais être menée à travailler.
Un énorme poids tomba de mes épaules, changer de lieu de travail était déjà un sacré stress, s’intégrer dans une nouvelle équipe l’était encore plus. Le fait de connaitre quelqu’un d’aussi bien intégré que Keyleen allait forcément me servir et m’enlevait le poids de l’angoisse d’une mauvaise intégration dans l’équipe médicale du Queens Hospital Center.

« Je suis toute à toi si tu veux qu’on aille boire un verre maintenant, j’ai fini ma journée de travail et je ne suis pas de garde ce soir. Nous avons la soirée complète devant nous pour rattraper tout le temps perdu. Je veux tout savoir sur ta vie depuis notre sortie de l’Académie, que ça soit au niveau professionnel mais surtout au niveau personnel, si tu vois ce que je veux dire ! » Je finissais de lui répondre en lui lançant un clin d’œil complice.

Même si de mon côté, les amours n’étaient pas des plus sensationnelles voire une absence complète de vie sentimentale, j’espérais que pour ma copine ce n’était pas le cas et qu’elle avait trouvé la personne qui lui fallait. Elle méritait d’être heureuse dans tous les aspects de sa vie.

Quand j’eus dit « oui » à la soirée entre filles, Keyleen sauta de joie, m’attrapa le bras et m’entraina vers l’extérieur de l’hôpital. Nous partîmes donc bras dessus bras dessous en direction d’un petit bar de l’autre côté de la rue.
Une fois à l’intérieur, nous commandâmes chacune notre consommation et allâmes nous installer sur une table un peu à l’écart du reste des clients déjà présents.

« Qu’as-tu fait depuis la dernière fois que nous nous sommes vues ? Raconte-moi tout, je veux tous les détails ! » commençai-je une fois installées toutes les deux.

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La table choisie était des plus confortables en plus de nous offrir l'intimité qu'il nous fallait pour aborder tous les sujets que l'on souhaitait notamment concernant le BEM, l'Académie ou nos statuts d'enfants de Dieux.
Keyleen commença à me raconter toute sa vie depuis que nous nous étions quittées à la fin de notre cursus à l'Académie. Sa formation d'infirmière à défaut de pouvoir suivre l'école de médecine, sa vie avec sa mère, son premier grand amour qui s'était révélé être un profiteur de première. Elle évoqua ensuite les attaques du BEM, sale moment pour tous les demis-dieux et autres créatures mythologiques.

Nos boissons arrivèrent au moment où elle venait de finir d'évoquer cette horrible attaque durant laquelle nous avions perdu de nombreuses connaissances et même des amis. Personne n'était sorti indemne de ces batailles. Vraiment personne.
Je repensai un peu à ce que mon amie venait de me dire. Même si elle adorait son métier, ce n'était pas son premier choix et en cela j'étais triste pour elle. J'avais eu la chance de pouvoir payer mes études de médecine sans trop de soucis et je pouvais comprendre l'intérêt qu'on pouvait porter à ce métier.
J'étais triste aussi pour elle concernant cette histoire d'amour qui s'était mal terminée. Mais, j'aurai agi exactement de la même manière qu'elle si la situation m'était arrivée. Je détestais les profiteurs.

"Je suis désolée pour toi que tu n'es pas pu faire le métier que tu voulais. Tu sais qu'il n'est jamais trop tard pour reprendre tes études si le coeur t'en dit !"

Je pris une gorgée de mon verre de Piña Colada, souvenir d'un séjour dans les Caraïbes il y a fort longtemps. Je me mis à rêver de mes prochaines vacances, c'était pas pour demain. Il allait falloir remédier à cela ! A mon tour de répondre à ses questions. Je pris une profonde inspiration et me lançai.

"En ce qui me concerne, j'ai reçu à mes 18 ans un stéthoscope de la part de mon père, il fallait croire que j'étais destinée à devenir docteur en tant que fille du dieu de la Médecine. Côté coeur, rien de bien intéressant à te raconter, des aventures par ci, par là mais rien de très sérieux.
En 2015, ma mère est tombée gravement malade et elle est décédée quelques mois plus tard. Mon beau-père, cet enfoiré, s'est barré en Californie et j'ai dû racheter notre appartement. Je ne me sentais pas de le quitter et de vivre ailleurs...
Comme toi, j'ai donné un coup de main au camp pendant les deux attaques. J'étais en plein internat de chirurgie et je n'imaginais pas être autre part ces jours là...
Quand j'ai fini mon internat, j'ai été engagé dans une clinique privée super huppée de Manhattan, mais je me suis vite rendue compte que ce n'était pas pour moi et que je m'ennuyais sérieusement avec ces gens de la haute. Et j'ai atterri dans le même hôpital que toi et on s'est retrouvées !"

J'étais vraiment heureuse de l'avoir retrouvé, je ne m'y attendais absolument pas en prenant ce poste au Queens Hospital Center. Je ne regretttais déjà pas d'avoir accepté mon nouveau boulot, nos retrouvailles me le faisaient encore plus savourer.

"A la nôtre ! A tous ceux que nous avons perdu, tous ceux que nous avons encore dans nos vies et à tous ceux que nous allons sauver !" Je levai mon verre et trinquai avec Keyleen.

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Plus je la regardais, plus elle me rappelait les bons moments passés ensemble il y avait tant d’années de cela. Elle n’avait pas changé, ou à peine, elle avait toujours cette petite lueur de malice dans les yeux.
Je me souvenais de tous les mauvais coups qu’on avait joués à nos magisters ainsi qu’à nos camarades de classe. Il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre, on était vraiment complémentaire dans ce domaine et dans bien d’autres.
Je lui souris pendant qu’elle m’expliquait qu’elle ne se sentait pas ou plus la motivation de reprendre ses études afin de faire le métier qu’elle avait toujours voulu faire. Je lui pris la main avant de lui répondre.

« Sache que si tu souhaites te lancer dans l’aventure, je serai là pour t’aider avec tes cours et pour répondre à toutes tes questions. Si tu ne te sens pas de replonger dans tes bouquins, je serai là pour t’aider avec tes patients et pour répondre à toutes tes questions. Les amis sont faits pour ça ! »

En aucun cas je ne pouvais être déçue si elle choisissait de rester infirmière. C’était mon amie, ma meilleure amie et son choix restait le sien, je me devais de le respecter et de l’encourager quel qu’il ait été.
La conversation revint sur ce que je venais de lui révéler, elle fut désolée d’apprendre le décès de ma mère et arriva à la même conclusion que moi concernant mon beau-père. Oui, c’était un parfait crétin.
Je ne l’avais jamais vraiment beaucoup apprécié quand il était en couple avec ma mère et je l’avais carrément détesté quand il avait osé se pointer avec sa nouvelle conquête à l’enterrement de ma mère.

Elle ressemblait à une bimbo californienne prête à vider tous les comptes en banque du premier pigeon venu. Heureusement, ma mère avait gardé un compte différent du sien et m’avait créé une épargne suffisante pour financer en grande partie mes études de médecine. J’avais fait le nécessaire pour compléter la somme grâce à des petits boulots dès que j’avais eu l’âge de travailler.
Keyleen me demanda ensuite les raisons qui m’avaient poussées à travailler dans la clinique privée de Manhattan. Je pris mon temps pour réfléchir à la réponse que j’allais lui fournir. Je ne m’étais jamais posé la question jusque-là, il était temps d’y remédier.

« Ils sont venus me chercher à la fin de mon internat et m’ont proposé un boulot avec un salaire plus qu’astronomique. Je venais de racheter l’appartement de ma mère et en voyant la somme je me suis dit que j’allais pouvoir remplir à nouveau mon compte en banque.
Je faisais effectivement quelques opérations de chirurgie esthétique, c’est ce qui payait le plus. J’ai posé quelques prothèses de hanche et de genou chez des personnes pour qui ce n’était pas nécessaire mais comme des amis à eux l’avaient fait, ils voulaient le faire aussi.
J’ai eu des soucis avec certains quand je leur ai diagnostiqué une maladie ou deux, satané pouvoir parfois. Disons qu’ils n’ont pas apprécié que je me mêle de ce qui ne me regardait pas, en tout cas, d’après eux.
Je te confirme, le boulot était d’un ennui mortel et j’avais l’impression d’être le petit chien à ces gros riches. "Oui monsieur", "comme vous voulez madame". Ça avait tendance à bien m’énerver. »

Je me mis à rire en y repensant. Je pris une gorgée de mon verre et trinquai avec Keyleen. J’avais tellement hâte de travailler avec elle. Je me dis que j’allais demander souvent d’être de garde aux Urgences. Ça nous donnerait l’occasion de se voir plus souvent.

« Dis-moi, quels sont les potins qu’il faut que je connaisse de l’hôpital ? Je ne veux pas faire d’impair et je voudrais pouvoir m’intégrer rapidement parmi l’équipe. Je suis sûre que tu sais toutes les histoires croustillantes qu’il faut connaître.»  Je lui lançai un clin d’œil complice tout en rigolant à ma bêtise.

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Je vis dans les yeux de mon amie un peu de tristesse et de résignation concernant sa volonté de devenir médecin. Même si elle me dit qu’elle allait y réfléchir, je voyais bien qu’elle se mettait beaucoup de barrières pour s’empêcher d’atteindre ce but.
Elle devait être une formidable infirmière et j’avais hâte de travailler avec elle notamment aux urgences. J’étais persuadée qu’elle pouvait devenir un fabuleux médecin si elle s’en donnait la possibilité.

« Si tu veux, pour t’aider dans ton choix, je peux te donner quelques cours pratique pour te permettre d’être plus autonome et plus efficace dans ton boulot à la mine. Et si tu as envie d’en connaitre plus et d’en savoir plus, c’est que les études de médecine sont faites pour toi. Qu’en penses-tu ? »

Je sentais qu’elle voulait faire plus, aider d’avantage ses patients, sur ce point-là on était identiques. C’était pour ça que je lui faisais cette proposition. J’espérais vraiment qu’elle accepterait, ça nous ferait passer encore plus de temps ensemble c’était certain.
Il nous faudra trouver le bon équilibre entre nos boulots respectifs, ces leçons et notre vie personnelle, même si elle n’était pas des plus active pour elle comme pour moi. Même si je l’adorais, j’avais aussi besoin de temps pour m’occuper de moi et de mes cours de potion avec Chiron.

La discussion revint sur mes quelques mois de travail dans la clinique privée de Manhattan, sur le seul intérêt que je pouvais y trouver : le salaire et les dépassements d’honoraire que je ne me gênais pas à facturer à chacun des patients qui venaient me voir.
Plus l’opération me semblait inutile voire superficielle, plus mes honoraires étaient élevés. Et je le faisais sans aucuns scrupules. Cela m’avait permis de payer la moitié du prix de la maison de ma mère à mon beau-père avec même un petit surplus afin qu’il dégageait le plus vite possible de ma vue.

« Oui, ce fut le seul point positif de ces quelques mois dans l’enfer de la haute bourgeoisie de la ville de New York. J’ai donné à mon beau-père la moitié de la valeur de la maison et avec une seule demande de ma part, qu’il parte le plus loin possible de moi et que je ne voulais plus jamais le revoir. »

Mon regard s’assombrit à l’évocation de cet individu ignoble. Je me demandais encore aujourd’hui pourquoi ma mère l’avait choisi pour faire partie de nos vies, il nous avait apporté que des ennuis. Serait-ce pour me protéger et me cacher du BEM ?
Jusqu’à présent je n’avais pas fait le rapprochement, mais cela ressemblait à une nouvelle piste à creuser. Je demanderai son avis à Chiron la prochaine fois que j’irai au camp.

Keyleen me sortit de mes réflexions en me disant que mon don était le bienvenu au Queens Hospital Center et qu’ensemble on allait sauver beaucoup de monde. Et ça, c’était la meilleure des perspectives qu’on pouvait imaginer !

« Avec nos pouvoirs cumulés, on va pouvoir faire de cet hôpital le centre le plus reconnu pour la détection rapide et la guérison de toutes les maladies. Et dans une autre mesure, être un endroit où les demi-dieux et autres créatures pourront venir se faire soigner sans risques de tomber sur les mauvaises personnes. »

Quand j’eus osé poser la question des potins à connaitre pour mieux m’intégrer, ma meilleure amie eut du mal à avaler la gorgée qu’elle venait de prendre dans son verre. Ça devait lui semblait bizarre que je lui posai ce genre de question aussi vite.
Mais j’avouais que j’étais le genre de fille capable de mettre les pieds dans le plat et je ne voulais pas que ça recommença à mon nouveau travail. Elle finit par m’expliquer les quelques ragots dont elle avait connaissance. Ils ressemblaient aux nombreuses histoires qu’on avait l’habitude de trouver dans n’importe quel centre hospitalier.

« Désolée de te mettre dans l’embarras avec cette question, tu me connais, je suis toujours du genre à dire ce qu’il ne faut pas aux mauvaises personnes. Je n’ai pas très envie de me faire remarquer dans ce domaine-là alors que je viens d’arriver.
Sinon, tout simplement, y a-t-il des personnes à éviter et d’autres avec qui il est préférable de bien s’entendre notamment pour avoir des rendez-vous plus rapide ou des résultats plus vite ? Je n’ai jamais aimé attendre quand j’étais petite et ça ne s’est pas arrangé avec le temps. »

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Cette conversation avec Keyleen fit monter en moi une certitude et une envie encore plus grande : aider les demi-dieux et les autres créatures de notre monde. Après les deux attaques meurtrières du camp, nous ne savions plus à qui nous fier.
Si les personnes comme nous savaient qu’elles pouvaient venir se faire soigner sans aucuns soucis et en toute confiance au Queens Hospital Center, on pourrait ainsi sauver plus de vies. Je savais déjà par où et par qui commencer pour faire répandre l’information chez nos semblables.

« Je dois retourner voir Chiron dans quinze jours, je lui en parlerai et lui donnerai nos cartes de visite pour qu’il puisse les distribuer à qui de droit. J’irai voir aussi nos anciens magisters et leur en toucherai un mot également. Ça sera le début du bouche-à-oreilles et le début d’une très longue collaboration entre nous ! » Je finis ma phrase en lui lançant un clin d’œil complice.

La conversation revint sur la vie au travail. Keyleen m’expliqua qu’il y avait effectivement des gens à éviter et d’autres qui pouvaient être d’une grande aide dans le travail quotidien. Elle me les présentera rapidement afin de me faciliter l’intégration.

« Donc, le petit jeune pour les résultats de labo et la dame plus âgée pour les radios. C’est noté. Ils sont plutôt café ou chocolat, croissant, muffin ou donuts ? Oui, je vais les acheter avec un peu de douceur ! » Je rigolai doucement à ma bêtise.

Le fond de ma pensée restait le même malgré tout, pour se faire bien voir par de nouveaux collègues, rien de tel que de briser la glace avec des viennoiseries ou un bon café. Pour entretenir les bonnes relations, il suffisait juste d’être polie et bienveillante envers eux, chose que je faisais à la perfection.
Depuis que je travaillais dans le milieu médical, je partais du principe qu’on était une équipe au service du patient et de sa guérison. Pour moi, il était inconcevable de ne pas travailler en équipe car c’était ainsi qu’on était le plus efficace pour la prise en charge rapide et efficace de nos malades.

Je jetai machinalement un œil à ma montre et je vis qu’il commençait à être bien tard. Je devais prendre mon poste de bonnes heures le lendemain et je ne voulais surtout pas être en retard pour mon premier jour de travail officiel.

« Je n’ai pas vu le temps passé mais il se fait tard et le réveil va sonner très tôt demain matin. Tu me connais, j’ai besoin d’une bonne nuit de sommeil pour être au top de mes capacités de travail. Tu es à la mine ou tu es de repos demain ? Si tu bosses, on essaye de se rejoindre pour le repas de midi ?
En tout cas, je suis trop contente de t’avoir retrouvé et c’est moi qui t’invite ce soir ! Et mon offre pour te donner des astuces pour diagnostiquer plus vite tient toujours, tu n'auras qu'à me dire quand tu veux commencer les leçons. »

Après avoir pris dans mes bras mon amie, je partis en direction du comptoir et je payais nos consommations. Je lui devais au moins ça. Elle m’avait tellement manqué tout ce temps ! Je me retournai une dernière fois vers elle et lui fis signe de la main avec un énorme sourire sur mon visage.
Je quittai le bar et partis en direction du métro afin de retourner chez moi. Cette première journée à l’hôpital avait été des plus intéressantes et elle confirmait mon choix d’être partie de cette maudite clinique privée de Manhattan.

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