Angel Castellanos - Frère d'armes au nom de Mars

Rio de Janeiro, 1 janvier 2021 04h28.

J’entendais encore les gens faire la fête dans les rues. Rien de mieux que de célébrer la nouvelle année en fêtant grassement. Je fixais le plafond avec un bras autour des épaules de la femme à peau matte et la chevelure d’ébène. La tête de cette femme sur mon torse tatoué alors que je pensais beaucoup trop. Ma familia me manquait en cet instant. C’était à nouveau un boulot réussi en temps et en heure. J’étais partie durant quatre longs mois cette fois. Haytam m’avait proposé de le rejoindre au restaurant. Prendre un nouveau départ et une vie plus tranquille, mais c’était difficile pour moi de changer de vie comme ça. J’avais mes plaques militaires dans le cou et je me levais lentement du lit pour aller m’allumer une clope. La fille se retournait et je souriais en coin avant de m’appuyer contre la large fenêtre. Les feux d’artifices éclataient dans le ciel alors que j’entendais la musique dans les rues. J’étais bien trop haut pour que ma nudité ne choque une personne. Il était loin le temps de l’innocence et des rires insouciants. Oh oui … Il était loin. J’enfilais un caleçon après avoir terminer de fumer et je mettais mon jeans. J’enfilais un t-shirt noir et je me passais une main dans les cheveux avant de prendre  mes clefs. J’avais besoin de bouffer un truc.

Je descendais les escaliers en croisant des choses peu recommandables. Je m’en fichais un peu. Qu’ils baisent où ça leur chantait, moi j’avais envie de bouffer un truc conséquent. Je marchais donc dans les rues avec nonchalance et je décidais de sortir mon téléphone pour appeler mon demi-frère. Il était quelle heure déjà chez lui? Ah peu importe, je voulais l’appeler. J’entendais sa voix et je souriais en coin.

- Hey, bonne année petit frère. Devine quoi? Je rentre demain dans la journée. J’espère que tu as fait attention à mes bébés … Embrasse ta femme et la petite pour moi. Je compte sur toi pour venir me chercher à l’aéroport. Je te file l’heure dès que je l’ai… Hey … Vous m’avez manqué.

Je raccrochais. Il était temps de rentrer à la maison.
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Elle était une immigrante. Elle pensait trouver le refuge de ce côté de la frontière mais il n’en était rien. Elle était dans la merde. Elle était une merde. Pourquoi est-ce que je dis elle? Son prénom à lui seul me donne envie de vomir. Elle était accro à la cocaïne. J’ai dut faire un sevrage dès mon entrée dans le monde. Nous étions pauvre. Nous n’avions pas vraiment d’avenir. Elle se prostituait pour nous garder un toit au-dessus de la tête. Mon plus vieux souvenir est celui d’un client sortant après l’avoir battu. Je n’étais pas bien vieux. Peut-être deux ans… C’était comme ça. Nous étions dans les confins d’un ghetto de Las Vegas. La drogue et la violence était la base de mon monde. J’ai rapidement appris à me battre pour survivre. Ma mère me disait que j’avais de la chance, que j’étais béni par Dieu. J’étais trop jeune pour comprendre la portée de ses mots. Je me disais qu’elle avait encore abusé de la drogue et c’était sans aucun doute le cas.

J’ignorais qui était mon père et je m’étais parfaitement adapté à cette réalité. De toute façon, je me tenais beaucoup plus avec mes amis plus les années avançaient. Je volais des petits trucs pour le plaisir d’avoir de l’adrénaline dans les veines. Et puis, un jour, j’ai ressenti mes pouvoirs. J’étais avec un ami et nous étions à vélo. J’entendais un cri. Celui d’une fillette. J’avais quatorze ans lorsque c’est arrivé. j’ai lâché mon vélo et j’ai couru. Il tentait de lui voler ses bonbons. Je lâchais un cri et alors il tentait de me frapper . Ah non, il ne m’avait pas frapper encore en fait! J’esquivais son coup en étant surpris avant de répliquer et les coups s’enchaînèrent de manière plutôt facile. Le garçon en question faisait deux fois ma taille. J’entendais mon ami me dire que nous ne devions pas rester là mais je regardais autour de moi sans comprendre ce qui venait de se produire. J’étais un bagarreur, mais ça c’était autre chose. Je rentrais chez moi pour manger. Ma mère se faisait un shoot assise à la table de la cuisine. Je tuais une coquerelle avec une poêle alors qu’elle tombait mollement sur sa chaise en rigolant. Je retirais l’aiguille de son bras alors que j’avais une clope dans la bouche. Elle me dégoutait tellement. Je posais la seringue sur la table. Elle avait arrêté la cocaïne pour quelque chose de plus fort. Pourquoi? Je ne l’ai jamais su … Quelques jours après, alors que cette scène se reproduisait encore, les Evacuators venaient me chercher au nombre de deux. Étonnamment, je ne me posais pas la moindre question. J'avais l'intuition profonde qu'ils me voulaient du bien. C'était là, mon second pouvoir. J’emballais mes maigres affaires sans oublier mes clopes. C’était le plus important dans l'immédiat.

J’étais donc à Olympus désormais. C’était ma nouvelle maison et ma famille. Parlant de famille, je rencontrais mon demi-frère : Haytham Cassidy. Il était le frère que j’avais toujours rêvé d’avoir. Notre niveau de fraternité semblait atteindre des sommets. J’étais assez bon élève, mais ma force résidait dans le combat à main nue. J’étais doué dans le combat aux armes mais j’étais meilleur avec une arme dans chaque main. C’était sans aucun doute pour cette raison qu’à 18 ans, je recevais comme attributs deux hachettes de combat sans doute grâce à mon maniement ambidextre. J’étais complètement à chier avec autre chose de toute façon. Je décidais de rester avec frère pour me former à «La maison du loup». Nous étions inséparables et il était ma seule famille d’une certaine façon. J’ignorais ce qu’il était advenu de ma mère. Elle était sans aucun doute morte d’une overdose dans l’appartement miteux d’où on m’avait sortie des années plus tôt.

En 2006, j’entrais dans l’armée avec Haytham. Nous avions un désir d’indépendance désormais et des compétences plutôt affinés. J’aurais aimé être à ses côtés d’avantage mais je devais me faire une raison. L’armée américaine nous séparait après notre envoie au Moyen-Orient. Alors que Haytham prenait du recul, j’entrais dans les forces spéciales avec une formation comme négociateur. Pour négocier quoi et comment? Oh ça c’était de mes affaires et ce n’est pas le genre de chose que l’on raconte. Je restais sur le terrain en gardant contact avec mon demi-frère une fois par semaine. Je ne manquais jamais un rendez-vous avec ce dernier. C’était une chose sacrée pour moi.

En 2010, mon demi-frère me rejoignait en Irak. J’étais heureux de pouvoir le serrer dans mes bras et je passais le voir lorsque j’en avais la chance. J’avais l’impression de revenir à belle époque où nous étions inséparables. N’étant pas dans la même unité, je n’étais pas présent lors du crash du «Faucon noir». J’étais resté dans le néant avant de voir mon frère rentré. J’avais prié notre père pour qu’il veille sur lui. Ça, c’était en été 2012. Je voyais que son regard avait changé, mais je restais présent autant que possible. Je n’avais pas encore eu la chance de rentrer au pays… Je commençais à avoir hâte. J’étais, malheureusement toujours en service lors de l’attaque du BEM contre Olympus … J’aurais aimé être là pour aider les miens, mais j’étais pris ailleurs. J’étais au Moyen-Orient… Je me faisais la promesse profonde d’être présent pour les miens désormais. Je ne laisserai plus personne derrière.

Je me souviendrai toujours de 2015. J’étais de retour chez moi lorsque Haytam me demandait de l’aide pour entrer en cure de désintoxication. Il avait sombré dans l’alcool. J’avais tenté à de nombreuses reprises de le résonner, mais tant que l’on n’avoue pas que l’on a un problème … Impossible d’y faire face. Le temps passait trop rapidement par la suite. J’avais un statut d’agent indépendant pour US Army. Ayant des capacités différentes des autres, je me voyais envoyé en mission durant des mois en Amérique latine ou du sud. Je faisais le genre de mission que l’armée désirait garder secrètes. Je laissais toujours mes clefs à mon frère lors de mes absences. Il était le seul en qui j’avais une confiance aveugle. Sobre ou pas … Je savais qu’il répondrait présent comme je l’avais fait pour lui.

Il avait une femme dans sa vie et une fille. Je n’avais pas trop la chance de les voir et de les connaître comme je l’aurais souhaité. Je travaillais trop mais en même temps, je ne savais pas m’arrêter. Un entêtement qui aurait sans aucun doute ma peau un jour. Je devins le parrain de Eileen à la demande de mon frère. Ce petit bout de femme que je me promettais de protéger jusque dans la mort. Elle serait la fille que je n’aurais probablement jamais. J’ai même été le témoin du mariage de mon frère. Dans tous les cas, dès qu’il appelait, je lâchais ma mission pour rentrer même si ce n’était que pour un aller-retour express. La familia avant tout.

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Je pensais à ma vie dans cet avion qui me ramenait à New York. J’avais l’impression d’avoir été trop absent dans la vie de ceux qui comptaient réellement pour moi. Personne n’était parfait après tout. Je restais un guerrier jusque dans les tréfonds de mon âme. Je passais les douanes facilement avant de voir mon frère qui m’attendait. Un sourire se dessinait sur mon visage alors que je le serrais dans mes bras après avoir poser lourdement mon sac aux motifs de l’armée sur le sol.

- Bordel! Ce que tu m’as manqué vieux!  

3 janvier 2021 ,14h31.