Ronda uno. ¡Lucha! feat. Carwyn A. Keegan

New York. Cette ville que j'avais vu de mes yeux d'adolescent qui n'avait connu que les rues du ghetto de Las Vegas. Rien de valorisant. Je connaissais ce genre d'ambiance. Je connaissais la violence depuis ma naissance. Violence d'abord faite par ma propre mère à mon égard alors qu'elle se droguait enceinte. J'ignorais pourquoi je pensais à elle ce soir. Ce soir de 5 janvier alors que Haytham et Tam venait de coucher la belle Eileen. J'avais envie de changer d'air un peu. J'étais heureux d'être avec ma famille. Ce n'était pas une chose qui me dérangeait en soit en fait. Mais ce soir, je repensais à cette femme qui m'avait mise au monde et j'en avais pratiquement la nausée. Il avait neigé sur la ville et je mettais une chemise à carreaux des plus ordinaires pour sortir prendre l'air. J'enfilais mon manteau de cuir en laissant la maison aux amoureux. Cela leur ferait une soirée ensemble tranquille.

Je prenais alors le volant de ma Ford Mustang noire 2020 complètement montée pour la vitesse et je faisais rugir le moteur dans la cours. Je roulais dans le Bronx pour me rendre dans Manhattan. J'avais envie de croiser une fille avec un peu de chance. Le genre de nana qui ne voulait qu'une câlin pour une nuit et que je laisserais après une baise sans lui laisser la moindre chance de me recontacter. Je n'avais pas peur des relations, mais avec mon travail c'était compliqué. J'avais entendu parler d'un établissement plutôt agréable et tenu par l'un des nôtres. Je voyais les autres créatures sur mon passage au travers des humains et je continuais de rouler avant de ma stationner. Je verrouillais les portières dans un bruit classique de klaxon avant d'entrer dans ce fameux lieux qu'était le Night-Club Tir nà nÒg. Aucune idée de ce que signifiait le nom de l'établissement. C'était relativement calme. Un soir de semaine comme les autres. Je ne sortais jamais vraiment les vendredi et les samedi soirs. Trop de merde, trop de saoulons et trop de jeunettes en manque de Sugar Daddy.

Je m'installais au bar et je commandais un verre de tequila. Je payais directement avant de regarder autour. Soudain, quelque chose, ou plutôt quelqu'un, attirait mon attention. Un autre demi-dieux. Je ne le connaissais pas celui-là, mais il faut dire que le fils de Mars n'était jamais longtemps dans cette ville. Je sortais mes clopes en lui faisant un signe de tête, loin de me douter qu'il était en fait le propriétaire des lieux. C'était toujours agréable de rencontrer l'un des nôtres après tout. Je m'allumais mollement une clope en perdant mon regard sur le cul rebondi d'une fille qui passait avec une jupe beaucoup trop courte pour la saison. Ah oui, j'étais bien à New York.

Spoil:

La soirée était plutôt tranquille, même pour un soir de semaine. Il y avait quelques habitués, notamment une ou deux créatures mythologiques venues prendre un verre ou de mes nouvelles. Même si j’avais eu du mal à l’admettre au début, j’étais relativement populaire. Apparemment les gens trouvaient qu’il y avait une bonne ambiance dans mon club et ils me trouvaient agréable à côtoyer. C’était bien, ça voulait dire que j’avais réussi à donner le change. « Fake it until you make it », comme on dit.

Bien que présent, le manque était moins fort qu’il n’avait pu l’être ces derniers jours, mais je devais compenser par autre chose quand j’étais au club. À la maison ou chez Raban, je pouvais me permettre de craquer et de me mettre à pleurer pour un rien, mais pas ici. Là, j’étais le maître de cérémonie, le Monsieur Loyal du grand cirque des danseurs et des dragueurs ; je ne pouvais pas paraître autrement que rayonnant et souriant. Alors, parfois, je m’éclipsais pour prendre un bout de chocolat. Je faisais assez de sport pour ne que ma ligne ne soit pas mise en danger par ce moyen de compenser ma détresse. Quand mon cher ami artiste était là, il trouvait les mots pour m’apaiser de sa douce voix, mais il avait aussi une vie et ne pouvait pas toujours être à mes côtés. Il faisait déjà tellement pour moi, je ne pouvais pas lui en demander trop.

Je faisais donc ma petite tournée des habitués quand mon regard se posa sur un nouveau venu. J’étais sûr de ne l’avoir jamais vu auparavant, 1) parce que j’avais une bonne mémoire des visages, même quand j’étais défoncé, 2) parce qu’un visage pareil, ce serait simplement criminel de l’oublier ! Il n’était pas vraiment mon genre et au vu du regard qu’il posa sur une des jeunes femmes allant chercher une boisson au comptoir, j’avais assez peu de chance d’être le sien. Cependant je lui rendis aimablement son signe de tête, même si le fait qu’il s’allume une cigarette me déplut fortement. Soucieux de la propreté de l’air ambiant et de me montrer bon hôte envers le nouveau venu, je m’avançai vers lui avec un sourire amical.

« - Bien le bonsoir et bienvenue au Tir nà nÒg, très cher ! lui dis-je en lui tendant la main. Je suis Carwyn Keegan, le propriétaire et gérant de l’établissement qui, hélas, est strictement non fumeur, j’en suis désolé. »

Je désignai sa cigarette d’un mouvement de tête et lui fis une légère grimace désolée.

Bon, encore un qui s’imaginait sauver tout le monde terrestre en interdisant les clopes. Bordel que ça me manquait de pouvoir fumer partout. Je lui sortais mon regard le plus ténébreux possible et je foutais ma clope dans mon verre en le regardant dans les yeux.

- La prochaine fois mettez une affiche clair mon Keegan. À ce que je sache fumer dans un bar est encore légal dans notre beau pays.

Je faisais signe à la fille de me resservir la même chose histoire que je puisse consommer sans le mégot ma consommation d’alcool. Je regardais la faune environnante en me disant qu’elles n’avaient pas nécessairement les formes du sud dont j’avais l’habitude depuis quelques mois. Il faut dire qu’au Brésil la chirurgie des implants fessiers était pas mal à la mode. Un peu comme des implants mammaires ici pour les seize ans d’une gamine un peu trop excitée par la gente masculine.

Je prenais une gorgée de ma consommation avant de regarder de nouveau le propriétaire des lieux. Il était un demi-dieu c’était plus que clair. J’avais une sainte envie de me ressortir une clope pour le faire chier, mais je me retenais vivement. Je n’aurais pas fait une bonne impression et déjà que nous étions partit sur un malentendu. Je prenais donc une grande inspiration avant de lui parler.

- Alors, vous êtes le fils de qui? Je sais que vous voyez à travers la Brume vous aussi …

Là, je lui faisais un petit sourire avant de regarder les fesses d’une autre demoiselle. Finalement, il y avait de quoi de plutôt agréable dans cet endroit. Je ne me sentais pas menacer par l’homme près de moi bien que son regard sur ma personne était un peu trop insistant à mon goût. Il devait sans aucun doute me trouver attirant peut-être? Il faut dire que maintenant la sexualité était quelque chose de plus complexe qu’une partie de Monopoly bourré à 03h00 du matin. Je savais que j’aimais les femmes et ça m’allait très bien.

- Sympathique ce que vous avez fait. C’est plutôt étonnant cependant que je ne sois jamais venu dans cet endroit auparavant. Vous avez ouvert il y a longtemps?

J’essayais de faire la conversation au mieux avec lui. Je n’étais pas méchant, juste un peu grincheux quand mon m’empêcher de consommer mon vice favori.

Spoil:

La remarque du nouvel arrivant sur le fait que je devrais mettre des panneaux pour signaler l’interdiction de fumer dans mon établissement me avoir un petit rire gêné. J’aurais dû y penser plus tôt, il avait raison. Il fallait dire que mon dégoût pour les cigarettes était tellement ancré en moi que je partais, à tort, du principe que tout le monde le savait. C’était une erreur de ma part et je ne manquerais pas de la réparer dès que possible.

« - Veuillez m’excuser pour ce malentendu, monsieur. J’espère que cela ne vous rebutera pas à revenir ici. »

Je fis signe à la serveuse que le nouveau verre de son interlocuteur était offert par la maison. C’était la moindre des choses. J’en profitai pour commander un Irish coffee pour moi.

Sa question sur mes parents me surprit jusqu’à ce qu’il mentionne la Brume. Il avait le mérite d’être direct, au moins. Je posai alors un regard plus attentif sur lui, me demandant s’il était un demi-dieu ou un membre du BEM. Ce n’était pas écrit sur son front non plus et, même si j’étais sûrement encore un peu parano à cause de ce qui s’était passé en 2015, il valait mieux prévenir que guérir.

« - Seul un autre demi-dieu ou un très mauvais agent poserait ce genre de question. Alors, j’espère que vous ne me trouverez pas grossier de vous retourner la question avant de répondre ? »

Ma voix n’était pas agressive ou accusatrice, juste intriguée et prudente. En me concentrant un peu sur ses sentiments, je ne trouvai aucune haine, aucune agressivité, aucun mépris, juste un profond agacement. Je me détendis alors et lui souris doucement.

« - Je suis un enfant de Cupidon, enchanté de faire votre connaissance. »

J’aimais toujours faire la connaissance de créatures ou de demi-dieux. C’était auprès d’eux que je me sentais en sécurité et en famille. J’avais créé le Tir nà nÒg pour qu’ils puissent avoir un endroit où venir passer un bon moment ou où les créatures et les demi-dieux qui avaient besoin de travail pouvaient venir chercher leur bonheur.

« - Je suis ravi que vous aimiez mon modeste établissement. Je l’ai ouvert, il y a sept ans, je crois. C’est devenu un peu ma seconde maison depuis quelques années. »

Ça me faisait toujours bizarre lorsque quelqu’un m’appelait monsieur. Généralement, c’était Angel, Castellanos ce genre de truc. Je me mettais à rire alors que la musique augmentait en intensité un peu. Ça allait avec l’heure et j’avais l’habitude depuis tout le temps que je pouvais passer dans ce genre d’établissement.

- Oh il en faut plus que ça pour me rebuter. On est loin d’un bordel clandestin thaïlandais.

Oui, j’avais déjà mis les pieds dans ce genre d’établissement pour faire des arrestations musclés et libérer des filles vendues. Non, ce n’était pas joli à voir. Je prenais le nouveau verre et je buvais une gorgée du liquide en remerciant le barman du regard. J’avais posé la question directement à l’homme près de moi sur ce qu’il était. Non, je n’avais pas froid aux yeux et honnêtement, je ne me sentais pas menacé par sa présence. Il m’agaçait un peu avec sa belle merde anti-clopes par contre. Je me mettais à rire alors qu’il mentionnait que j’étais peut-être un très mauvais agent du B.E.M.

- J’ai l’air d’un agent du B.E.M.? On me l’avait jamais faite celle-là.

Il était un peu chiant mais nous ne nous connaissions pas en fait. Je continuais de boire mon verre alors qu’il divulguait son identité. Fils de Cupidon donc. C’était presque mignon et je devais avouer qu’il avait des traits plus délicats que les miens. Je lui tendais la main pour la serrer avec une certaine force. Non, je n’y allais jamais de main morte, mais je n’avais pas la force de poigne de mon frère Haytham. Lui, c’était assez intense même lorsqu’il était adolescent. Je faisais deux fois sa carrure à notre rencontre mais sa force dépassait la mienne sans qu’il ne s’en rende compte. C’était la belle époque.

- Angel Castellanos, fils de Mars. Content de faire votre connaissance fils de Cupidon. Vous devez bien avoir un prénom sinon je vais devoir vous en inventez un et ça, ce n’est jamais une bonne idée.

Oh non, si je décidais de donner un surnom, ce n’était jamais une bonne chose car je donnais toujours le plus ridicule possible. Je pourrais l’appeler le chérubin par exemple ou encore tête de coeur. Oui, c’était cliché mais je n’aimais pas abîmer mes sublimes neurones sur ce genre de choses.

- Étrange alors que je ne sois jamais venu. Il faut dire que je voyage beaucoup durant des mois et je suis peu chez moi. Néanmoins, l’ambiance est agréable. Quelle section est la plus populaire?

Une autre jolie dame passait et je ne quittais pas ses hanches du regard. Pas assez de fesses celle-là. Je ramenais mon attention sur le propriétaire. Nous avions visiblement des boulots très différents l’un de l’autre et cela pouvait amener des conversations intéressantes.

- Les plus beaux bar de stripteases que j’ai eu la chance de voir était au Moyen-Orient et au Brésil. Ces types ne rigolent pas avec le décorum si on peut dire ça comme ça mais la qualité des danses laissent parfois à désirer surtout dans les laps dance privés.

Spoil:

Mon interlocuteur avait l’air d’être une personne agréable, malgré son air bourru et le léger agacement que je sentais toujours chez lui. Sans doute cette histoire de tabac. Peut-être faudrait-il que je fasse aménager une salle pour les fumeurs, histoire de ne pas m’aliéner une partie de la clientèle potentielle. J’en pris une note mentale et remerciai le barman qui venait de nous donner nos boissons.

« - Eh bien, Angel Castellanos, fils de Mars, je suis bien content de faire votre connaissance. Sláinte ! »

Je lui souris et levai mon verre pour trinquer avec lui. Quand il s’agissait de porter des toasts, je me rabattais toujours sur les formulations gaéliques que ma mère m’avait apprises. J’aimais cette langue et je la parlais couramment, même si je n’avais jamais eu la chance d’aller en Irlande ou en Ecosse.

« - Oh je serais curieux d’entendre les noms que vous pourriez m’inventer, Angel. Euh vous permettez que je vous appelle Angel ? Je ne voudrais pas paraître trop familier. »

Je fis signe à quelques habitués qui venaient d’entrer avec un sourire. J’avais souvent un très bon contact avec mes habitués et même des clients moins réguliers. L’hospitalité était une valeur primordiale au Tir ná nÓg et je faisais partie des raisons pour lesquelles les gens revenaient. Je discutais, plaisantais, il m’arrivait même de payer des verres à certaines personnes.

« - Mon nom est Carwyn Aidan Keegan, mais mes amis m’appellent Car’, Wynny ou Dan. Libre à vous de me trouver un autre surnom à votre convenance si aucun de ces trois là ne vous plaisent pas. Pour ce qui est de la partie de mon établissement qui a le plus de succès, je dirais que le strip-club est ce qui me rapporte le plus, mais les gens aiment beaucoup la musique de mon DJ et les cocktails de mes barmen et barmaids. Je suis particulièrement fier de mon établissement et j’espère qu’il est à votre goût également. »

Mon regard glissa distraitement sur les danseurs, passant vers mon DJ, puis se dirigeant vers la section strip-club où hommes et femmes faisaient démonstration de leur grâce et de leur beauté. Tout le monde était bien payé et s’il y avait le moindre problème avec un client, les videurs pouvaient réagir rapidement.

« - Je n’ai jamais eu l’occasion de quitter les Etats-Unis, mais j’imagine que les strip-club du Moyen-Orient doivent être magnifiques. Vous voyagez souvent ? Pour le plaisir ou pour le travail ? »

Le fils de Cupidon sortait des mots que je ne comprenais même pas et honnêtement, je m’en foutais. Nous étions partie sur une conversation moins courtoise et au final, le propriétaire des lieux s’adoucissait tout comme moi. Je me mettais à rigoler alors qu’il me disait être curieux des noms que je pourrais lui inventer. Non, il ne voulait pas que j’aille dans ce sens, car il allait me trouver lourd. Je prenais une gorgée de mon verre avec ma nonchalance habituelle et je le regardais dans les yeux.

- Vous pouvez m’appeler Angel. Je n’ai aucun problème avec ça. C’est malheureusement le prénom que ma mère a choisi pour moi. Tout le monde me dit qu’elle a mal choisi.

Je n’étais clairement pas venu pour la partie avec le DJ. Moi, ce qui m’intéressait, c’était les femmes séduisantes qui ondulaient leurs magnifiques corps au son de la musique. Je n’étais pas le genre de client chiant. Je payais, j’admirais et je profitais en silence. J’avais passé l’âge de gueuler comme un perdu pour ce genre de truc. J’aimais voir la féminité dans toute sa splendeur et sa beauté. Implants ou non, je m’en foutais, car à yeux, l’important était ce que dégageait la fille. J’étais un homme avec un bon portefeuille et c’était mon petit plaisir. Si j’appréciais les danseuses de Dan, j’allais revenir c’était clair.

- C’est un bel établissement. Je jugerai du reste en temps et lieu, mais vous vous doutez que je ne suis pas ici pour DJ et les cocktails.

J’avais horreur des clients qui ne respectaient rien dans ce genre d’établissement. Les règles étaient là pour être suivies. On ne touchait pas les danseuses (je parle de féminin, car clairement, les mecs ce n’est pas mon équipe) et si l’on voulait plus comme un lapdance privé dans une cabine on allongeait les billets. Ce n’était pas le genre d’endroit pour tenter de faire baisser le prix. Ce n’était pas des putes bien qu’il m’était déjà arrivé de me taper l’une des danseuses, mais c’était totalement mutuel et consentant.

- Oui, je voyage souvent, mais pas pour le plaisir malheureusement. J’ai un travail qui demande des déplacements souvent durant de longs mois. J’ai donc le temps de visiter les lieux où je me trouve. J’ai un passeport assez rempli. Vous devriez sortir du pays si vous en avez l’occasion. On peut voir des choses incroyables. Par exemple, je viens de rentrer de Rio. J’ai fêté le Nouvel An là-bas. C’était absolument dément.

Oui, c’était carrément dément, car les gens là-bas, savaient comment faire la fête et profiter de la vie à fond.  

Spoil:

« - Vous savez, mon prénom signifie « amour béni » en gallois. Je ne suis pas sûr de correspondre à un seul de ces deux qualificatifs. On ne choisit pas son nom, après tout. » dis-je en riant doucement avant de boire une gorgée de ma boisson.

« Carwyn » avait été choisi par mon beau-père en hommage à son grand-père, mais seuls mon beau-père et mon demi-frère m’appelaient par mon prénom. Maeve et Raban m’appelaient Wyn ou Wynny, Rowan m’appelait Dan, et ma mère utilisait plus volontiers mon deuxième prénom Aidan. Je n’avais pas de préférence pour l’un ou l’autre de mes surnoms ou prénoms, mais je devais bien avouer que quand Raban m’appelait Wynny, j’avais un grand sourire.

« - Chacun peut trouver son contentement ici, j’espère. Si ce n’est pas le DJ, la musique ou les cocktails, je pense que vous aimerez les danses. Je ne saurais dire si mes danseuses sont aussi douées que celles que vous avez pu voir ailleurs, mais elles savent ce qu’elles font et elles aiment leur métier. J’espère que tout sera à votre convenance. Je ferai sûrement aménager une salle pour les fumeurs dans les prochaines semaines. »

Je bus une autre gorgée de ma boisson et je jetai un œil vers l’espace strip-club pour m’assurer que tout se passait bien. Les danseurs et danseuses semblaient satisfaits de leur soirée, je ne ressentais pas de peur, de colère ou de tristesse chez eux, et les clients aimaient ce qu’ils voyaient. Tout allait bien, j’étais content du déroulement de la soirée.

« - Rio ? Ca devait être génial, en effet ! Ce n’est pas la première destination qui me viendrait en tête, mais ça doit être superbe ! Si je puis me permettre cette question, vous travaillez dans quoi pour voyager autant ? Et ça vous plaît ? »

Non , en effet, nous ne choisissons pas notre nom et notre prénom. C’est à se demander sur quoi ma madre planait lorsqu’elle a choisi le mien. On s’imagine que je suis un chérubin alors que pas du tout.

Je rigolais en prenant mon verre. L’ambiance était agréable et puis de me retrouver avec le propriétaire avait quelque chose d’apaisant. J’étais loin d’être le genre de mec attiré par les autres, mais je savais reconnaître quelqu’un de gentil et d’agréable. Mon don aidait en ce sens, car je ne ressentais aucune hostilité à mon égard. C’était déjà bien, car j’avais une gueule de tueur à gages de base. Il me prenait en considération les fumeurs et envisageait même de faire une salle spécialement pour eux.

- Ça me donnera davantage envie de revenir. Un verre sans une clope, ce n’est pas un verre. Vos filles ont l’air bien. Je risque fortement d’apprécier les déhanchements.

Il jetait un oeil à la section strip-club. Je me contentais de boire mon verre avant de sentir vibrer mon cellulaire dans ma poche. Je regardais le message. Je devrai appeler à la base militaire de Houston au Texas, mais ça irait à demain matin. Ça sentait le prochain voyage pour quelque temps. J’espérais que les choses se passeraient bien comme toujours. Haytham allait probablement soupirer lorsque je lui dirais que je repartirais pour un temps indéterminé. À peine le temps de poser le pied ici que je repartais déjà au final…

- Je suis un agent indépendant pour l’armée américaine. Donc, je fais des boulots relativement dangereux. Je travaille par contrat. C’est un travail que j’adore même si cela implique d’être loin de ma famille. Ces derniers me manquent beaucoup lorsque je suis loin, mais c’est le prix à payer. Avant que vous ne vous posiez la question, je n’ai pas d’enfants et je ne suis pas marié.

Ma nièce, ma filleule, ma belle-soeur et mon frère composaient le centre de mon existence. J’ignorais comment je réagirais si du mal leur était fait. Je pourrais entrer dans une rage des plus importantes et ça, ce n’était pas bon pour personne.

- Fils de Mars … Fils de la guerre sous toutes mes coutures.  

Spoil: